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Dep.J.C. ait eu le fecret, mais il defiroit de
l’avoir : eftimé des uns, méprifé des
Dep.J.C
autres. .17,3.7.
1675 * Olaus Borrichius , danois fort
habile , né en 162.6 , ôc mort en
169c. Célèbre médecin, curieux artifte,
ôc l'on ne doute pas qu'il ait été
adepte.
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1676 C hristophe-Adolphe Balduin, artifte
allemand très-hâbüe.
1677 Georges M orhofle , littérateur très- 173 9
habile , eft plutôt regardé comme un
amateur de la fcience hermétique , que
comme un auteur‘célèbre : cependant,
il a donné quelques traités curieux ,
mais feulement pour l'hiftoire.
1678 Pantaleon , efpèce de charlatan , félon
Becher , & qui offroit à tous les princes
de l'Europe de grands (ecrets
qu'il n'avoit pas. Becher a écrit contre
ce chimifte ,• dont nous avons quelques
traités : cependant Borrichius l’efti-
moit fort.
1679 * Jacques T ollius. , célèbre littérateur
hollandois 5 on croit qu'il a eu
quelque portion du fecret de la fcience
hermétique , fur laquelle il a écrit.
16S0 Jqsehp Borri , né à Milan en 1616,
mort en 1695 , célèbre aventurier ,
de qui'nous avons plufieurs traités ,
ÔC quelques procédés que l'on vante
fort.
1681 Georges Sta lh , célèbre chimille allemand
, a beaucoup écrit 5 il a donné
même quelques préparations de' l'or ,
qui peuvent fervir pour là métallique.
1688 1 A dolphe-C hristophe Benziüs , phi •
lofophe allemand.
1690 Jean-C onrad Barchüysen , profeD
feur de chimie àLeyde , s'eft appliqué
à la fcience hermétique, & ne paroît
pas y avoir réuffi.
1690 Jacques Lemort , célèbre artifte , de^
meurant à Leyde.
1696 Jean-Michel FaustiUs , médecin de
Francfort , a donné une allez bonne
édition de Philalèthe.
1710 Jean-Helfrid Jüngkén, chimifte allemand
très-eftimé.
17x1 Georges-W olfang W edelius , habile
littérateur , chimifte eftimé 3 dont
nous avons plufieurs ouvrages. -
172.0 FrédéricRotii-Scholtzius , filéfien,
qui a publié une bibliothèque hermétique
^ ôc quelques autres ouvrages. .
175.0 Herman Bo b rh a a v e , célèbre profef-
feur de médecine'& de chimie à Leyde,
où il a fort brillé A & a fur-tout'donné
un cours complet de chimie.
1 7 5 4 'Emmanuel Swedenborg , excellent
A L C
naturalifte, de qui nous avons un ou-
. vrâge fort favant fur la métalliaue.
Jean-Christophe M | g philofophe
allemand fort eftimé 3 qui a donné un
traité fur la diftolution des métaux par
un alkaeft particulier.
Jean-Henri Pott , philofophe exaèt Ôc
favant., de qui nous avons plufieurs
traités , fur le zinc 3 les fels &,lës métaux.
Mathieu Dammy 3 fils d'un marbrier
. de Gènes , fe donne le titre de marquis.
-11 a demeuré long-temps à Paris ,
où je l'ai vu : il fut mis en prifon pour
dettes, Ôc • en eft toujours -forti-. en
payant: il adonné à Paris une manière
particulière de faire une compofition
de faux marbre. Mais- avant que -le
fieur Dammy en ait ici donné le fecret,
j'en ai vu à Vienne, en' Autriche, aux
récollets dé cette ville: les colonnes
de leur maître-autel font de-faux marbre
, qui fe fait avec du plâtre fin , dé
la colle forte délayée dans dé l'eau,
à laquelle' on joint les couleurs que
- Bon veut en poudre. Le fieur Dammy
s'eft retiré à Vienne . en Autriche >
vers Tan 172.5. Il a époufé une fille de
• condition , €e qui ne l’a pas' encore
empêché d'avoir quelques aventures
fihgulières.
