
f t ,
pourroit-on pas croire * d’après cela , que toute
gelée eft une combinaifon d’acide & d’albumine'?
N ’eft-ce pas pour cela que tous les végétaux
acides ne donnent point d’albumine , tandis que
ceux qui contiennent de l’albumine ne donnent
pas d’apparence d’acide ? N’en feroit-il pas de
même de la gelée animale ou gélatine ? Si cette
fubftance n’eft pas. acide , elle a au moins beaucoup
de tendance à le devenir , & on fait qu’il
fuffit qu’elle abforbe une petite portion d’oxi-
gène pour prendre le caractère d’addité. Enfin ,
eft-il hors de vraifemblance que la gélatine ne diffère
de l’albumine 3 que par une proportion plus
grande d'oxigène ?
L’albumine extraite des végétaux & defféchée,
donne à la diftillation du carbonate ammoniacal 3
de l’huile rouge fétide, des gaz hydrogène & acide
carbonique > il lailfe dans la cornue un charbon
léger 3. difficile à incinérer, & dont je n’ai pas
encore pu obtenir affez de cendre pour en hure
F examen.
11 faudra plus d’expérience qu’il ne m’a encore
été permis d’en faire fur l’albumine végétale ,
pour déterminer pofitivement les différences fpé-
cifiques qui doivent exifter entr’elle & l’albumine
animale.
A LQA BRUSY, ou A L C Â L ADIM,'( Pkarm.)
dénominations arabes , adoptées par quelques anciens
écrivains, pour déftgner l’oxide de fer rouge
par l’acide fulfurique , oxide que l’on a encore
nommé C olcotar ou C alchitis* ( Koye^
ces mots. )
A LC A L E SC EN C E . L’aîcalefcence eft cette
efpèce de propriété qu’ont un grand nombre de
fubftances de devenir facilement alcalines , &
le mot alcalefcens exprime les fubftances mêmes ,
foit comme fufeeptibies depaffer à l’état d’alcalis,
foit lorfqu’elles.lèfont déjà devenues. Cette propriété
n’eft relative qu’à la formation de l’alcali
volatil ou ammoniaque 3 car on ne l’applique point
à la formation des alcalis fixes 3 qu’on ne connoît
pas auffi-bien que la première & qui n’eft: pas auffe
fréquente. Toutes les matières qui contiennent
les deux principes de l’ammoniaque, l’hydrogéné
& l’azote, combinés en-même temps avec quelques
autres principes, & qui forment des compofés compliqués
par cela même plus voifins de la décompofition
, font naturellement alcalefcentes, c’eft-
à-dire quelles font expofees' au développement
& à la formation de l’ammoniaque qui y a Heu
fuivant certaines circonftances. Ainfi la plupart
des matières animales & quelques fubftances végétales
font fufeeptibies d’alcalefcence , en raifon
de l’azote qui y eft intimement fixé ou combiné
comme un de leurs principes. C ’eft toujours par
un mouvement analogue*! celui de la putréfaétion ,
c'eft par un mouvement de décompofition fpontanée
que ces matières éprouvent naturellement >
que F ammoniaque y prend naiffance. Ainfi l’hif-
toire de la putréfaétion & celle de l’ammoniaque
doivent concourir pour faire connoître les caufes
& les phénomènes de l’alcalefcence. 11 nè doit
donc être queftion ici avec quelques détails que
de la nature des corps qui font difpofés à éprouver®
ce mouvement, ou des alcalefcens, puifque l’ai-
calefcence elle-même eft entièrement comprife
dans les confidérations qui appardenent aux articles
Ammoniaque & putréfaction.
La chimie moderne s’eft beaucoup élevée au-
deffus de la chimie telle qu’elle étoit jufqu’au
milieu & même aux trois quarts de notre fiècle,
par les découvertes qui fe font fuccédées fur la
nature des acides, de l’ammoniaque, des fubftances
animales, &c. La découverte capitale des
fluides élaftiques différens , ou des gaz, a conduit
vers toutes ces découvertes particulières. C ’eft
l’examen du gaz azote nommé d’abord air phlo-
giftiqué , air gâté , mophette ; c’eft la recherche
de fes propriétés diftinétives, de fa nature , de fes
combinaifons , de fon influence dans la compo-
fition des corps, qui a ouvert une nouvelle carrière
dans l’aoalyfe des fubftances compofées du
règne animal $ & par une fuite néceffaire , cette
parrière a naturellement conduit à la connoiffance
de falcali volatil ou ammoniaque. On verra dans
l ’hiftoire de cette efpèce d’alcali, comment les
premières recherches de Bergman & de Scheele ,
ont été pourfuivies par M . Berthollef, & comment
elles l’ont mené affaire l’analyfe de l’ammoniaque.
