depuis long-temps en chimie, d'après*les récherches
de Geoffroi, de Baron , Rinman , & de tous
les cnimiftes modernes , eft encore unecaufe ordinaire
ou tres-fréquente de l'impureté de cette
terre , parce que l’alun eft très-fouvent mêlé
d un peu de îuhate de fer , ou d'oxide de ce
métal. Telles font les fources abondantes de
1 impuretéde l’alumine, & comme elles .pouvoient
fe trouver toutes reunies , 8c qu'il étoit même
fréquent qu'elles fe trouvaffent réunies , on conçoit^
qu'avant d’en bien connoître & l'exiftence ,
& 1 influence , il étoit prefque impoffible de fe
procurer de l’alumine pure. 11 en eft' donc de
cette terre j comme de toutes les autres fubftances
primitives en quelque forte 3 dont on a
fans celle befoin dans un laboratoire de chimie ;
pendant très-long-temps , on ne les préparoit
qu impures 3 8c de-1 à prenoient leur origine une
feule d’erreurs qui rendoient les connoiflances
chimiques ’inexactes 8c incertaines. Il falloit que
les découvertes chimiques fulîent arrivées au
point où elles^ font , depuis une quinzaine d'années.,
pour cu'ôn connût exactement les caractères
du plus grand nombre des matières Amples, 8c
qu'on pût les amener à leur véritable état de pureté.
Si d'après l'identité: reconnue entre la bafe des
argiles naturelles & la bafe de l’a l u ni l a été
promptement décidé par les expériences de MM.
Maccuer 8c Baume, qu'on ne pouvoir pas trouver
l’alumine pure dans* les terres offertes par
par la nature , il a fallu'plus de travaux encore
que les deux chimiftes n'en avoient fa it, il a
fallu fur-tout quelques découvertes qui leur man-
quoient, pour avoir des moyens capables de donner
cette terre dans un grand état de pureté;
Cela eft ft vrai,-.--qu'on ne trouves point encore
même dans les livres de chimie; moderne , la
fuite 8c la defeription des ‘ procédés néceffaires
^our obtenir l’alumine feiile & féparée de toute
autre matière étrangère. Nous allons -y fuppléer
en décrivant la méthode Ample que nous employons
pour cela.
Cn choifit de l'alun ou du fulfate acide d’alumine
bien pur 8c qui ne contienne pas de fer.
On le diffout dans fuffifante quantité d eau dif-
tillée 5 on laiffe cette diffolution expofée à l'air
pendant quelques jours , dans des vafes plats 8c
larges , afin d'en faire précipiter les moindres
molécules de fer j li elle en contient on la filtre
ou on la décante ; on l'effaie avec du pruflfiate de
potaffe ou du pruffiate calcaire & de la noix de
galle ; fi elle ne fe colore point par ces réaCtifs ,
elle eft propre à la réuffite de l’expérience. Alors
■ on verfe dans la diffolution de la potaffe ou de
h fonde cauftique, bien pures & préparées par
l'alcool^ ( Voyei les mots Rotasse & Soude ) j
on a foin de mettre l'un ou l’autre de ces alcalis
en excès , pour bien attirer 8c enlever tout l’acide
fuffurique j on fait bouillir pendant quelques
minutes la liqueur avec le précipité 3 <k en l’aginnt
beaucoup!,■ afin de multiplier lès fiirfaces &
de bien enlever tout l’acide fulfurique à l’alù-
mine j on laiffe dépofèr le précipité / on décante
la portion liquide & on lave la terre dépofée à
plufieurs reprifes avec de l’eau bouillante 3 8c }
julqu’à ce que celle-ci n’ait,plus de faveur alcaline
^ ni ne verdiffe plus le papier teint avec la
fleur de mauve. On fait enfuite' fécher l’alumine
fur des aflîettes de fayance, dans une étuve ou
au foleil. Par Ce procédé , on obtient l’alumine
en une terre blanche, tres-fine & abfolument
privée d acide fulfurique 3 d’acidé carbonique,
d oxide de fer & de fubftaneeterreufe quelconque.
C eft dans cet état de pureté parfaite, que l'alumine
préfente toutes les propriétés qui feront le
fujet du paragraphe fuivant. il eft néeeffaire d'en
avoir toujours quelques livres préparées ainfi dans
des poudriers de verre munis d'un couvercle à rainure
3 ou dans des flacons, ou dans des bouteilles
bouchées avec le liège , qu'on nomme ordinairement
dans les laboratoires des goulots renverfés.
