
«3- a l c
bouché. Quelques autres prefcrivent tin procédé
plus complique ; nous avons choifi la formule
quinous parait la plus fimple & la plus efficace.
L-ette préparation a été recommandée comme
ftomachique , anufeptique. La dofe doit être de
lo a 12 gouttes dans un véhicule approprié.
§• IL A L C O O L S É T H É R t S.
f esr P[?P3ra,y °ns que nous comprenons dans
cette fedtionrerultentdelàcombinaifon d'un acide
avec alcool ; cependant nous les diftinguons des
-alcools acides, parce qu'elles en différent effen-
tiellement, par leur faveur , leur odeur, leur
propnete, & par le mode de leur préparation :
en effet tous les alcoolsacides, quelque intime que
loit la combination, ont une faveur aigre ftip-
tique ; ils font une effervefcènce légère avec le
carbonate de potaffe ; ils rougiiï'ent le papier de
tournefol, & ils conferyent toujours & doivent
conferver le caraftère de l’acide dont ils font formes
: enfin tous doivent être préparés uniquement
par une digeftion plus ou moins prolon-
pee'k! m alco° k éthérés ne préfentent point de
femblables cataSeres, ils ont une odeur & une
faveur particulières ; leucvolatüité eftplusgrande;
ils ne doivent ni rougir le papier de tournefol,
ni faire eftervefcence avec le carbonate de po-
-enfili Ieur préparation exige toujours la
diftillation & quelquefois une fécondé reâifica-
tion.
On nous obfervera fans doute que plufieurs
artiites, que beaucoup de pharmacopées, ainfi que
nous lavons rapporte, confeillent la diftillation
pour la préparation des alcools acides ; mais
n hefitons pas a le dire avec un grand nombre de
médecins & de chimiftes, ce procédé eft défectueux
, c eft dépaffer le but qu'on fe propofe
dans la préparation ; car la diftillation donne ici
des produits nouveaux ; & comme le dit fort
bien ft.alouin , ( tom. z. de fa chimie, pag. ri z)
1 alcool fulrunque ou eau de Rabelne vaudroit rièn
& ce ne ferait même pas une eau de Rabel, que
ce qui refuiteroit de la diftillation de tout Je
mélange de 1 alcool & de Fa ci de fulfurique.
30 Par la diftillation du mélange de l’alcool avec
quelques»uns des acides minéraux , ce qui diftille
dans le commencement, n’eft pas la même chofe
que ce qui diftille enfuite, & à la fin de l’opé-
ranon , quand même on diftilleroit tout de fuite
ces ditrerentes efpèces de liqueurs enfemble, elles
ne font pas un tout fi homogène, fi fimple que,
lorfquon fait 1 union de l’alcool avec l’acide par
une longue digeftion feulement. .
» La diftillation fait d’autres combinaifons qui
mentent beaucoup mais c’eft pour remplir
d autres vues , & il faut avoir feparément ces
differentes combinaifons.
Enfin, ajoute-t-il, la digeftion de l’alcool avec
les, acides , ne le décompofe pas comme fait, la
diftillation, ils s'unifient parfaitement Scies acides
font fuffifamment adoucis par l'alcool dans la
digeftion, pourvu qu’elle foit longue, & qu’il
y ait affez d’alcool : il faut deux parties d’alcool
avec une d acide , & encore faut-il que l'alcool
foit reétifié. «
Ces confidérations & quelques autres, fondées
fur 1 energte de leur propriété dilfolvante, nous
ont engages à diftinguer les alcools éthérés des
alcools acides, & nous en décrirons quatre ef-
peces principales.
1 * ^ c ° ° l etheré fulfurique , 8c vulgairement
Liqueur minérale anodine d‘Hoffman, quelquefois
Liqueur etherée vitriolique , efprit d!éther vitrio-
hque , efprit de vitriol doux , &c."5:c.
