8d forme une mine artificielle , qui imite parfaitement
le fulfure d' antimoine natif. Pour obtenir
cette combinaifon, on fond promptement dans
un creufet une partie de fourre & deux d'antimoine
, .& il en réfulte un minéral aiguillé d'un
gris {ombre, qui ne contient jamais tout le foufre
employé , quand même on en auroit mêlé; une
partie 8c demie contre une partie de métal. J'ai
même obfervé qu'une once d'antimoine fondu dans
une cornue avec une once de foufre , a donné dix
gros 8c quelques grains de fulfure d'antimoine, qui
ne contenoit par conféquent que deux gros 8c
* quelques grains de foufre. Le refte de cette matière
combuftible étoit parvenue, en fe bôurfouf-
flant par la fufion, jufques dans le récipient.
11 ne faut donc qu'une partie de foufre pour donner
à quatre parties d'antimoine les cara&ères de
mine, 8c l'on voit d'après cela combien il eft
important de faire l'effai de celle dont on fe fert
en pharmacie, afin d'apprécier l'effet des diverfes
fubftances qu’on combine avec ce minéral.
Les fulfures alcalins ou foies de foufre, diffolvent
complettement l'antimoine, •& forment une matière
jaunâtre, d'où l'on peut précipiter le foufre
antimonié par un acide qui lui donne fur le champ
une couleur orangée.
Lè foufre fe combine dans differentes proportions
aux oxides d’antimoine par la vo ie fè ch e , 8c il
réfulte de ces combinaifons , fuivant les dofes 8c
l’état de l'antimoine oxidé, du verre ou du foie
d'antimoine qui font préférables ,/^arce qu'on én
connoît bien la nature 8c la compofition, à toutes
les préparations du commerce qui font faites avec
le fulfure d’antimoine plus ou moins oxidé 8c toujours
variable.
M. Pelletier , dans fon travail très-complet fur
les combinaifons du phofphore avec les métaux,
a décrit foigneufement celle de l'antimoine avec
ce corps combuftible.
Un mélange d'une once d'antimoine, d’une once
de verre phofphorique, 8c d'un gros de poudre
de charbon, fournit par la fufion, une fubftance
métallique, blanche, fragile, ayant nne cafiure
lamelleufe, mais à petites facettes qui paroiffent
cubiques, c'eft de l’antimoine phofphoré ou du
phofphure d'antimoine j fî l'on en met un petit
morceau fur un charbon bien allumé, il fe fond,
8c donne , au moment de la fufion, une petite
flamme verte ; il continue enfuite à fe volatili-
fer fous la forme de fublime blanc. --
En procédant à la fufion d'un mélange de parties
égales de Verre phofphorique 8c d'antimoine ,
l ’on obtient aufli une fubftance métallique, une
efpèce de mine à petites facettes, telles que celles
que je viens de décrire, qui eft de même de l'antimoine
phofphoré.
En promettant du phofphore fur de l'antimoine
tenu en fufion dans un creufet, l'on parvient à
unir du phofphore à cejirétal, 8c l'antimoine phofphoré
par ce dernier procédé eft afrfoiument femblable
â celui que l'on obtient par ceux dont jè
viens de parler. Il faut avoir attention de retirer
le creufet du feu-, aufli-tôt après les dernières projetions
de phofphore. Sans cette attention, pref.
que tout le phofphore fe volatiliferoit.
On obferve dans la phofphoration de plufieurs
métaux, particulièrement de l'étain, du cuivre,
du platine, Scc:3 que le phofphore s'y unifiant,
donne des produits qui ont quelques analogies,
quant aux apparences extérieures avec ceux que
l'arfénic forme, lorfqu'il eft uni à ces mêmes métaux.
L'antimoine nous fournit encore un exemple
d'un phénomène femblable. L'on fait qu.e l'arfénic
uni à ce mélange, nous donne une fubftance métallique
à facette, comme nous l'avons obfervé
dans l'antimoine phofphoré.
L'antimoine s'unitrà l'arfénic, au bifmuth, au
zinc, au plomb, au fer, au cuivre, à l'argent, à
l’or 8c au platine. En général il n'y a point de métal
qui entre dans un plus grand nombre d'alliages &
qui fe combine plus facilement aux autres métaux.
Bergman dans la cinquante-huitième colonne de
fa table des attrapions électives fimples donne la
lifte de celles de l'antimoine pour les métaux par
- la voie fèché : car on fait que ce n'eft que par ce
moyen que l'on peut unir les matières métalliques.
