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blanche ; quand on les caffe, au lieu de couches concentriques
brunes , ou de bile Amplement épaiffie
& dépoféepar couches, comme dans les plus communes
de ces pierres , on trouve une ftruêture'la-
melleufe criftalline ou ftriée, brillante, blanche3 4 ouce & on&ueufe au toucher 5 quelquefois cette
concrétion 3 au lieu d'offrir des grandes lames qui
mefurent tout fon diamètre, ne préfente que des
ftries, elle varie aufli pour'la couleur : outre le
blanc brillant , argentin , ou plutôt micacé 3 il en
eft de jaunes3 de verdâtres. Souvent cette concrétion
eft entremêlée de bile brune en maffe ;
toujours on y obferve un noyau de bile épaiflie.
Après Haller qui annonce dans une diflertation publiée
en 1749 beaucoup de faits fur les calculs biliaires
, Walter eft celui qui a le mieux indiqué la
flriiéture de l'efpècequi nous occupe ici. M. Vicq-
d’Azyr a traité cet objet avec plus de foin 8c d'exactitude
encore que Walther. Mais il remarque
avec ra fon , que les chi.miftes ne connoiffent point
la nature de ces concrétions. Il obferve cependant,
après en avoirjdécrit toutes les variétés, 8c
après avoir préfenté, pour-ainfi-dire, toutes les
nuances de ces criftallifations animales , depuis la
pierre biliaire ordinaire Cernée de quelques ftries
ou de quelques paillettes, jufqu'à celle qui eft entièrement
formée de cette matière criftalline, que
cette matière paroi t ê’.re la même que celle qui
a été trouvée par Poulletier de la Salle dans les
pierres biliaires communes. En effet fes propriétés
chimiques font parfaitement analogues, comme
les expériences que j'ai faites & que j'ai décrites
me l'ont appris. Ces concrétions biliaires criftalli-
fées fe ramollifent 8c fe fondent à la chaleur comme
la cire, mais à une température plus baffe, 8c ab-
folument comme-le blanc de baleine. Elles fe figent
& fe criftallifent par le réfroidiffement ; l'eau
n'a nulle aélîon fur elles 5 l'alcool chaud les dif-
fout, & il s'en fépare une grande partie par le réfroidiffement
8c fous la forme' de lames brillantes
8c talqueufes. En un mot, elles m'ont préfenté
toutes les propriétés de la fubftance rendue du
foie defféché 8c pourri à l'air, 8c des criftaux bril
lans que l'alcool fépare des calculs de bile épaiflie.
Il paroît donc, i° . que les efpèces de concrétions
criftallifées fe forment dans la véficule, lorf-
que la matière analogue au blanc de baleine qui
fait partie des humeurs contenues dans le foie eft
trop abondante pour relier en diflolution dans la
bile} 2,0. que les pierres biliaires ordinaires qui ne
femblent être que déjà bile épaiflie , doivent, en
grande partie, leur concrétion 8c leur formation
à la préfence de cette^fnatière huileufe concrefci-
ble, & à la tendance à fe concréter; que cette
matière abondamment contenue dans les pores,
& peut-être même dans le parenchyme ou la propre
'fubftance du foie, eft la fource de plufieurs
maladies de ce vifcèré, 8c notamment des concrétions
de la véficule du fiel.
En raflemblant tous les faits que j’ai «onfignés,
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fur la nature du parenchyme du foie 8c des
calculs biliaires, on pourvoit foupeonner que
le foie fert particulièrement à évacuer cette humeur
huileufe hors du corps humain. J'ai fait voir
ci-deflus que la baie colorante de la bile, qui eft
unie à la foude dans cette liqueur, n'eft point
une véritable réfine, comme l'ont annoncé plu<-
fieurs chimiftes, 8c qu'elle a quelques analogies
avec la matière.des concrétions crifiallines ; enfin
tout annonce dans le fyftême du foie, un organe
deftiné à abforber la fubftance huileufe du fang
8s- à priver cette humeur de la grande quantité
d'hydrogène dont elle eft furchargéé, comme on
l’a déjà dit plufieurs fois dans cet article.
Il ne fera pas. hors de propos de terminer cet
article par quelques réflexions fur l'ufage des fon-
dans des calculs biliaires.