Martemayer , apoticaire à Halle- dans- le
Lhiche de Magdebourg, eft le premier qui
ait préparé cet alcool ; il lui avoit donné le nom
mynerieux de panacee de vitriol, effence de mayénce,
mais cette préparation fut bientôt connue fous
le nom de liqueur minérale anodine d’Hoffman,
parce que ce célèbre chimifte a perfe&ionné le
procédé de l'inventeur, & a fait connoître fes
propriétés médicinales.
On ne fait pas exa&ement quel ëfoitle procédé
que fuivoit Hoffman dans la \ préparation
de cette liqueur, mais il paraît, notamment par
un paftage de la XIIIe. de fes obfervations chimiques,
hv. 2. tom. 4. pag. 495 ,. qu’elle étoit le
produit de la diffolution de l’huile étharée- dans
une certaine quantité d’alcool reétifié.
Hoffman venoit de parler de la manière d’obtenir
cette huile-, & il ajoute : Hoc oleum aro-
maticum , recens , exquifitè. folvitur in fpiritu vint
reéiificatijîtmo , ipfi que faporem , odorem & virtu-
lem confère anodinam ac fedativam , in omnibus
doloribus & Jpafmis utilijfimam.
U femble que d’après ce texte fi formel on
ne de voit pas varier dans le procédé à employer
pour compofer cette liqueur 5 cependant -cette
préparation eft une de celles pour lefquelles on
trouve plus de différentes formules.
Nous ne nous arrêterons pas à les décrire toutes,
mais nous remarquerons deux différences effen-
tielles & très-frappantes.
i° . Quelques-uns- fe bornent à réunir les
deux premiers produits de la diftillation du mélange^
d’alcool & d’acide fulfurique employé pour
la préparation de l’éther, ou bien ils confeillent
hmplemept de mêler parties égales d’alcool rectifie
& d acide fulfurique, de diftiller le mélange
a un feu doux, d’arrêter la diftillation lorfque
1 acide fulfureux commence à fe manifefter, &
1. / recueillent ce produit fous le titre d’efprit
d etker vitriolique ; ou enfin quelques auteurs
veulent qu’on fe borne à diftiller la liqueur qui
reue dans la cornue après la rectification de
1 ether.
r . i ° . D’ autres perfuadés dfaprès l’autorité Sc I
.Inexpérience d’Hoffman que l’efficacité de la
préparation conflits effentiellement dans l’addition
de l’huile éthérée, prefcrivent de mêler aux
deux premiers produits de la diftillation de
l’éther, l’huile éthérée , ou comme ils l’appellent
l’huile douce qui fe précipite dans l’acide fulfureux
, ou bien comme le recommandent plusieurs
, il faut faire diffoudre de l’éther & de
l’huile éthérée dans la liqueur aromatique qui
s’élève la première dans la diftillation de l’éther.
Pour concilier ces différentes prétentions fur
lefquelles. l’expérience médicinale peut feule prononcer
, nous diftinguons, ainfi que l'ont fait les
médecins de Londres dans la dernière édition
de leur pharmacopée, en 1788, deux efpècés
d’alcools éthérés l’un fimple , l’autre corn-
pofé ou huileux, parce qu’il eft chargé d’huile
étherée.
Le premier qui eft décrit dans la pharmacopée
du collège royal de médecine^ de Londres,
fous, le nom d‘efprit d’éther vitriolique , fe prépare
comme nous l’avons déjà indiqué plus haut,
en mêlant dans une grande cornue de verre une
livre d’alcool reétifié, fur lequel on verfe peu
à peu, avec précaution, en agitant de temps
en temps , une livre d’acide fulfurique ; on met
enfuite le bec de la cornue dans un ballon tu-
bulé, qui reçoit un fécond récipient, & on
diftille à un feu très-doux jufqu’ à ce que l’on
voye des vapeurs d’acide fulfureux.
. Cette liqueur très-limpide, d’une odeur fuave,
éthérée, ne doit point manifefter de Agnes d’acidité
, fi la diftillation a été conduite avec foin ,
& fi on l’a arrêtée à propofc.
Le fécond qui eft décrit dans la même pharmacopée
fous le titre d'efprit déther vitriolique
compofé , & que nous nommons alcool éthéré
fulfurique huileux fe prépare par la fimple mixture
d'un gros d’huile éthérée dans deux livres d’alcool
éthéré fulfurique fimple que nous venons
de décrire.
