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âcres que dans l'Inde, & les bézoards devroieftt
participer à leurs vertus.
4°. Au lieu de regarder les bézoards comme
toujours formés par les réfidus de nourriture végétale
, il faut les confidérer comme des concrétions,
de différentes fubftances falines dépofées
& plus ou moins criftallifées dans diverfes cavités
du corps des animaux, fuivant la nature & la
quantité des liquides qui les tenoient en dififp-
lution.
5°. Non-feulement les bézoards paroiffent différer
de nature fuivant les efpèces d'animaux
auxquels ils appartiennent y mais ils font encore
réellement ditlérens les uns des autres dans le
même animal, fuivant les lieux qu'ils occupent.
C ’eft ainfi que dans l'homme , les calculs que
l'on trouve dans la véficule du fiel font très-
differens de ceux qui fe forment dans les reins
& dans la veffie. . ,
6 . 11 faudra donc des analyfes très-multiphees
& très-variées pour connoître_ toutes les différences
énoncées ici, & à peine £ a t-on meme
commencé à entrevoir la néceffite de ces âna-
lyfes, _ .. .
7° . C'eft une erreur bien fingulière, que celle
qui a régné pendant fi long-temps parmi les ■
médecins fur. la nature identique^ des divers bézoards,
fur le prétendu tartre qui les forme, & .
fur l’analogie de propriétés qu'ils leur ont attribuées
d'après celle qu'ils avoient fuppofée dans
leur compofition.
8 . Dans le temps où l’on employoit beaucoup
les bézoards orientaux, on a voit prétendu les
diftinguer d'avec les préparations artificielles., par
la propriété de lailier une trace verdâtre fur
le papier couvert de cérufe ou d oxide de plomb
blanc > mais comment ne coneevoit-on pas que
rien n'étoit fi facile que .de communiquer cette
propriété aux bézoards artificiels, en les imprégnant
d'une matière animale un peu humide ? car
la propriété de colorer foxide de plomb tient
manifeftement à un peu de gaz hydrogène fulfure ,
& l'on fait qu'il s'en forme & qu'il s'en dégage de
toutes les fuiaftan,ces. animales altérées. > ; . .
c f . La couleur dorée & métallique que l’on
donnoit à quelques bézoards faèiices , • qui etoit
plus propre à imiter les bézoards occidentaux que
Tes bézoards orientaux, vient manifeftement de
ce que plufieurs concrétions^. calçuleufes ; animales
preientent cet afpeét brillant; M . Val mont
doute , comme on 1'^ vu , de cette coloration
naturelle y, mais elle n'eft rien moins que problématique
pour ceux qui ont étudié cette partie
, & qui ont fait des.-, colle.ètipns de• calculs.
J'ai’ vu trois fois dés calculs.- tijæs ’de la.veflie du
boeufV, & qui avec la gro^ur > tepeu-près la
forme des petits pois , étoient.-d'une couleur
jaune dorée comme certaines..pyriteson fait que
lès dents de plufieurs ruminans offrent un enduit
brillant analogue à la couleur que nous indiquons
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i c i , & on trouvera cet ob^St difcuté plus bas
par M. Daubénton, dans une diflertation eue
nous inférerons dans cet article fur la comparai-
fon des vrais bézoards & des bézoards Joffilès ou
minéraux.
io°. La plupart des vrais bézoards font bien
éloignés de jouir des vertus qu'on leur a attribuées,
& fous ce point de vue , les bézoards
factices font infiniment plus efficaces que les naturels.
En effet, on les compofe avec du mufe,
de l'ambre .gris , &c. qu'on incorpore avec des
- terres calcaires > au moins a-t-on dans ces cora-
pofitions des matières odorantes, aromatiques,
balfamiques, réfineufes , gommo-réfineufes, qui
ont lés propriétés qu'on leur connoît dans l'état
de pureté.
i i °. Parmi la nombreufe fuite de bézoards ou
de concrétions calculeufes que fai recueillies pour
en faire .l'analyfe comparée, & qu’il m'a jufqu ici
| été permis d'examiner, j'ai fur-tout été frappé de
la différence que ces. matières, présentent dans
l'homme & dans les quadrupèdes. La pierre, ou le
calcul de là veffiehumaine , eft ta feule qui foit un
acide particulier. C f^oyeç dans le .premier votame
l'article de l’Acide lithique. Voye% aufli l'article
Urine. Cet acide lithique n'a encore été
trouvé que dans la pierre vefieale & l'urine de
l'homme. Le calcul biliaire humain eft très-différent
du calcul véfîcal y c'eft une huile concrète
analogue au blanc de baleine. ( Voye^ BiLE.)
