! On peut expliquer de la même manière , la lumière
& la chaleur, qui fe dégagent de quelques corps
durs en les frottant , & delà chaux que fou éteint.
zoo. On peut , en regardant le calorique comme
un être fimple -& diftindt de la lumière , expliquer
le phénomène que l’on obferve en frottant en-
femble deux morceaux de bois 3 en difant, qu’a-
lors Je calorique étant comprimé 3 il fe dégage
en partie, & élève le bois à la température où
fes molécules ont plus d’affinité avec l’oxigènê
qu’il n’en a avec fe carollque 8c la lumière , 8c
qu’alors l’air vital fe décompofant 3 il fe dégage
de la chaleur & dé la lumière 3 parce que
tout le calorique 8c toute la lumière qui entroient
dans la compofition de l’air vital, n’entrent point
dans la compofition du gaz acide carbonique qui
fe forme.
. Mais on ne peut pas expliquer de la même
manière , le phénomène que l’on obferve en
frottant deux pierrês; il n’y a point alors d’affinité
fupérieure, & conféquemment point de
décompofition de l’air vital 5 il faut donc avoir
recours à la preffion ; fi la lumière eft feulement
interpofée , il s’en dégage une partie , parce qu*elle
eft trop comprimée 5 mais fi elle elf partie, corif-
tituante du calorique, il s’en dégage, parce que
le calorique trop comprimé fe décompofe en
partie.
2i°. Si l’on admet la compofition du calorique 3
on peut dire que la chaleur eft l’effet produit fur
nos fens par le calorique non décompofé; &
que y par fa décompofition y il lai fie dégager la
lumière qui en faïfoit une partie Conftituante.
Si la lumière s’unit aux molécules des corps ,
fans être préalablement combinée avec la bafe
du'calorique , on éprouve y dans l’explication qui
admet la compofition du calorique 3 une très-
grande difficulté pour le dégagement de cette
Lumière non combinée avec la bafe du calorique ;
il faut alors avoir recours à l’ explication qui regarde
le calorique & la lumière 3 comme'deux êtres
fimples & diliindts l’un de l’autre -, & qui attribue
la plus ou moins grande quantité de lumière
dégagée à la moindre ou plus grande affinité des
molécules du nouveau compofé pour ce principe ;
mais fi l’on admet cette explication pour le dégagement
de la lumière non combinée avec la
bafe du calorique 3 pourquoi ne pas l’admettre
pareillement pour ce dégagement du calorique
que l’on peut foupçonner dériver abfolument de
la même caufe, & qu’on peut alors regarder
comme un être fimple? On éviteroit alors une
très-grande fuppofition , celle d’une bafe qui eft
abfolument inconnue , 8c dont il eft impofiable
dans l’état actuel de nos connoiffancés 3 de nous
former aucune idée.
qu’elle à moins de temps pour fe répandre uniformément
22°. En admettant la compofition du calorique 3
on pourroit demander ce que devient fa bafe
après fa décompofition ; il eft poflible qu’elle refte
unie au corps brûlé3 ou quelle fe répande dans
l’atmofphère, c’eft ce que je ne fais pas ; il fau-
droit des expériences multipliées & bien exadtes,
pour avoir des idées nettes fur cet objet. C e pendant
La chaleur qui fe dégage pendant la combuftion
d’un corps eft d’autant plus vive 3 qu’il fe con-
fume en moins de- temps ; ce n’eft pas qu’il fe
produife plus de chaleur 3 mais feulement parce
3 en attendant cette décifion 3 l’objection
demeurant irréfoluey doit faire rejeuer la
compofition du calorique par tous ceux qui n’admettent
point de fyftêmes.
z 3°. Si l’on regarde le calorique comme un
être fimple i on peut expliquer la plus ou moins
grande quantité de lumière & de calorique qui
fe dégage pendant la combuftion par la moindre
j ou plus grande quantité de lumière 8c de calorique
qui entre dans la compofition des molécules
des corps brûlés ; plus les molécules d’un
corps brûlé doivent contenir de lumière.8c de
calorique pour paffer à cet état, & moins il fe
produit de clarté 8c de chaleur pendant la combuftion.
24°. 11 doit auffi fe dégager plus de chaleur3 toutes
chofes égales d’ailleurs y dans les combuftions
dont les produits font fofides 3- que dans celles,
où il fe forme des liquides ou des fluides..Cependant,
comme il paroît qu’il entre du calorique
-dans la compofition des molécules de quelques
folides , peut-être même de tous, & que
plufieuTs en contiennent une grande quantité dans
un état de compreffioh très-confidérable, il eft
poffible que cet énoncé fouffre quelques exceptions.
C ’eft, je crois, en raifon de cette grande
compreflion du calorique combiné que l’oxide d’argent
fulminant détone fi - tôt qu’on le touche.
