
mercure , la bouteille fe trouve fermée 8c ne communique
plus à l’extérieur que par les tubes. Pour
ne faire entrer en aucune manière le lut gras , ni
tout autre efpèce de lut , M. Lavoifier propofe de
fe fervir de cornues, jointes hermétiquement avec
le récipient ; on voit mêmé figure un appareil
monté d’après les principes qu’on vient d’expofèr.
Si cette manière d’intercepter la communication
de l’air d’avec l’intérieur des appareils , a quelques
avantages fur les autres , elle a cependant fes in-
convéniens. i°. Les vafes qui y font nécëffaires
font d’une forme affez difficile à exécuter , & par
conféquent font beaucoup plus chers que les vaif-
feaux ordinaires ; 2°. le mercure qui fert de lut
eft une matière précieufe qui augmenteroit beaucoup
le prix des expériences par la perte continuelle
& indifpenfable qu’on en feroit 5 4°. il nev peut
être employé que dans les opérations où les gaz
formés n’ont point d’ aétion fur le mercure 5 5 V
quoique M. Lavoifier ait dit que le lut gras fe
fond à une forte chaleur , le mercure eft auffi fen-
fible àfonaélion &.il fe volatilife 5 6°. il faut que
le couvercle B foie aftujetti par une force égalé ",
a la réfiftance qu’oppoferont lès liqueurs des flacons
, l’eàu de l’appareil. pne'umatochimique & le
poids du mercure qui cherche à l’élever à fa fur-
face. On voit donc qu’en total , cet appareil a au
moins autant de défauts que ceux dont on fe fert
communément , 8c qu’il ne fera employé que dans
quelques opérations rares. 70. Ces couvercles
confervent une portion d’air commun qui fe
mêle avec le produit 8c en altère lapureté , &
complique le réfultat fi l’on cherche de l’exactitude.
Appareil de Boerhaave,
C e t appareil., figure ï i bis eft compofé d’un
petit pied de bois A qui porte un gobelet élevé B.
A la partie fupérieure du pied de bois , eft une
échancrure dans .laquelle marchent horifontalement
deux branches de cuivre C C , qui fupportent a
angle droit chacune une tige de cuivre U D , qui
fe divifentà leur partie fupérieure en, deux bras
E E ,j percés pour recevoir des vis. Ces vis font
deftinés à retenir les deux bouteilles F F , en s’enfonçant
dans un petit trou qu’elles ont dans l’anneau
placé à leur;col.
Quand on veut fe fervir de cet appareil, on le
place fur la platine de la machine pneumatique, on
le couvre d'une cloche garnie d’une boètëà cuir,
cuir, traversée par un'e tige de cuivre à l’extrémité
de laquelle eft viffé Un croiffant. Le vuide
ayant été fait, 'on place dans le vafe du milieu,
une matière d’où l’on veut extraire un fluide élaf-
tique quelconque, on enfonce lajtige du croiffant
dans la cloche , ’on comprend dans le croiffant, le
col de la bouteille remplie d’un liquide approprié
à l’expérience, 8c dont le point de fufpenficn eft
mobile 5 on incline le bec de la bouteille fur le
godet, & le liquide tombe fur la fubftance effèr-
vefeente. En partant d’un vuide connu, on çon-
noît plus exactement par le moyen de cet appareil
, que par ceux de Haies la quantitéde fluide
élaftique produit ou Amplement dégagé. Mais
s’il eft plus facile de l’apprécier dans cette expérience
qui ne peut être faite que fur des matières
effervefeentès, iln’eft pas auffi aifé d’iioler le fluide
élaftique, 8c de l’obtenir à part pour l’examiner.
Ainfi cette méthode ne peut non plus fervir qu’à
démontrer la vérité.générale d’un fait, fans pouvoir
être appliqué aux vérités particulières qui doivent
en découler. Ces expériences, 8c les appareils qui
y fervent,avoient été imaginésdans un temps ou la
plus grande partie dés favans ne faifpient point
entrer l’air dans la compofitiondes corps , 011 ils
ne penfoient qu’ à la matière de la chaleur, au
phlogiftique , a la terre, &c. Et malgré fes belles
expériences de Haies , de V anhelmont, de
Bôerhaave,la doârine du phlogiftique qui fut fou-
tenu avec beaucoup d’adreffepar Staal,fon inventeur,
eût le deffus & l’emporta, en entraînant par
fon attrait tous les chimiltes & les phyfteiens.
