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peu d’affinité avec le phofphore , j’ai cru même
pendant long-temps que ce métal fe refufoit à ce
genre de combinaifon ; je l’ ai tentée de diverfes
manières, 8c toujours avec très-peu de fuccès 3
comme l’on pourra le juger par le détail des expériences
fuivantes. »
j ’ai fondu dans un creufet un mélange de deux
-onces de verre phofphorique , de deux gros de
charbon en poudre & de deux onces de bifmuth,
le tout en poudre; pendant la fufion il s’eft dégagé
beaucoup ae vapeurs de phofphore ; ayant retiré
le creufet du feu, j’y ai trouvé le bifmuth bien
fondu, 8c occupant la partie inférieure du creufet
; il étoit couvert d’un- verre à demi-tranfpa-
rent, un peu laiteux.
.Ayant examiné le bifmuth, j’ai obferve qu il
ne différôit point fenfiblement à l’afpeft du bif-
muth ordinaire 5 il en avoit la couleur 8c la caf-
fure ; efiayé au chalumeau, il donne au moment
où il entre en fufion une petite flamme verte 5
du refte, il s’y comporte comme le bifmuth ordi-
naire. • .
J’ai fait un mélange de deux onces de- bifmuth
& de deux onces de verre phofphorique, ayant
procédé à la fufion, j’ai obtenu un culot, de bifmuth
absolument femblable à celui de l’expérience
précédente 5 le verre phofphorique qui le recou-
vroit avoit perdu de fa tranfparence 3 il étoit affez
femblable à la couleur du jade.
J’ai encore tenté la phofphorâtion du bifmuth
en fondant un mélange d’ une once d’oxide de
bifmuth, d’une once 8c demie de verre phofphorique
j de deux gros de poudre de charbon. Le
bifmuth que j’ai.obtenu de cette réduction ne m’a
point paru plus phofphore que celui des expériences
précédentes.
J’ afauffi tenté la phofphoration directe du bifmuth
; j’ai donc fait fondre dans un creufet fix
cens grains de ce métal 3 8c lorfqu’il a été fondu
j’y ai projette par parties de petits morceaux de
phofphore ; ayant enfuite retiré le creufet du feu,
j’ai examiné le bifmuth que j’ai trouvé très-adhérent
au fond du creufet ; fa calibre étoit celle du
bifmuth; au chalumeau il a donné une très-petite
flamme verte au moment où il eft entré en fufion.
Expofé quelque temps à l’air, il prend une couleur
irifée ; fi on le lime 8c que l’on jette la limaille
fur un charbon bien allumé, l’on voit qu’il
fe dégage de petites flammes verdâtres qui ont
l’odeur de phofphore. Je dois avertir que pour
bien obferver cette phofphorefcence, il faut être
dans un endroit obfcur.
L’on jugera d’après ce que je viens de rapporter
fur la phofphoration du bifmuth, que ce métal
retient peu de phofphore. Je n’en évalue point
la. proportion à plus de quatre livres pour cent.
On ne connoït pas bien l’a&ion de l’ arfénic fur
le bifmuth, on fait que ce métal ne s’allie point
au cobalt, 8c qu’il en refte féparé dans la fonte.
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On ne connoït pas l’alliage du bifmuth avec le
tungftène 8c le molybdène.
Le nickel, dit Cronftedt, forme avec le bifmuth
un métal caflant 8ç écailleux. La difîolution par
l’acide nitrique peut féparer quoiqu’imparfaite-
ment, ces deux matières métalliques, par la propriété
que nous connoifîons au nitrate de bifmuth
d’être décompofé par l’eau.
L’alliage de manganèfe avec le bifmuth eft inconnu.
L’antimoine s’ unit au bifmuth, mais on n’a point
encore examiné cet alliage avec foin.
Le zinc 8c le bifmuth ne.forment point d’alliage
connu , quoiqu’il paroifîe pouvoir être utile dans
les arts.
Le mercure diftout très-aifément le bifmuth
qui s’y combine en toutes proportions. 11 réfulte
de cette combinaifon une matière brillante, friable
8c plus ou moins folide, fuivant la quantité de
bifmuth- Cette amalgame eft fufceptible de crif-
tallifer en pyramides à quatre pans, qui quelquefois
fe réunifient en o&aëdres. Le>plus fouvent on
la trouve criftallifée en lames minces, qui. n’ont
point de forme régulière. On obtient cette crif-
taliifation en faifant fondre cette combinaifon, &
en la Liftant refroidir lentement. Lorfqu’on la
chauffe dans une cornue, elle ne donne que très-
difficilement le mercure, qui lui fert de diffolvant.
