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VIT. Ainfi tous les acides font des combinai*
fons de radicaux ou de matières acidifîables 3 différentes
dans chaque e fp ècea vec l'oxigène qui
eft le même principe dans tous y d'où il fuit que
leurs propriétés communes 3 leurs caractères d'acides
dépendent de l'oxigène * leurs propriétés
particulières, leurs caractères fpécifiques font dûs
a leurs radicaux.
VIII. Le mot acide indiquant la nature générale
& identique de ces corps3 forme le nom générique
3 & le nom particulier du radical qui y elt
contenu ^ peut & doit fervir à défigner chaque
acide en particulier. Ainfi le foufre eft le radical
de l'acide nommé f u l f u r iq u e ^ le phofphore celui^
du pkofphorique y le carbone celui du carbonique
y &C.
IX. Quoique cette nomenclature ait l'avantage
d'exprimer la nature de chaque acide ^ elle n'a pas
pu être employée pour tous, foit parce- que le radical
de quelques-uns eftinconnu* foit parce qu'il
eft lui-même un compofé deplufieuvs principes qui
exigeroient des mots trop multipliés pour être
défignés.
X . Les radicaux acidifîables peuvent contenir
des quantités différentes d'oxigène ils ont
fous ce point de vue deux états d'acidité} le pre-
. mier eft celui qù ils contiennent le moins d'oxi-
gène pôflîble pour être acides. Alors leur acidité
eft ordinairement très-foiMe^ & ils'ne tiennent que
légèrement aux bafes fufceptibles de former avec
reux des Tels. Dans la nomenclature méthodique
moderne, on rend compte de cet état de eombinâi-
fon & d'acidité, en terminant les noms de ces acides
foibles, en cux^ C'eft ainfi qu*on dit les acides
fulfureux., nitreux, phofphoreux, acéteux, tartan
reux, &c. Le fécond état des acides eft celui ou
ils contiennent plus d’oxigène., où ils en font ordinairement
complètement faturés > alors ils ont
toute la force, toute l’attra&ion qu'ils peuvent
avoir > & cet état eft exprimé dans la nomenclatu-j
te par la terminaifon en ique ; ainfi on» dit les acides
Tulfurique ,. nitrique, phofphorique,. acétique.
X L Par rapport à la proportion de l’oxigène uni
aux radicaux-acidifîables, on peut encore donner
«ne plus grande latitude aux confédérations préfen-
tées dans le précédent article. Chaque radical peut
être confidé:ré dans quatre états j i° . contenant
très-peu d'oxigène, pas aflez pour lui donner encore
la nature acide, alors il n'eft qu’un oxide} tel
*ft le foufre coloré en rouge ou en brun par l’ex-
pofition à l'air & par la chaleur infuffifante pour j
• enflammer : c’eft de Y oxide de foufre 5. 20. conte-;
liant plus d'oxigène que dans le premier cas, afiez.
pour être déjà un acide foible} tel eft l'acide fülfu-.
reux , &c. } 50. contenant encore plus d'oxigène
que dans le fécond cas, & devenu un acide puif-
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Tant *. tel eft l’acide fulfurique ; 40. enfin contenant
une dofe d’oxigène au-delà de celle qui le conftitue
acide puiffant, acide en ique y alors on le nomme
acide oxigené, ou même furoxigenc.
X I I . D'après les confîdérations précédentes, on
a deux manières de former à volonté les acides
avec ces proportions diverfes d'oxigène, l’une eftjle
; combiner leurs radicaux avec les quantités déterminées
d’oxigène néceflaires pour les mettre dans
j l'état que l'on defire, comme on le fait pour le
| foufre, le phofphore, l'arfénic ; l'autre eft d'enlever
aux acides qui contiennent le plus pôffible d'oxigène,
des proportions diverfes de ce principe, par
des corps combuftibles qui en font très-avides.
| XIII. Ce dernier moyen qui eft fondé fur les
: attrapions de l'oxigène pour lés différens corps
combuftibles, eft fouvent employé avec fuccès
pour décompofer entièrement les acides, en leur
I enlevant tout l'oxigène qu’ils contiennent } c’eft
L par lui que les acides enflamment les corps combuftibles.