Appareil pour les fermentations alcooliques.
Les- hommes en obfervant les phénomènes naturels
qui fe paffent fous leurs yeux, ont cherché
à en approfondir lès. caufes , d’abord par le
raifonnement fimple, mais cette voieles afouvent
conduis à l’erreur > enfui te par l’imitation de la
nature , en reproduifant , par l’expérience , les
phénomènes analogues pour lesmieux examiner ,
8c avoir des données plus certaines pour arriver
à la démonftration. ’G’eft par cette dernière
méthode qu’on eft parvenu à connoitre,
fi non parfaitement au moins en grande partie , la
caufe , les phénomènes 8c les réfultats de la fermentation
& de la deftru&ion des êtres organifes.
Un grand nombre de favans fe font occupés de
cette partie effentielle de la chimie, 8c. chacun
avec fes inftrumens particuliers 5 mais comme juf-
qu-’à nos jours ces moyens n’ont découvert aucune
vérité, fondamentale fur la nature des matières,
organiques , nous pafferons immédiatement a ceux
qui ont été employés avec fuccès à ce genre d 0-
pérations^ 8c qui ont. tout-à-coup( jette une lumière
éclatante fur la compofition des fubftances végétales
animales. C ’eft à MM . Lavoifier & Berthollet
& Fourcroy, que font véritablement dûs ces appareils
ingénieux.
Je ne décrirai que l’appareil de M . Lavoifier ,
qui réunit à 'lui feuï, tout ce que ceux qui ont
éfé inventés auparavant, avoient d’utile.
Cet appareil,figure 3Ô,claffe 6,des inftrumens pour
les diftiüations fimple s & c.,eft formé d’un matras A
plus ou moins grand,fuivant la quantité de matière
que l’on veut analyfer jd ’une virole a b de cuivre
qui y eft folidement maftiquée, & dans laquelle
fe yiffe un tuyau coudé c d. garni d’un robinet t >
3 ce tuyau s’adapte une. efpèce de récipient de
verre à trois pointes B , au-deffous duquel eft placée
une bouteille C , à laquelle il communique.
A la fuite du récipient B eft un tube deverreg h i,
maftiqué en g 8c en / avec des viroles de cuivr.e :
il eft deftiné à recevoir un. fel concret, tres-dlei-
quefeent, tel que du nitrate de chaux, ou du mu-
riate de chaux, de l’acétite de potaffe, &c.
Enfin fuccèdent à ce tube deux bouteilles U L
remplies jufqu’en * y d’alcali diffout dans l’eau, 8c
bien dépouillé d’acide carbonique. - p p
Toutes les parties de cet appareil, font reunies
les unes avec les autres par le moyen de vis &
d’écrous qui fe ferrent. Les jointures font garnies 4e cuir gras qui empêche, le paffage de l’air. Enfin
chaque pièce eft garnie de deux robinets, de
manière qu’on peut la fermer par fes deux extrémités,
8c pefer ainfi chacune feparément a toutes
les époques de l’expérience que l’on juge a propos.
C’eft dans le ballon A qu’on met la matière fer-
mentefcible, du fucre par exemple 8c de la levure
de biere délayée d’eau, 8c dont le poids eft bien
déterminé.., Quelquefois la fermentation eh; trop
rapide , il fe forme une quantité çonfidérabie d e-
cume, qui-non-feulement remplit le col du ballon,
mais qui paffe dans le récipient B , 8c coule dans
la bouteille C . C ’eft pour recueillii; cette moufle
& empêcher qu elle ne paffe dans le tube deliquef-
cent,que M. 1. aveifier a donné uns capacité conli-
dérable au récipient B , & à la bouteille C .
