
indiquée * ne peuvent être convenablement conçus
que par ceux qui ont bien étudié Tes propriétés
chimiques, & Ton peut affurer que les
médecins qui fe feront livrés avec zele à cette
étude j tireront de l’ufage de F ammoniaque un
parti que l'on nauroit pas pu même foupçonner
fans les eonnoiiTances chimiques.
Dans les arts l'ammoniaque eft quelquefois employée
à la teinture, dans le traitement de plufieurs
métaux, mais fpécialement pour la fabrication artificielle
du fel ammoniac ou muriate ammoniacal.
C'eft en diftillant les chiffons de laine 8c d'étoffes
faites en général avec des matières animales qu'on
ramalfe dans les débris des grandes villes, qu'on
extrait l'ammoniaque, dont on fe fert pour combiner
avec l ’acide muriatique, & compofer le
fel ammoniac. En Angleterre on obtient l’ammoniaque
en diftillant le charbon de terre 8c en
féparant, par une ingénieufe diftribution des différentes
régions du récipient, ce fel volatil d'avec
l'huile qui paffe en même temps que lui dans la
diftillation. On donnera d'autres détails fur cette
fabrication aux articles C harbon de terre &
M uriate d’ammoniaque. Les perfonnesqui fabriquent
les perles articiefles employent une difio-
lution d'écailles d'ablette dafis l'ammoniaque pour
leur donner l’orient ; c'eft ce qu'on nomme ejfenee
a orient, ejfenee de perles. C'eft fur-tout en pharmacie
qu'on employé l'ammoniaque pour un grand
nombre de préparations différentes -, cet objet*doit
être traité dans un article deftiné à la pharmacie,
8c qui fuivra celui-ci.
Dans les laboratoires de chimie où cette fcience eft
exercée avec activité, où l'on fait unê grande fuite
d'expériences, on confomme de grandes quantités
d'ammoniaque, & l'on en prépare plus ou moins
en grand fept à huit fois par an. On l'employe
d'abord pour neutralifer les vapeurs acides répandues
dans les falles d'expériences après les dif-
tillations , les diffolutions métalliques, les dé-
monftrations du gaz nitreux, pour décompofer
rapidement le gaz acide muriatique oxigené, qui
inreéfce les lieux où il a été préparé, & incommode
quelquefois fortement les perfonnes qui y
travaillent. On s'en fert pour préparer tous Jes
fels ammoniacaux qu'on employé fréquemment
dans les expériences chimiques j pour précipiter
les diffolutions métalliques, & fur-tout pour préparer
l'or 8c l'argent fuiminans j pour dinoudre &
départir plufieurs oxides métalliques, & fur-tout
ceux de cuivre & d’argent, en les féparant d'avec
ceux qui ne font point diifoîubles dans l'ammoniaque
; pour diffoudre ou conferyer quelques matières
végétales & animales. On décompofe l'ammoniaque
par l'acide nitrique, par l’acide muriatique
oxigené, par les oxides de cuivre, de plomb
& de mercure, pour en faire epnnoître la nature,
quelquefois même pour en obtenir le gaz
azote j on le combine avec le foufre pour préparer
le fulfure ammoniacal, nommé autrefois liqueur
fumante de Boy le; Enfin on employé à tout moment
l’ammoniaque dans les laboratoires de chimie, 8c
il faudroit paffer en revue toute la fcience pour
détailler ici tous les ufàges auxquels elle eft
deftinée. Remarquons feulèment en terminant cet.
article, qu'il eft indifpenfable de prendre garde
lorfqu'on fait entrer l’ammoniaque dans quelques
combinaifons nouvelles, fi elle fe combine entièrement,
ou fi elle fubit en tout ou en partie
une décompofition ; quoiqu’on ait beaucoup vu
de chofes nouvelles fur cet objet depuis quelques
années, il en refte encore un grand nombre
d'autres à voir 5 par exemple, l'ammoniaque
fert-elie à la végétation, 8c eft-elle décompofée
par les machines végétales, fes deux principes
[ font-ils abforbes par les végétaux ? On connoît
bien les ufages de l ’ammoniaque dans les arts
chimiques, mais on ignore encore fon. ufage dans
la nature , & c'eft cependant à ce dernier que
nous devons nous élever, fi nous voulons édifier
la véritable phyfique.
