
percee.
~ On continue la' fonte jufqu’à ce que le mélange
{oit pafle aux 'deux fourneaux qui travaillent en
même temps. La dernière charge étant faite, on
laiife defcendre le minerai & les charbons jufqu à
la tuyère j Sc auffi-tôt que le nèz eft fondu on arrête
les fouffiets, on ouvre le devant des fourneaux
, on fait les dernières percées & on nétoie
les fourneaux.
Le mélange rapporté fut fondu en 330 heures ,
ce qui fait 6 heures moins des deux femaines entières,
mais ces 6 heures-font employées à préparer
à chauffer les fourneaux avant d'y commencer
la fonte ; il fut conùimi durant ce temps
8748.pieds cubes de charbon de bois, & feulement
07 pieds 7 de charbon de terre.
il réfulca de cette fonte 560 quintaux de mattes
qui j fui vaut les eflais, contenoient deux onces
d'argent par quintal, ce qui fait que leur totalité
renférmoit exa&ement les 140 marcs contenus
tant dans les minerais du mélange que Hans les
durillons ajoutés, ce qui prouve le luccès de la
•fonte.
L avantage qui réfulte de ce procédé eft d'avoir
raflemblé tout l'argent contenu dans les quatorze
cens quarante quintaux cinq huitièmes de minerai,
en une malle de cinq cens foixante quintaux de
marte, dont il eft bien plus facile de le fépàrer
par les procédés ci-après. Un maître fondeur Sc
fon aide à chaque fourneau conduifent la fonte
dont nous venons de rendre compte.
Les mattes provenant de cette fonte font caf-
féesen morceaux, pefées & tranfportée&ftans un-
fourneau de grillage de vingt pieds ney£pouces
de long fur dix pieds quatre pouces de large, entouré
dë murs ; on étend fur le fol de ce fourneau
cent -huit pieds cubes de charbon de bois, fur lequel
on met quatre cens cinquante quintaux de
cette matte} l'on met le feu au charbon, qui, par
la grande quantité de foufre que la matte contient,
fe grille facilement &-comme d’elle-même. Lorf-
que le feu du charbon l'a pénétrée, il ne faut pas
u'elle
entre en fufiôn, c'eft pourquoi on met peu
de ; charbon4 <
la matte grillée doit être fpongieufe
& cellulaire, celle qui. eft reftée compare n eft
pis fuftifamment grillée , c’eft pourquoi on lui fait
iiibir une fécondé calcination ou torréfaction , &
même un troifième feu aux parties de matte qui
ont échappé à ion action dans le fécond grillage.
' Si dans la livraifon des minerais aux fonderies
il fe trouve beaucoup plus de pyrites pauvres en
argent Sc en cuivre qu'il n’-en faut pour le procurer
des mattes dans la fonte crue, on eh fait griller
une partie , afin que par la difiipation du foufre Sc
de l’arfénie, la quantité de matte foit réduite à un
plus petit volume. On a par-là l’avantage d'avoir
des fCories, qui ne font ni trop fluides ni trop
épaiffes, Sc qui par cette raifon fe réparent très-
bien des mattes fans en retenir 5 dans cette cirqu'<
confiance l’on-ajoute moins de fcories àu mélange
puifque les fcories grillées en fourniffent elles-
mêmes de très-bonnes.
On a deux manières de griller ces pyrites ; la
première qui ne concerne que les morceaux de la
groffeur d'une noix, plus ou moins, fe fait dans
un fourneau dè dix pieds quatre pouces en quarté
dont les quatre murs qui en font le pourtour, ont
neuf pieds quatre pouces de hauteur. Dans le mur
pôftérieiir font fix ouvertures de dix pouces de
largeur fur un pied de haut, qui toutes ^répondent
à une cheminée, à laquelle eft adapté un
conduit ou canal horifontal conftruit en briques,
& recouvert avec des planches , dont les joints
font bouchés avec de la terre} ce canal, pour être
plus au frais, eft enterré j il a douze toifes de longueur,
mais avec plufieurs fînuofités, à fon extrémité
eft une autre petite cheminée : ce canal
eft commun Sc fert à deux fourneaux femblables,
qui font l’un à côté de l'autre.