M. Berthollet a été beaucoup plus loin dans ces
découvertes > il a trouvé que l’azote, ou la bafe du
gaz azote, eft un des élémens des matières animales,
que c’ eft fur-tout par ce principe que cesmatières
différent de celles du règne végétal, & bientôt
l’origine & la.formation de l’ammoniaque qui étoit
déjà reconnue depuis long-temps pour un des caractères
diftinétirs des fubftances animales , eft
devenue pour lui un phénomène très-fimple &
très-facile à concevoir. Celles des fubftances végétales
qui font auffi fufeeptibies de donner de
l’ammoniaque , foit par la diftillation , foit par la
putréfactionont préfenté la même propriété de
contenir de l’azote & de donner du gaz azote par
Faétion de l’acide nitrique , & ces deux caractères
ont toujours, jufqu’ iei coïncidé l’un avec
l’autre. Auffi lorfquë les matières contenant plus
ou moins d’azote en ont été privées parl’aCtion de
Facide nitrique foible, elles ne fourniffent plus
d’ammoniaque à la diftillation > j’ai fait Voir que
par ce procédé on pouvoit en quelque forte faire,
paffer lés fubftances animales àTétat des matières
végétales. T ont cela fera expofé avec les détails
convenables aux articles Analyse, Substances
VÉGÉTALES , SUBSTANCES ANIMALES. Il faut fe
borner ici à Falcalefcènce proprement dite après
avoir fait connoître la caufe générale à laquelle elle
eft due, & le earaCtère général des fubftances
qui réprouvent*
ïîfuit de ce qui a été dit, que ce font îe$ matières
animales qui éprouvent le plus facilement & le plus
promptement Falcalefcènce > que quelques matières
végétales en font auffi fufeeptibies. - Les'
chairs des animaux, & fur-tout celle des poiffons ,
la lymphe' & les humeurs concrefcibles par la
chaleur, ou l’albumine en général, les bouillons
faits avec la chair des animaux adultes , les oeufs
des oifeaux , l’urine, la bile, le gluten delà farine
, font les principales fubftances qui jouiffent
néceffairement de l’aicalefcence. C e phénomène
a lieu iorfque l’azote fe dégageant peu-à-peu &
fans avoir pris encore la forme'de gaz , trouve
l’hydrogène qui fe développe de fon coté & qui
tend également à devenir fluide élaftique i l’eau
paroît donc en fourniffant l’hydrogène par fa décompofition
, contribuer à l’alcalefcence. C ’eft
pour cela que cette production * de l’ammoniaque
n’à lieu que dans les matières animales humides ou
molles , car ces matières bien fèches & privées
de toute humidité n’éprouvent point d’altération
fenfible. 11 eft néceffaire que les deux principes de
l’ammoniaque, l’hydrogène & l’azote, fe rencontrent
dans le moment où chacun fe dégage, voifin
de l’état gazeux pour fe combiner & former l’alcali
volatil} s’ils étoient tous deux enveloppés dans
leur combinaifon iolide, ils ne s’uniroient pas , &
c’eft ce qui leur arrive dans les matières animales ou
végétales qui n’ont point éprouvé d’altération, &
qui dans leur état naturel ne contiennent point
d’ammoniaque toute formée. Si au contraire l’un
4e ces deux principes fe développe fans l’autre
& fe fépare des matières qui le contiennent
feul & fous la forme de fluide élaftique, il n’y
a pas non plus d’ammoniaque produite 5 tel eft le
cas du dégagement du gaz azote des matières animales
traitées par l’acide nitrique. L’aétion du feu
augmentée graduellement ou celle de la putré-
fa â fin , fait naître au contraire l’ union intime de
ces deux principes en favorifant leur évolution
lente & fimultanée, en les portant l’un fur l’autre,
& en déterminant leur attraction réciproque. Ainfi
l ’alcalefcence offre deux conditions néceffaires
dans les fubftances qui en font fufeeptibies ; i°.
