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alcool eft un mélange de trente-fîx parties d’eau ,
& de foixante-quatre d’alcool ; au contraire la
température étant à dix degrés , & la pefan-
teur fpécifique étant la même , on trouve que
cet alcool contient feulement trente-quatre parties
d’eau fur foixante-fix d’alcool.
11 fuffit fans doute d’avoir cité ces deux exemples
, un peu de réflexion & d’exercice donnera
bientôt l’habitude deNcette table , en fera facilement
fcfifîr la difpofîtion & les avantages.
Nous terminerons ces généralités fur l’alcool en
rappellant que ce fluide eft d’un iifage fort étendu
en pharmacie ; quelquefois il eft employé comme
auxiliaire, pour faciliter quelque operation , dif-
pofer une fubftance à une préparation ultérieure ,
c’eft ainfi qu’en verfant quelques gouttes d’alcool
fur du camphre, on le divife facilement ,
on le réduit en une pâte molle, fine, propre à
être incorporée dans des pommades, des cerats ;
c’eft ainfi qu’en verfant quelques gouttes d’alcool
dans une malfe de pilules qui ont la térébenthine
ou quelque baume pour excipient, on
hâte le mélange intime des différentes fubftances
dont elles font compofées , & on leur donpe avec
moins de peine la forme de pilules, &c«..biais
le plus fouvent l’alcool eft employé comme menf-
true ou diffolvant, & fournit pour les arts &
pour la médecine, un grand nombre de préparations
que nous allons décrire fous le titre d’Alcools
officinaux, & dont nous ferons connoî-
tre les genres & les efpèces principales ; mais pour
ces divèrfes préparations, l’alcool ne doit pas
être employé dans le même état ; il eft des préparations
qui exigent l’alcool pur, ou du moins
chargé d’une très-petite quantité d’eau ; mais il
en eft d’autres qui feroient moins efficaces fi l’alcool
étoit pur, s’il n’étoit pas affoibli par une
certaine quantité d’ eau. |Nous diftinguerons donc
par une épithète les divers états de l’alcool, &
nous appellerons :
i° . Alcool pur ou tres-reSlifiê 3 celui qui eft privé
d’eau autant qu’il eft poffible, & dont la pe-
fauteur fpécifique à la température de dix -degrés
eft de huit cents 5 tel eft celui que M. de
Gouvenain a préparé pour fes expériences.
2°. Nous nommerons alcool reftifié celui qu’on
obtient par les diftillations répétées , telles que
M. Baumé les indique; cet alcool, fur cent
parties , contient encore fix à huit parties d’eau,
& fa pefanteur fpécifique à la température de dix
degrés eft de huit cents vingt-deux à huit cents
vingt-neuf. Il convient pour la préparation des
éthers, pour la diffolution & l’extra&iori de quelques
rénnes.
3°. Nous appellerons alcool ordinaire celui qu’on
obtient par des diftillations conduites avec moins
de ménagement, & tel qu’on le trouve dans le
commerce j cet alcool contient généralement de
douze à feize parties d'eau, & fa pefanteur
fpécifique toujours à la température de dix de-
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grés eft de huit cents quarante-deux à huit cents
cinquante-trois ; cet alcool convient généralement-
pour la diffolution des réfinês, des baumes , des
huiles volatiles, de l’arome des plantes, & de
quelques gommes-réfines , & c.
4 ’. Nous comprendrons fous le nom d'alcoôl
foible les différentes efpèces d’eaux-de-vie du
.commerce, qu’on nomme quelquefois eaux-de-
vie fortes, eaux-de-vie doubles ,qui font compofées
d’environ. parties égales d’eau & d’alcool ;•
la pefanteur fpécifique de cet alcool à la tem-,
pérature de dix degrés, eft d’environ neuf cents
trente-cinq. 11 doit être employé pour la diffolution
de quelques gommes réfines, pour l’ex-.
tra&ion des propriétés médicamenteufès de quelques
plantes, &c. & à ces eaux-de-vie du commerce,,
quelquefois fufpeétes , on peut y fubfti-
tuer avec avantage l’alcool ordinaire ou re6tifié,:
affoibli avec parties égales d’eau.