i l . Le calcul rénal du cheval eft un mélange de
phofphate & de carbonate de chaux. ( Voye^ C alcul
) Le calcul intçftinal du même animal, qui
acquiert un volume immenfe,^ qui pèfe quelquefois,
plufieurs livrés, & qui offre un amas con-
fidérable de criftaux lenticulaires, arrangés fim-
métriquement & en couches concentriques autour
d'un noyau, nous a donné par l'analyfe un
mélange de phofphate de magnéfie & de phofphate
d’ammoniaque 5 il eft vrai que ncusgvbns foup-
çonné, M. V auquelin & moi, que l'animal d'og
ce calcul avoit été tiréav-oir pris de la magnéfie>
mais nous n'avons pas pu en acquérir la preuve.
i3 ° .'O n n’a point du tout examiné, ^.les
concrétions de la glande ptniale, fi fréquentes dans
le cerveau de l’homme & dans celui des quadrupèdes
y b les calculs folivaires & amygdalins dans
l’homme & quelques quadrupèdes 5, c les calculs
des. poumons humains qui fortent quelquefois par
i’expeéfcoration y d les calculs rénal & véfical d un
grand, nombre, de .quadrupèdes fauvages & dôme
ftiques. Par exemple, Morand a trouvé.que
les,rats eontenoient prefque toujours des pierres
I ou graviers dans les rems y. mais il n’a pas merne
| fongé à connoïtre la nature de. cette efpèce de
I bézoard.j e onn’a même pas fait l'analyfe du vrat
i bézoard oriental, & on l'a employé enmédecine,
! comme tant d'autres fubftances fans .le-connoitre»
; 14e? . La formation des calculs ou des bézoards,
| doit être examinée jufqpe dans lesevégétaux* U»
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fait que le bambou contient fouvent'une concrétion
nommée Tabashee.r par les Arabes, & que plufieurs
Anglois viennent de trouver qu'elle eft eom-
pofée prefqu'entièrement de fîlice. J’ai vu dans le
cabinet de M. Juffieu, mon confrère, des bézoards
fphéroïdes blancs, jaunâtres ou laiteux, polis à
leur furface , & femblables à l'yvoire : on dit
qu’ils proviennent du coco, perionne n'a encore
indiqué la nature de ces bézoards végétaux.
En attendant que tous ces tra vaux qui promettent
d'importantes découvertes foi en t entrepris &
pourfuivis avec le zèle & les recherches convenables
y je confignerai ici une diflertation fur
les comparaifons des bézoards animaux avec les
bézoards foflilés., faites par M. Daubénton, à
l'occafion d'un granit ou granitèle globuleux de
Corfe, dont cet habile naturalifte a cherché à
expliquer la formation.
On a cru faciliter l'étude de l’hiftoire naturelle,
dit M. Daubénton, en donnant le même nom à
des chofes de nature différente y on s’eft trompé ,
c'étoit robfcurcir au Heu de l'éclairer, & mettre
de la confu-fion entre des chofes qui étoient trèS-
diftinétes en elles-mêmes j c ’eft ce qui eft arrivé
au nom de bézoard, foit qu'il vienne du motpa^an
ou paçar, qui eft le nom du bouc en langue per-
fanne j ©u du mot belu^aar3 qui fignifie un eontre-
poifon en hébreu ou en chaldéen ; c'eft une preuve
que le nom de bézoard n’a d'abord été donné
qu à des concrétions qui fe trouvent dans le corps
de quelques animaux de l'Afie.î on ne fait pas pré-
cifément quels font ces animaux } mais il y a lieu
depréfumer fur les relations des voyageurs, qu’ils
reuemblent aux boucs & aux gazelles 5 au moins il
eft certain qu'ils font du nombre des animaux à
pieds fourchus, qui ont des cornes j le bézoard
qu’ils donnent eft au-dehors & au-dedans de con-
leur d'olive brune , foncée poür l'ordinaire, &
même noirâtre} fa furface eft luifante & polie.