Il ne fe dégage dans la fermentation du fucre ,
c’eft-à-dire dans la fermentation vineufe , que de
l’acide carbonique , qui emporte ; avec lui un peu
d’eau, qu’il tient en diffolution. 11 en dspôieune
grande partie en paffant dans le tube gh-i qui contient
un fel déliquefçent en poudre groffière , &
l’on en connoît la quantité par 1 augmentation de
poids acquis par le fel. Enfuite l’acide carbonique
paffe à travers la liqueur alcaline de la bouteille
D , dans laquelle il eft conduit par le tuh
la petite portion qui n’a point étéabforbee par 1 alcali
contenu dans cette première bouteille n e-
détails dans lefquels M. Lavoifier eft entré fur le
réfultat de la fermentation vineufe , dans le chapitre
chappe point à la fécondé E , & ordinairement il
ne parvient abfolument rien fous la cloche F , fi
ce n’eft l’air commun qui était contenu au commencement
de l’expérience dans la capacité des
vaiffeaux.
Le fnême appareil peut fervir également pour les
fermentations putrides , mais, alors il paffe une
quantité çonfidérabie de gaz hydrogène par le tube
qrfiu, lequel eft reçu dans la cloche F , 8c^ comme
le dégagement eft rapide fur-tout en ete , il
faut changer fréquemment de cloche. D ou Ion
voit que cette opération exige une furveillance
continuelle , tandis que la fermentation des matières.
végétales n’en demande que très-peu. ^
Au„ moyen de cet appareil on peut connoitre
avec précifion le poids des matériaux mis à fermenter
, 8c celui de tous les produits liquides ou
aériformes qui fe font dégagés. On peut voir les
XIII de la première partie de fon ouvrage,
page 139.
Appareil pour brûler le phofpkore.
On prepd un grand ballon de verre blanc ou de
criftal A , figure 4,claffe 7 ,des inftrumens pour la
combuftion , dont l’ouverture-EF , doit avoir 2.
pouces 8c demi à 3 pouces de diamètre. Cette
ouverture fe recouvre avec des plaques de cuivre
j jaune bu laiton ufé à l’émery, 8c qui eft percé de
deux trous pour le paffage des tuyaux x x x 3 y y y.
Avant de fermer l’ouverture du ballon , on introduit
dans fon intérieur un fupport B C , furmonté
d’une capfule D de porcelaine,fur laquelle on place
le phofphore. On lute enfuite la plaque de cuivre
au ballon en E F , avec du lut gras, qu’on recouvre
avec des bandes de linge imbibées de blanc-
d’oeuf& de chaux.
On laiffe fécher pendant plufieurs jours , & on
pèfe le tout avec une bqnne balance. Ces préparatifs
achevés,on adapte une pompe pneumatique
au tuyau x x x , 8c on fait le vide dans le ballon ,
enfuite on introduit du gaz oxigène par le tuyau
yyy 3 au moyen du gazomètre ; Alors on allume
,1e phofphore avec un verre ardent, 8c on le laiffe
brûler jufqu’à £e que le nuage d’acide phofphori-
que concret quLfe forme arrête la combuftion. On
délute, & on pèfe le ballon j fon poids , déduction
faite du lut, donne celui de l’acide phofphorique
formé qu’il contient.
‘ Il eft bon pour'plus d’exactitude , d’examiner
l’air ou le gaz contenu dans le ballon après la
combuftion, parce qu’ il peut être plus ou moins
pefant que l’air ordinaire-, 8c qu’il faut tenir
compte dans les calculs relatifs à l’expérience de
cette différence de pefanteur.
Les corps donnent naiffance à des phénomènes,
’ & à des réfultats différens, fuivant les proportions
dans lefquelles ils font. C ’eft ainfi qu’à une température
baffe, le phofphore brûle tranquillement
avèc peu de chaleur 8c peu de lumière, & qu’il
donne un acide particulier j tandis qu’expofé aune
chaleur plus élevée., il brûle avec une rapidité
çonfidérabie, .une flamme éclatante & une chaleur
énorme, 8c quel’âcide qui en réfulte a des caractères
fpécifiquês.Nous n’entrerons point ici fur
les caufes & les réfultats de ces deux opérations ,
ils feront expofés ailleurs.
Chacune de ces opérations demande un appareil
approprié $ celui que nous avons décrit plus
haut, quoique à la rigueur il puiffe fervir à Lune
& à l’autre ne fert le plus ordinairement qu’à la
combuftion vive. '
Celui qffi eft employé à la.combuftion lente du
phofphore,eft très-iimple & très-commode; on en
doitl’invention à M. Sage, llconfifteenun flacon
A. figure 16 des inftrumens pour la détonation bc