tenji dans les minerais; & la fécondé, parce que
ces minerais font fondus , fans avoir été grillés.
De la fonte crue.
L'on prit de feize minières différentes , quâ.-
torze cents quarante quintaux & foixante-cinq
livres de minerais contenant du fpath, du quartz,
de la blènde & beaucoup de pyrites fulfureufes,
qui enfemble ne contenoient que 132 marcs fept
onces quatre gros d'argent ; ce qui avoir été reconnu
par des effais docimaftiques, faits avec exactitude.
Tous ces différens minerais furent bien
mêlés 3 afin quil puffent fe fervir réciproquement
âé fondans. Car l'on fait, ainfî que MM. Darcet
& Pott l'ont fait connoître, que le quartz, ou toute
autre pierre réfraètaire , étant mêlée en certaines
proportions avec du fpath calcaire , l'un &r l'autre
entre en fufîon en fe vitrifiant. Il ne fuffitpas ici de
procurer de la fluidité à la matière fondue , il
faut encore en raffembler toutes les parties métalliques,
& "fur-tout celles d'argent, dans un volume
plus petit que celui où il étoit auparavant. C ’eft
à quoi l'on parvient à l'aide des pyrites qui donnant
dans la fonte une matte plus pefante que la
partie vitrifiée, appeliée fcorie, réunifient les particules
métalliques. Ces pyrites facilitent àufïi beaucoup
la fufîon ; ce qui arrive par-tout où le fer
& le foufre fe trouvent mêlés, comme dans cette
fubftance. L'addition des fcories eft également
effentielle dans cette fonte ; on étend par leur
moyen dans un grand volume fulîble par lui-même,
des matières qui font encore réfra&aires, telles
que la blende qui s'attache aux parois & aufond
des fourneaux. Les fcories en facilitent la vitrification.
11 fut donc ajouté aux 1440 quintaux &
65 livres du mélange des minerais ci-deffus', 600
brouettées de fcories provenant d'une fonte de 1
minerais de plomb, qui avoient déjà paffé plufieurs
fois à la fonte pour les appauvrir 3 il y fut en outre
mis cent brouettées de matières qui , ne fe fondant
pas bien, fe raflemblent dans les fourneaux.
On appelle ces matières durillons j en Allemand,
guefchur. Enfin l’on ajouta au mélange 36 brouettées
de matières pilées & lavéés, extraites de la
brafque qui forme le fol des fourneaux : l’effai annonce
qu'elles contiennent fept marcs quatre gros
d'argent, qui avec les 132 marcs fept onces quatre
gros contenus dans les minerais, font 140 marcs.
Les 736 brouettées de fcories de durillons &
lavuresde brafque, font évaluées peferdeux quintaux
chacune; ce qui feroit 1472 quintaux, qui
ajoutés aux 1440 quintaux 65 livres de minerais,
font un total du poids de 2912 quintaux & 6y
livres.
Le plomb, l’argent & le cuivre contenus dans
ces matières d'addition, fe réunifient durant la
fonte crue, aux mattes avec lefquelles elles fe
précipitent. Il feroit impoflîble de tirer parti des
minéraux pauvres, fi on ne fuivoit pas cette méthode.
Tous les minerais du mélange ci-deffus avec fes
additions, furent fondus en quinze jours dans deux
hauts fourneaux, femblables à celui qui eft re-
préfenté fur la planche trente-huit du traité des
fonderies de Schlutter, traduit de l'allemand par
M. Hellot 3 mais avec quelques différences, dont
voici les principales.
La hauteur totale de ce fourneau eft de 16 pieds
cinq pouces, y compris quatre pieds fix pouces
& demi pour les fondations 3 de forte qu'il refte
douze pieds dix pouces & demi, depuis le fol delà
fonderie jufqu'au haut du fourneau, qui a vingt
pouces neuf lignes de large à fa partie fupérieure,
fur 28 pouces & demi dé longueur. 11 forme un
renflement à la hauteur de la tuvère, qui va en
diminuant ;ufques fur le devant 3 a cette hauteur,
il a 34 pouces 7 lignes de largeur, ,3c fur le devant
, où eft la petite voûte pour la pierre de
l'oe il, 29 pouces 5 lignes, fur une largeur de 36
pouces 3 lignés.
11 diffère encore de celui de Schlutter , en
ce que l'on a pratiqué à côté de l'avant-foyer,
à l’endroit oppofé du baflin de réception, un
canal pour y faire couler les fcories , lorfque le
catin dupremier eft plein. C e canal eftfait avec de
la terre graffe & en pente, fur laquelle on bat de
la brafque.
