
abondante chez quelques-uns & pftr une purgation
afifez violente chez le plus grand nombre. Quelques
etudians en médecine qui s’obfervèrent avec
plus de foin que les autres, crurent avoir une
fluxion de poitrine j car il y eut un léger crachement
de fang chez, plulieurs. Depuis cette expérience
qui prouve bien l’effet de l’oxide d'antimoine
répandu dans l'air fur les poumons, &
qn]on ne doit pas attribuer à l’arfénic dont on n'a
point démontré exactement la préfence dans ce
métal, j'ai foin de faire faire toutes les expériences
de détonations d'antimoine au - dehors de
mon laboratoire.
Les fubftances terreufes n’ont point d'aétion
fur 1 antimoine ; fon oxide entre facilement dans
les vitrifications, & donne aux verres des couleurs
orangées plus ou moins femblables à celle de
l’hyacinthe.
On ne connoît point l’aiîtion Mes fubftances
falino-terreufes & des alcalis fur l’antimoine ;
on a mieux apprécié celle des acides fur ce
métal.
L ’acide fulfurique n’agit point à froid fur l’antimoine
; mais lorfqu’on le fait bouillir lentement,
fur ce métal, il eft décompofé, & en oxide une
grande partie. Il s’exhale une grande quantité de
gaz lulfureux, & fur la fin il fe fublime un peu
de foufre. La malle qui refte après la décom-
pofition de l’acide eft un compofé de beaucoup
d’oxide métallique & d’une petite portion du
métal combiné à l’acide dans l'état de fulfate
d’antimoine. On fépare la partie faiine par le
moyen de l'eau diftiilée. C e fel Jf fortement évaporé,
eft très-déliquefcent, & n'e'ft pas fufcepr
tiède de criftallifation ; il fe décompofé facilement
au feu. L’ eau pure, les fubftances falino-terreufes
& les alcalis en fepgrent aufli les principes.
L’oxide d’antimoine formé par l’gcide fulfurique
& précipité de cet acide, eft très-difikilo
à rappeller à l’état métallique ; il paroît être très-
chargé d’oxigène, & fur-tout très-adhérent à ce.
principe de la combuftion. Loffqu’on précipite
cet oxide de l’acide fulfurique par les alcalis, il
s’unit en partie à çetrx-ci, & paroît former des
fels triple«.
L’acide nitrique attaque à froid & avec viva»
cité l’antimoinej il eft fortement décompofé par
ce métal, il eB oxide une très-grande quantité &
en diffout une petite portion. Cette dilïblution
fe fait bien à froid ; le fel qui en réfulte, féparé
par la leffiye de la portion oxidée, donne par l’évaporation
un nitrate d’antimoine qui eft fort dé-
üquefceat, qui fe décompofé au feu, & par les
mêmes intermèdes que le fulfate de cé métal. L’oxide
d’antimoine, formé par l’acide nitrique, eft
très-blanc ; il eft en même-temps un des plus réfractaires
& des plus difficiles à réduire de tous les
oxides métalliques. On diroit qu’il n’eft plus pof-
fible de lui faire reprendre la forme métallique ;
en yaia oa le chauffe avec le charbon, le« huiles,
le fuif; il acquiert une couleur noire fans reprendre
facilement l’état métallique par aucun procédé
connu. Ori n’obtient qu’avec la plus grande .peine
quelques globules d’antimoine. Aufli tous les chi-
miftes dirent-ils, d’un commun accord, que cet
oxide eft irréductible. 11 ferait très-utile de faire
des recherches fuivies fur ce fingulier oxide d’antimoine.
L’acide muriatique paroît agir plus.difficilement
fur l’antimoine que les autres acides. Cependant
il le diffout à l’aide d’une digeftion longue, &
l’oxide moins que ne font les. acides fulfurique
Sr nitrique. J’ ai obfervé qu’en laiffant pendant
long-temps cet acide fur de l’antimoine en poudre,
il agit lentement fur ce métal & en diffout
une bonne quantité ; le muriate d’antimoine
qu’on obtient en petites aiguilles par une forte
évaporation, eft très-déliquefcent. II-fe fond au
feu; il fe volatilife, & il fe décompofé par l’eau
diftiilée, comme le muriate d’antimoine fublimé
nommé beurre cCantimoine , que nous connoîtrons
par la fuite , & dont il ne diffère que très-peu.