Il place dans le premier rang le fer qui fépàre en
effet l'antimoine de tous les autres métaux qui lui
font unis. 11 met enfuite le cuivre, l'étain, le
plomb, le nickel ,■ l'argent, le bifmuth, le zinc,
l’or 8c le platine ; puis dans un dernier rang , 8c
rapprochés les uns des^ autres, le mercure, l'arfénic
8c le cobalt, parce que ces-métaux fe combinent
moins bien avec l'antimoine, que tous les
précédens. Le fulfure alcalin 8c le foufre lui-
même font placés les. derniers dans cette colonne,
comme ayant moins d'affinité avec l'antimoine que
tous les métaux3 8c en effet toutes les matières
métalliques féparent le foufre dé l'antimoine.
Telles font les principales propriétés de ce métal.
Il eft néceflaire maintenant de confidérer en
particulier fa mine, à laquelle on a donné le nom
impropre & antimoine. Comme c'eft de ce minéral
que l'on fe* fert le plus communément, pour faire
un grand nombre de préparations pharmaceutiques
très-importantes , on conçoit que fes propriétés
doivent être beaucoup mieux connues que celles
du métal qu'il contient. Les alchimiftes qui s'en
font très-occupés, ont multiplié nos connoifiâncés
fur cette matière, 8c aucune fubftance n'a été le
fujet d'un plus grand nombre d'expériences cjuele
fulfure d'antimoine. Nous ayons déjà vu que l'on
peut à l'àide de la chaleur, en féparer une portion
du foufre, 8c oxider plus ou moins le métal qu'il
contient > qu'il réfulte de cette opération un oxide
gris, qui peut fe fondre en verre ou en foie d'antimoine,
fuivant fon oxidation 8c fon défoufrement
plus ou moins avancés ; que le nitre en brûlant
le foufre, oxide aufli la matière métallique. Mais
le grillage 8c la combuftion par le nitre, ne font
s [es feuls moyens d’enlever le foufre à 1 antimoine
On y parvient encore, en présentant a
ce "minéral un corps qui ait plus .d’affinite avec le
mccal que n’en a le foufre, ou qui ait plus de
rapport avec le foufre que n’en a le métal. .
ün a un exemple de la première deeompoiition
en appliquant les acides au fulfure d’antimome
crud; cesfels, & fur-tout l’acide nitro-munatique,
diffolvent le métal & en féparent le foufre qui
vient nager au-deffus de la diffolution. Le métal
paroît même plus aifé à diffoudre complettement
dans le fulfure d’antimoine , que lorfqu’il eft
pur, ainfi qu’on l’a déjà fait remarquer plus haut.
Le fer & quelques autres, fubftances métalliques
CelnJLlèCvYeGnllit. rlwe rfovu-if.rve -à -l ’-a---n----t--i---m------o---i--n-----e---.- ,
Le nitre eft employé avec fuccès, pour préparer
avec le fulfure d’antimoine plufieurs medi-
camens affez importans. On a déjà dit que lorf-
qu ôn fait détoner une partie de cette mine avec
trois parties de nitre, le foufre &._le métalfe trouvent
brûlés, & il ne telle p|us qu’un oxide d’an
timoine prefque acidifié , uni à 1 alcali. Si .1 °A
fait détoner parties égales de nitre & de fuhure
d’antimoine, .cette.détonation eft moins vive,
parce qu’il y a moins de nicre : aufli eft-on oblige
de projetter ce mélange par cuillerées dans un
creufet rougi , tandis que celui qui eft deftine
à former l’oxide blanc, ou ? antimoinediaphoretique,
n’a befoin que d’être allumé une fois, 8c détoné
enfuite tout feul, jufqu’à ce qu il foit entièrement
réduit en une ■ malle d’un blanc jaunâtre. Lorfque
la détonation de fulfure d’antimoine 8e du nitre a
parties égales eft /finie , on pouffe le tout a la
fonte, & au Heu & antimoine diaphorétique, on
trouve dans le creufet une maffe brune opaque ,
brillante, très-caffante, en un mot un oxide a antimoine
fulfure , vitreux, brun & opaque, couvert
de fcories. On conçoit que dans cette operation ,
le nitre n’a pas été en allez.grande quantité, pour
brûler tout le foufre. La portion de ce dernier,
qui n’eft pas détruite, a entraîné froxide d antimoine,
dans fa fufion. Lorfqu’on ne pouffe pas ce
mélange à la-fonte., on n’obtient qu’une fcorie vitre,
ufe , à laquelle on donne le nom de faux foie
£antimoine de Rulland ,* cette matière rédilite en
poudre & lavée dans l’eau, -forme le fafran de mt-_
taux, qui n’eft que de l’oxide d’antimoine fulfure,
vitreux, -pulvérifé 8c féparé des matières falines
réfidues de la détonation du nitre.