A mmoniaque. (Pharmacie.) Voye\ les mots
' Ga z ammoniac & M uriatejd'ammoniaque.
AMOME. ( Pharm.) Les pharmacologiftes ont
tant varié fur le vrai amome des officines, la confu-
fion eft fi grande dans leurs traités fur ce fujet, que
nous allons volontiers adopter avec les auteurs des
i matières médicales du nord 8c de l'Angleterre,
le fruit du piment, qui eft connu chez les Anglois,
fous le nom de poivre de la Jamaïque. G,e n'eft
que depuis le commencement du fiècle dernier
que cette drogue eft connue en Europe, malgré
cela fon ufage eft prefqu'entiè.rement oublié :
mais elle étoit connue des anciens Grecs. C'eft
un arbre aromatique des Indes, de la Nouvelle-
Efpagne, de la Jamaïqueappartenant au genre
' des mirtes. Il nous offre , félon Lewis , la graine
dite vrai amome, qui eft un fruit rond, qui a-environ
la groffeur d'un grain de raifin moyen : fous
une pellicule membraneufe, fe trouve une quantité
de petites graines rudes au toucher, angu-
leufes, d’un brun noirâtre à l'extérieur, & blanchâtres
en dedans. Ces graines font logées • dans
trois cellules diftin&es, celles de chaque cellule
font jointes fi étroitement, que quand on ouvre
le fruit, il ne paroît pas contenir plus de trois
graines. Dix ou douze de ces fruits font difpofés
en grappes. Ce fruit eft fuave & aromatique,, on
l'employe pour affaifonner les alimens, il eft
'échauffant, tonique, ftomacal, cordial, apéritif,
céphalique, incifif, diffipe les vents, pouffe
les urines, la fueur 8c les mois, foulage la Colique
8c la paffion iliaque, ranime le fang 8c les efprits,
emporte les obftrüélions, atténue lés humeurs
épaiffes, rétablit l ofcillation des fibres. Les anciens
en faifoient principalement ufage pour faire
des onguents 5 k pharmacopée de Londres retire
une eau diftillée de l'amome 3 il entre dahs la théviaque.
On peut le preferire en poudre depuis dix
grains jufquà trente, 8c le double en infufion.
( M . W i l l e m e t . )
a la figure d’un rein, la groffeur d’une châtaigne,
. l'écorce grife , brune , dont le fuc eft âcre 8c
fi mordicant, qu'en en frottant légèrement la
peau , on y excite la fenfation du feu. Si quelqu'un
AMPEL1TE. L'ampelite eft un fehifte alur
mineux , gras, noir, qui tache les doigts , &
qui eft employé comme une efpèce de crayon
noir par plufieurs ouvriers. C ’eft un comppfé
d'alumine ferrügineufe 8c bitumineufe , qui en
fait les’ trois quarts., avec un peu de filice 8c
de craie. On en trouve dans beaucoup d'endroits >
mais fur-tout dans la carrière de Bechet, près
de Séez en Normandie. Il y en a des variétés
qui font chargées de pyrites, & qui s'effleuriffent
fortement. Un dit que ce nom d'ampelite lui a
été donné, parce qu'on la trouve fouvent dans !
les vignes.
AMULETTES. ( Pharmacie. ) Les amulettes
font toutes les fubftances qu’on porte fufpendues
au col, ou appliquées fur ta poitrine, fur les poignets,
pour prélèryer ou guérir un grand nombre
de maladies.- La plupart des amulettes font des
fubftances fimples , naturelles , telles que des
pierres polies, des racines, des femences, des
concrétions animales, &c. La pharmacie ne faifoit
que les préparer , les difpofer, pour qu'on put
les fufpendre ou les appliquer. Quelques - unes
étoient formées de quelques compofitions , ou
de mélanges de poudres-- Le plus'grand nombre
cependant étoient des matières inodores, inertes ,
8c qui n’a volent d'a&ion'que fur l'imagination
des malades. On a dit à cet égard tout ce qu'il
eft néceffaire de favoir dans le dictionnaire de
médecine auquel nous renverrons , puifque
d’ailleurs on ne prépare plus d'amulettes dans
les pharmacies.
AN A , J f f J par abbréviation aa, ou fimple-
ment" â. ) ( Pharmacie. ) .