5°. Enfin nous défignerons fous le nom <£alcool
de première difiliation, l’alcool foible qile:
l’on trouve dans le commerce fous le nom d’eau-
de-vie ordinaire, & qui, fur cent parties, contient
non-feulement foixanté parties d’eau, mais
encore une portion d’huile & d’acide tartareux
fourni par le vin ; cette efpèce d’alcool très-
impur convient quelquefois pour la folution de
quelques gommes-réfines-, de quelques fubftances
extra&ives, parce que,, dans ces préparations,
la portion huileufe , & d’acide tartareux combinés
avec l’eau & l’alcool,, ajoute ^ 1?énergie
du diffolvant, ou rend la préparation médica-
menteufe plus douce, plus convenable à l’objet
qu’on fe propofe de remplir.
Alcools officinaux.
Nous comprenons, fous ce titre, routes les
compofitions' fluides dans lefquelles l’alcool eft
combiné avec une ou plufieurs fubftances-,’ &
dont il forme la partie principale : ces préparations
très-multipliées dans les pharmacies , ont
été jufqu’à préfent défignées fous une multitude
de dénominations quelquefoismétaphoriques, fou-
vent arbitraires , toujours équivoques ,. & plus-
propres à cacher la nature de la eompofîtion
à favorifer le charlatanifme & la cupidité , qu’à
foulager la mémoire, ou à faciliter la méthode
& les progrès de l’étude. Ainfi nous trouvons-
ces différentes préparations défignées fous les
noms de baumef , d'ejfences, quintejfences ,. efprits ,
eaux fpiritueufes , élixirs , liqueurs, gouttes 6* teintures
y &c. ( Voyei chacun de ces mots) ;, mais
comme l’obferve M . Foerner, delineatio pharmacie
ckimico - therapeutice y ce s dénominations
font devenues fi arbitraires , qu’un pharmacien
nomme effence ce qu’un autre appelle teinture,
& en confervânt ces dénominations vulgaires,
il feroit impoffiblé de préfènter une divifion ,
une claffification méthodique des différentes
préparations faites avec l’altool.
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Il importe donc pour les progrès de l’a r t,
pour l’avantage de la médecine-pratique , de
fupprÿner toutes ces dénominations infignifiantes,
d’y fubftituer une dénomination fimple, uniforme,
qui rappelle toujours au médecin la nature de
h compofition qu’il preferit.
En nous propofant de faire cette réforme,
nous avons fenti, comme M. Poerner, que l’habitude
des anciennes dénominations pourroit em-
bârraffer ceux qui feroient dans le cas de con-
noître & de rechercher ces préparations : aufli
nous nous fommes décidés à joindre les anciennes
dénominations aux nouvelles, & à faire mention
de ces préparations fous les noms vulgaires,
dans les endroits de cet ouvrage où l’ordre alphabétique
les appellera. C e plan nous a paru
le plus propre pour concilier les opinions diverses
, & anéantir toutes les difficultés que
l’intérêt, la routine & le préjugé ne manquent
jamais d’éleyer contre les innovations les plus
tuiles.
Pour mettre un ordre fyftématique dans l’ex-.
pofition des préparations alcooliques, nous les
diviferons en genres en & efpèces. Nous diftinguerons
deux genres, le premier comprendra les
alcools falins, & le fécond les alcools non fa-
lins ou oléagineux; chacun de ces genres fera
divifé en fe&ions, & chaque feétion en paragraphes
, fous lefquels nous rapporterons én autant
d’articles féparés les différentes préparations
comme autant d’efpèces diftinétes.