On fait encore deux préparations analogues a
la précédente, & qui font de véritables verres
d’antimoine fulfuré. L’une eft la rubine d’antimoine
ou magnefia opalin a, que l’on obtient en
fondant dans un creufet .parties égales de muriate
de foude déerépité , de nitre & de fulfure d anrimoine.
Cette fonte qui a lieu fans détonation ^
fournît une maffe vitreufe , d’un brun peu fonce,
très-brillante 8e couverte de fcories blanches. L’autre
appellée tris - improprement régule médicinal ;
eft préparé par la fufion d’un mélange de I j onces
de fulfure d’antimoine, de i a onces de muriate
de foude décrépité & de trois onces de tartre.
Il en réfulte un verre noir, lijifant, très-opaque,
frès-denfe, qui n’a nullement 1 afpèél métallique.
Ces deux efpèces de compofés qui diffèrent du
vrai foie a’antimoine par quelques propriétés extérieures
, doivent fans doute leurs différences au
fel marin qui entre dans leur préparation, mais
dont on n’a point encor® apprécié les effets fur ce
minéral. . ,
Si l’on veut extraire l’antimoine de fa mine en
petit dans les laboratoires, on doit n employer
que ce qu’il faut de nitre pour brûler le foufre ,
8c ajouter au mélange une matière capable de favori
fer la réduction de la partie de métal qui eft
réduite! l’état d’oxide dans cette expérience, pour
cela, on .prend 8 onces de fulfure' d’antimoine en
poudre, 6 onces de tartre 8c 5 de nitre, on mêle
exactement ces matières, on les projette par cuillerées
dans un creufet rougi au feu ; le nitre dé-,
tons avec le tartre & le fulfure d’antimoine ; il
fe forme du flux noir, Ssl’antimoine fefond. Lorf.
que la matière eft bien fondue, on la verfe dans un
cône de fer chauffé 8c graiffé, on frappe quelques
coups fur le cône, pendant qu’on verfe le mélange
; on le laiffe réfroidir, & l’on trouve le
métal fous la forme pyramidale au fond de ce
vàiffeau. C e métal eft recouvert de fcories noires
8c rougeâtres, qui attirent facilement l’humidité
de l’air. Le régule eft jugé pur, lorfque fa furface
fupérieure eft convexe & quelle préfente 'une
étoile régulière. Cette étoile quiavoit exalté l’imagination
des alchimiftes, ne dépend que de la manière
dont le métal criftallife en réfroidiffant. C e
réfroidiflèment commence par le bord , 8c la
matière fluide étant rejettée du centre à la circonférence,
produit cette cilftallifation qui n’a lieu
que dans les petites maffes d’antimoine : car dans
tes grands pains de ce métal, comme l’ondulation
de la matière fluide part deplufieurs centres
au lieu d’une étoile, on trouve des impreffions
en 'forme de feuilles de fougère , qui fe criftal-
lifent fous différens angles. Réaumur a fait voir
qu’un rèfroidiffement -fubit empêche cette forte
de criftaUifation en forme detoile, 8c que fi on
refroidit brufquement un des côtés du cône, on
n’obtient que la.moitié de 1 etoile ( I ). La quantité
de métal qu’on retire par ce procédé , ne fait
pas la moitié-dû fulfure antimonié qu’on aemployé,
quoique ce minéral contienne plus de métal que
(1) Il y a fans doute un rapport entre la manière dont les enfers, métajlfeues crittallifent à leur
affiaéntlorfquetareparvient à les difeote en criftaux ifolés par le rtfroidofemenc bien ménagé, 8c par a % r at ion de là
portion fluid? d’avéc celle eft %ée. L’abbé Montez s’eft occupé de ce rapport daas fes recherches air la criftalli.aaon do«
®étaus. M-k t au x . ; Q ^