La feule objection qu'on puiffe faire à ce procédé,
c'eft la cherté 5 mais il faut obferver que l ’on ne
doit -point regarder aux dépenfes, pour les laboratoires
de recherches 5 l'exercice de la chimie eft
très-difpendieux , & c'eft un malheur inévitable.
On doit; faire remarquer encore que cette préparation
de la terre alumineufe ,n’eft néeeffaire
que pour les expériences très-exaCtes, pour fe
procurer par exemple des fels alumineux | très-
purs , 8c qu'il y a beaucoup de en confiances où
1 on peut employer l'alumine précipitée par l'alcali
fixe, ordinaire, c'efl-à-dire , par la potaffe
du commerce , qui eft un mélange dé potaffe cauf-
tique, de carbonate de potaffe, de quelques fels
neutres y de plufieurs terres, 8c fouvent d'un peu
d: oxide de fer 5 auffi l’alumine préparée de cette
manière, n'eft-elle pas pure, 8c contient-èlle du
carbonate, d’alumine, de la fîlice ^ de-la craie
8c du fer.
§•111. D es propriétés & des attractions de Valumine.
1 • J- alumine bien pure, & préparée comme
il a été dit dans le paragraphe-précédent,’ eft fous
la forme d'une1 poudre blanche, très-fine , fèche
& douce au toucher, fans odeur• j elle fe polit
fous Je doigt, 8c y adhère 5 elle peut auffi être
fous la forme de glebes ou rognons irrégulier-;,
fi on la fait fécher en flocons , en petites maffes,
après l'avoir précipitée, ' & fi on ne la réduit
point en poudre après fa deficcâtion. ll'n’eft point
indifférent de l’employèr dans l'un ou l ’autre état
pour les expériences de la chimie j fies attractions
s'exercent bien mieux fous la forme de poudre
que fous celle de morceaux folides;
2-°*.Qwoiqu'on ne puiffe pas dire que l'alumine ait
une véritable faveur, elle excite cependant fur la
langue & fur le palais une aCtion qui lui appartient
en propre , 8c qu'oii ne trouve point dans
d'autres fubftances. Elle produit d'abord une fiejifation
de féchereflê 8c de- refferrement léger,
qui femble. attirer, abforber toute l'humidité de*
la bouche,, Sc qui fè convertit en une lotte d’a-
preté plus facile- à indiquer d'une manière gëne-
rale, qu'à décrire avec clarté. Cette fenfation
s'étend.jufqiî’àux foffes nafales , où elfe,.porte
une efpèce de féchereffe remarquable. -
2°.La pefanteur fpécifiquede l'alumine.,'dit M.
Kirvan , n’excède pas 2,0.00, tandis que celle de la
baryte la plus pefante à la vérité des matières ter-
reufes., va au-delà de 4 ,0 0 0 fuivant le même
chimifte.
Suivant Bergman, l’alumine a pour pefanteur
fpé.cifiquê i,$ p f. .
. 40. On ne fait pas fi la lumière fe combine avec
l’alumine 5 mais on fait qu’expofée aux rayons du
foleil, cette terre n’éprouve aucune altération
qu’on puiffe apprécier. . . - ■ ! '
c°. 11 n'en eft pas de même de l’imprefïion du calo-
riqueen aélion, du calorique libre, éu delà chaleur
fur l'àlumine. Quand on 1 expofè au feu, foit
qu’on y ait ajouté auparavant un peu d'eau, pour
lui donner du corps & de la confiftance , foit
qu'on la chauffe avec la portion d'eau qu'elle retient
fortement, comme nous le dirons plus bas ,
elle fe refferre, fe durcit en fe gerçant dans dif-
ferens points de fa continuité > elle prend de la
retraite, & acquiert une telle dureté, qu elle
devient capable d’étinceler parle choc du briquet.
