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mélange indéterminé de vapeurs minérales, de molécules
végétales & animales , de graines, d’oeufs ,
que parcourent & traverfent fans ceffe le fluide lumineux
, le fluide calorique , le fluide éleétrique.
Les grands changemens qu’il éprouve & qui
font fenfibles dans de grands efpaçes , par l’eau ,
la lumière, le calorique libre, le bruit, font
nommés météores.
III. Malgré ce mélange dont il femble impofl-
fible de déterminer la nature, l'air atmofphérique
eft fenfiblement le même par fa nature intime dans
quelque lieu qu’on le prenne ; 8c il eft. bien carac-
térifé par fes deux propriétés a’entretepir la com-
buftion & de fervir à la refpiration. Ces deux
grands .phénomènes ayant entr eux la plus intime
analogie, on peut bien connoître l’air en etù-
diant^vec foin ce qui fe paflfe dans la combuftion.
IV. Un corps combuftible ne peut pas brûler
fans le conta& de l’air atmofphérique ou d’une
matière qui en a été extraite, ainfi la combuftion
ne fauroit avoir lieu dans le vide.
V . Un corps combuftible ne peut brûler dans
pne quantité donnée d’air atmofphérique, que’ juf-
qu’à une certaine époque. Cent parties de cet
air n’en contiennent que vingt-fept qui puilfent
fervir à la combuftion ; quand ces vingt-fept parties
ont été abforbées par le corps combuftible,
la combuftion s’arrête, les foixante-treize autres
parties ne peuvent point y fervir. Ainfi l’air atmofphérique
eft un compofé de deux fubftances
différentes, abftraétion faite de -quelques corps
étrangers qui y font mêlés, & qui ne vont pas
à plus d’un centième ; de ces deux fubftances,
l’une fert à la combuftion & à la refpiration,
on la nomme air vital ; l’autre oppofée à la première
par ces deux propriétés eft appellée ga%
arote.
VI. Un corps qui brûle dans l’air fait donc
une véritable analyfe de ce fluide >’ il en fépare,
il en abforbe l’air vital qui augmente le poids de
ce corps & change fa nature; le gaz azote qui
refte eft plus léger que l’air atmofphérique, il
éteint les corps en combuftion, il tue les animaux,
il eft, comme nous le verrons plus bas, un des
principes de plufieurs compofés, 8c fur-tout de
Tammcniique ou alcali volatil, de l’acide du nitre ,
.& des fubftances animales.
ce fluide à l’air atm’ofphérique , 8c pour en-faire
une analyfe complette, il faut y plonger à- plufieurs
VIT. Le corps combuftible qui a brûlé dans
rair.atmcfphérique, 8c qui en a abforbé tout l’air
vital auquel il peut s’unir, ne peut plus brûler
davantage- dans de nouvel air, il eft devenu incom-
btiftible & fouver.t faim.
VIII. t n corps qui brûle dans l’air atmofphé*
rirue n’abforbe jamais complètement les 0 ,2 7
d air vital qu’il contient. Tour enlever entièrement
reprifes des corps combuftibles, 8c y recommencer
de nouveau la combuftion.
IX. La portion d’air ainfi abforbée par les corps
combuftibles., & qui a déjà été nommée air vital,
' eft auffi appellée ga^ oxig'ene ; fon premier nom
vient de ce qu’il eft le feul fluide élaftique qui entretienne
la vie ; le deuxième lui eft donné, parce
que beaucoup de corps en l’abforbant deviennent
acides.
X . La combuftion confifte donc dans la fixation
8c l’abforption de l’air vital par les corps combuftibles
, dans la décompofition de l’air atmofphéi.
riquèpar ces corps.-Comme il n’y a que l’air vi-
j tal qui y ferve, on conçoit qu’un corps trèsreom-
buftible, fufceptible d’abforbef en entier l’air vital
, pourra être employé pour déterminer la proportion
des deux fluides atmofphériques, c’eft
ainfi que le phofphore eft adopté aujourd’hui pour
l’éudiométriè, ou pour connoître là purete de
l’air; c’eft-à-dire la proportion d’air vital qu’il
contient.