Toutes ces préparations feront défignées par le
nom de la fubftance' que l’alcool tient en diffolution
; ainfi nous appellerons alcool de potajfe,
d'aloès , de benjoin, les diffolutions de ces fubf
tances faites par l’ alcool ; mais comme dans
plufieurs préparations, l’alcool tient en diffolution
deux, trois ou même un plus grand nombre
de fubftances, nous diftinguerons ces efpèces fe-
condaires j autant qu’il fera poffible, par une
fécondé épithète formée par une des fubftances
principales , qui entrent dans la compofition, &
qui modifient la propriété première, ou y ajoutent
une qualité nouvelle ; mais lorfque les différentes
fubftances combinées avec l’alcool, concourront
au même effet, nous nous 'bornerons
a défigner ces préparations par le nom de la fubftance
principale; mais en y ajoutant l’épithète
de compofé; enfin dans d’autres cas, nous défignerons
la différence de la compofition, exprimant
le mode employé dans la préparation.
Cette méthodejdedénomination, toujours tirée
des •- fubftances qui entrent dans la préparation,
eft: bien préférable à celle qui feroit fondée fur
les propriétés., fur la couleur de la compofition ,
ou d’autres qualité» acceffoires & variables ; en
effet, outre que ces dénominations fondées fur
les propriétés n’indiquent jamais complètement
quel peut, quel doit être l’effet ou l’aftion du
remède, elles font fouvent fauffes, toujours équi-
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voques, & peuvent facilement induire en erreur
le jeune médecin qui preferiroit d’après, le titre
du remède.
'Nous rendrons ceci plus fertfible par quelques
exemples.
i° . Au fieu d’appeller, comme on le fait ordinairement
, élixir parégorique, élixir ajl/tma tique de
Londres, la diffolution de benjoin & d’opium par
l’alcool., nous la nommerons alcool de benjoin
avec l'opium, & nous nommerons alcool de benjoin
aloéfé y la compofition dans laquelle le benjoin
eft tenu en diffolution par l’alcool avec une
certaine quantité d’aloès, parce que les fubftances
que l’on fait entrer dans ces compofitions ,
modifient la propriété de la fubftance principale *
& y ajoutent des qualités nouvelles.
2°. Nous nous bornerons à nommer alcool
d‘aloés composé, alcool de gentiane compofé, d’autres
préparations alcooliques, fans défigner une autre
fubftance qui entre dans la compofition, parce
qu’elles concourent toutes au même effet, & font
feulement des adjuvants de la fubftance défignée.
. 3 °. Enfin nous diftinguons d’autres efpèces par le
mode fuivi dans la préparation ; ainfi nous appelions
alcool de lavande par infufion , alcool de lavànde
par difiliation , ces liqueurs qu’on appelloit eau-
de-vie de lavande rouge, eau-de-vie, ou efprit de
lavande, &c.
Afin que l’on puiffe faifir plus facilement, &
en quelque forte d’un coup-d’oeil, les principes
qui nous ont dirigé dans cette réforme, également
néceffaire pour les progrès de la pharmacie
, & la pratique de la médecine, nous avons,
rédigé le tableau ci-joint qui préfente les divi-
fions, les dénominations anciennes & nouvelles
des préparations les plus ordinairement employées
dans la pratique de l’art de guérir, ou décrites
dans le plus grand nombre des pharmacopées.
On a déjà dit, & on ne manquera pas de le
répéter : « Que les dénominations jettent de
la confufion dans les idées, parce que, dit-on,
ceux qui apprennent la chimie entendront né-
ceffairement par alcool de potajfe, efprit-de-vin ,
OU efprit ardent tiré de la potajfe, ce qui feroit
abfurde, parce que la. potaffe ne fournit rien de
fpiritueux ».
Mais cette objection, & quelques autres de
même nature, que nous lifons dans la fixième
édition d’un ouvrage de pharmacie , imprimé en
1790, eft affurément plus fpécieufe que folide;
elle nous paroît plutôt diélée par un attache-
! ment fervile & irréfléchi pour les anciens üfages,
que fondé fur la raifon ; elle nous paroît même
contraire aux principes de dénominations généralement
adoptées dans toutes les pharmacies,
pour défigner les différentes compofitions ; en
effet, ne dit-on pas journellement onguent de cé-
rufe, de guimauve, de mercure, emplâtre de mi-
| nium y de bétoine ", &c. & ceux qui apprennent
la pharmacie ont-ils jamais entendu que ces on