Ce mot eft employé dans les formules ,
pour défigner qu'il faut mettre égale quantité ae
chaque drogue prefçrite. Aha eft une prépofition
grecque , qui marque quelque réitération ou continuité.
C'eft pourquoi elle fert dans cette langue,
ou pour lignifier le trajet, la durée, ou pour
marquer fimilitudc 8c reffcmblance. dans les poids
ou dans les mefures , l’égalité dans les chofes !
qui fe font à plufieurs fois > c'eft dans ce dernier 1
fens que cette prépofition , ( d'après les auteurs
grecs ) g eft employée par les auteurs latins dans
les formules de médicamens. On remarque que
Suétone, auteur latin , s'en eft fervi de même.
AN A CA RD E O C C ID EN T A L . Anacardhim
occidentale. L. Acajou.. Pifon, Braf. 58.
L'arbre d'acajou naît dans les îles de l'Amérique
, le Bréfil . les Indes, le Malabar, à Surinam
, à Saint-Domingue & dans la Guiane j !
il eft de la hauteur du pommier, branchu & touffu. ;E anacarde occidental ou plutôt la noix ; d'acajou, ]
mord imprudemment cette écorce, il fouf-
frira une ardeur vive & brûlante à la langue 8c
aux lèvres. C ’eft pourquoi l'écorce de la noix d’acajou
a été rangée parmi les cauftiques, 8c l’on
peut s'en fervir avec fuccès , pour détruire ,
dans quelques cas , les taches de la peau 8c
les cors aux pieds. La noix d’acajou eu bonne
à manger , elle eft nourriffante- On la recommande
pour exciter l’amour. Les habitans du
j Bréfil comptoient autrefois leur âge par le moyeu
de ce fruit ; ils en ferroient un tous lesi ans.
Nous en avons planté dans un jardin botanique,
il a .germé â notre fatisfa&ion j mais les noirs
frimats de l'hiver l'ont fait périr. Peut-être qu'avec
j beaucoup de foins 8c des ferres chaudes , 05
pourroit enfin fe procurer en France l'arbre acajou,
d’autant mieux que tranfporté à l'ïîe dëv-
France j on le cultive avec fuccès dans les jardins
du quartier^ de la montagne longue. Il y a
des fo-sêts -de cet arbre dans les plaines fablon-
neüfes, qui font au bord de la mer, & qu’on
traverfe, en allant de Gourou à Sinemari, dans
la Guiane frsnçoife. 11 eft très-ujtil.e aux vpya-.
geurs , à caufe de Ton fruit ayëc lequel on fe
foulage de la fo if, parce, qu'il ne fe rencontre
dans cette route que dé l'eau fale. On exprime
un fuc de ce fruit qui', parla fermentation , devient
vineux 8c enivrant ; il eft diurétique : on
en retire un efprit ardent, fort v i f , 8c on en
fait un excellent vinaigre.
Le bois d’acajou répand beaucoup de gomme
rouffâtre , tranfparente , folide. , qui, imbibée 1 d’eau , tient lieu de la' meilleure glu. On s’en
fert à Cayenne, pour coller tout ce qu’on veut
fouftraire à l'humidité 8cr aux infe&es. On la
paffe aujfi fur les meubles3 pour leur donner un
: vernis agréable. (M. W il l e m e t . )
AN A CA RD E ORIENTAL. Avkennatomen-.
tofa. L. Anacardium. C. Bauh. pin. ç i i .
L’anacardier eft un arbre exotiquegrand ,
beau 8c droit, qui porte un fruit nourriffant,
agréable au goût, dont la double enveloppe fort
dure, renferme-un fuc mielleux, âcre & brûlant.
Les anciens .ne coimoiffoient: pas l’anacarde
du levant.Ünnous l’apporte des Indes orientales 3
des îles l hilippines , de Surate 8c fur-tout du
Malabar. On coi]fit les amandes d’anacarde , foit
vqrtes dans du fel , • foit mûres dans du fucre.
■ C e fruit échaund 8c divife les humeurs tenaces
8c vifqueufes : ce qui a déterminé les médecins
arabes à le recommander fpécialement dans,les
• maladies du cerveau 8c des nerfs provenantes de
caufes froides , & comme un vrai fpécifique'
.
propre à aider tous les fens, la perception, l ia.-
! telligènce , la mémoire, guérir la paralyfie de
H h t