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A LU D , ou Amplement UD. 'Pharmacie.')
Dénomination des arabiftes , pour défigfter le
bois d'aloës ou agallochum. ( Pbye% ces mots.)
ALUDELS. Figure 5 y des inft rumens & four-
ne aux. Les chimiftes ont nommé alùdels , des
efpèces de pots ouverts par les deux bouts, renflés
dans leur partie moyenne, & portant chacun
une gorge à leur partie fupérieure pour fie joindre
enfemble, enforte que quand ils font réunis, ils
forment un tuyau ( fig. 3 £ , même planche, j plus
ou moins long , fuivant le nombre de pots donc
il eft compofé > celu^que l'on deftine à terminer
le tuyau, doit être fermé à fa partie fu-
pérteure , ou n'avoir qu'un petit trou pour le
paflage de l'air. Cependant ce pot eft quelque^
fois ouvert comme les autres, mais on le cou-,
vre d'un chapiteau de verre aveuglé , ( fi g. 37 ,
même planche , ) c'eft-à-dire , dont le bec n'eft
point ouvert. Cette conftru&ion vaut même
mieux que l ’autre, parce qu'a travers ce cha-
piteau , l'on peut par quelques phénomènes qui j
s'y présentent juger des progrès de l’opération. ;
La réunion des aludels n'eft donc qu'une efpèce i
de récipient ou de chapiteau que l'on peut agrandir
& diminuer à volonté. Leur ufage eft en
général de recevoir des matières fècftes réduites
en vapeurs dans une ctieurbite de terre 3 (fig. 3 8 3
même planche , ) fur laquelle ils doivent être
pofés. C ’eft ainfi qu'on prépare les fleurs de
foufre, ou le foufre fublimé , l'acide. benzoïque ,
l'oxide d'arfenic38cc.(Vroye^ Sublimation.)L'on
pourroit faire ces vafes de beaucoup de matières
différentes , mais il n y en a que de terre ou de
fayence j d'ailleurs leur ufage eft fi peu étendu
aujourd'hui & fi peu néceffaire, qu'il n'eft pas
étonnant qu'on ne s ’en foit pas occupé davantage.
( M. V auqueliïi. )
ALUDIL. ( Pharmacie. ) Nom donné au mercure,
par quelques écrivains arabiftes.
ALLUFULFUMEN. ( Pharmacie.) Expref-
fion barbare que l'on trouve dans quelques anciens
pharmacographes , & par laquelle, dit Ma-
nard, il paroît qu'ils ont voulu défîgner l'efpèce
de plante que nous connoiffons fous le nom d’ocy-
mum ou bafilic.
ALUM. ( Pharmacie) Nom donné par quelques
écrivains arabiftes à ia grande confoude.
ALUME. Voyei A LTA LCH .
ALUMIN E. C e mot a fon étymologie très- '
facile à déterminer dans le mot latin alumen 3
aluminis, & il éft formé comme on voit du
génitif. C ’eft M. Morveau , qui le premier
a propofé cette dénomination pour défîgner la
terre de l'alun, que l'on appelloit argile avant
même qu’on fût bien inftruit de la différence
qui exifte entre ces deux fubftancës 3 niais depuis
que cette différence eft bien connue, (voyel le
mot A r g il e , ) on a fenti la néceffîté de pofféder
un nom particulier, pour défîgner convenablement
la terre pure, qui fait la bafe de l'alun.
L'expreffion propofée par M. Morveau , a été
adoptée unanimement comme très-propre à remplir
ce but , par les phyficiens françois , qui ont
concouru à la formation de la nouvelle nomenclature.
( MM. Lavpifier , Morveau , , Berthollet,
Fourcroy. ) Vqye^ NOMENCLATURE.
Dans l'état aéluel de la chimie , 8c fur-tout
relativement ,à fon union avec les arts , & à
l'influence qu'elle doit bientôt avoir fur la rapidité
de leurs progrès, les combinaifons, & en
général l'hiftoire chimique de l'alumine , préfen-
tent un des objets les plus importans, 8c doivent
être expofées dans tout le détail néceffaire , foit
pour faire eonnoître à . fond les propriétés de
cette terre , foit pour mettre fur la voie dès
nouvelles découvertes que la fcience délire encore
fur cette matière j car on fçait, que nous
avons toujours en vue de remplir ’ ces deux objets
dans cet ouvrage. En conféquence , nous
nous occuperons fucceffivement, 8c dans cinq
paragraphes fèpârés, i 0.d e I'hiftoïre des principales
découvertes faites fur l'alumine 5 2°. de
fon ; extraction & de fa purifications de
fes attrapions 8c de fes combinaifons 5 40. de fa
; nature intime, ou de fa compofition j 50. de fes
ufages en la confidérant dans la nature & dans
les arts.
