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pour l’appuyer, il faudroit qu'on connût tous, lés
principes qui entrent dans, la compôfition des
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ce , 8c cônfeqùempierit pour établir une bonne
théorie,, nous ne pouvons dans lé moment
corps, & qu'on fût au point d’attribuer à cha- ] tuei,afiurer que telle ou tefteexplication eft lameil-
cun les effets qu’il doit produire. i Ieure .conféauemment Les belles expériences de Schéelle 8c de MM. 1
Berthôllet, Chaptal, Dorthès , Prieftley 8c In-
gen-Houfz, prouvent que la lumière a une influence
directe fur les corps 5 mais de quelle manière
agit-elle & fe combine-t-elle dans quelques
circonftances avecl’oxigènè pour former un compofé
ternaire , qui eft l'air vital, ou s'unit-elle
.à la bafe du calorique, qui peut être contenue
dans les corps ; 8c n’eft ce point ce changement
qui contribue aux chahgemens ultérieurs ? Quelle
eft fou influence dans quelques autres circonftan-
ces ? S'unit-elle feule aux molécules des corps?
En dégage - 1 - elle quelques principes Gomme
pous.: n'avons encore aucune expérience, dirééte
qui puifife entraîner notre déeiflon à cet égard ,
ces différentes opinions ne font pour nous qu hy- -
pothétiques, & conféquemment on ne peut en admettre
aucune exclufivement.
- Quoi qu’il.en fo it, il n'eft pas permis, en
•tonne phyfique-, de fuppofer un être quelconque,
il ne faut-admettre que ceux dont on
peut démontrer l'exiftence y on peut lé refufer,
avec raifon, aux applications mêmes :Ie plus fa-
risfaifantes, lorfque la bafe fur laquelle elles font
fondées, n'eft appuyée fur aucun fait démontré.■
J_a bafe du calorique ne nous étant donc point,
connue,. & aucune des expériences qui ont été
faites' jüfqiyàcé moment , ne pouvant pas même
-nous la faire feupçonner, nous pouvons regarder1
l'opinion que le calorique elt un compofé,
comme une véritable fuppefition ; & telle eft
fa nature , qu’elle ne peut être appuyée d'aucune
probabilité. -
Je né parle point,ici de l’analogie qui peut exifter
entre les gaz , les vapeurs & le calorique , analogie
qui , quoique, très-frappante , ne peut cependant
prouver la combinaifon de cette dernière
iubftance , puifqu'il faut dés faits & non des
analogies, pour appuyer une conféquence.
11 eft poflibie aufS que la lumière n'agiffe pas
fur tous les corps de la même maniéré ; qu'elle
fe combine quelquefois avec cette Bafe fuppqféè
du calorique , 8c quelquefois avec d’autres principes.
Il eft de même poflibie qu’elle entre feule
dans la ccmpofition de certains corps, & qu’elle
(bit effentieile à leur nature j mais il faut encore,
bien du temps-pour diftinguer les .véritables cau-
fes , 8c peut-être fommes-nous bien éloignés
d ’une théorie complette fur cet objet.. .
Il eft toujours certain que les -trois opinions
que nous venons d’énoncer-, , ne'font qu’hypothétiques
, puifqu’il eft impoffible de les démontrer
d’une manière rigoureufe , 8c; que jamais
peut-être nous n’arriverons à ce degré de çon-
noiflànce. Les connoiffances n:étant donc pas aidez
multipliées pour compléter un corps de feien-
, nous devons conféquemment nous reftrein-
dre , pour l’avancement de la fcience, 8c principalement
pour, en faciliter l'étude aux commençants
, à .préfenter, en rapprochant les faits, les
caufes immédiates qui. les produifent ; je'vois
donc qu’i l . peut être nécefifairè de rapporter toutes
les explications d’un même phénomène, 8c
de s'étendre, fur-tout. fur celle qui paroît la plus
probable ; cette méthode trouverOit peut-être
alors moins de contradicteurs, 8c les oppofans
delà nouvelle doètrine n’objeéteroient plus qu'on
forme une théorie complette quand on n'a qu'un
certain nombre défaits , qui peuvent tourau plus
donner plus de probabilité à telle ou telle'opinion.
. :
-11 me femble donc1 qu'il eft effentiel pour l’irr-
téret de la Icience--', 'de ne point admettre fur la
nature du calorique.3 aucune opinion exclufive,
jufqu’à ce que nos connoiffances foient plus étendues.
Je rapporterai; les explications qu'on peut
donner des aifférens faits , ayant grand foin d’ob-
ferver qu'aucune explication ne peut- être générale
, que quand , après avoir réuni tous' les phénomènes,
on ne'voif-pas dtanomalies.- - .
Je ne rapporterai point ici ce qu’on a écrit pour
prouver les deux .premières hyppthèfes , J e h e
feroisque répéter ce que chacun connoît ; je me
contenterai donc de préfenter bien- brièvement
quelques réflexions de M. Deluc.
Ce phyficien ne croit pas que les rayons
folaires foit calorifiques : il fonde cette opinion
fur ce qu’en un même lieu , dans lamêmefai-
fon, ou en différens lieux à la même latitude
, il exifte des différences très - frappantes
dans, la température* L’intenfité de la chaleur
dépendant fuivant lu i, de la bafe à laquelle la
lumière doit fe réunir, il eft poiTible- que la
quantité de cette bafe foit variable dans un même
lieu , 8c conftamment différente en divers
! lieux à la même latitude j à caufe des différencc
s hu Fol. .