M.^ Monnet, qui a bien décrit cette combinaifon
opérée par une chaleur affez forte, -obferye que
celle que l’on fait avec un oxide d’antimoine
diffère beaucoup de celle qui eft préparée avec le
métal par fa fixité & fa manière de criftaliifer
en lames.* comme le fulfate de chaux .& l’acide
boracique. D ’ailleurs cette efpèce de fel eft dé-
compofable par l’eau. J’ai eu occafion d’obferver
que dans les diffolutions d’antimoine par l’acide
muriatique & au moyen de la diftillation, il y a
toujours une portion faiine qui fe volatilife par
Ifa&ion du/eu & qui reflemble à celle dont M.
Monnet a fait mention * cela dépend de ce
qu’elle a été fortement oxidée par l’acide. Cette
ôbfervation peut être également appliquée à pref-
que toutes les diffolutions métalliques qui fe trou-
yent dans plufieurs états différensQfuivant qu’elles
contiennent le métal plus ou moins brûlé pu oxigené.
Bergman dit que l’acide muriatique a plus
d’affinité ayec. Fantimoine .que n’en ont les autres
acides. On voit bien que dans cette diffolution
de l’antimoine par l’acide muriatique, l’eau eft dé-
eompofée,: fon oxigène fie porte fur le métal,
Foxide & le rend aiflbluble par l’acide muriatique
5 car on fait que cet acide ne peut pas êire
décompofé par les corps combuftibles.
L’acide muriatique oxigené brûle Fantimoine
avec la plus grande facilité. M. Veftrumb a découvert
que Fantimoine en poudre, jetté dans du
gaz acide muriatique oxigené, brûle rapidement
& avec une flamme blanche très-brilknte. J’ai
répété cette expérience un grand nombre de fois
avec fuccès; la cloche fe remplit d’une vapeur blanche
très - épaiffe, & Fon trouve fur fes ;parcis
du muriate d’antimoine folide $ fi Fon y verfe
de l’eau , il fe précipite une grande quantité
d’oxide d’antimoine, comme cela a lieu pour
Fefpèce de muriate d’antimoine fubiimé, qu’on
nomme beurre d’antimoine. En faifant paffèr du
gaz acide muriatique oxigené dans de l’eau au fond
de laquelle eft contenu de Fantimoine en poudre
agité à l'acide d’un mouffoir de verre, jufqu’à ce
que ce métal oxidé par les premières portions de
l’acide foit diffous par celles qui arrivent en-
fuite , on n’auroit plus qu’ à évaporer & concentrer
cet-te liqueur, pour avoir fous forme folide
& criftalline le muriat e d’antimoine cauftique,
qu’on nomme beurre d’antimoine & qu’on prépare
à fi grand frais par la décompofition du muriate
.de mercure cotrofif diftillé avec de l’antimoine,
comme on l'expofera dans l’hiftoire du
mercure. Le procédé que j’indique ici eft très-
économique 8c très - avantageux pour les phar-
macies.
L’eau régale, ou l’acide nitro-muriatique, diffout
l’antimoine plus efficacement que chacun des
acides qui le compofent, parce que Fa&iyité de
l’acide muriatique eft augmentée en raifon de fon
union avec l’oxigène féparé de Facide nitrique. Le
nitro-muriate d’antimoine eft fort déjiquefcent,
8c peut être décompofé comme les autres combinaifons
falines de ce métal. En l’évaporant fuffi-
famment on le convertit en muriate pur d’antimoine
ou beurre d’antimoine.
On ne connoît pas les combinaifons. des acides
fluorique, boracique & carbonique avec l’antimoine.
On fait feulement que ces acides n’ont pas
d’aétion fur ce métal.
Aucun acide végétal n’a d’aétion fur Fantimoine
, mais tous paroiffent en avoir fur fès oxides.
