
elle excite la fueur, la falivë ; les Américains
Ja regardent comme un puiffant carminatif. Ils en
font ufage contre les tranchées , les maladies de
1 eftômach & des inteftins provenantes de caufe
froide, principalement contre les coliques ven-
teufe & hiftériques, les pâles couleurs , la fup-
preffion des menftrues.
(M . W lL LEM E T .)
ANGÉLIQUE POURPRE. Angdka atropur-
purga. Les habitans du Canada regardent la racine
de cette angélique comme le plus excellent antidote
contre toutes fortes de venin &~de malignité.
(M . W illemet.).
ANGELIQUE SAUV AGE. Àngelica fylvef-
tris. L. Cette plante eft vivace, & commune dans
les prairies humides & les bois taillis de toute j
l'Europe', de Virginie & de la nouvelle Yorck.
Tournefort eftimoitfa racine fudorifique;infufêe,
dans le vin , elle pofiede les vertus de l'angélique
officinale-, & de plus anti-épileptique ; elle eft
remplie d'un fuc jaune, âcre & réfineux. Boeder
la recommande dans les maladies du cheval & des
beftiaux. Les feuilles appliquées fur les loupes,
font un grand réfolutif ; elles foulagent auffi les
douleurs arthritiques. C'eft un mauvais fourrage
qui donne un mauvais goût au foin. -
L'on fe fert dans l'Amérique feptentrionale de
la racine , des feuilles, de la femence & de l'eau
diftilee d angelique fauvage. L’on en retire un
baume, un extrait, une huile & un efprit. Ces-
peuples eftiment cette plante pour être âlexitère,
réfolutive , catminative, emménagogue.
Sa femence foupoudrée fur la tête tue les poux.
Gmélin rapporte que cette angélique fert: dé
nourriture aux Ruffes.
( M . WlL LEM ET. )
A N 1C E TO N . (Pharmacie) furnom donné à un
emplâtre que Galien décrit, d'après Criton (lib.
V L de la compof. des médicamens par genres)
cet . emplâtre étoitcompofé dé pyrethre'de fta-
phyfaigre , de moutarde , de cumin, d'oxidé de
cuivre, de nitre , de muriate d'ammoniaque ,
d’iris , de bayes de laurier , de manne, & différentes^
autres fubftances dont on formoit d’abord
une pâte avec'du vinaigre, 8s à laquelle on ajou-
toit enfuite de la cire & de la réfine pour donner
à la maffê' une confiftance emplaftiqueV cet emplâtre
dont la compofition 8s la préparation font
très-compliquées y étoit vanté comme un topique
propre à guérir.les affections les plus graves, &
c’eft d’après ces prétentions qu’on lui avoit donné
le nom d a-niceton ; c’eft-à-dire infurmontable :
quafi infuperabile.
ANILou INDIGOTIER. Indigofera tinBo-
ria L. C ’eft un arbrifïeau précieux des Indes
orientales, qui Te trouve à Ceylan , à Java, &
à Madagafcar. M . Thunberg rapporte qu’il varie
dans chacun de ces trois endroits. Il a été autre 1
rois cultivé à l’ilia de ’France, où il s’eft naturalifé
L indigo eft une fécule bleue très en ufage dans
la teinture , qui fe retire avec fes feuilles.
Les feuilles de l’indigotier font d’un goût piquant
& amer ; elles font adouciflanrës , vulné-
raires , défobftruCtives , contre la diarrhée, la
dylfenterie & les lochies trop abondantes. On s’en
fert pour les douleurs de tête.
La decoCtion de fa racine eft propre contre la
colique néphrétique.
(M . WlLLEMET.).
ANIMAL ISATION. C e mot qui déligne ■
le phenomene par lequel les fubftances étrangères
d abord au corps des animaux , en prennent peu-
a-peules caractères, & finiflënt par en faire partie
conftituante , auroit été cherché envain autrefois
dans toute la fcience chimique, & n’auroit
pas pu fe trouver dans un dictionnaire deftiné à
offrir les principes de cette fcience. Aujourd’hui
comme il eft reconnu que çe changement produit
par les organes & les fluides des animaux ,
eft entièrement dû à des combinaifons chimiques,
comme on commence à failîr les principales caufes
f f j ^e,s principaux modes de cês combinaifons formées
dans les corps animés , il eft devenu indif-
penfable de traiter de l’animalifation dans un
ouvrage de chimie , où en donnant l’état éxaCtJ
' fcience chimique , on a en même-temps
pour but de faire voir quelles lumières oh peut
encore attendre de cette fcience pour l’accroifîe-
ment de beaucoup d’autres connoilfances humaines.
