
l’alcoql , 8c c. On répare par le repos , par la décantation
, par les filtrations , par l’expreffion , les
différens fluides mêles les uns avec les autres ,
ou contenus dans les mailles & dans les véficules
des 'différens tilTus. < n examine l’adtion de ces,
fu b fiances fur les matières colorantes ; onobferve
les changement divers qu’ellts éprouvent a des
températures différentes. ( n évapore avec foin
les liqueurs animales , 8c Ton en retire fans altération
lès différens fels qu’elles contiennent.
C ’eft en employant ces moyens d’analyfe que
les chimiftes modernes ont fait pîufieurs découvertes
importantes fur les fubfiançes animales.
Scheèle y a trouvé quelques acides différens de
tous ceux qui étoient connus , & fur-tout les acides
la&ique, faccho-lactique, üthique , 8cc. M. Ber-
thollet a démontré la préfence de l’acide phof-
phoriqne à nud dans l’urine 8c dans la fueur ; il
a aufli trouvé dans les matières animales une quantité
remarquable d’azote. Cette dernière découverte
eft un des points les plus importans de i’ana-
lyfe , animale ; la préfence de l’azote dans ces
fubfiançes , 8c fur-tout dans les parties fibreufes ,
explique la différence de matière qui exifte entre
ces fubfiançes & les matières végétales. 11 fuffit
pour en retirer ce corps en fluide éîaftique , ou
en gaz azote , de traiter la chair des mufcles
avec l’acide nitrique ; il fe dégage en quantité
affez confidérable, même fans le fecours d’une
chaleur étrangère ; ce gaz paffe avant le gaz nitreux
, & l’on doit interrompre l’opération , &
changer de cloches , lorsque ce dernier commence
à fe dégager; c’eft-à-dire, lorfque l’acide nitrique
Commence à fe décompof'er.
M. Berthollet explique par cette découverte
la formation de l’ammoniaque, que donnent les
fubfiançes animales par l’acHon du feu , la production
& le dégagement de ce fel par la putréfaction
, le rapport qui exifie entre ces fubfiançes
&■ celles des matières végétales qui font fufcep-
tiples de fe pourrir, & qui fourniffent comme elles
de l’ammoniaque par la diftillation. Il paroît en
effet que cet alcali fe forme dans l’un & dans l’autre
cas par la çoirbinaifon de l’hydrogène avec l’àzote.
Je crois ne pouvoir mieux faire que de donner
ici ce que M. Berthollet a expofé fur la nature
générale des fubfiançes animales dans un mémoire
lu à une féance publique de la faculté de médecine
, 8r inféré'dans le journal de phyfique, tome
2.8 , page 172. Je lai fierai l’auteur parler.
Les corps organifés font principalement com-
pofés de deux fubfiançes qui ont des caractères
difiinCtifs très-marqués. Les unes donnent de l’acide,
lorfqu’on les décompofe par l’aCtion du
feu , 8c les autres de l’ammoniaque ; les unes font
.propres à former de l’alcool par la fermentation,
les autres fe putréfient immédiatement, & donnent
encore de l’ammoniaque 5 les, unes lai fient par la
calcination, un charbon qui fe brûle facilement,
les mitres fe réduifent en un charbon dont la
combufiîon eft difficile; enfin les unes forment
.à pius grande partie, des fubfiançes végétales,
& les autres , la plus grande partie des fubf-
tances animales , & de-là vient qu’on les diftin-
gue par ces deux dénominations.
Al. Bergman avait formé, par le moyen du
fucre 8c ae l’acide nitreux, un acide qu’il nomma
acide faccharin , 8c qui a des propriétés. remarquables
5 j’appliquai aux fubfiançes animales cette
efpece d analyie par l’acide nitreux, 8c je trouvai
que toutes aonnoient une quantité plus ou
moins grande d’acide Jacchàrii ou oxalique ; mais
toujours accompagné d’une huile particulière ;
j oofervai qu’on ne retiroit point de fel ammoniacal
; mais qu’il reftoit un réfidu que l’on ne re-
trouvoit pas dans les fubfiançes végétales. Je conclus
de ces premières expériences, mémoires de
l'ncaaêmse^ 1780, que ces fubftànces contenoient
une matière analogue au fucre , 8c une huile que
je regardois comme propre aux fubfiançes animales.