Il fuffit pour cela que les acides, dont onfe
fert ne contiennent pas l'oxigène folîde, &; que
les matières'lnflammables qu'on met en "contaft
avec eux, puiffent l’abforbet plus folide qu'il n’eft
dans les acides> A uflî tou$ les acides décompofa-
bles par plufieurs corps combuftibles , ne les enflamment
ils pasu
XIV. Le charbon eft employé avec fuccès pour
décompofef tous les acides qui en font fufceptibles;
mais il n'eft pas le feul corps eombuftible qui puilfe
y fervir ; la plupart des métaux, le phofphore, le '
foufre, l’hydrogène fec & folide, comme il eft dans
lès compofés végétaux , ont auffi cette propriété
X V . Tous les .acides dont la différence fpécifi-
; que eft due, comme il a été dit, à leurs radicaux
particuliers, peuvent être partagés en quatre claf-
fès par rapport a la nature connue ou inconnue,
fimple ou compofée de ces. radicaux.
A. La première clafle renferme les acides à radicaux
connus & fimples, c'eft-à-dire, formés par
des fubftances combuftiblés, i ndécompofées, unies
à l'oxigène ; elle comprend les efpèçes füivantes:
l’acide fulfurique, l’acide nitrique, l’acide carbonique,
l’acide phofphorique £ l'acide arfenique, lucide
tanftique & l’acide molybdique.
B. La fécondé clafle contient lès acides à radicaux
inconnus, mais fortement foupçonnés d’etre
fimples; on peut compter dans cette clafle l’acide
muriatique-, l’acide fluqrique & l'acide boracique.
. C . Daps la troUîèrae d affe , je range les acide8
à radicaux compofés binaires ; tels font tous le*
acides végétaux, dont le radical commun eft W
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[ compofé d’hydrogène & de carbone •> l’acide fucct-
pique doit être auffi placé dans cette claffe.
D. Enfin la quatrième clafle appartient aux aci-
\ des dont les radicaux font des compofés de trois
[ Corps au moins ; elle renferme les acidesanimaux , I qui ont pour radicaux des combinaifoni de carbone,
d'hydrogène & d'azote.
XVI. Non-feulement chacune dés claffes d’acb- f des préfentées dans le numéro précédent, peuvent ; I être diftinguées par deseâraétères généraux appàr- I tenant à chacune d'elles, mais encore chaque aci^ I de en particulier a des propriétés qui le caraéfcéri-
[ fent, & qui empêchent qu on ne puiflè le confon- :
I dre avec un autre. On peut même; ëxpofer ces -,
I ; propriétés par de^expreffions.fimples,: faciles ,
I . par des .phrafes femblabîes; à: celles que l.es .natu- ,
I , jaliftes emploÿent. <l’après.’ Linnéus. - L’efquiftè dè
I cette.méthode va être tracée- dans les numéros
I fuivansv -
XVII- Les acides à radicaux fimples & connus I , font tous déeompofables par les corps combuftibles
I qu'ils.brûlent avec plus ou moinsid'a^ivité^& fè
I rédùifent ainfi à leurs, radicaux ; c’eft. même pap
I cette décompofition , qu'on ta? trouvé la mature de
I leurs radicaux. On peut auffi les faire:de'toutes
I pièces, en unifiant leurs radicaux à--l’oxigène:: .»
Les acides à radicaux inconnus 3 & foupçonnés
I des; corps fimples par de fortes analogie^, n'ont
d'autre caractère cîaffique >que de ne pas pouvoif I être décompofés par les corps combuftibles ^ :«
I de né pas! être formés par l'art.