Il ne faut qu’une légère réflexion, fondée fur
1 obfervation attentive de ce qui fe palfe dans
1 économie animale vivante, pour fentir quebeau-
coup de fes fondions font dues à des opérations
chimiques. On n’y voit par-tout que des diffolu-
tions , dés decompofitions , des recompofitions
fucceflives , & fi toutes ces opérations y font
foumifes à la fenlibilité, à l’irritabilité, & .aux
mouvemens de forgane nerveux dont nous con-
noiflons encore fi peu l’influence & le mode vrai,
il fuffit qu'il foit prouvé qu’elles exiftent, pour
nous inviter à en rechercher les phénomènes ,
les caufes & les produits. Et certes au milieu
de tous les aéles de l’animalité, il n’en eft aucun
qui relfemble plus à une adion chimique que
le changement fueceflif qu’éprouvent les alimens
depuis l’in liant où ils font reçus dans l’eftomach,
jufgU'à x e lu i, où arrivés dans le fyftême de la
circulation après avoir parcouru Lorgane de la
refpiration, ils ne font plus qu’un liquide homogène
, le fang , devenu propre à nourrir & à réparer
toutes les parties diverfes du corps des animaux.
C eft fansdoute un des plus beaux & des
plus fingutiers fpedacles offerts par la machine
animale vivante,que cette converfion de la nourriture
, en fa propre fubftance, c’eft un de ceux
qui a toujours paru aux phyficiens renfermer le
myftère
myftère le plus difficile à concevoir de tout ce que
préfente la vie. On étoit même loin de prévoir il y
a quelques années que la chimie pût fournir des
moyens & des données aufli exads ou aufli utiles
pour expliquer le mécanilme de cette fonction ,
qui offre dans fon intégrité la reproduction fuc-
ceffive & lion interrompue de toutes les parties
de fànimal. Il falloit que la nature de l’air atmof-
phérique fût connue , qu’on eut apprécié avec
précilion ce qui fe paffe dans la refpiration^ qu’on
eût perfectionné l’analyfe des matières animales,
& trouvé fijir-tout en quoi ces matières diffèrent
des fubftances végétales. Aufli-tot que ces* divers
points ont été éclaircis., on a fenti qu’il n’y avoit
plusqu’un pas à faire pour déterminer en quoi
confiftoit l’aflimilation des àlimens', & diverfes
idées ont été propofées par ceux des chimiftesqui
s’occupoient de cet objet. On a vu à l’article de
Î’analyse animale que c’étoit fur-tout par la pré
fence de l’azote que les matières de ce règne d'if-,
féroient du règne végétal. !1 s’agit donc de favoir
d’abord comment l’azote fe trouve plus abondamment
dans les animaux, & cet objet une fois
rempli formera déjà une dès bafes de nos con-
noiflances fut F%nimalifation..On fent bien que
la difficulté d’acquérir cette connoifiance ne pëut
être relative qu’a ceux des animaux qui vivent Je
matières végétales ; car pour ceux quife noürrif-
fent de fubftaiises animales, la fource du principe
qui y eft déjà abondant'ne peut pas nous embâr-
raifer.
Quoiqu’il y ait fur l ’animalifation confidérée
comme opération chimique, un grand nombre de
données confignées dans beaucoup d’articles de ce
diCIiôrmaire, & entre autres aux mots,a ir , s’ang,
chile, respiration, &c. il eft élfentiel de faire
connoître ici l’enfemble de tous lés faits qui concernent
cqtte fonélion y & comme on né les a point
encore rafiemblés dans les ouvrages de chimie ,
je crois devoir inférer ici un mémoire que M.
Halle a lu fur 'cèt objet à la fociété de médecine.
On y verra combien les lumièrës de la chimie
peuvent édàirer l ’étude de:la phyfiqué animale.
