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parence lamelleufe&criftalline. Les produits n'ont
montré aucun caractère d’acide ni d'alcali.
5°. Un gros de ce foie féché a été mis dans deux
onces d’eau diftillée ; une petit^ partie parut fe
diffoudre dans l’eau, à l’aide de la chaleur. Cette
diffolution étoit blanchâtre, opaque > elle avoit
une'légère odeur favoneufe , 8c préîentoit une
grande quantité de bulles par l'agitation > elle avoit
une odeur fade & verdiffoit fenfiblemc-nt le firop
de violettes. L’eau de chaux fans la précipiter fen-
fiblement, a rendu fon odeur un peu fétide. La
portion de foie non diffoute par l’eau, s’eft fondue
par la chaleur , & s’eft criftallifée en fe réfroidif
lant. Elle a exhalé une odeur graffe, & a fini par
s’enflammer.
4°. On a traité un gros de foie defféché par une
once de-leflive de potaffe cauftiqueà froid 8c par
la fimple trituration, l’alcali a paru agir très-fen- j
fiblement fur cette fubftance j il s’eft dégagé une !
légère odeur d’ammoniaque ; la leflive eft devenue |
rnoulfeufe. En chautfant ce mélange , la liqueur a j
pris une couleur brune. Elle exhaloit l’odeur de :
la von chauffé ; après environ un quart-d’heure d'ébullition,
on a filtré la liqueur toute chaude j elle
étoit d’une couleur roufle foncée j elle a paflé af-
lèzbien à travers du papier jofeph. En réfroidiflant
cette, diffolution eft devenue concrète, brune >
l ’eau diftillée bouillante la diffolvoit en.toute proportion
8c fans laiffer de réfidu j toute la matière
du foie avoit été diffoute par l’alcali fixe , même
la portion membraneufe 8c fibreufe que nous y
ayons décrite. La diffolution dans l’eau mouffoit
très-fortement par l’agitation > en réfroidiflant èlîe
s’eft troublée & a dépofé quelques flocons blancs
légers. L’eau de chaux l’a décompofée & précipitée
en flocons abondans. Les acides en ont opéré de
thème la décompofition , ajnfi que les Tels neutres
t erreux. 11 n’étoit pas douteux que l’alcali avoit dif-
tous une matière graffe, huiieufe, 8c formé un fa-
von homogène. L’indiffolubilité de la matière du
foie dans l’eau, ou au moins fa, très légère folubi-
lité, anno-nçoit qu’elle confiftoitpoùr la' plus grande
partie dans une fubftance huiieufe, concrefcibîe ,
très-diffoluble dans les alcalis, & formant facilement
du favon avec cet ordre de matières falines.
i l ne s’agiffoit plus'que de connoître la nature dè
cette matière huiieufe,- & de déterminer fi elle
n’écoit pas réunie avec qiielqu’autrè fubftance animale.
L’expérience fuivante a répandu beaucoup de
lumières fur cet objet.
y°. Ûn gros de foie humain defféché, réduit-
par le pilon en une efpècé de poudre grafle, g été
traité par deux onces d’alcool donnant '36 degrés à
l’aréomètre de M. Baume On a aidé Paéfrion de
cette liqueur par une chaleur douce j apres deux
jours de contaéf, l’alcool avoit une couleur rouffe,
une odeur légèrement fétide étoit ajoutée à celle
qu’il a coutume de répandre. On a filtré ce liquide
pour féparer la portion diffoure de la partie fur la-
quelle l'alcool ff avoit point eu d-aéUorij une goutte
b 1 L
de cetteefpèce de teinturererfée dans l’eau, dotr-
na un nuage'blanc, très-épais, & une précipitation
très-fenlîble. Evaporée dans une capfule de
porcelaine, à la chaleur du bain de fable, elle
Iaifla une plaque jaunâtre qui paroilfoit au premier
coup-d'oeil être une matière réfinëufe. Cependant
l’eau appliquée à -cette matière en a diffous une
petite partie, & lui a donne une coulëur blanche
& une forme grenue qui l’a fait reffemblèr à une.
huile grife concrète.
La portion du foie non diffoute par l'alcool,
péfoit un demi-gros après avoir été féché, L alcool
avoit donc enlevé à-peu-près la moitié de fon boids.
