
gement dépend de deux caufes ; l’une eft la
combinaifon nouvelle qui fuivant une des loix
ies plus conftatées des attrapions chimiques ,
doit modifier les propriétés des compofés ; l’autre
eft la fixation d’une plus grande quantité de
calorique , déterminée par la combinaifon même
qui change de capacité à l’égard Sc de ce corps 3 démontrée par l’abaiffement de la température.
S’il étoit befoin de raffembler ici un plus grand
nombre de preuves , pour faire voir que l’amalgame
eft une Véritable diffo'ution , il fer oit ai fé
d’en trouver une très-forte dans la criftallifabi-
lité de cette efpèce de combinaifon , dans les
criftaux métalliques qui retiennent du mercure
comme les criftaux filins retiennent une partie
de l’eau de leur diflblution 3 qui forme alors
l’eau de criftallifation. Mais ces phénomènes feront
traités avec plus de détails dans le paragra-
graphe fuivant, puifqu’ils appartiennent, ainfi que
plufieurs autres qui y feront également traités ,
aux propriétés des amalgames une fois formées ;
hâtons nous donc d’examiner actuellement ces
propriétés , Sc n’oublions pas qu’il ne s’agit ici
que du genre de ces combinaifons, Sc point du
tout des efpèces en particulier.
§. IV. Des propriétés générales des amalgames.
Les amalgames étant une fois préparées , Sc leurs combinaifons étant parfaite?, elles préfen-
tent des propriétés qui appartiennent à toutes en
général, Sc qui peuvent être confidérées comme
des caractères génériques , puifqu’elles n-’exiftent
d’ailleurs dans aucun autre génre de combinaifons
connues . On doit ranger parmi ces propriétés,
i°. La pefanteur fpécifique, i°.lLa forme
& la criftallifabilité , (ffy Là confiftance diverfe, Sc la friabilité , Æ La fufibilité, y° La tendance
à s’oxider ou l’oxidabilité , 6°. L’adhérence plus
ou moins forte de leurs compofans. Examinons
Chacune de ces propriétés en particulier.
11 eft d’abord aifé de concevoir que le mercure
pénétrant les. molécules des dîfférensmétaux , Sc les écartant les uns des autres , éprouvant lui-
même de leur part une véritable pénétration , la
denfité d’une amalgame doit varier non-feulement1
de celle d’une autre efpèce, mais encore différer
plus ou moins de celle du mercure Sc du métal*
qui lui eft uni. Ainfi tantôt l’amalgame aura une
pefanteur fpécifique moindre, tantôt plus grande
que celle qui devroit réfulter de la fomme des
pefanteurs fpécifiques des deux métaux réunis.
C’eft ainfi que M. Gellert a obfervé que l’amalgame
d’argent a non-feulement une pefanteur
fpécifique, plus grande qu’elle ne devroit être
luivant les règles de l’alliage, mais plus grande
encore que celle du mercure même , quoique
l’argent avec lequel il eft allié, foit infiniment
plus léger. M. Gellert s’en elV alluré ;, non-feulement
parce que l’amalgame d’argent va au fond
du mercure, mais encore parla balance hydrof-
ta tique. 11 paraît cependant que cette pefanteur
var.e par la température, puifque M. Sage a
obfervé qu’en chauffant cette amalgame, elle
vient nager au-deffus du mercure. Au refte il
manqué a cet égard un grand nombre d’expériences,.
pour connoitre les pefanteurs fpécifiques
comparées des différentes efpèces d’amalgame ;
mais cela n’empêche pas que le principégénéral,
qui exprime cette différence de pefanteur en plus
ou en moins dans toutes les amalgames, par rapport
aux deux métaux qui les forment, ne foit aufli
réel qu’il eft fimple à concevoir.
Si quelque chofe rapproche, comme nous l’avons
déjà dit, les amalgames des diffolutions falines,
c’eft la propriété de criftallifer qu’elles affeftent.