L’étain 8c le bifmuth donnent, fuivant Gellert,
un alliage caftant, 8c à facettes cubiques. Les potiers
allient quelquefois ce dernier métal à l’étain
pour lui donner de la blancheur 8c de la dureté.
Comme il lui communique beaucoup de roideur,
& qu’il eft plus cher que le zinc qui produit les
mêmes effets fur l’étain, le^ ouvriers ne peuvent
pas l’employer à plus d’une livre ou d’une livre &
demie par quintal, & l’on n’a rien à craindre de
fes effets fur l’économie animale , effets qu’une
analogie marquée avec le plomb dans toutes les
propriétés du bifmuth, pourroient faire foupçon-
ner femblables à ceux de ce métal dangereux. On
peut départir le bifmuth de l’étain à l’aide de l’a*
eide muriatique, qui diftout le dernier 8c laifte le
premier foüs la forme d’une poudre noire, pourvu
qu’on l’emploie friable. Lacide nitro-muriatique
produit le même effet lorfqu’il eft étendu d’eau.
Le plomb s’allie avec le bifmuth, & donne un
métal mixte d’un grain fin 8c ferré, qui eft aigre
& caflant. Le mercure diftout le plomb avec la
plus grande facilité. On fait cette amalgame en
verfant du mercure chaud dans le plomb fondu;
elle eft blanche 8c brillante, elle acquiert de la fo-
lidité au bout d’un certain temps ; triturée avec
celle de bifmuth, elle devient aufti fluide que du
mercure coulant. 11 eft bon d’obferver que ce fin-
gulier phénomène a lieu dans l’union de trois matières
très-fufibles, très-pefantes 8c plus ou moins
volatiles. _ - _ % Jvr* -ri* ; _
Le fer ne forme point d’alliage avec le bifmuth.
Le cuivre s’unit au bifmuth 8c forme, fuivant
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Gellert, un alliage d’un blanc rougeâtre à facettes
' cubiques.
L’argent s’allie très-bien au bifmuth 8c forme
avec lui un métal mixte fragile, dont la pefan-
teur fpécifique eft plus grande que celle des deux
métaux pefés féparément. -
L’or s’unit au bifmuth , qui le blanchit en le
rendant aigre 8c caflant. Comme ce métal eft très-
oxidab.le 8c très-fufible, il eft aifé de le féparer
d'avec l’or par i’aétion du feu combiné avec celle
de l’air.
Le platine s’allie très-bien avec le bifmuth,
qui le rend d’autant plus fufible que ce dernier eft
en plus grande quantité. Cet alliage eft aigre 8c ■
caflant; il devient jaune, pourpre 8c noirâtre à
l’air ; on ne peut coupeler ce métal mixte qu’avec
la plus grande difficulté; il ne forme jamais qu’une
ma fie peu duélile.
Le bifmuth eft employé par les potiers d’étain
pour donner de la dureté à ce dernier métal. Il
pourroit être fubftitué au plomb dans l’art de coupeler
les métaux parfaits, parce qu’il a, comme
ce métal, la propriété de fe fondre en un verre
que les coupelles abforbent. Geoffroy le cadet a
trouvéjbqaucoup de rapport entre ce métal caf-
fant &^-plomb. On ne peut que. foupçonner les
effets du*bifmuth fur l’économie animale; on croit
avec affez de vraifemblance que fon ufage feroit
dangereux comme celui du plomb. On connoït
même quelques mauvais effets de ce métal appliqué
extérieurement.
