
ces vaiffeaux fous la forme d’une croûte ou d’un
pain noirâtre au-dehors, & gris brillant dans ion
intérieur.,
Pour réuffir à réduire l’oxide d’arfénic en métal
, ,on fait une pâte avec cet oxide en poudre &
du favon noir } on met cette pâté dans un matras
fur un bain de fable, pn chauffe ;4’abordfoible-
mentpour deffécher & décompofer l’huile ; lorf-
qu’il ne s’exhale plus de vapeurs humides, on
augmente le feu pour faire fublimer l’arfénic Cn
cane le matras aprçs l’avoir laiffé refroidir, & on
trouve à fa partie fupérieure un pain , ayant l’af-
peét & le brillant métallique de l’arfénic} la plus
grande partie du charbon de l’huile refte au fond
du matras.
L’oxide d’arfénic diffère effentiellement de tous
les autres oxides métalliques } il a une faveur très-
forte, & même cauftique } c’eft un poifon violent.
Si on l’expofe au feu dans des vaiffeaux fermés ,
il fe volatilife à une chaleur médiocre , en une
poudre blanche criftalline, nommée fleurs d'arfènic;
ii la chaleur eft un peu plus forte, il fe vitrifie en
fe fublimànt, il en réfulte un verre tranfparent,
fufceptible de fe criftaliifer en tétraèdres, dont les
angles font fouvent tronqués. Cet oxide vitreux
fe ternit facilement à l’air , & devient d’un blanc
opaque. Aucun oxidè métallique n’eft vraiment
volatil par lui-même, îk celui d’arfénic préfente
feul cette propriété, il eft en même temps très-
fufible & très - vitrifiable. Beccher attribuoit la
pefanteur & la volatilité de l’arfénic à un principe
particulier, qu’il nommoit terre mercurielle ou ar^
fénicale 3 & dont Stahl n’a pu démontrer l’exif-
tence. On ne peut pas douter que la faveur forte
de l’oxide d’arfénic, & fa propriété vénéneufe dépende
de la combinaifon de l’oxigène, & du tranf-
port de ce principe de l’arfénic fur les organes des
animaux. On doit même remarquer ici que parmi
les oxides métalliques, ceux qui retiennent avec
le moins de force l’oxigène, ceux à qui un grand
nombre de métaux peuvent l’enlever, font les plus
acres & les plus voifins de la propriété, vénéneufe}
tandis que ceux qui retiennent l’oxigène avec
beaucoup d’énergie & qui ne le cèdent qu’à très-
peu d’autres, comme le fer, le zinc, & c ., n’ont
qu’une aêtion foible fur l’économie animale. Cet
objet fera traité; avec toute l’étendue qu’il exige, 4 l’article C austicité & à celui des O xides.-
Comme c’eft l’ôxide d’arféniç qu’on a long-,
temps traité feul dans les expériences de chimie
5 nous comparerons toujours, dans tout cet
article, les propriétés qu’il préfente avec, celles
de l’oxide d’arfénic.
L’arfénic expofé à l’air , perd fon brillant métallique^
il devient noir, friable & pulvérulent,
c’eft un commencement d’oxidation qu’il éprouve}
quant à l’oxide d’arfénic, quelque temps qu’on
l ’expofe à l’air froid, il ne paroît pas fufceptible
de changer de nature 5 il devient cependant
blanc & opaque, au lieu de tranfparent qu’il
étoit d’abord. M. Landriani a trouvé, qu’en lè
iublimant plufieurs fois de-fuite dans un appa-
pareil qui contient: beaucoup d’air, il paffe ea
partie à l’état d’acide arfénique. C e phénomène
qui a déjà été indiqué fous un autre point de vue
à l’article de 1’ Acide a*rsénical , ( G’étoit ainfi
qu’on nommoit cet acide à l’époque où M. Mor-
veau rédigeoit les premiers articles de ce dictionnaire,.)
prouve que l’oxide d’arfènic eft capable
d’enlever à une température au - deffus de
cent degrés de l’échelle de Réaumur, une portion
d’oxigène atmofphérique. On rëconnoît ici
comme dans toutes les oxidations 3 l’influence
du calorique, pour favorifer la combinaifon de
Toxigèneavec le métal déjà en partie oxidé, puif-
qu’ à f^oid, i’arfénic ne fe convertit qu’en oxide
& l’oxide blanc n’éprouve aucune altération connue.