Prefque toutes les pharmacopées donnent des
formules différentes pour la compofîtion de cet
alcool ; nous tranferirons celle qu’a donnée le
f favant traducteur de la pharmacopée de Londres
, in-40.' , , •
Prenez'j/tv££ parties de l’alcool ou efprit aromatique
qui s’élève le premier , lors de la diftillation
de l’éther, diffolvez-y deux parties d’éther
& une partie d’huile éthérée.
Cette formule qui paroît fe rapprocher des
vues qu’Hoffman a données fur la compofîtion de
cet alcool, ne différé de celle du Codex de Paris,
Se de plufieurs autres Pharmacopées que par la
proportion des ingrédients 5 l’huile éthérée étant
en plus grande quantité dans cette formule que
dans la plupart des autres précédemment données
pour la préparation de cet alcool.
Le plus grand .nombre des pharmaciens fe borne
à la fimple mixture des trois fubftances qui entrent
dans la compofition de l'alcool éthéré fulfurique
huileux : mais quelques-uns diftiilent le mélange
à un feu doux , & ils en nomment le produit
liqueur minérale anodine d’Hoffman rectifiée. Cette
rectification nous paroît une condition néceffaire
pour la perfection de cet alcool.
Ainfi préparéè cette liqueur eft limpide ,
fuave 5 fon odeur participe un peu de celle de
l’éther, fa faveur eft vive, pénétrante, légèrement
ftiptique , un peu amère , elle s’évapore
facilement , mais plus lentement que l’éther ;
elle ne rougit point le'fyrop de violette, & ne
répand point d’odeur fulfitreufe ; elle s’unit à
l’eau, mais cependant s’y délaye moins promptement
que l’alcool éthéré fulfurique fimple ,
à caufe de la quantité d’huiie éthérée qu’elle
contient.
Ces -deux alcools éthérés fulfuriques font
généralement regardés comme fédatifs , anodins ,
toniques , antifpafmodiques , & on les. emploie
dans les affedions nerveufes , tyftériques , les coliques
venteufes, à la dofe de 20 à 40 gouttes que
l’on fait entrer dans des potions., avec des liqueurs
appropriées. L’addition de l’huile éthérée ,
fur-tout quand elle eft en grande quantité , paroît
augmenter l’effet ftimulant , & le rendre
plus durable.
On en a auffi recommandé l’ufage extérieur
dans les douleurs de tête. Plenck en recommande
l’application dans la carie , & il regarde la mixture
de l’alcool éthéré fulfurique avec le miel
comme un très-bon vulnéraire.
Malgré les grands éloges prodigués à ces
préparations , il faut en éviter l’ufage trop fréquent
ou porté a trop haute dofe. 11 paroît
augmenter la chaleur , & déterminer un genre
particulier d’irritation : c’eft fur-tout dans les
grandes foiblefTes , à la fuite des hémorrhagies ,
& chez les femmes très-fenfibles, qu’il faut être
circonfpeét fur l’ufage de cette préparation. Nous
avons vu quelquefois dans ces cas des potions
préparées avec l’alcool éthéré fulfurique huileux
, ‘ caufer des vertiges' , une forte de ftu-
peur & d’ivreffe qui f e . rehouvelloit toutes
les fois qu’on adminiftroit ce remède.
Nous terminerons cet article en remarquant,
i°. que ces alcools*éthérés ne doivent donner
aucun ligne fenfîble d’acide. Cependant fi on
néglige quelque attention dans leur préparation ,
ou fi on les conferve très-long-tems, ou dans
des flacons mal bouchés , l’acide devient alors
fenfîble, & on parvient facilement à enlever cet
acide , qui n’eft pas combiné , en projettant
dans la liqueur quelques grains de carbonate de
potafie , & il convient de diftiller enfuite cet
alcool à un feu trèsxdoux. Quelques pharmaciens
qui aiment à multiplier lès dénominations, délî-
gnent ce produit fous le nom de liqueur minérale
anodine d’Hoffman alcalifée.