Une amalgame folide faite par les procédés ordinaires,
préfente un amas de petits grains, ou
une furface parfaitement grenue, lorfqu’on la
brife. Ces grains ne font autre chofe que de
véritables criftaux. 11 a déjà été remarqué dans
le premier paragraphe de cette differtation , que
MM. Fufchel & Rouelle avoient reconnu les
premiers cette propriété de criftallifer dans les
amalgames. M. Daubenton aVoit aufli découvert
il a plus de vingrans , que l’amalgame d etain
qu’il employoit, pour lutter les plaques de verre
fur les bocaux du cabinet du jardin des plantes,
fe féparoit fous la forme de petits cubes, qu'il
trouvoit à quelque dilîance du point où il avoit
d’abord placé cette amalgame. Mais ces obfer-
vations n’étoient en quelque forte que desapperçus,
lorfque M. Sage , après avoir entrepris une fuite
d’expériences’ affez nombréufes fur ce point ,
publia en 1 7 7 3 , dans la colleétion de fes mémoires,
des obfervations fuivies fur la criftallifation.
des amalgimes. Sans entrer ici dans tous les
détails qui feront préfentés à l'hiftoire particulière
de chaque métal, nous en indiquerons cependant
la partie des réfultats généraux qui tient à la
criftallifation. M. Sage, pour réuflirà faire criftallifer
régulièrement les amalgames, a été obligé
d’employer beaucoup plus de mercure qu’il n’en
faut pour former ‘les amalgames mêmes, & ceci
revient aux diffolutions: falines ordinaires , qu’on
ne réuffit à obtenir en belles criftallifations, qu’a-
près avoir étendu jufqu’à un certain point les
diffolutions. On fait que, lorfqu’elles ne contiennent
point affez d’eau , les-fels s'en féparent trop
confufément, 8r ne donnent que des maffes în-
; formes,’ On chauffe ces amalgames dans des cornues
dé verres lutées on .'en retire par la
diftillation une portion de mercure qui ne doit
.aller en général qu’entre le quart & le tiers de
| celui qu’on a employé. La cornue étant refroidie
:8c càffêe, on trouve l’amalgame régulièrement
: criftallifée ‘au fond de ce vaiffeau. L’amalgame
d’argent criftallilee par ce procédé-, a préfenté
à-M. Sage des prifmes- tétraèdres articulés ,
terminés
terminés par des pyramides à quatre faces Si diver-
fement grouppés les uns fur les autres. Ces prifmes
paroiffent être formés d’o&aèdres implantés les
uns fur les autres comme l’alun. Ils imitent l’argent
natif en dendrites ou en végétation. L’amalgame
de plomb traitée par un procédé analogue,
adonné à M. Sage des criftaüx également tétraèdres
, adhérens les uns aux autres , Sc formant
des prifmes à quatre pans, terminés par des pyramides
à quatre faces. L’amalgame d’or ^ lui a
fourni des criftaux de la même forme , gris, de
quatre à cinq lignes de longueur fur un quart de
ligne de diamètre. L’amalgame de bifmuth lùi a
préfenté des oétaèdres, des pyramides à quatre
faces, des lames triangulaires entières , d’autres
dont les angles étoient incomplets Sc comme
tronqués dé biais, des prifmes hexagones, ftriés ,
comprimés. Celle d’étain lui â offert des criftaux
gris, brillans , en lames feuilletées, amincies vers
leurs bords, Sc laiffant entr’elles des cavités polygones.
Ces lames lui ont paru être le réfultat
de plufieurs petits feuillets quarrés appofés les uns
fur les autres. Dans l’amalgame- de zinc, il a vu
des lames quarrées dont tous les bords paroiffbient
arrondis, Sc qui laiffoient entr’elles des cavités
polygones, ■ comme il les avoit obfervées dans
1 amalgame d’étain. Le cuivre, l’arfénic , l’antimoine
ne lui ont point fourni de criftallifation;
mais aufli on fait que ces métaux ne s’unifferît
que difficilement au mercure, & ne forment que
des amalgames très-peu folides. Il réfulte de ces
obfervations que la propriété de prendre des formes
ciiftallines Sc régulière? ; eft une de Celles qui
cara&érifent les amalgames. La portion de4 mercure
qui refte unie au métal dans chaque amalgame
, varie pour chacune d’elles , Sc paroît être
relative à leur attraélion réciproque. Si, comme
nous l’avons déjà indiqué , on peut la comparer
à U>portion d’eau , qui entre comme élément
dans* les criftaux des Tels, Sc qu’on nomme eau
de criftallifation , il ne faut pas pouffer cette com-
paraifon trop loin, puifque cette portion de mercure
fait partie effentielle de l’amalgame, Sc con-
féquemment eft plus qu’un fimple élément de criftallifation.