Ces divifîôns font prefque les mêmes que
celles qui ont été fuivies dans l'article généra!
des alcalis, 8c l'on verra qu'en effet l'alumine a
des rapports remarquables avec ces fels ; aulfi le
même ordre nous guidera-t-il conftamment dans
les articles des diverfes terres , telles que la
baryte, la chaux, la magnéfîeSc la filice , ainfi
que dans ceux des trois alcalis, ammoniaque ,
potaffe 8c foude , & dans l'hiftoire d'un grand
nombre d'autres fubftances.
11 n'eft pas befoin fans doute de faire obferver
que comme il eft queftion d'une des cinq terres
qu’on a trouvées jujqu'ici dans l'analyfe chimique
des produpions naturelles 3 on fuppofe que le
lePeur connoit déjà les propriétés générales des
terres, qu'il fe rappelle leurs carapères définitifs
, ou que fi il commencé l’étude de la fcience,
il aura lu d'abord l'article général des terres.
§. I. Hijloire des principales découvertes relatives a
l’alumine.
On eft bien étonné lorfqu’on recherche l'époque
des connoiffanees exaPes que l'on a acquifes
en chimie , de reconnoître que fur la plupart
des fubftances dont on s'occupe , elles n'ont été
acquifes que depuis le milieu de notre fiècle, 8c
A L U
que -toutes celles qu'on poffédoit auparavant n'é-
toiënt que des notions vagues , inexaPes & in-
certaines, fou vent même des erreurs' très-grof-
fières. Cette affertion eft fur-tout applicable aux
matières terreufes , 8c particulièrement à l'alumine.
Il n’y a pas. plus de quarante ans , que
les chimiftes croyoient tous que la bafe de l’alun
étoit une terre abforbante, une véritable terre j
calcaire. Margraf eft le premier , qui par la
précifion fingulière de fes procédés & de fes
expériences,ait commencé à 'foupçônner que cette
bafe n’étoit pas de la même' efpèce' que la terre
à chaux , mais il ne s’eft pas expliqué fur fa
nature particulière. Baron en appuyant .le fenti-
ment de Margraf fur. la différence de: la bafe
de l’alun d’avec une terre calcaire , s’eft plus
éloigné que lui de la vérité en voulant déterminer
fa nature , puifqu'il lia. indiquée comme une
terre métallique. C'eft à Macquer que l'on doit
la première, connoi{Tancé. exaPe de la bafe de -
l'alun 5 il a fait voir qu'elle étoit conftamment
Contenue dans les argiles, 8c que ce n’étoit que
de l'argile pure ; à la vérité il n'a point affez
infifté peut-être fur la différence de cette terre
pure, d'avec ce qu'elle eft dans là nature, & à
cet égard M. Baume a beaucoup infifté fur-cette
différence quoique les. idées qu'il avoir adoptées
fur l'analogie de. la bafe de l'alun avec le i
gypfe ou le fuifate de chaux ,, forent bien éloignés
de la vérité. En comparant tout ce qu'on a écrit
fur la bafe. de l'alun depuis Pott 8c Margraf ,
jufqu'aux temps tout-à-fait modernes on recon-
noît facilement que les incertitudes , les idées
vagues, les inexactitudes qui ont d'abord régné
ftix cette.terre malgré les,expériences du dernier
de cqs chimiftes tiennent .prefque; entièrement
au défaut de l'inexactitude 3 c'eft même ici le
lieu de faire appêrçevoir combien la précifion &
Ja propriété du langage: influent fur la clarté 8c
la netteté des idées. La confufion du mot argile ■
lignifiant tantôt la bafe de l'alun, tantôt fes terres
argiîeufes que préfeh'te la nature, eft la principale
fourçe des incertitudes qui long-temps ont
obfcurçi l’hiftoire de cette terre dans les leçons
8c les .ouvrages de chimie. 5 dans; la nouvelle nomenclature
, on ne peut plus craindre ces embarras
,, ces obfcurités , ces erreurs mêmes. Le mot
alumine défigne uniquement la bafe de l’alun ,
la terre qui eft combinée avec l’acide fulfurique
en excès dans le fuifate acide d’alumine , 8c on
ne peut plus la confondre avec les argiles , ou :
les pierres argiîeufes qui font ou des mélanges,
ou des combinaifons naturelles de différentes
fubftances terreufes, ni avec aucune autre efpèce :
de terre 3 ainfi cette dénomination nouvelle qui
tient effentiellement à l’hiftoire dé cette terre ne
permettra plus qu’on fe méprenne fur fa nature
particulière, 8c forcera de fe rappeller les
propriétés qui la diftinguent 8c qui la caraétéri-
f e n t .
