4 1 * A R O
par leur a&ion fur l'économie animale.- On voit f
bien que c'eft à l'expérience à prononcer fur ce •
point, & qu’on eft loin de pofleder encore affez
de faits chimiques pour pouvoir prononcer fur
cette claflification qui n'eft que médicale.
La fécondé confidération par laquelle nous terminerons
l'hiftoire chimique du principe de l’o- '
deur, de l’aromé, c'eft que, quoique les^plantes
qui ont été appellées inodores foient regardées
comme ne contenant point ce principe { il eft cependant
très-démontré aujourd'hui qu'on peut en
éxtraire, à l'aide, de la chaleur la plus douce du
bain-marie, une eau, dont l'odeur, quoique très-
légère ,, fuffit pour faire connoître aux, perfonnes
exercées la plante d'où éîle a. été tirée. Je puis
aflurer, pour l'avoir éprouvé un grand nombre de
fois, que les plantes réputées les plus inodores,
telles que la chicorée, le plantain, la bourrache ,
la*laitue, & c ., donnent au bain-marie une eau
qui répand tellement leur odeur, qu’on peut les
diftinguer les unes des autres. 11 eft vrai que ces
eaux aromatiques fades fe. décompofent très-vîte
&: perdent bien-tôt la légère odeur qui lès caractérise.
Elles s’altèrent, fermentent &paflent même
^l'acidité où à l'alcali, fuivant leur qualité. On doit
obfervef que cette eau odorante n'eft-caraétériféë
Comme on l'indiqué ici que lorfqu'elle provient
des plantes mêmes qui la fourniflent, & que fi on
* les diftille avec de l’eau étrangère à leur nature,
avec de Feau ajoutée à ces plantes, le caractère
annoncé ici ne s'y retrouve plus.. Il faut que ce
foit l'eau de végétation des plantes elles-mêmes
<jui foit réduite, en vapeurs par une chaleur douce ,
pour obtenir cette eau odorante, je mets les
plantes prétendues inodores, fraîches & hachées
menu dans une cornue de verre, dont les deux tiers
il ont plongés & fufpendus dans l'eau bouillante}
j'adapte à la cornue un récipient lutté au papier
co llé, & dont je réfroidis la furface par des linges
mouillés ou par la glace. Je diftille ainfi au bain-
marie, jufqu'à ce que les plantes contenues dans la
cornue foient privées de toute leur verdeur &
deviennent fèches & caflantes.
La troifième confîdération relative à la nature
de l'arome, c'eft qu'il n'eft pas complètement
prouvé qu’il foit un principe particulier des végétaux,
quoique depuis Boerhaave: les chimiftes
l'ayent toujours regardé comme tel.1 En effet il
n’eft pas démontré que l'on puiffe le féparer entièrement
des plantes ou des parties des plantes
dans lefquelles on croit qu'il eft contenu, de manière
à ce qu'elles en foient totalement privées ,
& n'en fourniflent plus un atome. Au contraire ,
la. plupart des plantes ou des parties des plantes;
d'où on a retiré par la diftillation l'eau aromatique,
confervent après cette opération une très-grande
partie de leur odeur ; fouvent même eMés en reprennent
bientôt une plus conlîdétable que celle-
qu’elles avoient d'abord. On voit beaucoup.de
A r o
matières végétales telles que des huiles Volatiles à
des baumes, des réfines, qui fourniflent du principe
aromatique jufqu'à cequ'elles foient entièrement
volatilifées ou détruites. Enfin 'il eft des plantes
& telles font fpécialement les fleurs des liliacées
les plus odorantes , ainfi que le jafmin , le réfeda,
l’heliotrope, & c.qui, en perdant leur arôme, fem-
blent perdre en même-temps toute leur fubftance.
11 eft, aufli des matières animales odorantes,
comme le mufe,_ la civette, l'ambre gris , qui
relient conftamment & uniformément aromatiques
jufqu'à leur dernier atome. Ces faits pour-
roient porter à croire qu'il m'exifte pas un principe
particulier de l ’odeur } que ce qu'on a nommé
; efprit recteur & arôme eft tellement inhérent aux
végétaux qui le recèlent , qu'il conftitufë vérita-
• blement leur effence},en un mot que l'arome eft la
propre fubftance de ces végétaux réduite toute*
entière en vapeur. Cette confidération mérite au
moins d’être fuivie , & elle pourra conduire sûrement
à la découverte de l'arome.