Les acides à radicaux binaires, ou les acides I végétaux , font reconnoiflfabies & çaraéiérifés,
l°* parce qu’ils font tous décompafahles .par ,un
I grand feu & par une addition fuffifanteN d'oxigèv
ne ; 20 rpatcé.quedans; cette décompofition ils don- I nent deLeau &.de l'acide carbonique, formés parTi-
I . folement deleurhydrogène &: deleur carbone^ unis I chacun a part à 1 o:xigène~£ 3.0. . parce:» qu'ils le dé- I compofept fpontanément , lorfqu’on les expofè
I diffous dans l'eaii à une -température au-deffns dè
I 10 degrés j 40. par ce qu ils ne peuvent pas être
décompofés par les: corps combuftibles connus , I parce que leur radical eft compofé des)deux, fubft
I tances qiii ont,jufqu'ici la plus .foEté■ attraction
I pôffible pour l'oxigène. ; 50. enfin parce qu'ils peu-
I vent être convertis les uns dans les autres 5 ce qui
I tierit à ce qu'ils ne different eritr’eux i qiie paür les
I proportions de leurs trois principes. 1 (
Les aèidesà radicaux .ternaires & plus compo-
| fés encore-^ ou les ;acides animaux , quoique les
K moins connus de tous, ont auffi quelques ptopriétés
* qu on peut regarder comme des caractères claffi-*
, qués.,Tèlles. font laq^ropriété dè donner idé Vam|
moniaque locfqu’on les! décompose, parole :féù,
; - «elle-dé fournir de l'acide pruffique par un changewem
de proportion dans leurs principes* 2
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XVIII. A-cés caraâèrqs clafliques il faut ajouter
les caraétères fpiécifiques, en effayant.un langage
analogue à celui des botaniftes & des zooiogiftes.
Acides de la I" clajfe à radicaux fimples & connus«'
A. L’acide fulfurique^ formé de foufre & d’oxï-
gënej parlacombuitiondu premier^ inodore, deux
fois plus pefant que l’eau, très-cauftique, moins
volatil que l’eaü, donnant du gaz acide fulfureux
&- du foüfrè par fa.décompofition due au charbon
rouge, aux métaux, & c ., formant des fulfates avec
-les terres y-les alcalis & les oxides métalliques.
B. t ’aeïdè fulfureux, très-odorant, très-volatil,'
gazeux,, démiifant les couleurs bleues végétales,,
ienievajat les taches produites fur le blanc par ces
çpuleurs, ; enlevant pe.Urà-peu l’oxigène à l’air &C
à beaucoup d’acides, qu d’o-xides, formant des fui»
fîtes avec les bafes terreufes & alcalines,
C . L’acide nitrique, liquide, blanc, cauflique,'
d’une pdeur forte & nauféufe, formé, d’azote &
.d’oxigène y enflammant le foufre, le charbon, le
z:nc,.S'Gta!!'., ids huilas, perdant pârles.corps corn-
buftibles ' d i s proportions variées d’oxigène, 8e
'donnant jjaiflancè ainfi à l’acide nitreux , au gax
nitreux, détniifant les couleurs, brûlant & jauni
fiant les matières végétales 8c animales, les con-
veftiffant en acides, jiécompbfant l’ammoniaque ,
„produit par les matières animales en putréfa&ion,
Ifônùantlesl]mtrates àveç.les terres ,& les alcalis,
-teftânt’peuuru aux oxides métalliques 8c tendant i
.Ics'acidif.tr. |
D. L’acide nitreux, acide nitrique moins ait
peu d’oxigène, en gaz rouge ou orangé, très-volatil’,
décolorant les’végétaux, devenant bleu 8c
. vert avec l’eau,iijauninant l'acide nitrique auquel
i l eft fini en diyerfes proportions, donnant du gaz
nitreux par le.contaét des combuftibles, formant
les nitrites avec les terres 8c les alcalis,
E. L’àcidè carbonique, formé de carbone o, i8>
8c d’oxigène D, 7 1 , gaz plus lourd que l'air 8c le
déplaçant,! rempli fiant des cavités fouterraines , fe
dégageant dés liqueurs en fermentation vineufe ,
éteignant les bougies allumées,, tijàiit les animaux,
' rougifiant feulement les' bleus végétaux légers ,
précipitant l’ eak de chaux en craie, redilfolvant la
craie dans l’eau,- minéralifaiit les eaux acidulés, la
baryçe, la chaux', le cuivre, le fer, le plomb dans
les carrières 8c les mines, formant les carbonates
avec les terres, les alcalis 8c les oxides métalliques,
F. L’acide phofphorique, compofé de phof-
phore 8c d’oxigène unis par comb-uftion. rapide 8c
complette , liquide, .épais ou folide , vitrifiablepat
le feu j diftolvam la fîlice dans fa vimfieaûo»*