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fi multiplié 8c fi heureux, que fi les idées exa- |
gérées qu’on avoit autrefois fur tous les re- |
mèdes fubfiftoient encore on pourroit le nom- j
mer à bien plus jufte titre que beaucoup d'autres
médicamens, une panacée ou un remède uni-
verfel. Ep France, 8c fur-tout à Paris, le tartrite
d'antimoine & de potaffe fait à lui feul, prefque
une grande matière médicale. 11 eftérhétique, purgatif,
fudorifique, diurétique, expectorant , in-
c ifif, fondant, apéritif. 11 fait vomir, il purge,
il ftimule, il excite dans différens degrés, Suivant
la dofe, la forme fous lefquelles on le pref-
erit, 8c fur-tout, fuivant l'état des nerfs, du fyf-
tême lymphatique, de l'eftomac 8c des inteftins des
malades, il joint à ces utiles propriétés , celle
de n'avoir que peu de -faveur , & conféquem-
ment de ne point déplaire aux malades, celle
de pouvoir être adminiftré fous toutes les formes,
diffous dans toutes fortes de liquides. 11 faut fa-
voir fur-tout parmi fes propriétés directement applicables
à la pharmacie ; i". qu'il eft important,
8c même prefque toujours néceffaire de
Je faire diffoudre dans l'eau diftillée ; 2 . de ne le
point donner avec des eaux féléniteufes & calcaires
qui le décompofent; 30. de ne point le donner
avec des boiffons acides ou alcalines, qui .en
altèrent la nature, & en détruifent plus ou moins
les effets; 40. que s'il eft néceffaire d'en reconnoître
la préfence 8c la nature dans des boiffons ou on
ne devoit pas l'adminiftrer , & où il fe feroit
gliffépar erreur, on a toujours un moyen prompt,
facile 8c immanquable d'arriver à ce but en employant
la précipitation à l'aide des fulfures de
chaux 8c de potaife qui y forment du foufre
doré , reconnoifiable par fa couleur orangée.
f° . Qu’on peut détruire tout-à-coup fes effets
violens & fur-tout fon éméticité, dans le cas où-
il auroit été donné mal-à-propos, par erreur ou
en trop grande quantité, en faifant prendre aux malades
une décoCtion de quinquina qui le décompofe
tout-à-coup, fuivant la découverte de M. Ber-
thollet. Ajoutons encore à ces détails que le tartrite
d'antimoine 8c de potaife peut être combiné avec
d'autres fels, 8c fur-tout avec le muriate d'ammoniaque
, avec lequel il forme un fel triple qurparoît
avoir une grande activité. Laffone a employé cette
combinaifon avec fuccès dans les maladies chroniques,
comme fondante 8c apéritive. Le tartrite d’antimoine
8c de potaffe peut encore fervir comme
topique, & on l'a déjà vu produire fous cette forme
des effets fondans affez marqués.
On ne parlera point ici d'autres fels antimoniaux
qui ne font plus mis en ufage , tels que l'acétite
d'antimoine, employé avant qu'on connût le tartrite
, 8cc.
Le quatrième genre des préparations antimoniales
qu'on employoit en pharmacie, comprend
les antimoniaux fulfures, dont on a fait une hif-
toire détaillée dans les articles précédens. On
compte dans ce genre, i° . le fulfure d'antimoine,
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qu'on défigne encore fous le nom d* antimoine dans
beaucoup d'ouvrages pharmaceutiques ; on le prend
purifié par la fufion ; on le porpyhrife avec foin &
jufqu'à ce qu'il foit réduit en une poudre' impalpable
; on fait entrer cette poudre dans des bols,
des piilules, des opiats, des tablettes, 8cc. Beaucoup
de praticiens croyentmêmeque-- c'eft la forme
la plus avantageulè fous laquelle on puiffe employer
ce médicament. On a encore coutume d'enfermer
une certaine quantité de fulfure d'antimoine en
poudre dans un nouet de linge que l’on fufpend
au milieu d'une décoction végétale faite particulièrement
avec des bois, des racines 8c des écorces
fudorifiques. Cette pratique paffée depuis longtemps
en ufage, eft regardée comme très-propre à
[ augmenter la vertu de ces décodions ; mais.il n'eft
l pas pofïible de douter que c'eft un préjugé : car ni
! l'eau feule, niles fubftances végétale s fur lefquelles
elle agit, ne peuvent ni altérer ni dilfoudre le fulfure
d’antimoine qu'on y tient plongé. Il n'y a que
le cas où quelques fubftances alcalines ou acides
foit ajoutées aux végétaux, foit contenues dans
ces végétaux mêmes, pourroient enlever quelques
parties de foufre 8c d'antimoine, 8cvçes cas
font très-rares dans les preferiptions des médecins.