l ’exiftence de l’azote intimement combinée 5 cette
première condition eft pour-ainfi-dire de rigueur,
fans elle il n’y auroit point d’ammoniaque formée
ou dégagée ; il n’y a que les fubftances qui contiennent
de l’azote qui foient propres à fournir de
l’ammoniaque 5 celles qui ont été privées de ce
principe ne peuvent plus donner cette efpèce d’alcali
dans aucune circonftance > z°. la féparation
fimultanée de l’azote & de l’hydrogène, leur dégagement
lent & fous la forme liquide ; cette
manière de dégagement a lieu par l’aétion d’un
feu gradué tel qu’on l’adminiftre dans les diftilla-
tions , ou par le mouvement de la décompofition
fpontanée qu’on nomme putréfaétion. Voilà ce
qu’ont appris les découvertes modernes de la chimie
, & ce qu’ on ng favoit point il y a même
quelques années ; les chimiftes âvoient depuis
long-temps diftingué les matières alcalefcentes ou
fufeeptibies de donner de l’ammoniaque, d’avec
celles qui ne préfententpoint la même propriété ;
ils avoient reconnu cette propriété comme un
caractère diftinétif des matières animales, & ils
avoient même défigné par l’épithète de plantes
animales ou matières végéto-animales, celles des
productions végétales qui donnoient de l’ammoniaque
dans leur analyfe. C ’étoit ainfi que Rouelle
indiquoit dans fes cours le finapi & les plantes
crucifères comme des plantes qui jouiffoient de
propriétés femblables à celles des matières animales
j mais comme il n’avoit pas pu déterminer
iTnatiyre dé l’alcali volatil, & que la théorie du
temps fe bornoit à regarder ce fel comme un
compofé d’alcali fixe & d’huile., il lui avoir été
impoffible a apprécier la caufe de fa formation
ainfi que la véritable différence des fubftances
animales & des végétales.
En donnant aux productions animales cette propriété
diftinCtive de former de l’ammoniaque ou
d’être alcalefcentes , la nature en a fait un des
principaux moyens de leur décompofition, de leur
deftruétion fpontanée ; il femble qu’elle les faffe
repaffer à l’état plus fimple de compofitions végétales
avant de les déforganifer entièrement ; mais
cette efpèce de paffage rétrograde n’eft pas de
longue durée » dès que l’azote s’en fépare pour
s’unir à l’hydrogène , le lien de leur compo-
fition intime eft relâché SJ près d’être diffous.
Ordinairement la décompofition de ces matières
marche dès-lors avec une grande rapidité, & la
putréfaCtion complété fuit de près le premier
mouvement. On conçoit donc que cette formation
de l’ammoniaque , cette alcalefcence, étanc
un ligne de diffolution ou de déforganifation très-
manifefte , il ne peut pas avoir lieu dans les matières
animales fans entraîner leur ruine totale.
Auffi n’eft-ce qu’à la dernière extrémité qu’elle
paroît s’établir dans les animaux vivans. Il y a
eu fur ce point bien des erreurs en médecine ;
on a trop long-temps abufé de l’alcalefcence
des humeurs pour expliquer plufieurs phénomènes
des maladies ; jamais pendant la vie des animaux
il ne peut fe développer d’ammoniaque dans leurs
fluides, fur-tout dans ceux qui rempliffent & qui
diftendent leurs canaux 5 fi le fang ou la lymphe
pouvoient éprouver cette décompofition comme
on l’a cru , la vie feroit fuffoquée dans l’inftant
même où elle auroit lieu. Une pareille altération
pourroit tout au plus exifter dans les cavités éloignées
du «centre de la v ie , & où les matières
’ qui y font reçues éprouvent plus ou moins facilement
les changemens fpontanés dont elles font
fufeeptibies 5 tels font l’eftomac & les inteftins.
11 paroît que l’alcalefcence peut s’y développer
dans la bile & les autres humeurs qui y féjournentj
encore cette formation d’ammoniaque n’y a telfé
pas lieu fans occafîonner des maladies. Lors même