Il exifte un art fondé fur les moyens d'extraire
les parties odorantes des végétaux , de lesconfer-
ver , de les fixer dans différentes fubftances j c’eft
celui du parfumeur. La plupart defes procédés font
entièrement chimiques. C ’eft avec de l'eau, de
l'alcool, des huiles.& des graiffes qu'on fixe l’aro*
me. On fe fert aufli des huiles volatiles &'des baumes
ou dés réfines quile contiennent plus ou moins
fixé.
La médecine fait un allez grand ufage des eaux
diftillées ,. ou aromatiques. Elles ont différentes
vertus fuivant leur'nature j on eft dans l'ufage de
n'employer que celles que l'on diftille à feu nuct
avec de l'eau, comme on le fait pour obtenir les
huiles volatiles. Nous obferverons que cette manipulation
eft bonne pour l'arome des plantes vraiment
aromatiques ou fortement odorantes } mais
qu’elle eft défe&ueufe pour celui des plantes nommées
communément inodores. Nous croyons qu'il
eft indifpenfable de les diftiller au bain-marie :
comme on ne prend point ordinairement cette
précaution , elles ont une odeur de feu ou d'em-
pyreume, fans être chargées de celles de la plante.
Si la vertu de ces eaux ne réfide que dans leur
arôme, quelque foible qu'il fo it, il eft certain
que de la manière dont on les prépare il leur ôte
toutes les propriétés qu'elles peuvent avoir. On
voit, d’après ces- obfervations, que les eaux diftillées
des plantes que l'on prépare en pharmacie, ne
font point l’arome pur ou efprit reèleur de Boerhaave
, mais que l'arome y eft noyé dans une plus,
ou moins grande quantité d'eau que l'on diftille
avec les plantes.
ARQUEBUSÀDEj ( eau dJf (Pharmacie..)On
donne: le nom d’eau d'arquebufade à un alcool
aromatique.compofé, qu’on connoît plus fouvent
fous le nom d'eau vulnéraire. Voye% les mots AL-
CO.GiS,EAUÿSPiRIlUEUSIS,EAU VULNERAIRE*
A R R A R S 4 1 j
ARRETE-B<EUF,ou BUGRANE. ( Phar-
fnacie. ) Anonis fpinofu: L. Anonis Fuchs. hift. 60.
Cette plante aime à croître dans les lieux ftériles,
arides j fecs , -friches , au bord'des chemins elle
couvre les deferts arides & fabloneux de l'Egypte
& de la partie Afiatique qui l'avoifine : elle eft
perennelle. n'
l_a racine, qui eft afîez ligneufe , dure , eft une
des cinq racines apéritives mineures j elle eft diurétique
, incifive , faxifrage , défopilative, déter-
five, hépatique, fplénique , diflolutive , abforr
bante, émolliente, utérine, antifeorbutique ,ariti-
néphrétique, pedlorale, odontalgique.
Elle eft propre contre la jauniffe , i'ifchurie , la
4yfurie, la fuppreflion des mois, les pâles couleurs,
la pituite, l'anorexie, la fièvre deEIongrie, les
maux de gorge, l’hydrocèle, la farcocele, les enflures
des gencives, les carnofités , les hernies, les
marifques , les hémorroïdes : on la prend en dé-
co&ion, ou pulvérifée à la dofe d'un gros.
Les feuilles & les fleurs d'arrête-boeuf pofledent
quelques-unes des propriétés fufdites.
Les jeunes poulies vernales , confites dans le
vinaigre & au fe l, font bonnes à manger : elles
corrigent l'haleine puante
Agricola recommande l'ufage d'une forte dé-
coétion de racines d'arrête-boeuf pour faire uriner
les chevaux.
Les boeufs, les chèvres & les moutons pâturent
cette plante.
(M . W lL LEM E T .)
ARRETE-BOEUF JAUNE. ( Pharmacie.) Anonis
natrix. L. Natrix Riv. tecs. 68. Cette efpèce fe
trouve dans la France méridionale , l'Efpagne, &
nous l'avons rencontrée en Lorraine. Des payfans
appliquent cette plante récente & broyée fur les
bleffures, ce qui les guérit fort vîte. Les pharma-
cographes vantent fa racine pour combattre toutes
fortes de venins.