On a propofé le favon, le mélange d'huile de
térébenthine 8c d'éther, 8cc. pour fondre ces calculs
biliaires. Il eft important d’obferver qu'on
n'en trouve dans la véficule des boeufs qu'après.
les faifons fèches 8e la dilette des fourrages frais,
8e qu'ils difparoiffent au printemps 8e dans l'été,
lorfque les adimaux mangent abondamment des
végétaux verts 8e fucculens. Les bouchers font
fort au fait de ce phénomène; ils favent que c'eft
depuis le mois de novembre jufqu’au mois de mars
que ces pierres exillent dans ces animaux, 8e qu'à
cette époque on n'en trouve plus. Ce phénomène
fait aflez conncître la puiflance des fucs favonneux
des plantes pour fondre les calculs biliaires. Ce-'
pendant on ne doit point croire que les remèdes,
quelques aélifs 8e quelques volatils qu'ils foient,
puiffent parvenir en aflez grande quantité dans la
véficule pour y diflbudre les calculs biliaires avec
la même énergre qu'ils le font dans nos expériences.
Je crois que la ceffation du fpafme, 8e conlé-
quemment la dilatation du canal cholédoque, eft
la véritable caufe des bons effets des mélanges
éthérés propofés par M. Durande, dont je con-
feille d'ailleurs de- fupprimer l’huile de térébenthine,
d’autnnt plus qu'il paroît démontré que, très-
échaulfante d'ailleurs, elle n'a d avantage que comme
diminuant la volatilité de l’éther, 8e- qne des
obfervations ont déjà prouvé que le jaune d'oeuf,
8e fans doute aufli beaucoup d'autres fubftances,
peuvent être employées de même 8e fans avoir
les mêmes inconvénsens.
Examen chimique du foie de raie. ( Raya bâtis
Linnéus,par M. Vauquelin. )
Il n’efl perfonne qui ne fâche combien eft Volu-
mineux le foie de raie en comparaifon des autres
vifcères, tels que le coeur , l'organe refpiratoire,
8ec. ; qui ne fâche combien font délicats 8e tendres
la ftru&ure 8e le tiffii de cet organe ; qui n'ait ap-
perçumême à l'oeil, combien il a le caractère gras ;
celles qui fpécialement font livrées par étac à la
préparation des aliments, connoiffent bien tous
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ces cava&ères ; elles ne, peuvent pas ignorer, par
exemple, qu’en faifant cuire cette matière dans
l'eau, il en fort une grande quantité d'huile, qui
refte liquide à la température ordinaire de l'at-
niofphère. # j| ,
La couleur du foie de raie eft grife, legere-
ment rofée lofqu'elle eft fraîche ; il y en a de plufieurs
couleurs trèsdiffé-rentes , cela varie beau-
C°Sa faveur eft huileufe 8c falée, fon odeur eft
marécageufe , 8c plus ou moins analogue à celle
qui fe répand dans les poiflonneries de poiflon
de mer.
Première expérience. Un morceau de foie de
raie, jette dans l'eau bouillante , 8c laifîe dans ce
liquide pendant quelques minutes, refte fans fe
divifer , en une feule mafie , qui acquiert même
de la confiftanee 8c de la folidité. Dans cette opération
, la chaleur 8c la force qui rapprochent les
molécules du foie de raie, en expriment une huile
légèrement jaune , cfui refte liquide à la température
de 10 degrés ; le foie de raie diminue de volume,
mais fa forme ne change pas, fi on ne le
fait pas bouillir trop long-temps.
Seconde expérience. Une once 4 gros \ de foie de
raie broyée dans un mortier de marbre , fe font
réduits très-facilement en une efpèce de bouillie
par l'adUon du pilon ; on voyoit maniféftement à
la furface de cette matière , des gouttes d'huile
blanche ; on a ajouté 4 onces d'eau diftillée froide,
les matières fe font combinées aflez facilement,
& elles ont pris une couleur blanchâtre4 mais
étendues d'une plus grande quantité de ce liquide,
elles font devenues du plus beau blanc de lait,
ou à-peu-près comme de l'orgeat très-étendu d'eau.