Il eft donc certain que dans les formules ordinaires
le fulfure d’antimoine fufpendu dans un nouet au
milieu des décoctions, ne fert abfolument à rien.
Cependant quand une décoCtion dure très longtemps,
8c qu'une grande quantité de matière végétale
& fur-tout'd'extrait fe diffout dans l'eau , 8c
attire l'oxigène atmofphérique , il n'eft pas hors de
vrailemblance qu'un peu de foufre 8c d'oxide d'antimoine
peuvent paffer dans la liqueur 5 mais on doit
toujours fe rappeller que cela ne peut avoir lieu
qu'après un temps très-long & dans des circonftan-
ces rares.
i° . L'oxide d’antimoine fulfuré vitreux tranfpa-
rent, ou verre d'antimoine, contenant, comme on
fait, peu d’oxigène 8e beaucoup de foufre. C e médicament
beaucoup plus employé autrefois qu'au-
jourd'hui, au moins ifolé 8c dans fon état de pureté
, eft fortement émétique & purgatif 5 mais ces
propriétés y varient fuivant fa nature , fon état
d'oxidation 8c la quantité de foufre qu'il contient.
Voilà pourquoi on ne l'employe prefque plus ainfi
que beaucoup d'autres préparations antimoniales,
fur- tout depuis qu'on poflede le tartrite d'antimoine
8e de potaife. Le verre d'antimoine eft encore ordonné
dans quelques cas rares, comme un purgatif ftiniu*
lant, en le mêlant avec de la cire fondue ; c'eft ce
qu’on appelle le verre d*antimoine ciré. On le donne
dans la paralyfie, l'apoplexie, les maladies coma-
teufes, la colique des peintres. On employé auffi
le verre d’antimoine mêlé ou délayé dans au vin ,
foit qu'on tire celui-ci à clair, 8: alors il n'a pas
tant d’aCtion, foit qu'on l’adminiftre dans l'état
trouble 8c avec beaucoup, plus de fubftance antimoniale
; dans ce dernier état on ne le prefçrit
qu’en lavement. Le verre d'antimoine entre dans la
préparation du tartrite d’antimoine 8c de potaffe.
y ’. L'oxide d'antimoine fulfuré, vitreux, opaque,
c'eft 1 e.foie d‘antimoine. 11 contient moins
de foufre -8c plus d'oxigène que le verre ; il eft plus
infufible ; il eft auffi plus variable dans fes propriétés,
en raifon des proportions, plus variées d'oxigène
8c de foufre qu'il contient. Il eft rare qu'on
l’employe feul, excepté dans.la médecine vétérinaire
; il entre dans plufîeurs préparations pharmaceutiques
, 8e fur-tout dans celle du tartrite d'antimoine
8e de potaffe.
a0. Le fa fa n des métaux 3 crocus metallorum, eft
uneefpèce de verre ou plutôt de foie d'antimoine,
fait, comme on l’a dit dans l'article précédent,
par le nitre 8e lavé ; il a les Vertus de ces deux
compofés, 8e elles y varient comme dans ces-préparations.
On ne l’employe que d..ns la médecine
vétérinaire ; il entre dans le vin émétique.