L’arfénic n’agit point fur l’eau à froid. Ce métal
refte en mafife ou en poudre au fond de ce liquide,
fans changer de nature , mais il n’en feroit peut-
être pas de même à unë température élevée} peut-
être alors l’arfénic feroit -il fufceptible d’enlever
l’oxigène à l’eau, & d’en dégager de l’hydrogène
en gaz } l’expérience n’a point encore prononcé
à cet égard, & on feroit tenté de nier la pofii-
bilité de cette décompofition, en obfervant que
les acides non décompofables■ par les métaux;
n’agifteiit point fur l’arfénic , & ne contribuent
point à le faire oxider par l’eau. Mais fi le métal
arfénical; n’eft point fufceptible d’éprouver de
changement par l’eau, & de s’unir à ce liquide,
en revanche fon oxide s’y unit avec une grande
énergie. Il faut quatre-vingt parties d’eau à douze
degrés, fuivant Bergman, pour diffoudre une
partie . d’oxide d’arfénic, mais j’ai eu occafion
d’obferver que l’eau peut en diffoudre bien davantage}
au refte, mon obfervation tient fans doute
à ce que l’oxide d’arfènic varie & eft plus ou
moins avancé’ vers l’acidification, Car on connoît.
l’exaditude de Bergman. L’eau chaude diffout
beaucoup plus d’oxide d’arfénic, & l’eau bouillante
en diffout près du deuxième de fôn poids.
Une portion de cet oxide fe précipite en petits
grains criftallins de cette diffolution, à mefure
qu’elle fe réfroidit. Lorfque le réfroidiffement eft
très-lent, les criftaux font des tétraèdres réguliers.
M. Morveau a .vu cet oxide fous la forme
d’oélaëdres allongés., jaunâtres comme des. to-
pafés } on ne connoît pas d’oxide .métallique qui
fe diffolve dans l ’eau en auffi grande quantité que
celui'd’arfénic. Cette propriété, jointe à la faveur
extrême de l’oxide d’arfénic le rapproche des matières
falines, .& on avoit déjà reconnu depuis
long-temps cette analogie, comme on l’a vu
dans le commencement de cet article.
L’arfénic. ne fe combine point du tout avec
les terres, .mais l’oxide de ce métal s’y combine '
facilement par la fufion ou la vitrification. Cette
cpnibiÛaifQn, pgr le feu, paroît même détruire*
A R $
la volatilité de l’oxide d’arfénic , & le fixer
dans les verres dont il fait partie; Il eft aufli fufceptible
d_’accélérer la vitrification, c’eft: pour cela
qu’on le fait entrer’ dans quelques verres} mais
ceux-ci ont l’inconvénient très-grave de fe ternir •
à l’air même en peu de temps, & de s’éclater en
lames.
Les terres alcalines , la, baryte , la magnéfie &
la chaux, n’ont aucune a&iôn fur l’arfénic. L’oxide
de ce’ métal paroît être fufceptible de.s’unir à
ces terres alcalines- On diffout l’oxide d’arfénic
blanc dans l’eau de chaux, & il èn réfulte une
combinaifon peu connue, que je nommerai arfénite
de chaux.
C ’eft:, fur-tout , avec les alcalis , que cette
union a lieu d’unè manière remarquable.
Les alcalis fixes cauftiques qui n’ont point une
action fenfîble fur l’arfénic , diffolvènt très-bien
l’oxide de ce métal. Macquer, dans Ton beau
travail/fur l’arfénic ( acad 1746 ) , a obfervé, qu’en
faifant bouillir de l’oxide d’arfénic en poudre dans
la liqueur de nitre fixé, ou diffolution de potaffe
cîfuftique, cette fubftancë s’y diffout complètement
, &. forme un fluide brun, gélatineux , dont
la cônfiftartce augmente peu-à-peu par le réfroidiffement.
Ce compofé,. duquel Macquer donnoit le
nom âe fi'ie d'arfènic , & que je nommerai arfénite
de potaffe , n’a pas la propriété de fe criftaliifer ,
il fe defsè'che comme une gomme par l’évaporation
; il déVient même dur & caffant; il eft de-
licjuefcent & diffoluble dans l’eau qui en précipite
cependant quelques flocons bruns. Pouffé
au grand feu , l’arfénite de potaffe laiffe échapper
l’oxide d’arfènic qui fe réduit en vapeur} il eft dé-
compôfé par les acides.
La foude préfënte les memes phénomènes avec
l’oxide d’arfénic, cependant la diffolution de cet
arfénite de foude a dofuié à Macquer des criftaux
irréguliers, dont il lui a été impoflible dé décrire
la forme. .L’ammoniaque diffout aufli l’oxide d’arfénic
; mais fi on chauffe quelque temps cette diffolution,
il s’en précipité une pouffière noire qui
paroît être de l’arfénic réduit} on; retrouve ici un
nouvel exemple de la décompofition réciproque
de l’ammoniaque & d’un oxide métallique.