Les molécules de cet oxide font à |l§ température
où nous vivons prelqu’à la diftance où elles
peuvent fe réunir pour former de nouveaux* com*
pofés : fi-tôt qu’on les comprime, elles - fe réur
nifient ; l’oxigène s’unit à l’hydrogène pour
former de l’eau & l’azote , devenu libre ,
fe dégage également. Cette première explication
eft la même en admettant l’une ou
l’autre des hypothèfes ci^deffus énoncées , c’eft^
à-dire , en regardant le calorique comme un être
fimple ou comme un compofé binaire ; mais le
dégagement de lumière 8>c de chaleur .ne dérive
pas de la même fource dans les deux explications.
Si l’on admet la compofition du calorique , on
peut dire , qu’auffi-tôt que l’eau fe forme &
que l’azote fe trouve ifolé , - une partie du
calorique s’unit aux molécules de d’eau & aux
molécules de l’azote pour former de la vapeur
aqueufe 8c du gaz azote, l’autre partiedthcar
torique fe trouvé interpofée entre , les molécules
de ces deux nouveaux comparés j mais lé entorique
interpofè n’écartant pas aflTez promptement
ces mêmes molécules , il fe trouve fur-le-champ
comprimé au point de fe décompofer en partie:
une portion fe dégage librement pour rétablir
l’équilibre de température, tandis que l’autre fe
décompofant, laiffe dégager la lumière qui entroit
dans fa décompofition. En admettant cette
explication, il faut fuppofer qu’ il-n’entre point
dans la compofition des molécules de la lumière
non combinée avec la bafe du calorique.
Quant à l’explofion, elle provient de ce que
la vapeur aqueufe & le gaz. azote font confî-
dérablement dilatés; mais l’équilibre de température
fe rétabliflfant promptement, il fe forme
un vide qui eft fur-le-champ rempli par l’air environnant.
. Si, au contraire, on regarde le calorique comme
un être fimple, du moins dans l’état adhiel de
nos connoifiances , on peut expliquer la détonation
de l’argent fulminant de la manière
fuivante./ L’expérience indique que l’oxide d’argent
fulminant eft compofé d’hydrogène, d’oxi-
gènë, d’azote , de lumière & de calorique ; la
moindre compreffion facilite la combinaifon de1
l’oxigène & de l’hydrogène 3 parce qu’on rapproche
parce moyen leurs molécules. Auffi-tôt
que ce nouveau compofé eft formé, l’azote fe
trouve libre ; alors le calorique 8c la lumière qui
font néceffaires à la conftitution des vapeurs
aqueufes 8c du gaz azote, fe combinent avec
leurs molécules, 8c le calorique &r la lumière qui
ne fe combinent point, fe dégagent, foit pour
établir l’équilibre , foit parce que ces fubftances
font trop comprimées.
Rapprochons maintenant ces deux explications
pour voir en quoi elles different.
En admettant la compofition du calorique,
l’oxide d’argent fulminant eft compofé en dernière
analyfe, d’oxigène, d’hydrogène , d’azote
8c de calorique (c ’eft-à-dire, de fa bafe & de lumière
; ) il peut fe faire auffi qu’il entre dans chaque
de la lumière non combinée à d’autres principes,
ce qui même eft très-probable, & alors cette
première explication ne peut point fervir à cette
portion de lumière ; il faut avoir recours à celle
des phyficiens qui regardent le calorique 8c
la lumière Comme des êtres fimples, ainfi que
je l’ai obfervé ci-deffus. Les fubftances qui proviennent
delà décompofition de cet oxide font
le gaz azote & les vapeurs aqueufes. Ce gaz azote
eft compofé d’azote & de calorique ( c’eft-à-dire,
de fa bafe & de la lumière qui y eft unie ) , &
la vapeur aqueufe eft compofée d’hydrogène ,
d’oxigène 8c de calorique.
En regardant, au contraire , \ecalorique comme
un être fimple & diftinft de la lumière, l’oxide
d’argent fulminant eft compofé d’hydrogène ,
d’oxigène , d’azote, de calorique & de. lumière.
Le gaz, azote eft compofé. d’azote & de calorique
3 & la vapeur aqueufe eft compofée .d’hy-
I d r o g è n e , d ’ o x i g è n e 8c d e calorique. I l e f t p o f*
f ib le q u e c e s d e u x d e rn ie r s c om p o fé s c o n t ie n n e n t
d e la lumière, m a is .e lle n ’ y a p o in t e n c o r e é t é
d ém o n t r é e ; d ’ ap rè s c e t t e d e rn iè r e o p in i o n , la
lumière 8c le calorique q u i e n t r e n t e n g ra n d e q u a n t
i t é dan s la c om p o f it io n d e l ’ o x id e d ’ a rg e n t f u l m
in a n t , d o iv e n t f e d é g a g e r p 'te fq u e t o t a l em e n t ,
p a r c e qu ’ il en e n t r e b e a u c o u p m o in s dans la c ôm -
p o f it io n d u g a z a z o t e & d e la v a p e u r a q u e u fe .