Avant de commencer la fonte, les fondeurs &
leurs aides fe rendent le lundi à quatre heures du
matin à la fonderie pour préparer leurs fourneaux;
ils enlèvent les fcories & autres matières qui y
font reftées de la fonte précédente, de même que
toute la brafque qui a été brûlée, & celle qui n'eft
pas affez ferme pour en recevoir de nouvelle; ils
abattent, avec un marteau & autres outils, tout
ce qui s*eft attaché aux parois intérieurs , & s'ils
trouvent que leurs fourneaux aient une plus grande
capacité que celle qui efCprefcrite, ils y remédient
en bouchant toutes les cavités qui peuvent
s'y être formées, fur-tout au-deflfus de la tuyère;
enfin, ils les rétabliflent dans leur premier état. La
vieille brafque eft criblée &■ mife à part pour
être mêlée avec de la nouvelle 5 toutes les matières
qui reftent fur le crible, font lavées à un courant
d'eau pour en retirer la matte & les fcories,
c'eft ce qui fait partie des débris qui ont formé
les trente fix brouettées portées ci-deffus au
mélange.
La brafque dont on fe fert eft légère ; elle eft
compofée de partie égale d’àrgile bien féchée &
de pouflière de charbon, te tout pilé fous les pilons
d'un bocard , & tamïfé ; l'on humeéte cette
pouffière de mapière qu'elle puiffe fe pelotter dans
les mains 3 on en met d'abord trois brouettées
tant dans l'intérieur d'un fourneau que dans fon
encaiffement extérieur 3 on la bat .avec un pilon
de bois de quatre à cinq pouces de diamètre,
on place alof§ le bois conique qui doit former
le paffage de la percée 3 on remet un nouveau
lit de brafque , après avoir arrofé le • premier,
afin que l'un & l'autre’ puiffent mieux fe lie r ,
& ainfî de fuite, flratum fuper ftratum , jufqu'à
ce que le fourneau foit plein à hauteur de la
lèvre inférieure de la tuyère, que le maître fondeur
place , füivant la qualité des matières à fondre :
fi le mélange n’eft ni réfraétaire ni trop fufible,
il place la tuyère dans une pofîtion horifontale de
quinze pouces & demi, plus élevée que le deffus'
du baflin de l’avant-foyer , & dans cette circonf-
tance, le vent dés foufflets eft dirigé aufli hori-
fontalement; ils font de cu ir, de neuf pieds de
longueur, & trois pieds dans leur plus grande
largeur. Les bufes ou canons de ces foufflets font
difpofés de manière que leur vent fe croife à-
peu-prèsau milieu delà longueur du fourneau.
Si l'on avoit à fondre des minerais plus réfractaires
que ceux du mélange ci-deffus, il feroit à
propos d'élever la tuyère d'un pouce 3 alors ayant
plus de diftancè pour arriver au baflin de l'avant-
foyer , les matières acquéreroient une fufîon plus
parfaite, 8des parties métalliques fe précipiteroient
avec plus de facilité à travers les fcories.. Si le minerai
eft très—fufible , on place la tuyère de fix lignes,
'de même d’un pouce plus bas, de alors on l'incline
un peu vers l'intérieur du fourneau, ainfî. que
les bufes ou porte-vent des foufflets. Enfin, il
y auroit de l'inconvénient à placer la tuyère trop
bas, la fonte ne fe feroit pas aufli promptement,
les fcories ne fëroient pas aufli fluides ; elles ne
laifleroient pas bien précipiter la matte, dont une
partie y refteroit .mêlée.
La tuyère placée , on fait la trace en creufant
la brafque dans le fourneau, depuis dix-fept jufqu'à
dix-neuf pouces de profondeur, & le baflin
ae l'avant-foyer de onze à treize pouces , de façon
que l'un & l'autre forment un feul baflin ou fe
raflemblent les mattes & les fcories , la brafque
qui eft en pente depuis la tuyère jufqu'au fond
fie la trace, s'appelle le fîège du nez.
On ferme enfuite le devant du fourneau avec
fies briques, on garnit la trace & les baflins de
charbons que l’on allume, on y entretient le feu
pendànt trois ou quatre h eu re so n remplit en-
fuite le fourneau de charbon, en y ajoutant une
brouettée de fcories qui fervent à former le nez.
Lnfin, on porte fur la dernière charge de charbon
deux baquets du minerai mélangé, alors l'on
rau agir les foufflets, & le maître fondeur veille
» ce que le nez fe forme tel que le travaille l'exige*
f Les fondeurs appellent nez, des fcories qui s'attachent
au bout de la tuyère, de qui en forment la
prolongation). Pour la fonte dont nous traitons
lcl-> 1®. nez ne doit avoir que fix jufqu'à huit
pouces de longueur, & le fondeur ne doit pas
attendre que les matières foient trop baiffées dans
e fourneau pour le charger de nouveau, parce
que minerai n'auroit pas le temps de s'échauf-
er fuffifamment avant d’être rendu vis-à-vis la
t u y e r e , a lo r s i l n e fo n d r o i t q u 'im p a r fa i t em e n t ,
c e q u i o c c a f io n n e r o i t u n e p e r t e d e m a t iè r e & d e
tem p s .