Cette propriété eft une des plus fingulières & en
même-temps une des plus cara&ériftiques de l’alu
mine 5 elle mérite de fixer l'attention des chimiftes.
celles de la terre , puifque cette combinai fon
forme en général des compofés plus rares , plus
fufibles, &c. Ne pourroit-on pas regarder la cuite
de l’alumine accompagnée d’une diminution de
volume ou de retraite , comme une forte de fu-
fion commencée, qui s'arrête b:en avant le
terme de la vitrification ? Cette affertion peutétre
étayée d’une des expériences de M. I.avoifier ,
fur les effets de la chaleur produite par l’aétion
de l'air vital fur les - charbons. C e célèbre pby-
ficien ayant expofé. de l'alumine pure à fon ap-
; pareil de fufion par l'air vital , obferva qu’elle
fotmoit une fufion pâteufe , & qu'elle fimffoit
par fe transformer en une forte de pierre très-
d’ure , qui coupoit le verre, comme les criftaux
gemmes, & qui ne fe laiffoit que difficilement
entamer par la lime, M. Lavoifier en conclud que
l'alumine eft vitrifiablé par elle-même. M. Ge-
yer n'a pu ,en fondre que les bords, foit far le
charbon, foit fur la pince. M. Hermann l'a vue
couler dans une minute en un globule blanc laiteux.
Quoiqu'elle foit le fondement de tous les
arts relatifs aux différentes efpeces de poteries,
depuis les brique^ & les tuiles jufqu'à celui de la
porcelaine , & quoiqu'elle foit connue depuis la
plus haute antiquité, fa caule eft encore entièrement
ignorée. Comment: d'abord s'opère par
l'aétion du calorique qui dilate & raréfie tous les
corps, un reflerrement, Ain rappétiffement dans
toutes les dimenfions, qui eft proportionnel aux
différentes quantités1 de calorique introduit dans
cette terre , ou plutôt aux différens degrés de
température, auxquels on l'a expofée, refferre-
ment dont M. Wedgood a tiré tant de parti pour
la conftrudion de fon thermomètre propre à me-
furer les températures au-deffus de celles des
liqueurs en évaporation? ( Voye\ T hermomètre.
) Ce phénomène eft-il dû Amplement à
l’attra&ion des molécules d'alumine pour elles-
mêmes , favorifée par l'adion du calorique qui
les difpofe, de manière à ce qu'elles s'appliquent
& adhèrent les unes aux autres par les furfaces qui
fe conviennent le mieux , & à l'évaporation de
l’eau qui écartoit ces molécules & qui les tenoit à
une diftancedonnée par fon attra&ion particulière ?
On n’a pas d’autre raifonnement, d’autre théorie
pour expliquer cette induration de l'alumine par
le feu. Car il n'eft pas vraifemblable qu'on l'attribue
aux molécules du calorique fixées dans
Il eft difficile de ne,pas croire que la petite
portion de cendre & de potaffe qui fe trouve en
contaét avec l'alumine ^.dans le creux du charbon
dans lequel on l'expofe au courant d’air vital ,
fuivant les procédés des expériences indiquées ici,
a pu influer fur cette efpèce de fufion. Au refte
un grand principe de chimie explique ces difficultés
apparentes. Il parcît certain qu’il n'y a aucun
corps infufible par lui-même, 8c qu’il n’eft pas
un dès corps les plus réfraéfaires qu'on connoiffè,
qui ne foit fufceptible de fe fondre, en lui donnant
un degré de feu fuffifant, ce qui revient
à dire que plufieurs fubftances ne font apyres ou
infufibles pour nous, que parce que nous ne pouvons
pas leur appliquer le degré de feu qui -leur
1 convient. Cela eft fur-tout vrai, par rapport à
l'alumine, 8c fa propriété de fe durcir au feu,
devient plus intelligible 8c plus d’accord avec tous-
les phénomènes de la fcience, lorfqu'on la confédéré
comme un commencement de fufion, qui
ne peut devenir complette qu'à une température
bien fupérieure à celles que l'on employé ordinairement.
Quoique quelques chimiftes ayent cru
qu'après la cuite l’alumine avoir-changé de nature,
& qu'elle s'approchoit de la terre filicéè, des
expériences font voir qu’elle eft toujours ce qu'-elie
étoit auparavant. Elle forme les mêmes fels avec les
acides qui feulement la diffolvent beaucoup plus
lentement , en railon de fon extrême denfite.
ê°. Onn'a pas encore décrit avec exactitude dans
les ouvrages de chimie les altérations que i’alumine
•pureell fufceptible d’éprouver de lapart de l ’air ath-
mofphérique 5 elle en attire réellement l’humidité,
lorfqu’elle eft très-fèche, 8c l’air très-chargé d’eau.
Il ne faut cependant pas confidérer ce phénomène,
comme la déliquefcence des fels très-diffo-
lubles 3 mais il ne faut pas non plus le paffer fous
filence. Les argiles naturelles s'hume été nt à l'air,
8c fe délitent par couches. H eft moins prouvé,