50. L'oxide d’antimoine fulfuré.brun- ou le fermes
minéral. C e eompqfé dont on a fait une hif-
toire détaillée dans l'articlede Chimie, eft avec
le tartrite d'antimoine 8c de potaffe le plus employé
de tous les médicamens antimoniaux. On le donné
comme fondant,béchique, inçifif, fudorifique; il
divife fur-tout les humeurs vifqueufesdés poumons;
il facilite l'expe&oration. Voilà pourquoi on le
prefçrit avec fuccès dans les catarrhes, les fluxions
de poitrine catarrhales, l'afthme humide, les rhumes
opiniâtres ; on le donne-auffi avec avantage
dans les maladies de l'eftomach, des inteftins, du
fyftème lymphatique, 8cc. Ôn le mêle., avec la
fcille, l'ipécacuanha, 8cc., dans des piilules, ou
bien on l'ajoute à des potions huileufes. Il faut
avoir foin dans .cè dernier cas de rëcommander
qu'on agite Je mélange, afin qu'il foit pris également
par les malades:fans cela le kermès fe fépare
& fe précipite ; les malades courent le rifque d'en
prendre trop dans les dernières cuillerées des potions,
tandis qu'ils n'en auront prefque point pris
dans les premières. Le kermès n'eft point diffolu-
ble dans la plupart des liqueurs avec lefquelles on
le mêle; il fe délaye mieux dans les huiles que dans
d autres liquides ; il n'y a que les alcalis qui font
fufceptibles de le diflfoudre, 8c ôn ne le donne
point avec ces fels. Le kermès produit fouvent
1 effet émétique, même, à une petite dofe ; fouvent
auffi il eft purgatif, 8c toujours il porte à la peau :
on peut donc remplir „plufîeurs indications importantes
à la fois avec ce médicament. -
6 ’. L'oxidê d'antimoine fulfuré orangé ou le
Joufre doré d‘antimoine. Autrefois on faifoit un grand
cas 8c un grand ufage de cette préparation, on en
vanoit les couleurs 8c les propriétés par les differentes
portions qu'on en féparoit de l'eau-mère
du kermès, ou du fulfure de potaffe antimonié liquide,
par le moyen des acides, 8c en employant
en dofes ou en portions fracturées la quantité d'acidenéceffaire
pour la précipitation complette. On
noininoit les differens précipités foufre doré de la
prenne re 3 delà fécondé , (te la-troifieme précipitation^
On les donnoit comme vomitifs, purgatifs 8c fur-
tout comme fudorifiques. îvlais depuis qu'on s'eft
apperçu que ces remèdes étoient fort inconftans
8c fort incertains dans leurs effets , on ya prefque
entièrement renoncé. Il y a cependant encore quelques
hommes avides 8c ignorans qui vendent ridiculement
cher des préparations antimoniées, plus
ridiculement encore nommées foufres furdorés ; le
nom feul de ces préparations prouve l'ignorance
8c la ftupidi.té de ceux qui. les vantent.”
7^. C'eft dans la claffe des antimoniaux fulfu-
rés qu'il faut placer les fleurs rouges d*antimoine ,
comme on va le voir par l'expofé de leur préparation
, telle qu'elle eft donnée dans le codex de Paris.
Prenez quatre onces de fulfure d'antimoine 8c
autant de muriate d’ammoniaque : triturez-lesen-
femble , mettez-les dans une cucurbite de terre ,
adaptez un chapiteau de verre 8c un .récipient ,
puis fubiimez pendant deux ou trois heures jufqu'à
ce que prefque toute la maffe foit fublimée ;
lavez les’fleurs avec de l'eau tiède, filtrez 8c fé-
chez la pouffière qui relie fur le papier. On voit ici
l'antimoine décompofer un peu de muriate d'ammoniaque,
s'oxider 8c s’unir avec une portion du
foufre qui fe fublime ;.l'ammoniaque contribue à
faire paffer le foufre à l'état de fulfure : mais ce
médicament eft trop incertain 8c trop peu connu ,
pour pouvoir être employé avec fécurité ; il peut
même contenir du muriate d’antimoine.. -
8°. Je ne parlerai point ici de quelques autres
préparations d'oxides d’antimoine fulfures qui portent
des noms barbares 8c qui ne font d’aucun ufage
aujourd'hui, tels que la magnéfie opaline, la ru-
bine d'arfénic, l e magnes àrfenicalis, 8cc.
Le cinquième genre de préparations antimoniales
ufitées en pharmacie renferme les diverfes ef-
pèces de teintures antimoniales dont on a donné
tant de recettes dans les difpenfaires ; le codex de
Paris n'en prefçrit qu'une qui eft très-fimple 8c très-
bonne , 8c à laquelle il feroit inutile d'en fubftituer
d’autres. On prend 'trois onces de fulfure d'antimoine
en poudre 8c fix onces d'alcali de tartre ; on
les met en poudre dans uncreufet, 8c on les fait
rougir 8c fondre pendant une heure; après ce temps
on jette la matière dans un mortier de fer chaud , onia
pulvérife, on l'introduit dans un matras, 8c on y
jette affez d'alcool reétifié, pour qu'elle en foit bien
recouverte ; on laiffe digérer ce mélange au bain
de fable pendant quelques jours ; la liqueur rouge
foncée qui enréfulte, eft la teinture d’antimoine..
C'eft une diffolution de fulfure de potaffe antimonié
dans l'alcool. Cemédicament eft très-énergique,
très-fondant, émétique, purgatif, fudorifique, 8cc.
On le donne à la dofe de quelques gouttes ; on ne
doit point fe mêler avec des acides.
Dans le fîxièrqe 8c dernier genre des compofi-
tions antimoniales pharmaceutiques , nous 11e ferons
qu'indiquer les alliages de l'antimoine métallique
avec, d’autres métaux, tels que cé qu'on
nommoit \ e régule jovial, le régule martial 8c le