Aies expériences m’apprenoient encore que
1 ammoniaque n’exiftoit pas dans les fubfiançes animales
: mais qu’il étoit dû à une combinaifon
qui fe- formoit ou par l’aCtion dè la chaleur , ou
par 1 influence de la putréfa&ion, 8c enfin , le
réfidu fur lequel je ne m’expliquai point dans.ee
mémoire, contient de l’acide phofphoriaue en
excès, combiné avec la terre calcaire.
J examinai enfuite l’aétion que la chaux 8e les
fels métalliques exercent fur les fubfiançes animales,
Se je prouvai que cette aétion à laquelle
eft dite leur caufticité , eft une fuite des affinités
chimiques des oxides métalliques qui tendent à fe
revivifier avec plus ou moins de force; de forte
que ceux qui fe revivifient très-facilement, telles
que les oxides d’argent, de mercure , ont beaucoup
de caufticité 8c forment des fels très-cauf-
tiques. il refaite de-là , en appliquant les découvertes
modernes des phyficiens à la théorie que
j avois donnée , que c’ett l’oxigène combiné dans
les oxides métalliques 8c privé du principe de
1 elafticite, qui tend à s’ unir avec un principe des
fubfiançes- animales, 8c ce principe me paroït
être l’huile qu’elles contiennent; mais la caufti-
cite des alcalis ne pouvoit être attribuée à la
même caufe , elle devoit être l’effet d’une autre
affinité. J’ai prouvé dans les’ mémoires de l’académie
de 178 1 , que l’alcali fixe cauftique difibl-
voit les fubftànces. animales , fans défunir leurs
principes; j’ai fait connoître les propriétés de
cette combinaifon , & je m’en fuis fervi pour
unir enfuite la fubftance animale avec les différens
oxides métalliques ; il en eft réfui té pîufieurs
combinaisons qui étoient inconnues aux chimiftes,
mais l'alcali cauftique traité de même avec les
fubfiançes végétales n’a point formé de combinaifon
avec elles.
En fuivant mes recherches , je fuis parvenu à
déterminer les principes de l’ammoniaque : j'ai
fait voir que cette efpèce <£ alcali £ toit un compofé
d'hydrogène
A N A
d’hydrogène de l’azote ou mofete , de forte que
l’hydrogène fait à-peu-près le fixième en poi^s
ou les deux tiers en volume de l’ammoniaque ,
lorfqu’il eft fous la forme déjà inflammable. J’ai
enfuite déterminé comment l’ammoniaque peut
être produit par la putréfaction ou par l ’aCtion. du
feu. Toutes les fubfiançes qui ont le caraCtère de
fubftance animale contiennent de l’azote , qu’on
peut en féparer abondamment par le. moyen de
l’acide nitrique : il faut donc, lorfqu’on diftile
ces fubfiançes, que leur azote paffe dans quelque
combinaifon , ou qu’on la retrouve dans les pro--
duits aériformes ; or on ne la retrouve point
dans ces derniers ainfî que je m’en fuis afluré en
faifant détoner le gaz inflammable qu’on obtient
par ce moyen , dans l’eudiomètre de M. Volta,
8e.en le comparant avec le gaz inflammable, qu’on
obtient par la diftillation du charbon & celle des
fubfiançes végétales ; il n’y a dans les autres produits
de la diftillation que l'ammoniaque qui ait pu
recevoir l’azote- dans fa compofition. Lors donc
qu’il fe forme de l’ammoniaque, l’azote des fubf-
tancés animales fe combine avec l ’hydrogène qui
fe fépare de l’huile , ou plus probablement avec
celui qui provient de la décompofition de l’eau ,
dont l’oxigène fe combine en même-temps avec
du carbone pour former de 1 acide carbonique. Dans
la putréfa&ion l ’hydrogène fe combine avec l’azote,
au lieu que dans la fermentation vineufe , ce même
principe fe combine avec une huile végétale
8c au fucre pour former l’alcool, dans lequel j*ai
retrouvé 8c fëparé ces fubfiançes par le moyen de
l’acide muriatique oxigené.