L’amalgame n’exifteroitpoint fans cette
cjliantité de mercure-, tandis que le fel auroit
toujours fa nature faline , fans l’eau dô criftallifation.
Il paroît que la forme qu’affe&ent les
amalgames, eft très-analogue à celle qui eft propre
à chaque métal uni au mercure. Enfin il eft
vraifemblable que, lorfqu on multipliera les expériences
fur les amalgames Sc fur l’examen de
leurs propriétés , on connoîtra la forme de plufieurs
amalgames , qui n’a encore été ni obfervée ,
, -ni décrite.
\ C’eft à la pénétration du mercure Sc des métaux
, & à l’état fluide du mercure, ainfi qu’au
partage du calorique entre les deux métaux, qu’eft
. due la confiftance variable Sc la friabilité confiante
:qu’on obferve dans les amalgames. La proportion
Chimie. Tome I I ,
du mercure, employée pour ces préparations, fait
cependant varier les propriétés dans leur intenfité ,
quoiqu’elles exiftent toujours dans toutes les amalgames.
Il n’eft pas une feulé de ces combinaifons
ou le mercure ne perde une portion de fa fluidité,
& les métaux qui lui font unis, une partie de leur
du&ilité, de leur ténacité. En général le mercure ,
uni en petite quantité aux métaux, forme des
amalgames folides , caffantes, friables ; une dofe
un peu plus grande de mercure rend ces combinaifons
molles & fufceptibles d’être pétries,
quoique cette efpèce de pâte foit fans liant Sc fans du&ilité. Cette friabilité , cette molleffe,
rendent les amalgames très-utiles dans plufieurs
arts. ^ .
Toutes les amalgames font fufibles, Sc en général
plus que les métaux qui font combinés an
mercure. 11 n’en eft aucunes qui ne (e ramolliffent
facilement Sc promptement par l’a&ion du calorique;
fi on les laifle réfroidir lentement, elles fe
eriftallifent toutes avec plus ou moins de régularité;
en corifidérant la Fufibilité des amalgames ,
on en trouve la raifon dans l’état des métaux unis
au mercure Sc dans les phénomènes qui accompagnent
leur union. Ces métaux, en partageant
lé calorique du mercure, perdent leur confiftance , Sc foüffrent dans leurs molécules un écartement
qui les difpofe fingulièrement à la fufion ; on peut
même regarder l’état de molleffe de ces combinaifons
comme un commencement de fufion qui
refte dans une forte de permanence jufqu’à ce
qu’elle devienne plus complette par une élévation
de température, ou plus difficile par la fouftrac-
tion du mercure. Au refte, on n’a point encore
déterminé le degré de fufibilité de chaque efpèce
d’amalgame ; il y en a qui deviennent plus fufibles
lorfqu’on lës mêle les unes aux autres. C’eft ainfi
qu’en triturant enfemble l’amalgame de plomb Sc l’amalgame de bifmuth, elles.fe fondent prefque
tout-à^coup, Sc de folides ou pâteufes qu’elles
étoient, elles deviennent fluides & prefque aufli
coulantes que du mercure feul. Le rérroidiffement
que M. Machy a obfervé dans cette expérience
, prouve que, pendant la combinaifon de
ces deux amalgames, il fe fixe une plus grande
quantité de calorique qu’il n’y en avoit auparavant
dans chacune d’elles, Sc c’eft fans doute à cette
fixation de calorique qu’eft due la liquidité de ce
triple compofé métallique.
Une des propriétés les plu? remarquables Sc les
plus jingulieres des amalgames, c’eft, fans contredit,
l’oxidabilité qu’elles préfentent, & la dif-
pofîtion à s’unir avec l’oxigène athmofphérique
qu’elles ont offerte à tous les obférvateurs. Nous
avons déjà dit que dans le moment même de
l’union entre les métaux Sc le mercure, les premiers
préfentent les traces très - fenfibies d’oxida-
tion, Sc que, lorfqu’on recueille la poùflière noire
qui fe dégage de leur furface, on trouve que cette
pou&ère eft u» v&ittWe oxide métallique. Ce.