J e fe r é p è t e , c e t t e d e rn iè r e e x p lic a t io n jo u i t d e
l’ a v a n ta g e d e n e r ie n fu p p o f e r , & d e n’ em p lo y e r
q u e lé s fu b f ta n c e s q u i fo n t o u p a lp a b le s , o u fen -
f ib le s à n o s fe n s ; tan d is q u ’ en a dm e t ta n t la c om p
o f itio n d u calorique, o n e f t o b lig é d e fu p p o fe r
un c o rp s d o n t .on n e p e u t f e fo rm e r a u c u n e id é e .
I l e f t v r a i ,qu ’ on p e u t d em an d e r d ’ o ù v i e n t l e
calorique? s ’ i l e f t e n v o y é a v e c la lumière p a r Je
fo le i l , o u fi n o t r e p la n è t e e n c o n t ie n t u n e q u a n t
i t é in d e f tru d t ib le q u i f e r e n o u v e lle fan s c e fte ?
P o u rq u o i l a lumière , p o u v a n t fe c om b in e r a v e c le s
m o lé c u le s d e s c o rp s , n e fe fix e p o in t dans c e lle s
d e n o t r e a tm o fp h è r e , & p a rv ie n t ju fq u ’ à rions ?
e f fe t q u i p r o v ie n t , fans d o u t e d e c e q u e fe s m o lé
c u le s fo n t fu r f a tu r é e s , & n e p e u v e n t p lu s en
r e c e v o i r . P o u r q u o i le s températures v a r ie n t d’ u n
in f ta n t à l ’a u t r e , & fo n t t r è s - d i f fé r e n t e s dan s
le s m êm e s fa ifo n s ? M a is i l e f t d e s c h o fe s q u 'i l
n ’e f t m êm e p a s p e rm is d e c h e r c h e r à e x p liq u e r
lo r fq u e le s e x p é r ie n c e s n é fo n t p a s a f fe z m u lt
ip lié e s p o u r a p p u y e r l’e x p lic a t io n .
2 f ° . L e n it r a t e 8c l e m u r ia te fu r o x ig e n é d e
p o t a f f e , & p e u t - ê t r e b e a u c o u p d ’ a u tr e s c o r p s
f o h d e s , c o n t ie n n e n t auffi d e la lumière' 8c d u
calorique c om b in é a v e c le s m o lé c u le s & c o n f t i -
tu an t le ü r fta tu re ; m a is c e s q u a n tité s d i f fè r e n t
dans p r e fq u e to u s le s c o rp s , & d é p e n d e n t d ’a t -
tradtions q u i n o u s fo n t c o n n u e s . 11 p a ro î t , p a r
e x em p l e , q u ’i l e n t r e p lu s d e calorique & p ius
d e lumière d a n s la c om p o f it io n d e s m o lé c u le s d u
m u r ia te fu r o x ig e n é d e p o t a f f e , q u e dan s c e lle s d u
n it r a t e d e p o ta ffe j 8c c ’ e f t d e c e t t e p lu s g r a n d e
q u a n t i té q u e d é p e n d la f o r c e fu p é r ie u r e d e la
p o u d r e fa it e a v e c l e m u r ia t e fu r o x ig e n é d e p o t a f fe .
• O u t r e c e s q u a n tité s d i f fé r e n t e s d e calorique 8c
d e lumière dans le s c o r p s , il p a ro î t e n c o r e c e r tain
q u e c e s fu b f ta n c e s n e fo n t p a s é g a lem e n t
c om p r im é e s dan s t o u t e s le u r s combibinài-
fo n s . 11 p a ro î t q u e dan s l’ a r g e n t fu lm in a n t ,
e l le s fo n t à un é t a t d e c om p r e f f io n t r è s - c ô n f î -
d é r a b le ; q u e dans l e m u r ia t e fu r o x ig e n é d e p o -
ta lfe e l le s l e Jfont m o in s , 8c q u e dans l e n it r a t e
d e p o t a f f e , e l l e l e fo n t e n c o r e . D a n s l ’o x id é
d 'a r g e n t fu lm in a n t , l e m o in d r e e f fo r t fa c i li t e la
r é u n io n d e l ’h y d r o g è n e & d e l ’ o x i g è n e . D a n s
l e m u r ia t e fu r o x ig e n é d e p o t a f f e , i l fa u t un e f fo r t
u n p e u p lu s c o n f id é r a b le , t e l , p a r e x em p le
q u e l e f r o t t em e n t e n t r e d e u x p ie r r e s d u r e s *
a in fi q u e l’ a o b fe r v é M . L a v o i f ie r ; & dan s Je
n it r a t e de p o t a f f e , c e t e f fo r t n e p e u t , e n l e
fu p p o fa t tt même t r è s - c o n f i d é r a b l e , fa c i li t e r • fa
Y y y j r i