On ne connoît cependant prefque point l’union
du plus grand nombre de ces acides avec les
oxides de ce métal; on fait feulement que l’acide
benzoïque difiout facilement Foxïde d’antimoine,
que l’acide oxalique forme avec l’oxide d’antimoine
un fel en petits criftanx grenus, que le vin
' en diffout une portion 8c qu’il prend les câraétères
d’un émétique plus ou moins violent par cette
combinaifon ; enfin que 1 acide acéteux diffout
également une portion de cet oxide, puifqu’avant
la connoiffance du tartrite d’antimoine, Angélus
Sala avoit confeillé, comme vomitive, unè préparation
d acétite antimonié. Quant à l’aétion de
Facide & de l’acidule tartàreux fur Foxide d’antimoine,
il eh fera queftion à la fin de cet article,
parce qu’on ne combine cet acidulé qu’avec plusieurs
préparations antimoniées, qui ne font point
encore, décrites 8c qui appartiennent à Fhlftorre
du fulfure d’antimoine, dont on ne doit s’occuper
lci qu’après avoir fait celle du métal lui-même.
On a de même peu examiné l’aélion des acides
animaux fur l’antimoine, ainfi que les .combinaifons
de ces acides avec les oxides de ce métal.
autres acides, le muriatique, l’oxalique, le fulfurique
Suivant Bergman Facide fébacique a une forte
attraélion pour Foxide d’antimoine, puifqu’il le
place dans le premier rang de la colonne qu’il, a
deftinée<aux attractions de ce métal.
Qa trouve enfuite , 8c dahsfordre fuîvant x fes
, le pyromuqueux, le nitrique, le tarta-
reux, le fach-laétique, le phofphorique, le citrique,
le fuccinique, le fluorique, l’arfénique, le
formique , le laétique, l’acéteux, le pyroligneux,
le malique, le tunftique, le boracique , le prufli-
que, & pour le dernier l’acide carbonique. 11 ne
faut pas regarder ces attractions comme entièrement
& complettement connues; Bergman en a
foupçônné- feulement le plus grand nombre ; voici
comment il s’explique lui-même à cet égard. Les
affinités de Fantimoine ont été peu examinées
jufqu’à préfent ;. elles préfencent aufli beaucoup de
: difficultés, parce que les combinaifons de ce mé-
I tal ne font folubîes qu’à la faveur d’un excès d’acide.
Le premier rang appartient à Facide fébacique,
& le fécond à Facide muriatique. L’acide
oxalique chafle le fulfurique5 celui-ci & les acides
nitrique & muriatique l’emportent fur Facide ar-
fénique, qui eftcepéndant plus puiflant que l’acide
acéteux. Je n’en ai pas encore pu déterminer davantage
d’une manière fure.
Le fulfure d’ antimoine ou la combinaifon naturelle
du foufre avec le métal, ie diffout mieux
en général, 8c s’oxide moins que le métal lui-
même. On a cru que cela dépëndoit de ce que le
foufre défend en partie Fantimoine de Faéiion
des fubftances falines, 8c on a confidéré alors le
foufre comme une efpèce de vernis recouvrant
le métal : mais il y a là un autre phénomène
chimique. Le foufre a de Fàttraêïion pour l’oxi-
gène ; il tend à brûler & à décompofer pour cela
les acides- 11 éptiife donc ainfi une partie de Faction
de ces fels, ou plutôt il balance l’attraêtion
; du métal pour leur oxigène ; fouvent même il
en enlève une partie qui le brûle & le convertit
en acide fulfurique. C ’eft ce qui arrive , quand on-
jette du fulfure d’antimoine dans de l’acide nitrique
affez fort 8c mêlé d’acide nitreux.
L’acide nitro-muriatique agit doucement fur ce'
minéral : c’eft un très-bon moyen d’en féparer le
foufre, qui fe précipite fous la forme de poudre
blanche. M. Baumé confeille d’employer pour
cette opération une eau régale y compofée de quatre
parties d’acide hitrique & d’une d’acide muriatique,
mais il n’a pas déterminé la force de ces acides.
Lorfque Faction de cet acide mixte eft appaifée,
on filtre la diffolution, on lave avec foin le foufre
refté fur le filtre, on le pèfe , 8c Fon fait ainfi
quelle eft la quantité refpeétive de foufre & d’antimoine
contenue dans la mine qu’on analyfe ;
mais il faut obfèrver que le foufre eft toujours
mêlé d’une petite quantité d’oxide d’antimoine,
de forte qu’on ne doit pas regarder cette expérience
comme d’une très-grande exaêlitude , à
moins qu’on n’ait féparé auparavant parles acides
la portion d’oxide mêlée au foufre. Il y a.encore-
une autre fource d'erreur, c’eft que le foufre en
agiflant de fon côté fur Facide nitrique , eft ea
j partie converti en acide fulfurique , 8c fe trouye