XI. Comme l’air vital eft un gaz, & que beaucoup
de corps combuftibles, en l’abforbant, le
fixent, lui font prendre la forme folide, il faut
que l’air vital, en fe précipitant ainfi, perde le
calorique qui le tenoit fondu., qui lui donnoit
la forme de fluide élaftique, de-là l’origine du
calorique dégagé, ou de la chaleur produite pendant
la combuftion.
XII. Tous les corps combuftibles diffèrent ën-
tr’eux, i° . par la rapidité avec laquelle ils ab-
forbent l’oxigène ; 20. par la quantité qu’ils en ab-
forbent; 30. par la proportion de calorique qu’ils
dégagent de l’oxigene abforbé ; 40. 8c conféquem-
ment par l’état plus ou moins folide de l’oxigène
qu’ils contiennent après avoir brûlé.
XIII. Cn peut donc définir les corps brûlés
des corps combinés avec l’oxigène, on les nomme
a 11 fil fubftances oxigénées, oxidées , 8c comme le
plus grand nombre des corps conçus font ou des
corps combuftibles'ou des corps brûlés, il eft permis
de foupçonner que plufieurs corps incom-
buftibles naturels dont on ne connoît point la
compofition, ne font incombuftibles que parce
qu’ils font faturés d’oxigène. Ce foupçon a deia
été vérifié pour un certain nombre.
XIV. 11 réfulte de plufieurs des axiomes precedents
,. que quand on brûle un corps .combuftible
polir fe procurer de l;a chaleur ,?comme on le
fait pour adoucir la rigueur de l’hiver, .e’eft pour
tirer de l’air lui-même, en plus grande p a rtie au*
moins, le calorique qui y eft combiné. On PeUt
À X T
même dire que plus l’air eft froid , 8c plus on eu
tire de chaleur , parce qu’il paffe plus d’air fous
un même volume dans un foyer quand l’atmofphère
eft très-froide. On fait allez que le feu de
nos foyers eft bien plus ardent & bien plus vif
jorfque l’air fe refroidit tout-à-coup, 8c l’art d’augmenter
la combuftion par de l’air condénfé qu’on
verfe fur le bois déjà chaud, eft fondé fur ce principe.
‘
XV. La combuftion ne fe borne donc pas à dé-
compofer l’air de l’atmofphère, en abjorbant un
de fes principes, mais elle décompofe encore l?air
vital, en ablorbant , en fixant , en folidifiant piusi
ou moins dans le corps combuftible Tpxigène oui
la.bafede l’air vital, & en dégageant le diflolvapt
de cette*bafe, le calorique, en,plus ou moins
grande quantité.
XVI. Il y a dans la combuftion un autre phéno-^
mène intéreffant que la chimie moderne eft parvenue
à expliquer. C ’eft celui du dégagement de la
lumière ou de la production de la flamme* il eft
prouvé , que la plus grande partie-de la lumière!
quiconftitue la flamme êft contenue dans 1 air vital,,
dont elle forme un des principes ; i°. parce que les j
corps combuftiblës donnent beaucoup plus de
flamme quand ils brûlent dans l’air vicalTeul, que
dans l’air atmofphérique; 20. parce qu’il y a des
corps combuftibles qui ne brûlent avec flamme
que dans l’air vital ; x°. parce que pour .dégager
l’oxigène des corps qui le contiennent, en air vital;, ;
il ne faut pas feulement le fondre par une quantité
plus ou moins grande de calorique, mais parce
qu’il eft né cédai re d’y ajouter en même-temps de
la lumière 4 a°. enfin parce qu’il y a des corps
brûlés, qui par le feul contaCt de là lumière fe laif-
fent enlever l’oxigène : c’eft dans, ce fens qu’il
faut entendre la propriété de débrûler 8c la décom-
buftion, qui a été annoncée comme un caractère
de la lumière dans le titre premier.