Il réfolte de ces différentes obfervations , que
les fubftànces animales font beaucoup plus com-
pofées que les fubfiançes purement végétales ;
elles contiennent une matière analogue au fucre,
une huile particulière, de l’acide phofphoriaue
combiné avec un peu de terre calcaire, de l ’azote,
& très-probablement de l’acide carbonique; c’eft
l’acide phofohorique qui fe retrouve dans les charbons
des fubfiançes animales , combiné avec une
portion de véritable charbon, d’huile 8c de terre,
qui me paroît former la différence qu’on remarque
entre les charbons des fubfiançes végétales 8c
ceux des fubftànces animales.'
Telle eft la manière claire &Mumineufe dont
M. Berthollet a connu 8c exprimé il y a quelq
u e s- années la nature générale des fubftànces
animales.
Lorfqu’on compare cet réfultats précis aux
idées Vagues que l’on avôit préfentées jufqu’ici
fur la différence des matières animales 8c végétales
, on eft frappé des progrès que là chimie a
faits depuis Quelque temps, par les recherches
des chimiftes Suédois 8c François. 11 y a tout lieu
d efpërer que des travaux fuivis fur les matières
animales d’après le plan tracé par les plus célèbres
chimiftes, depuis-Margraf 8c Rouellejufquaumo-
*uent aêtuel, donneront beaucoup ae connoif-
Chimie. Tome II.
. A N A 301
fances fur ces fubftànces , fur leur formation, leur
altération 8c leur deftru&ion , 8c feront fpéciale*
ment très-utiles à l’art de guérir.
11 y a aêhiellement quinze ans que je ne cefle
de traiter par tous les moyens que l’art fournit les
diverfes fubftànces animales ; on a du déjà voir
dans l’article albumine à quelles découvertes peut
conduire l’analyfe chimique^ telle qu’elle exifte
aujourd’hui. J’ai trouvé la caufe de la concrefci-
bilité de la matière albumineufe dans la fixation 8c
la combinaifon de l’oxigène. En traitant les calculs
biliaires, le parenchyme du foie humain expofé
pendant long-temps à l’air, la matière des cadavres
dépofés dans la terre 8c convertie en gras , j’ai
découvert la préfence d’une très-grande quantité
de fubftance huileufe analogue au blanc de baleine
dans un grand nombre de produits animaux. Les
calculs ou les concrétions pierreufes de l’homme
8c des animaux, fitués dans pîufieurs régions différentes
; celles delaveflie , des reins , des inteftins,
les incruftations 8c dépôts tophacées des articulations
dans les goutteux , m’ont offert des réfultats
utiles pour la phyfique animale ; les calculs
biliaires que l’analyfe chimique que j’en ai faite
m’a permis de diftinguer en pîufieurs ëfpèces
m'ont également préfenté des indurions d’un
grand intérêt, pour la formation de la bile , 8c
pour la connoilfance des maladies du foie. O11
doit rapporter ici l’analyfe du foie de la raie, faite
par A4. Vauquelin , 8c dans laquelle il a eu oc-
cafion de faire quelques obfervations immédiatement
appliquables à la phyfique animale, 8c notamment
à la découverte des fondions encore trop
peu connues du fyftême biliaire. Une analyfe
nouvelle du fang , de diverfes efpèces de lait 8c
de leurs produits, m’a offert il y a deux ans un
allez grand nombre de faits qui doivent contribuer
à l’avancement de la phyfique animale. J’ ai fait
voir il y a déjà long-temps ,.que l’analyfe exaête
dès différens tifliis du corps des animaux 8c fur-
tout des mufcles , du parenchyme des vifeères ,
des lames membraneufes , pourroient jetter un
grand jour fur la nutrition ,. fur Ta formation de
chacun de ces organes, qui a fa compofition différente
8c qui doit avoir de même fa nutrition 8c
fon influence particulière dans le fyftême animal.
Un examen détaillé de la fubftance cérébrale donc
on trouvera Texpofé au mot C erve a u, confirme
aujourd’ hui ce premier réfultat. On cônnoit tout
le mérite du travail de Scheèle fur les o s , 8c de
fa découverte relative au phofphate de chaux
qui les forme ; on ne doute point de l’utilité de
ce travail pour la connoilfance de l’ofteogénie 8c
des maladies, des os. A4. Berthollet a ouvert également
par fa découverte de la variété de l’acidité
des urines chez les goutteux , un champ très-
vafte aux découvertes médicinales fur la nature
Scia caufe de la goutte. Plus récemment un autre
champ de recherches importantes 8c de découvertes
immédiatement utiles aux progrès de l’art