On_fe fert de l’oxide de bifmuth, appellé blanc
JW,'pour blanchir la peau; mais il faut alors
éviter avec foin toutes les matières très-odcrantes,
& fur-tout celles qui font fétides. -Le voifinage
des boucheries, des. voieries ,- des égouts, des latrines,
même des odeurs fortes, influe tellement
fur cet oxide, qu’il lui donne une couleur plus ou
moins noire. La vapeur des fulfures alcalins., celle
des oeufs, produiront le même effet avec beaucoup
d’énergie. On fait en phyfique une expérience
qui prouve cette propriété. On trace des
caractères avec une diAblution "de bifmuth fur. le
premier feuillet d’un livre blanc compofé d’une
centaine de pages ; on imprègne le dernier feuillet
d’un peu de fulfure alcalin ; quelques inftans après
la vapeur Hépatique 3 portée par l’air qui circule
entre tous les feuillets, arrive à l’extrémité du
’ivre, 8c colore en brun foncé les caractères traces
fur la première page. On a dit que le gaz hydrogène
fulfuré ou hépatique traverfoit le papier ;
mais M. Monge a prouvé que c’eft l’air qui le
porte ainfi de feuille, à feuille, puifqu’en collant
ces feuilles les unes aux autres la coloration n’a
Plus lieu.
Bismuth. ( Métallurgie.) C ’eft un demi-métal
°u métal imparfait, qu’on appelle aufti étain de
glace ; il eft compofé de petites lames ou feuillets
mmces pofés les uns fur les autres, 8c c’eft après
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l’étain la plus fufible de toutes les fubftances métalliques;
fa couleur eft d’un blanc jaunâtre, il
fe réduit très-aifément en poudre.
. On trouve beaucoup de bifmuth en Bohême 8c
en Saxe, mais il fe trouve prefque toujours mêlé
dans les filons avec des métaux 8c demi-métaux ,
8c notamment avec le cobalt ; on trie , aufti exactement
qu’il eft poffible, le minerai de bifmuth de
toutes ces fubftances qui lui font étrangères, afin
de le fondre féparément pour en obtenir ce demi-
métal.
Tout le bifmuth que nous avons vu en Allemagne
fort dufein de la terre à l’état vierge ou nat
if, c’eft-à-dire, qu’il n’eft minéralifé ni par le
foufre ni-par l’arfénic, 8c il n’y a proprement
que de celui-là dont on tire parti en Saxe par la
fonte en grand, qui n’eft qu’une efpèce de liquation
qui fe fait fans fondans 8c fans addition de
phlogiftique, d’autant plus aifément que ce demi-
métal entre en fufion à un degré de chaleur tres-
foible. Nous avons donné au mot Azur la manière
, par la fonte en grand, d’extraire le bif-r
muth du minerai de cobalt, qui fouvent y eft
mêlé 8c difteminé en petits grains; nous ne répéterons
point ici ce procédé en ufage en Saxe,
foit que le minerai de bifmuth foit mêlé avec
d’autres fubftances métalliques, foit qu’il le trouve
, Amplement accompagné de fa gangue ou matrice.
Enfin pour tirer le bifmuth de fon minerai, il
ne faut pas plus de travail que pour tirer l’antimoine
du fien.
Bismuth. ( Pharmacie. ) On a dit dans l ’article
précédent que le bifmuth avoit été comparé
au plomb par fes effets fur l’économie animale ; on
fa.craint comme ce dernier métal. Cependant il
n’y a nulle expérience exaéte fur ce point. Le bifmuth
ou fes oxides font peu employés en pharmacie.
Cependant on faifoit entrer autrefois l’oxide
de bifmuth dans quelques compositionsextérieures,
que l’on rangeoit parmi les deflicatifs. On n’en fait
plus aujourd’hui aucune efpèce d’ufage, Si le bifmuth
n’ exifte même plus parmi les drogues xi ans
les laboratoires ou les magafins de pharmacie.
BISTORTE. ( Pharmacie.) Polygonum hiftorta.
Bifiorta. Cam: épit. 683. On cultive cette plante
dans lés jardins. Elle croît fpontanément dans les
pays chauds 5 fur le fommet des montagnes, dans
les lieux humides. Elle eft vivace.
Sa racine elt officinale, 8c doit être clafîee parmi
les plus forts aftringens. La plupart des auteurs
en recommandent l’ufage dans le vomiflemènt,
l’avortement, les diarrhées, la gonorrhée, les
fleurs blanches,l’êfquinancie, ladyflenterie,l’hé-
moptifie 8c autres écoulemens tantféreux que fan-
guins ; dans les fièvres intermittentes, particulièrement
la fièvre quarte, les petites - véréles, la
rougeole ,1a pefte 8c autres fièvres malignes ; contre
les hernies, les ulcères, les plaies , les chan-
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