§. III. Fraudes & fuper chéri es fur la pierre
philofophale.
Geoffroy l’aîné a donné , dans les mémoires
de l'académie des fciences, année 1722, page 61 y
un détail des fupercheries qui ont été employées
dans difFérens temps, pour tromper les hommes
crédules fur la prétendue tranfmutation des métaux.
Comme on n'a rien ajouté à ce que Geoffroy
a dit fur cet objet, on a cru devoir confî-
gner fon mémoire dans cet article.
«Il feroit à fouhaiter, dit ce chimifte célèbre ,.
que l'art de tromper fût parfaitement igporé des
hommes , dans toutes fortes de profefïions j
mais puifque l'avidité infatiable du'gain engage
une partie des hommes â mettre cet art en pratique
, il eft: de la prudence de chercher à çon-
noîtrë ces fortes de fraudes pour s'en garantir.
Dans la chimie , la pierre pmlofophale ouvre uiï
très-vafte champ à l'impofture.
L'idée des richeffes immenfes, qu'on nous promet
, par le moyen de cette pierre, frappe vivement
l'imagination des hommes. Comme d'ailleurs
on croit facilement ce qu'on fouhaite, le deftr
de pofteder cette pierre porte bientôt l'efprit à
en croifé* la poftibilité.
A L G
Dans cette difpofition, ou fe trouvent la plupart
dés efprits, au fujet de cette pierre , s il
furvient quelqu'un qui afture avoir fait cette
fameufe opération, oli quelqu'autre préparation qui
y conduire, qui parle d’un ton impofant b-c avec
quelque efpèce de raifon , ôc qui appuie fon
raifonnement de quelques expériences , on l'écoute
favorablement ; on ajoute foi à fes difcours 5 on
;fe lai fié - furprendrepar des.preftiges ou par des ;
expériences tout-à-fait féduifantes , que la chimie
lui fournit abondamment, enfin , ce qui eft le
plus furprénant, on s'aveugle affez pour fe. ruiner,
en avançant des fommes confidérables à ces fortes
d'impofteurs, qui, 'fous difFérens prétextes, nous
demandent de l’ argent-, dont ils difent avoir befoin,
dans le temps même qu'ils fe vantent de pofteder
une fouree de tréfors inépuifables.
. Quoiqu’il y ait quelque inconvénient à mettre
au jour les tromperies dont ces impofteurs fe
fervent, parce que quelques perfonnes pourroient
en abufer, il y en a cependant beaucoup plus à
ne les pas faire connoître, puifqu'en des découvrant
, on empêche un très-grand nombre de gens
de felaifter feduire par leurs tours d'adrefle.
: C'elt donc dans la vue . d’empêcher le public
de fe laifîer abufer par cesiprétendus philosophes
chimiftes, que je rapporteici les principaux moyens
de tromper qu'ils ont coutume d’employer, ôc
qui font venus à ma Connoiffance.
Comme, leur principale intention eft, pour l'ordinaire
, de faire trouver de l'or ou de l'argent
à la place des matières minérales, qu'ils prétendent
tranfmuer, ils fe fervent, fou vent de creu.fecs ou
de coupelles doublées, ou .dont ils ont garni le
fond .de chaux d'or ow: d'argent 5 ils recouvrent
ce fond avec une pâte fàite.de poudre de creufet-,
incorporée avec de l'eau gommée-ou un peu de
çire 5 ce qu'ils accommodent de manière , que cela
paroît le-véritable fond du creufet Ôc de .la coupelle.
. D'autres fois ils font un trou dans un charbon ,
ils y coulent de la poudre d'or ou d’argent, & -ils le
referment avec de la cire j ou bien ils imbibent
des charbons des diflblutions de ces métaux , Ôc
ils les font mettre en poudre pour projetter fur les
matières qu'ils doivent tranfmuer.