L’acide fulfurique, même concentré, n’attaque
pas l’arfénic à froid 5 mais fi on le fait bouillir
avec ce métal dans une cornue , il fe dégage
d abord1 beaucoup de gaz acidé fulfureux, enfuite
d fe fublime un peu de foufre, & l’arfénic fe
trouve réduit en oxide, mais fans être diffout:
1 acide fulfurique concentré &: bouillant, diffout
auffi l’oxide d’arfénic} mais lorfque la diftolu-
u°n eft refroidie, cet ôxi'de fe précipite prefque
en entier, & l’âcide ne. paroît en retenir qu’une
rrès-foibj.Q portion. Il acquiert , dans cette com-
uinïifon une fixité affez confidérablé. Bucquet af-
iure qu’en felfivant cet oxide d’arfénic traité par
J acide fulfuriq 11e pour emporter la portion d’acide
qu il peut retenir, il reprend toutes fes qualités.
chimie. Tome II
A R S 4 3 }
Macquer a d it, qu’en diftillant à ficcité de l’acide
fulfurique Tùr de l’oxide d’arfènic, celui-ci étoit
fixé , & fê Ton doit en un vefre.tr anfparent. Brandt
avoit déjà-; rem arqué que l’arfénic prenoit de la
fixité dans cette opération. M. Monnet ajoute que
l’acide fulfurique devient acide fulfureux pendant
cette diftillation. <On voit, par cette efpèce dé
fixité de l’oxide d’arfénic, par fa fufion en un
verre tranfparent, & par le paffagë de l’acide ful-
furiquè à l’état fulfureux, que cet oxide fe rapproche
de l’état d’acide arfénique.
L’acide nitrique, appliqué à l’arfénic, l’attaque
avec vivacité , & le brûlé- très-promptement ; cet
acide diffout aufli l’oxide d’arfénic en affez grande
quantité, lorfqu’il eft aide d’une douce chaleur.
Brandt dit qu’il faut cinquante parties d’eau-fort©
pour en diffoudre une d’oxide d’ arfénic. M. Monnet
alluré que l’acide nitrique eft: celui des acides
qui fe charge de la plus grande quantité de ce
.métal, & qu’il ne faut pas plus de dix-hüit parties
d’eau-forte pour en diffoudre une d’oxide aar-
fénic. Saturé d’oxide d’arfénic, l’acide nitrique
conferve l’odeur qui lui eft propre ; évaporé fortement
, il forme un fel qui n'a point de figure régulière
, fuivant Bucquet, & que M. Baume die
être en partie cubique, & en partie taillé en
pointes de diamans. Wallérius dit que ces .criftaux
font femblables à ceux dii nitrate d’argent. Le
nitrate d’arfénic attire puiffamment l’humidité de
l’air} il ne détone pas fur les charbons, il n’eft
décompofé ni par l’eau, ni par les. acides ; les
alcalis n’y occafionnent aucun précipité, cependant
ils le décompofent, fuivant Bucquet, puif-
qu’en faifant évaporer une diffolution nitrique,
d’arfénic à laquelle on a ajouté une leffi.ve: alcaline,
on obtient du nitrate ordinaire & de
l’arféniate dé potaffe. Tous les chimiftes , très-
embarraffés fur la nature fingulière des diffolu-
tibns de l’arfénic & de fon oxide dans les acides ,
n’avoient point découvert ce qui fe paffe dans
plufieurs des combinaifons de l’oxide d’arfénic
avec les acides. M. Monnet avoit d’abord .cependant
fait des obfervations très-curieufes fur
cette combinaifon. Il avoit remarqué que cette
diffolution ne peut pas être faturée, que l’arfénic
s’en fépare par l’eau, & que cet oxide pa-
roiffoit s’unir aux acides, comme feroit un acide
avec un autre acide : ce font ces propres expref-
fions, & l’on voit qu’il étoit bien près de découvrir
l’acide arfénique. Il eft néceflaire de faire
remarquer que l’oxide d’arfénic décompofé l’acide
nitrique } qu’il lui enlève une grande partie de
fon oxigène,} que cet acide en agiffant fur l’ oxide,
d’arfénic, paffe à l’état de gaz nitreux. Schéele
a découvert que, dans cette opération , l’arféniq.
devient un acide très-fort. On a décrit fes- propriétés
au mot Acide arsenical ; on en reparlé:
encore cideffus au mot Arséniate. Il fuffit de
bien connoître cette tendance de l’oxide d’arfénic
à décompofer l’acide nitrique, à lui eriîéve'r'fon