Quatre autres onces de ce difTolvant appliquées en
deux reprifes à. ce morceau de fore, en ont diffous
encore une partie ; il-eft relié près de 2,6 grains
non diffous, & on reconnut que ce réfidii étoit
formé de membranes & 1 de vaiffeaux qui avoient
échappé à l’alcool. Les parties diffoutes par cette
liqueur dans les - deux dernières opérations, tef-
fembloient entièrement d la première"; l'eau leur
enlevoit auffi une petite quantité de matière colorante
& favoneufe. La fubllance féparéè de la
diffolution dans l’alcool par l’eau, & précipitée en
flocons blancs, a été examinée à part. C ’étoit celle
; fur laquelle il a paru néceffaire de fixer piuj particulièrement
fon attention.; Les propriétés tpelle
a préfentées, nous ont conduits à un réfulrat entièrement
différent de ce qu’on favoit jùfqpes-là
fur l’analyfe animale. No us avions féparé jV grains
de cette fubftance pure, & débarraffée de la portion
diffoluble dans l’eau. Elle étoit d'une couleur
jaunâtre, douce & graffe au toucher, comme une
huile concrète ; on l’a mife dans un matras qu'on |
a plongé dans l’eau chaude. Elle s'eli raiiioîlîe le
entièrement fondue, avant que l’eau fûtbouillante;
tout-à-fait liquide, elle avoit une coülérir jaune
brune, & une légère odeur de dre fondue ; la fétidité
qui dillinguoit cette fubftance av^nt l’aâion
de l'alcool, n’èxiftbrt plus après fa diffolution dans
cette liqueur ; quand elle, a été bien liquéfiée, on
l’a coulée dans une capfule de porcelaine felleséil
fixée en une plaque folide, caffarité, très-liffe par
fa face attachée à. la couverte de.la capfule. Elle
fe caffoit net & avec un petit bruit ; ôn voVoit dans
fon intérieur un tiffu Iamélleux Sç mjnifetL-rn-.:::
criftàllifé. L’ alcool chaud la diffojvptt complété-,
ment ; elleaprëfenté toutes les propriétés dé l'huile
animale concrète qu’on nommé dans'le commerce
blanc de baleine ; avec la feule différence qu’elle
, H étoit pas auffi fècfie, ^uffi blanche', auffi tranf-
parente que le vrai blanc de ba!eirie ,; jk qu’elle
était d'ailleurs plus diffoluble dans l'alcqol, que
ne I’eft cette huile animale.
6 '. On a mis deux gros de foie defféché, soupe
en petits morceaux dans un marras qu’on à tenu
I dans de l'eau chaude â 68;degrçs du thermomètre
de Réaumur. Une partie dp foie' s’eft ramollie ce
j s’eft fondue ; l'effort de la préffion a féparé la pqé
1 tion d’huile liquéfiée, 3i cétte huile tendue p i
' rfp.tâ
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Êfès:é par le froid, préfentoit, à très-peu de éhofe
près, les caractères de celle que l’ alcool avoit dif-
foute. Les deux feules différences que nous y avons
reconnues, étoient T . que l’huile extraite immédiatement
du foie, avoit plus de couleur & de fétidité
que celle que l’alcool avoit enlevée à, cette
matière animale j 2°. qu’elle contenoit une portion
de favon que Teau avoit féparé de la diffolution
| alcoolique dans lepremier cas.
7°. Cette portion de matière favonneufe, regardée
d’abord comme un extrait dans nos premières
expériences, a fixé enfuite notre attention j
il étoit certain que l’eau comme l’alcool, l’en-
levoit au foie defféché;} mais il falloit reconnoître
exa&ement fa nature. Le peu de foie altéré que
; nous avions pour faire nos effais, ne pouvoit pas
Cufîîre aux expériences nombreufes, néceffaires
pour avoir une connoiffance exaCte des principes
qui formoient ce favon, & de leurs proportions.
Tout ce que nous avons pu déterminer, c’eft que
ce favon paroiffoit formé de la même huile con-
crefcible, que celle qui avoit été extraite par Tex-
preflion & pat l'ammoniaque & la foude. Nous
avons même conjecturé qu’avant l’altération com-
plette de ce foie, & fa converfion totale en fubftance
huiieufe concrète , cette huile étoit d’abord
dans l’état fayoneux , unie entièrement à la foude
Sc à l’ammoniaque. C e qui nous a conduit à cette
I conjeCtuxé, e’eft que la portion du favon ammoniacal
qui. reftoit encore dans ce morceau de foie,
& dont la préfenee étoit démontrée & par l’ odeur
ammoniacale dégagée parla chaux vive, & par fa
diffolubilité dans l’eau, nous a paru être plus abondante
dans la'portion la plus profonde & la moins
expofée à l’air du morceau de foie que nous ayons
examiné.