On a pafle la liqueur dans un tamis de foie très-
fin , 8c cependant il n'eft rien refté de la matière
hépatique, fi ce n'eft la membrane du péritoine
. qui le recouvroit , 8c quelques portions du foie
■ lui-même qui avoient échappé à l'aétion du pilon,
mais qui fe réduifoient en lait. Quelques heures
après, il eft venu nager à la furface de l'émuifion
du foie de raie avec l'eau , une efpèce de crème
jaunâtre, Sc allez femblableà celle qui fe forme
fur du lait érendu d'eau ou fur une émulfion d'a
mandes ; c'eft fans doute une portion d'huile qui
fe fépare 8c emporte avec elle une petite quantité
[ deparenchime. Cette émulfion eft décompofée par
[ les acides, même les plus foibles, qui la réduifent
• en petits grumeaux| qui fe féparent de la liqueur
claire, 8c qui vont occuper la partie fupérieure ,
comme cela a lieu dans la décompofition des favons
par les acides.
Oh a recueilli cette crème, 8c on l'a agitée
pendant long-temps dans un mortier de marbre avec
un pilon de bois. Cette manoeuvre n'a point fait
Sortir delà un beutre, comme cela a lieu pour le
kit 4e vache , mais une huile, à U vérité plus
épaifle que celle qui a été extraite par l'action du
feu dans une des expériences fuivantes. La partie
parenchymateufe 8c albumineufes’eft prifeen grumeaux
, qui font devenus bruns à l'air. I e papier
bleu de mauves étoit verdi par cette diflolution ,
8c celui de toumefol qui avoit été rougi par le
vinaigre , a été ramené à fa première couleur. On
verra plus bas, que la caufe de l'alcalinité de cette
liqueur tient à l'ammoniaque , provenant d'un
commencement d’altération qu'avoit déjà fubi le
foie de raie depuis la mort de cet animai.
Troifième expérience. Le papier fur lequel le foie
de raie a féjourné , devient huilé 8c tranfparent
abfolument, comme quand on a répandu de
l'huile à fa furface; ceci indique une \ nature très-
huileufe du foie de raie. 11 eft bien vrai, comme
nous l'avons fpupçonné plus haut ;que la proprié -
té alcaline du foie de raie , eft due à de l'ammoniaque
, car le papier de tournefol rougi par le vinaigre
, 8c remis à fa première couleur par cette
fubftance, eft redevenu rouge à l’air au bout de
quelques heures, c'ell-à-dire, quand l’ammoniaque
a été diflipée , aufli le charbon du foie brûlé dans
un. creufet ne contenoit rien d’alcalin , comme on
le verra plus bas , ce qui feroit arrivé s’il eut contenu
de la foude; cette ammoniaque s'y étoit formée
par un commencement d'altération.
Quatrième expériences Qn a pris 4 onces de foie
recouvert de fa membrane, on les a écrafés dans
un poêlon de faïence avec une cuiller d’étain, 8c
on a chauffé légèrement ; aux premiers degrés de
chaleur la matière s'eft prife en grumeaux , def-
quels il fe féparoit une grande quantité d'huile
légèrement jaune ; on a continué de chauffer très-
doucement,-jufqu'à ce qu’il ceflat de s'élever des
vapeurs, alors on a pafle l'huile au travers d'un
linge fin , 8c par une forte preffion on a féparé
la plus grande partie de cette fubftance d’avec le
parenchime ; celui-ci étoit, comme on l'a dit plus
haut, divifé en grumeaux d'une couleur un peu
brune ; ils pefoient 4 gros 3 6 grains , mais il con-
tenoit encore beaucoup d'huile, qu'il étoit im-
poflible de faire fortir, 8c par conféquent impofiL
ble à eftimer; l'huile qui a pafle à travers le linge,
pefojt 1 gros 7 grains. En réunifiant les deux poids
de l'huile 8c du parenchime, nous avons 2 onces
3 gros 36 grains ; d’oïl il eft clair qu’il y-avoit une
once 4 gros 36 grains d'eau : on pourroity ajouter
quelques atomes d'ammoniaque qui fe font vola-
tilifés au commencement de l’opération; mais
c'eft fi peu de chofe, qu'on ne croit pas devoir en
parler dans l'évaluation des principes fecondaires
du foie de raie.
Cinquième expérience. Cn a mis les 4 gros 36
grains de parenchyme du foie dont on avoit extrait
l'huile par la chaleur, dans un creufet d'argile,
& on l'a fait brûler à l’air libre. Après la combufe