A L U 1.87
§. IL De l ’exira ilion & de la purification de l ’alumine.
On ne peut pas douter que les incertitudes
qui ont pendant fi long-temps régné fur la bafe de
l'alun, ne dépendiffent auffi 8c fpécialement de
la méthode peu exaéte qu’on err.ployoit autrefois
pour examiner les terres 8c fur-tout pour les
'obtenir. 11 fuffifoit de voir une précipitation
opérée dans une diflolution faline par un alcali ,
pour regarder ceprécipité comme une terre abforbante
, 8c l’on renfermoit fous la même dénomination
, toute terre féparée par un alcali , en
rai fon .de la propriété qu’on avoit reconnue en
général dans une terre foluble d’abforber les.
acides 3 enfuite, comme. la terre calcaire étoit
celle qu’on trouvoit le plus fréquemment dans les
expériences , c'étoit à elle qu’on rapportoit tous
les précipités terreux qu’on obtenoit. Lorfque par
les travaux fucceffifs de P o t t , Margraf, Baron ,
8c Macquêr, ont eut découvert que la bafe de
l’alun étoit une.terre analogue à l’argile, il fut
facile de reconnoître que pour obtenir cette terre
pure , il falloir la féparer de l'alun 5 on com mença
donc par confeiller de précipiter une diffolu-
ti.on d’alun par l’alcali fixe, mais on étoit bien loin
d’avoir encore, dans ce procédé fimple, un moyen
d'obtenir la bafe de .l’alun pure 3 ce n’étoit point
là de l'alumine , comme nous la connoiffons
aujourd'hui. Baron dans fon mémoire fur cette
terre , imprimé parmi ceux, de l'académie pour
l’année 1760 3 reconnut que la terre précipitée de
l’alun .par l’alcali fixe , quoique bien lavée, conte-
no.it,de l'acide fulfurique ou vitriolique comme on .
l'appelloit alors. 11 employa un moyen fimple pour
l’en débarraffer 8c pour purifier cette terre , c e- .
toit .de k faire bouillir dans une leffive alcaline ,
& de la laver enfuite avec affez d’eau bouillante
pour emporter tout l'alcali dont elle pouvoit être
imprégnée 5 à l'aide de ce procédé il obtint la
bafe de l’alun affez pure ■ , pour qu’elle ne donnât
plus de : traces d’acide fulfurique , en la chauffant
fortement avec le charbon 3 mais cela ne pouvoit
fuffire qu'à l’époque-où travailloit Baron.. Douze
ans après ce travail , Black ayant examiné de
prefque découvert dans les alcalis, L’an fixe qui
eft nommé aujourd’hui acide> carbonique , on
reconnut que ces fels employés pour la précipitation
des terres , leur fourniffoient toujours de
l’air fixe ou acide carbonique , de forte qu'elles,
ne fe féparent point pures 8c. telles qu elles étoient
■ unies aux aeides , mais combinées avec celui qui
,étoit contenu dans les alcalis 3 l’alumine précipitée
/de l’alun par l'alcali fixe ordinaire ou/chargé
d'une quantité plus ou moins grande d’acide carbonique
, fe combine donc avec ce dernier acide ,
à mefure que l’alcali fixe s’unir à l’acide fulfurique
, 8c au lieu d avoir de l’alumine pure , on
a du carbonate d’alumine. Enfin, la tendance ou
I l’affinité de l’alumine pour les matières métal-
[ liques, 8c fur-tout pour les oxides de fer, connus
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