Les faits qui ont été expofé’s ont, comme je l’ai
! déjà annoncé, été déçoit verts au commencement
de l’année 178y j ils étoient confignés dans mon
journal d’expériences , 8c j’attendois d’autres faits
analogues, pour les lier à l’enfemble de l’analyfe
animale ; en un mot, je ne le regardois que comme,
une. fimple découverte ifolée , Iqrfqu’en 1786
une geande occafion d’examiner des matières animales
enfoncées dans la terre, à toutes les époques
depuis plus:de 42 ans jufqua quelques mois j celle
de la fouillé du cimetière des Innocens m’offrit,
dans les débris des cprips,. un favon ammoniacal,
formé par une fubftance huiieufe , entièrement
analogue à. celle qui fei'bit la bafe du foie defféché
dont j’ai fait Thiftoire.. La nature & les propriétés
de ces matières animales converties en une huile
lénblable au blanc; de baleine , unies à une grande
quantité d’ammoniaque, font la matière d’un mé-
moij-e qui fera configué dans i’article de la putréfac-
tjon. 11 me fuffîra d’annoncer ici, que la converfion
de là fubftance .du foie.en une huile;co,ncrète, analo-
?u^ anc 4“ n’aplus été poiir moi un fait
1 oie. Laiumièr^la.pîus vive a tout-aTcoup éclairé
^ P<wnt de l’anftyfe animale, il m’a paru démontré
Chimie, Tome IJ%
quepâries progrès d'unedécompofitfoaïente, beaucoup
de parties molles éprouvoient dans le corps des
animaux morts une converfion femblable à celte du
foie qui fait l’objet de ce mémoire. J'ai reconnu encore
que fans véritable altération putride, le corps
des quadrupèdes & mêmecelui de l’homme, contenoit
cette fubftance huiieufe concrète , comme le
cerveau & la cavité vertébrale des cétacés ; enfin
que dans quelques cas cette matière huiieufe fe
trouve plus abondante, & s’amaffe dans plufîeurs
cavités, où elle forme des concrétions fouvent très-
nuifibles à l'économie animale. Je dirai ailleurs
comment cette fubftance graffe concrète, qu’on
extrait fi abondamment du corps des cétacés, diffère
de la graiffe ou de la matière adipeufe. Je tâcherai
de faire voir ou de déterminer comment la
bafe des organes mous des animaux fe convertit en
cette efpèce d’huile concrète, comment l’ammoniaque
fe forme en même-temps dans le corps des
animai«. Je terminerai ici l’hirioire du premier des
faits qui s’eft préfenté à moi dans la découverte de
cette fingulière fubftance, 8c pour ne point interrompre
l’ordre des; découvertes auxquelles celle-ci
m’a poiirTâinfi-dire conduit, je crois devoir joindre
à ce mémoire, mes obfervations fur la natnre
de la fubftance feuilletée, trouvéeparfeu M.Poul-
letier, dans les,pierres biliaires humaines, & fur
celle de quelques concrétions de la véficule du fiel,
qui n’ont point encore étç décrites parles médecins.
D es c a l c u l s b i l i a i r e s .
Toutes les fois que la bile féjourne dans la véficule
par unecaufequelconque, & fur-tout parles
ferrëmens fpafmodiques , comme dans la mélancolie
, les accès hiftériques , les longs chagrins ,
&c. elle s’épaiffit, & donne naiffance à des concrétions
brunes, légères, inflammables , d’une
faveur amère très forte , qu’on appelle calculs
biliaires. Ces concrétions font fouvent en très-
Srand nombre ; elles difeendent la véficule, elles
larempliffent quelquefois entièrement \ ellespro-
duifent des coliques hépatiques violentes , des
vomiffemens , l’i&ère , 8cc. J’en diftingue trois
variétés, les uns font bruns, noirâtres, irréguliers,
tuberculeux, & formés comme par grumeaux ;
les autres , plus durs, bruns, jaunâtres ou verdâtres
, offrent des couches concentriques , 8c
font fouvent recouverts d’une croûte fèche , unie
ɧ grife. Leur forme , eft ordinairement anguleuse
& polyèdre. La troifième variété comprend
des concrétions blanches & ovoïdes plus ou moins
irrégulières , couvertes d’une écorce blanchâtre
& fouvent inégale , formées de couches comme
fpathiques ou de lames criftallines , tranfparentes
fouvent rayonnées du centre à la circonférence.'
Les calculs biliaires de la fécondé variété ont
été examinés parPaulletier., Il a obfetvé qu’ils
C c c c