Après la découverte de T Amérique, on a aufli
donné le nom de bézoard à des concrétions qui fe
font trouvées dans des animaux de cette partie du
monde, & qui ont une couleur blanchâtre dans
1 intérieur. Leur furface externe n'eft pas aufli luifante
& aufli polie que celle des bézoards orientaux
î elle a une couleur blanchâtre, mêlée de
jaune ou de noir, le plus fouvent aveG des teintes
brillantes, qui femblent être dorées ou bronzées,
pour diftinguer ces concrétions de celles de l'Afîe,
on les a nommées bézoards occidentaux, & alors
le bézoard proprement dit & anciennement connu,
U été appelle bézoard oriental.
On a abufe du nom de bézoard en donnant la
dénomination de bézoard foflile à une concrétion
de carbonate de chaux qui n'eft que delà craie
pure. M. Fourcroy a diflous un de ces prétendus
ozoards dans de l'acide nitrique : il n'en eft refté
qu un atome de terre filicée. J'ai vu plufieurs de
ces bézoards qui venoient de Sicile ; ils étoient
tlfis bézoards, de forme approchée de.
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la ronde ou de l'ovale y les plus gros n'avoient pas
plus d'un pouce & demi de diamètre,
Tous les bézoards font compofés de couches
concentriques, formées autour d’un hoyau ; maifc
les concrétions ne peuvent être regardées comme
bézoards, que lorsqu'elles viennent du corps de
1 hornme ou des animaux ; celles qui appartiennent
au règne minéral font bien différentes j on peut
en prendre uneidée parles obfervationsque je vais
rapporter ici, & qui font tirées d'un mémoire que
j’ai lu à l'académie des fciences fur un granitèle
globuleux.
Cette pierre ne diffère du granitèle des Italiens,
qu'en ce qu'elle renferme des globules d’environ
1 pouces de diamètre y c'eft pourquoi je l’appelle
granitèle globuleux : la différence qui fe trouve entre
ces deux pierres n'eft pas eflencielle, puifque
elles font de même nature ; elle ne vient que des
circonftances de letrr formation.
Le granitèle fîmplement dit a été formé par un
mélange confus de petits fragmens de quartz & de
fchorlqui fe font agglutinés, & qui ont pris une
forte adhérence les uns avec les autres.
Le granitèle globuleux ell aufli un mélange de
quartz & de fchorl ; mais ces deux fubftances font
di-fpofées féparément & fucceflivement par couches
concentriques, qui forment plufieurs globules
placés la plupart les uns contre les autres», Sc
tous réunis en mafle , & pour-ainfi-dire cimentés»
par un mélange confus de fchorl & de quartz, qui
eft du granitée fimple.
Il eft certain que les globules du granitèle globuleux
n'ont pu fe former que dans des cavités du
granitele fimple, ou avant la formation de ce granitèle.
Je vais prouver que ces globules ne font pas
formés dans des cavités.
Lorsqu'il y a une pierre dans une cavité qui fe
remplit d’eau chargée de molécules pierreufes ,
fufcêptibles de criftallifation , ces molécules s'attachent
& fe criftallifent contre les parois de la cavité
j la couche extérieure des globules du granitèle
globuleux eft de quartz, qui eft bien fufeep-
tible de criftallifation. Si cette couche s'étoit formée
contre les parois d’une cavité, fa furface intérieure
feroit hériflee de pointes de quartz pyramidal,
ce qui n'eft pas y donc cette couche ne
s'eft pas formée dans une cavité. Il en eft de mê^-
me. des autrës couches de quartz & des couches de
fchorl, dont les globules dont il s’agit font com-
pofés.
Au contraire, fi»la formation de ces globules t
commencé au milieu de l’eau par un hoyau, comme
les pierres de la veflîe, qui font de vrais bézoards
, il s'eft formé plufieurs couches fucceflives
de fchorl & de quartz autour du noyau des globules
du granitèle : cette ftru&ure n'a pu fe faire
que par des mouvemens de rotation en diffërens
fens, qui ont empêché toute criftallifation régufiè-
re, parce que celle-ci ne peut f® foire que dans un
liquide çq repos.
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