Sur un lit de bois de 107 pieds cubes, rangé fur
le fol de l'un de ces fourneaux, & 54 pieds cubes
de charbon, on étend 'environ 800 quintaux de
pyrites j la porte de devant fe ferme avec des briques
, de manière à laiffer entr'elles des intervalles
pour le paffage de l'air5 lorfque le gros minerai eft
rouge, on lé couvre de pyrites en poudre, qu'on
"nomme fchlick§ de deux ou trois pouces d'epaif-
feur , Sc pour leur faire prendre corps on les humecte
, ce qui empêche la fumée de paffer au travers
, & l’oblige à enfiler le canal où le foufre fe
dépofe en fleurs, ce qui fait une vraie fublimation;
s'il fe forme des fentes à la furface du grillagé, on
les bouche avec de nouvelles pyrites mouillées.
Ces grillages reftent en feu pendant fix fema'ines
ou deux mois j le foufre que l'on en retire paye les
frais de cette opération, & lorfqu'ôn ne donne aux
pyrites que ce fêul feu de grillage, elles peuvent
alors être ajoutées aux mélanges de la fonte crue,
ainfi que nous l'avons déjà dit.
La fécondé méthode de griller les minerais d’argent
pyriteux a lieu dans des Fourneaux femblables
a ceux décrits pour le grillage des mattes ; comme
cette manière eft plus coûteufe que la précédente,
l'on n’y fait paffer que le minerai réduit en petits
morceaux, Sc celui qui a été lavé aux tables, que
l'on nomme fchlick, 11 qui eft en pouftière.
Sur chaque fol de deux de ces fourneaux, on
étend 40 quintaux de pyrites les plus groflières,
fur Iefquelles on arrange 80 pieds f- cubes de bois,
de corde, & par-deffus 108. pieds cubes de charbon
> fur ce charbon on-fait un nouveau lit de
40 quintaux de pyrites' en pouflière, fur laquelle
l'on en étend 130 quintaux de celle qui eft en petits
morceaux lavée aux cribles , le tout recouvert
encore de 30 quintaux de fJilich. Ainfi les grillages
font compofés de 480 quintaux de pyrites, de 161
pieds j cubes de bois, Sc de 216 pieds cubes de
charbon. On met des charbons allumés autour des
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murs pour communiquer le feu aux autrés Sc àu
bois.
Ces grillages reftent au feu pendant quinze jours >
ces pyrites font très-pauvres, car les 480 quintaux
ne contiennent communément que 1.6 à 27 marcs
d’argent, ce qui fait par quintal ; 3 gros 43 grains Sc
un cinquième. L'on épargneroit du bois. & du
charbon , en y mettant une plus grande quantité
de pyrites, qui, lorfqu’elle eft mifé en feu
fe grille, elle-même, par l'abondance du foufre
quelle contient.
De la fonte des minerais d’argent, appellce fonte
, r.ifhe.
La fonte riche diffère de la précédente } i°.'en
ce que les minerais contiennent plus d'argent 5
2°. en ce que l ’on ajoute dans-les mélanges des
minerais contenant du plomb , afin que ce métal
puiffe fe faifir de l’argent î 3 . cette fonte diffère
de la fonte crue, en ce que les minerais font
tous grillés ou torréfiés avant que de les paffer à
lafonte..
Nous allons rendre compte des procédés en
üfage à Freyberg en Saxe , Sc que nous avons
fuivis. Il fut traité en notre préfence 362 quintaux
de minerais provenans de dix minières différentes,
Sc divifés en vingt-deux efpèces relativement
à leur teneur Sc variétés, favoirj i°. en
minerais d’argent, 97 quintaux un quart, con-
■ fîftant en quartz, fpath bleu Sc pyrite, contenant
, d’après les effais, 119 marcs 2 gros d’argent.
2°. En 264 quintaux 7 déminerais de plomb j
egalement de différentes variétés , contenant ensemble
54 marcs 2 onces 1 gros d’argent, qui,
joints aux 119 marcs'2 gros, font j 73 marcs
2. onces 3 gros.