A R R H E N I C O N . ( Pharmacie. ) d é n om in a tio n
dés g rec s , & em p lo y é e p a r q u e lq u e s an c ie n s p h a r -
inacographes p o u r d é fig n e r l'oxide d'arfénic Julfure
jaune 3 o u o r p im e n t .
ARROCHE. ( Pharmacie. ) Atriplex hortenfis.
Atriplex. Match. 459. C'eft une potagère annuelle,
originaire de Tartarie , qui croit facilement dans
nos jardins. On la trouve aufli en Sibérie. Elle eft
emoiliente, humectante , anodine§ relâchante, antinéphrétique,
antiphlogiftique. Elle eft encore ,
fuivant plufieurs auteurs urile contre lés hémorroïdes,
i'hypocondriaGie j les inflammations & les
douleurs de la goutte.
L a fem e n c e d 'a r r o c h e e f t v o m i t i v e & p u r g a t iv e
c o n t r e le r a c h it is , la ja u n i f fe ,; l 'é p ile p f ie & l e s v e r s .
Elle e n t r e dans la p o u d r e d e g u t t e t e .
E arroche plaît aux boeufs, aux chèvres , aux
doutons, & aux porcs.
(M-. Willemet-, )
ArROCÏÎE HASTÉE. ( Pharmacie. ) Atriplex
kaftata. Cette arroche eft Européenne , fes propriétés
font analogues à celles des efpèces précédentes.
• ’ •
(M. Willemet.)
A R R O C H E m a r it im e . ( Pharmacie. ) Atriplex
laci'niala. Atriplex marina. Dod. Pempt. l6 iy .C e tte
plante fe trouve en Europe & dans la Virginie
feptentrionalé , près du rivage de la mer. On lui
attribue les mêmes vertus qu'à l'arroche des jardins
: Gamerarius affure qu'elle eft digeftive ,
atténuante , apéritive , incifive.
(M. Willemet.)
ARSËNIATÉS. On nomme arfénfates dans la
nomenclature moderne de la chimie,, les combi-
naifons falines de l'acide arfénique avec les bafes
terreufes , alcalines & métalliques. Pour connaître
la nature de ces fels,, & pour fixer ici leurs
propriétés générales, leurs caractères génériques ,
il eft bon de rappeller les principaux faits relatifs à
l'acide arfénique, & d'infiftèr fur-Tout fur plufieurs
de ceux ou qui n'ont point éte^expofés à l'article
acide arsenical du premier volume de ce dictionnaire,
ou qui n'ont été préfentés qu'en partie &
trop vaguement, en raifon ou de l'etat d'incertitude
où étoit encore la fcience chimique à l'époque
déjà un peu reculée où la première partie de
cet ouvrage a été rédigée par M. Morveau 5.les
nouveaux détails en faisant connoître l’état aCïuel
de la chimie 0 compléteront l ’hiftoice de l'acide
arfénique.
J'obferverai avant tout, que le mat acide arfé-
nical employé dans cette première partie du dictionnaire
a été depuis changé en celui d'acide arfénique
, fuivant les règles de la nomenclature
moderne , parce que cet acide eft aufli acidifié ,
aufli o*xigené qu'il peut l'être } & d’après les mêmes
principes fes combinaifons avec les bafes doivent
être nommées arféniates.
L'arfénic,comme toutes les fubftances combuf-
tibles,& fur-tout comme toutes les matières métalliques
, peut fe combiner avec des dofes différentes
d’oxigène, s'arrête en quelque forte à
différens degrés d’oxidation , & préfente à chacune
de ces oxidations des phénomènes nouveaux
&des propriétés particulières. Quand on le chauffe
avec le contaét de l'air , il brûle avec flamme &
il forme bientôt l'oxide blanc connu dans les arts
fous le nom d'arfénic. Celui-ci fans être acide ,
k offre cependant quelques propriétés des acides ;
il eft âcre, difloluble dans l'eau ; il rougit là teinture
de tournefol, quoiqu'il verdifle la Couleur
des violettes} il s’ unit aux terres, aux alcalis, mieux
qu'aux acides } il attaque plufieurs métaux & fur-
tout le cuivre , le fer & le zinc 5 il forme même
avec eux Comme avec les terres & les alcalis des
efpèces de fe ls , des arfénites, dont quelques-uns