Je ffie ..permettrai feulement d’y ajouter quelques
notes- ,; ëu avertiftant' qu’il a lui-même donnéplus
de précifion & de netfèté à ce travail dans lejs
annales dé chimie, tome XI , p. i j B , & dans lë
tome II, p. 29J, d’un journal que je publie fous
le titre ’ de 'médecîrie éclairée par lés fciences phy-
Jiques &c.
Qa fë plaint fouvent i .dit M. Halié , de ce que
la médecine. ne;-paroît pas avoir fait des progrès
auffi rapides que fes autres fciences phyfiques. A"
t on droit de lui en faire un reproche,? ,
Les autres fciences ont deux grands moyens
pour favorifer leurs progrès y l*obfervation & l ‘ex~
pcrience. La râédëcine eft prefque réduite à l’ob-
férvatiqii. SL elle appelle à fori aidé rexpérience,
ce n’eft qu’en tremblant , ce n'éft que quand par
Chimie, Tome II,
une multitude d’analogies elle eft parvenue à s’af-
furer autant qu’il éft en elle du fuccès de fes tentatives.,
parce que ni le temps ni le fujet ne^ lui
appartiennent ; la nature a compté l’un , la fociété
demandera compté de l’autre.
Voilà pourquoi tout l’art du médecin s’eft prefque
borné depuis Hippocrate jufqu’à nos jours,à
l’obfervation de la nature, à l’étude de fes loix
& à l’imitation plus ou moins parfaite de fes opérations.
Aufli ne voit-on dans aucune fcience ,
répéter avec plus d’uniformité & une plus reli-
gieufe exaélitilde les préceptes des anciens 5 & la
médecine d’Hippocrate eft encore à beaucoup d’égards
celle de nos jours & fera long-temps fans
doute celle des fiècles qui nous fuivront. Les inf-
5 trumens de l’art ont feuls changé, ils fe f®nt multipliés
, la méthode & les opérations font p r e s que
toujours reliées les mêmes.
Les anciens en général, ont été au moins aufli
habiles que les modernes dans l’obfervation, les
modernes ont été plus hardis &p!us heureux dans
l’expérience ; mais prefque tout l’avantage en eft
relié aux fciences accefloires à la médecine ; celle-
ci ne s’eft prefque enrichie que de leurs découvertes
, & rarement lui ont-elles fourni jufqu’à
cette heureautre chofe que des théories brillantes.
Si même nous remontons aux âges qui nous ,ont
précédés , il faudra convenir que beaucoup de
médecins ont eu plus à rougir qu’à „ s’applaudir de
l’üfage qu’ils ont fait de ce commerce. Ainfi la
médecine à fon tour auroit peut-être un reproche
à faire aux. fciences phyfiques , & l’on, pourroit
dire , pourquoi ces fciences ont-elles fi peu fait pour
la medecine ? La réponfe paroît fimpîe l’on me
dira , les phyficiens ont trop peu connu la médecine ,
& un grand nombre de pièdecins ont .trop peu connu,
les fciences phyfiques.
Cependant comme, les Boerhaaves & les Gati-
biùs ne fe font pas certainement rendus coupables
de cette négligence, & qu’ils n’ont rien oublié
pour faire tourner leurs connoilfances en chimie
& en phyfiqué à l’utili té de l’art qu’ils profelfoient,
il en faut conclure que jufqu’ à cette heure, ces
fciences étoient bien éloignées de la perfection né-
ceffaitre pour- les rendre appliquables à la médecine.
Mais, les temps font changés , & un petit nombre
d’aùnées ont fait parcourir à la chimie un ef-
pacè immenfe. II eft donc temps, & c’eft le devoir
du médecin , de réclamer les droits de l’homme
à fon attention , & de lui demander ce que peuvent
fes travaux pour le connoître & pour le
. conferver. . :
En effet Fexi.ft.ence phyfiqué dè l’homme étant
évidemment liée avec tous les objets qui l’environnent,
lemédecin ne doit pas eeffer d’être attentif
aux progiès dës autrës fciences ; & comme il
eft sur que de l’intelligence parfaite de l’économie
animale réfulteroit une marche plus aflurée vers
la parfe&ion de l’art de guérir, il ne doit négli