Jufqu'à c e q u e la t r a c e & l e b a flin d e l 'a v a n t -
f o y e r fo y e r it p l e in s , l e fo n d e u r r em e t d e t em p s
e n tem p s la m a t iè r e e n f u f îo n , e n p a ffa n t e n d e f -
fo u s d e la p ie r r e d e l ’oe i l , u n e b a r r e d e f e r q u 'o n
a p p e lle r in g a r d , afin d e d é ta c h e r d e la b r a fq u e
la m a t t e & le s f c o r ie s q u i s 'y r e n d e n t o r d in a ir
em e n t a d h é r e n te s dans l e c om m e n c em e n t d e la
fo n t e . 11 e n l è v e a u fli d e tem p s e n tem p s l e s f c o r
ie s d e la f u r f a c e , d e c r a in t e q u 'e lle s n e de vien-*
n e n t t ro p p â te u fe s .
A m e fu r e q u e l e fo u rn e a u s ’é c h a u f f e , o n a u g m
e n te à c h a q u e c h a r g e la q u a n t i t é d u m in é ra l o u
m é la n g e , fans c h a n g e r la p r o p o r t io n d u ch a rb o n ;
l e p r em ie r f e p o r t e , fu r la p a r t ie p o f t é r ie u r e d u
fo u rn e a u , afin d e m é n a g e r le s ch a rb o n s d e b o is :
n o u s a v o n s v u a jo u t e r à c h a q u e c h a r g e un p e u d e
ch a rb o n d e t e r r e c r u d , q u e l 'o n c h a r g e fu r la p a r t ie
a n t é r ie u r e d u f o u r n e a u , c a r le s S a x o n s a v o ie n t
a lo r s fo in q u ' i l n e to u c h â t p a s l e m in e ra i 3 p e u r
b u t n e t e n d a n t q u 'à a u gm e n t e r l ’ in t e n f it é d e la
c h a l e u r , s 'ils e u f le n t c o n n u la m a n iè r e d 'é p u r e r
l e c h a rb o n d e t e r r e , ils e n a u r o ie n t e m p lo y é , fan s
in c o n v é n i e n t , u n e b ie n p lu s g r a n d e q u a n t i té 3
n o u s fom m e s m êm e p e r fu a d é s q u e dan s la f o n t e
c r u e d o n t n o u s t r a i t o n s , i ls a u r o ie n t p u f e p a f le r
d è c h a r b o n d e b o is . Voye^ l 'a r t i c le C harbon
de terre, v o u s y v e r r e z fo n u t i l i t é dan s le s
fo n d e r ie s lo r fq u 'i l e f t r é d u i t e n coaks.
M a is r e p r e n o n s la fu i t e d e n o t r e fo n t e ! L o r f q u e
la t r a c e J e l e b a flin d e 1 a v a n t - fo y e r fo n t r em p lis
d e m a t t e s , o n t fa it la p e r c é e q u i n 'a lie u q u e d e
fix en f ix h e u r e s ; p o u r c e t e f fe t o n b o u c h e %
t u y è r e a v e c u n e b o u le d 'a r g i le & o n a r r ê te l e s
fo u ff le ts ; e n fu i te l 'o n in t r o d u i t un f e r p o in tu dan s
l e ca n a l d e la p e r c é e , o n l’ e n fo n c e d 'a b o r d d o u c
em e n t , fi o n t r o u v e d e la r é f i l la n c e , o n f r a p p e
a v e c u n m a r te a u fu r l e f e r q u e l'o n r e t i r e & q u i
la if fe un p e t i t t ro u pa r le q u e l la m a t t e s 'é c o u l e
dans le b a flin d e r é c e p t io n t e n u c h a u d a v e c un f e u
d e c h a rb o n s . L o r fq ü e le s f c o r ie s q u i n a g e o ie n t à
la fu r fa c e d e la m a t t e , f e p r é fe n t e n t , à l 'e n t r é e
d u c a n a l , o n b o u c h e a v e c u n e p e t i t e p e lo t t e d e
t e r r e a r g i le u fe l e t ro u d e p e r c é e . O n e n lè v e d u
b a flin d e l 'a v a n t - fo y e r le s f c o r ie s q u i s 'y fo n t
f ig é e s , de a v e c d e s r in g a rd s o u le v ie r s d e f e r , o n
d é ta c h e le s m a t iè r e s p â te u fe s q u i fo n t r e f té e s d a n s
la t r a c e de dan s la p a r t ie in f é r ie u r e d u fo u rn e a u 3
c e s m a t iè r e s q u i fo n t c om p o fé e s d e m a t t e d e
b le n d e & d e f c o r i e s , fo n t c e q u e n o u s a v o n s
n om m é ^ d u r illo n s , & q u i e n t r e n t d a n s la c om p o -
f ît io n du m é la n g e , ainfî q u e n o u s l 'a v o n s d i t .
. O n r é p a r é le b a flin d e l 'a v a n t - f o y e r e n y b a t ta
n t d e la b r a f q u e , & o n f a i t a g ir le s fo u f f le t s 3
la m a t t e e f t e n fu i t e l e v é e e n g â t e a u x , d e c h a c u n
defiquels l 'o n p r e n d u n p e t i t m o r c e a u , d o n t l e
m a î t r e d e la f o n d e r ie f a i t l 'e f f a i , a fin d e s 'a f lu r e r