• Ils fe fervent de baguettes ou de petits morceaux
de. bois creufés à leur extrémité , dont le
trou eft rempli de limaille d'or ou d'argent, ôc
qui eft rebouché avec de la feiure fine du même
bois j ils remuent les matières fondues avec la
baguette, qui, en fe brûlant, Iaifte dans le creufet
le métal fin qu'elle contenoit.
Us mêlent d'une infinité de manières différentes,
l’or & l'argent dans les matières fur lefquelles ils
ttavaillent; car une petite quantité d'or ou d'argent
ne paroît point dans une grande quantité de mercure,
de régule d'antimoine, de plomb, de cuivre,
ou de quelqu'autre métal.
On mêle très-aifément l'or Ôc l'argent en chaux 3
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dans les chaux de plomb, d’antimoine bc de mercure.
Cn peut enfermer dans du plomb , des grenailles
ou des lingots d’or & d argent. On blanchit
l’or avec le vif-argent, & cn le fait pafter
pour de l’étain ou pour-de l’argent $ on donne
enfuite pour tranfmutation l’or & l’argent qu'on
retire de ces matières.
Il faut prendre garde à tout ce qui pafte pat
les mains de ces fortes, de gens > car fouvent les
eaux fortes ou ïes eaux régales qu'ils emploient,
font déjà chargées de diffoliitions d'or & d'argent.
Les papiers dont ils enveloppent leurs matières ,
font quelquefois pénétrés de chaux de ces. métaux
j l'écriture ou les taches qui paroiftent def-
fus , peuvent être faites avec les teintures de ces
i métaux ; les cartes dont ils fe fervent peuvent
cacher de ces chaux métalliques dans leur épaif-
fetir. On a vu le verre fortant des verreries ,
chargé de quelque portion d'or qu’ils y avoient
gliftë adroitement pendant qu'il étoit encore en
fonte dans le, fourneau.
. Cuelques-uns en .ont impofé avec des clous
moitié fer & moitié or ou moitié argent. Ils font
accroire qu'ils ont fait une véritable tranfmutation
de la,moitié de ces clous, en les trempant à demi
dans une prétendue -teinture. Rien n'eft d'abord
plus féduifant ; ce n'eft pourtant qu'un tour d'a-
drefte. Ces clous, qui paroiffoient tout de fe r ,
étoient néanmoins de deux pièces , une de fer &
une d'or ou d'argent, foudées au bout l'unq de
l’autre très-proprement 3 & recouvertes d'une
couleur de fer qui diiparoifloit en la trempant
dans leur liqueur. Tel étoit le, clou moitié or ôc
moitié fer qu'on a vu autrefois dans le cabinet de
M. le grand duc de Tofcane 5 tels font ceux que
je présenté aujourd'hui à la compagnie, moitié
argent & moitié fer ; tel étoit le couteau qu un
moine préfenta autrefois à la reine Elifabeth en
Angleterre, dans les premières années_ de^fon
règne., dont l'extrémité de la lame étoit d'or j
aufti-bien que ceux qu'un fameux charlatan répandit
il y a quelques années en Provence, dont
la lame étoit moitié argent. & moitié fer. 11 eft:
vrai qu'on ajoute que celui-ci faifoit l'opération
fur des couteaux qu'on lui donnoit, qu'il ren-
doit au bout de quelque temps, avec l'extrémité
de la lame convertie en argent > mais il y
a lieu de penfer que ce changement ne fe faifoit
qu'en coupant le bout de la lame, ôc y foudant
proprement un bout d'argent tout femblable.
On a vu pareillement des pièces de monnoie
ou des .médailles moitié or & moitié argent. Ces
pièces, diioit:on, avoient été premièrement de
l’argent ; mais en les trempant à demi dans une
teinture philofophale, ou dans l’élixir des philo-
fophes, cette moitié qui avoit été trempée s’étoit
tranfmuee en or, fans que la forme extérieure de
la médaille èût change , ni que fes caractères
I euftent été altérés coufidérabjement.