Tous ces- minerais furent mêlés, &• comme
étant trop riches pour être fondus crûds , fans
sexpofer à perdre du fin , ils furent grillés' pour
en dégager une partie du foufre & de l’arfénic,
afin .que l’argent l*e trouvant débarraffé de ces
fubjtances volatiles, fût en état d'être faifi par
L plomb durant la fonte. L'on grillé ces minerais
de deux manières, favoir, la première en
fuivant à très- peu-prèsla dernière méthode décrite
ci-deffus, en leur faifant fubir trois feux; Sc la
fécondé : en les paffant au réverbère. C e fourneau
étant à-peu près femblable à celui que nous
avons décrit au mot Étain , nous y renvoyons
je leêteur, il a aufii un conduit pour recevoir
les vapeurs fulfureufes Sc arfénicales. L'on étend
quintaux de minerai fur le fol de ce fourneau,
Pn jette quelques bûches de bois par-deflus, Sc
°n fait du feu. avec du charbon de terre dans la
chauffe qui eft à côté; on remue fréquemment
;e nunerai avec des rate aux de fer; le feu doit
Être doux dans le commencement, de crainte
que le minerai ne devienne pâteux} on l'aug-
mente par degrés. C e grillage exige vingt-quatre
Chimie. Tome IL
heures de feu , après quoi on fort le minerai
du fouineau, Sc l'on y en met 2y autres quintaux
, ainfi de fuite} l’on ne grille dans ce Tourneau
de réverbère que les minéraux de moyenne
groffeur ; les gros morceaux n’y feroient pas fuffi-
famment grillés, & le fchlick en pouffière feroit
en partie emporté par le courant de la flamme:
on grille ceux-ci à feu ouvert, ainfi- que nous
l'avons dit plus haut. Il y aiiroit aufii de l’inconvénient
de rôtir au réverbère des minerais très-
riches en argent, & qui contiennent beaucoup
d’arfénic", parce que cette fubftance volatile en
fe dégageant, emporterait avec elle une "forte
partie de ce métal : il convient mieux de les torréfier
à feu ouvert, en les mêlant avec ceux de plomb.
Aux 361 quintaux des diffère ns minéraux dont
nous avons parlé , après avoir été grillés ainfi que
nous venons de le rapporter , il fut ajouté 270
quintaux de matte,provenant de la fonte crue détaillée
plus haut Sc grillée trois fois , contenant
70 marcs d’argent, plus 128 quintaux de plomb
pauvre d’une précédente fonte,contenant 92 marcs
3 onces 4 gros d’argent} ces deux quantités de fin
font 162 marcs 3 onces 4 gros, qui, avec les 173
marcs deux onces 3 gros , contenus dans les 362
quintaux de minerais grillés , font 335 marcs5
onces 7 gros d’argent.
A ce mélange il fut encore ajouté 30 quintaux
de litharge & 60 quintaux de teft ou cendres de
coupelle imbibées de plomb ; enfin il fut ajouté fur
ce mélange, 68 brouettées de fcories pauvres
mais fondantes , qui à deux quintaux l'une , font
136 quintaux. Toutes ces fubftances réunies font
au total 986 quintaux.
11 eft bon d'obferver ic i , que malgré les 3 grilr 1 âges que les 362 quintaux de minéraux d’argent Sc
de plomb ont reçu, ils ont encore confervé du
foufre Sc de l'arfénic , qui, s'ils étôient fondus
feuls, donneraient encore beaucoup de mattes }
mais en y ajoutant les 370 quintaux de matte grillée
provenant de la fonte crue , il arrive que ces
fuftanees volatiles s'unifient au fer de ces mattes ,
avec lequel elles ont une grande affinité , Sc fecon-
vertiffenten fcoriesjalors l'argent contenu dans ces
mattes s'unit au plomb avec celui contenu dans
les minerais Sc fe précipite 5 mais comme ces mattes
Sc les minerais quoique grillés ont encore trop
de foufre Sc d’arfénic pour être'entièrement abfor-
bés par le fer , il provient de là fonte de ce com-
pofe de nouvelles mattes, que l’on appelle alors
mattes de plomb., parce qu'elles en contiennent
réellement Sc confequemment de l’argent ; elles
contiennent,en outre le cuivre qui étoit contenu
dans les pyrites, & du zinc, le tout uni à du foufre
Sc à de' l’arfénic.
Le fourneau dont on fe fert pour cette fonte ,
eft le même qui a fervi à la fonte crue , Sc ce procédé
eft égal,c’eft pourquoi nous ne le répéterons
point.
Nous devons remarquer ici, que les 128 quintaux
D d d