XVII. Ainfi on doit regarder l’air vital comme
un compofé d’une bafe folidifiable, pefante , acidifiante
, Xoxig'ene3 fondue dans les deux diffol-
vans ,1e calorique 8c la lumière, qui font par eux-
mêmes des corps très-divifés , très-élaftiques 8c
fans pefanteur appréciable ; la combuftion confifte
dans une précipitation plus ou moins complette de
1 oxigène de fes deux diffolvans.
XVIII Un corps combuftible en brûlant dégage
donc non-feulement du calorique de l’air vital,
•mais encore de la lumière , & chaque corps combuftible
fépare une quantité différente de lumière
de l’air vital, comme il en dégage une quantité
differente de calorique. Il eft vraisemblable qu’il 7 a des corps combuftibles qui dégagent plus de
calorique que de lumière de l’air vital, 8c d’autres
. Çluien réparent plus de lumière que de calorique.
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XIX. L’oxigè'ne fixé dans les corps combuftibles
brûlés y eft donc plus ou moins privé de calorique
& de lumière ; la denfité, la Solidité qu’il
acquiert alors eft une des caufes auxquelles eft due
la plus ou moins grande facilité qu’on éprouve pour
féparer des corps combuftibles brûlés, ’/oxigène
en air vital II en eft qui demandent pour cela
plus de calorique que de lumière-, & d’autres plus
de lumière que de calorique.
XX. Il eft aifé de fentir, d’après tout ce.qui a
été dit jufqu’iei, qu’enlever l’oxigène à un corps
brûlé, c’eft faire une opération inverfe de la com-
buftion. Il n’y a pas de mot dans là langue pour
rendre cette opération. On peut, dire que l’on de-
' brûle , que l’on défox ide lés corps; de-là I’ex-
preflion de décombuflion , déjoxidation.
XXI. Outre quel’oxigène tient plus ou moins
fortement aùx corps combuftibles, fuivant qu’il y
eft Uni plus ou moins folide , & qu’il a perdu plus
ou moins de Tes diffolvans, calorique & lumière ,
il adhère encore à ces corps par fon attraction ,
par fon affinité- propre pour chacun d’eux. On
connoît déjà un aflez grand nombre de ces affinités
j de l’oxigène pour lesdîfférens corps, & on en a déjà
i déterminé quelques-unes d’ans leur rapports.
XXII. C ’eft en raifon de fes affinités qu'on fait
paffer fouvent l’oxigène d’un corps brûlé dans un
corps combuftible. Il fé fait alors une combuftion
d’autant plus'cachée, d’autant plus tacite en quelque
forte, que l’oxigène eft plus folide dans le
corps brûlé , & plus voifin dé la- denfité du corps
qui l’ abforbe ou dans' lequel il paffe. Mais cette
efpècè de combuftion fe fait quelquefois avec flamme
8c chaleur vive ; ces phénomènes ont lieu lorf-
que le corps qui enlève î’oxigène doit le contenir
plus folide que celui qui le lui cède. C ’eft ainfi que
le fer, le zinc, l’antimoine , l’arfénic , 8cc. brûlent
; avec flamme , lorfq'u’onles chauffe avec l ’oxide de
mercure, auquel ils enlèvent l’oxigèné , 8c qu’ils
doivent contenir plus folide que ne lé contenoitrle
mercure.
Applications de ces proportions.
L’obftaclequ’oppofe l’air à l’évaporation', à l’ébullition
des liquides, à la fublimation, 8cc. ,
La diffolution de l’eau dans l ’ail*, & l’état
hygrométrique de l’atmofphère.
L’efflorefcence & la déliquefcence des corps
falins, &c.
Les météores aqueux.
Les expériences, faites à diverfes hauteurs de
l’atmofphère.
Les expériences faites dans le vide.
La nature comparée des corps combuftibles.
L’augmentation de poids & le changement de
nature de ces corps après I4 combuftion.
Mm m 2