C ’eft probabiement y fuivant .lui, dâiis l’âtmofphere
cue 1es rayons folaires :forment î'e pou-»
veau c o l o r ■ ique Cjui doit remplacer celui qii i fe d ê -
unit fans cefte ; o r , • comme l’eitat; dê\lannofphere
vairfe bAau coup dans les mêmes Jieu'x ,
if eft poffible de. concevoir que ces vairiations
augmehtent ou diminuent cette b afe du eu torique y
de forte que Ies' t e m p é r a t u r e s |o<:a!es éprouvent
:des chang;emens confiderabîes quelquefoj;S d une
ure à Le
Lratives.des
; temperatures c o m p a -
éprouvent de la mèdans
fes couches infé’rieu-
t.rre j ce que .le
néines faifons er
1e fe formé' le nouveau ca-
G:eft , 'ajoute-t-il.
res de" l'acmôfphëre c
, ce qui -explique Je phénomène remar-
de. la -moindre chaleur des couches fupé-
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rieures , quoiqu'elles foient traverfées pour le j
moins autant que les inférieures par lafomme des
rayons folaires incidens 8c réfléchis.
Toutes ces opinions ne font que des conjectures
qui ne feront réalifées que quand elles feront
appuyées par des expériences exactes.
C h a p i t r e s ç p t i e m e .
Réflexions fur les différences qui exifient entre les capacités
9 & fur la dilatabilité, la chaleur, le
froid 3 la température y la fufion 3 l’évaporation ,
la combinaifon & les affinités. .
Qu’il me foit permis d’expliquer comment je
conçois,qu’il peut exifter des différences dansles
capacités, & comment on peut ries apprécier.
i v. Quelle que foit la caufe qui produit les affinités,
il eft certain qu’elles exiftent 8c qu'elles
(ont infiniment variées, foit entre les molécules
homogènes , foit entre celles qui ne le font pas.
L'expérience nous indique, que plus on écarte
les molécules d'un corps 8c plus l’attraétion qu elles
ont entr'elles diminue ; mais/ on ne fait pas
également fLcette diminution d’attraction eft proportionnelle
à la dilatation, 8c fi dans différens
corps l’attraCtion plus ou moins forte des molécules
homogènes dépend de leur écartement. Ob-
fervons encore que le calorique eft compreftible,
qu'il jouit du pouvoir d'écarter les molécules j 8c
de vaincre conféquemment l’affinité qu'elles, ont
les unes avec les autres ; que tous les corps de
la nature ont des pores plus ou moins grands, 8c
qu'ils abforbent ou communiquent en changeant
d’état une quantité de calorique qui 11’éft point
fenfible au thermomètre ; d'apfès ces vérités ,
nous pourrons donner une explication fatisfai-
fante des capacités plus ou moins grandes des
corps-, de leur dilatabilité, de la chaleur j du
froid, de la température, de la fufion , de la
vaporîfation , de la combuftion 8c des affinités.
2°.. Suppofons, pour la facilité de l’explication,
qu'il foit poflibie de retirer toutes qui peut
fe trouver entre les pores d’un folide quelconque;
8c qu’on. pofsède du calorique à un degré quelconque
d’expanfion, fi vous en faites entrer dans
fes pores dë ce. corps-, vous arrivez au point
de les remplir parfaitement, 8c le calorique inter-
pofé-entre fes molécules, fera ail même degré
dexpanfîon que celui qui a fervi à taire l’expérience.
Si vous en ajoutez encore, \e 'calorique
fera déplus en plus comprimé , jufqu’à ce qu’en
fin la compreflion foit proportionnelle à Laffinité
des molécules les unes" pour les autres. Jufqu'à
ce rôoment, les molécules font reliées à la même
dillance, 8c le calorique-x\2l point fatisfait la
propriété dont il jouit de les écarter ; l'équilibre
eft alors établi ; mais il fe produira une dilatation
, fi-tôt que vous détruirez cet équilibre,
en appliquant une nouvelle- quantité de calorr
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que ; ces molécules s’écarteront de manière que
la comprèflîon de calorique interpofé,, foit proportionnelle
à l’attraélion des molécules. S‘i vous
ajoutez une noiivellè quantité de calorique égale
à la précédente, il eft poflibie que la dilatation
ne fuive pas le même rapport, mais l’équilibre
s'établira toujours entre la compreflion du calorique
interpofé 3 8c l’attraélion de molécule à molécule.
Ainfi , plus vous diminuerez l'affinité,
8c moins le calorique interpofé fera comprimé. En
répétant toujours la même opération , vous arriverez
enfin au point où s'opérera la liquéfaction ;
ce changement aura lieu à l’inftant où l’affinité
des molécules les unes pour les autres fera moins
forte que celle qu’elles ont pour s’unir avec le
calorique y elles obéiront donc à cette nouvelle
affinité en vertu de fa fupériorité, 8c il faudra
communiquer du calorique jufqu’à ce que la liquéfaction
foit totale.
30. Obfervons ici qu’avant ce changement nous
ne confîdérons qu’un efpace plus ou moins grand,
rempli par du 'calorique plus ou moins comprimé,
mais non combiné ; il eft cependant poflibie, 8c
même très - vraifemblable , qu’il entre dans la
compofition de chaque molécule des corps foii-
des , une certaine quantité de calorique néceflaire
à leur nature , 8c qui perd par cette çombinai-
fon toutes fes qualitésjiiftinCtives.
. Nous, rapporterons ci-après des faits qu’il eft
impoffible'd’expliquer fi cette combinaifon na
j pas lie li, 8c nous reviendrons fur cet objet en
parlant de la combuftion & de la détonation.
40. Jufqu’au moment de la liquéfaCtion , ce
n’eft donc qu’une (impie interpofition ; mais pendant
ce changement, c’eft une nouvelle_Co.mbi-
na.ifon opérée en vertu d’une, affinité fupérieiire.
Les molécules du folide s’uni fient avec une certaine
quantité de calorique pour former un liquide ;
ce calorique eft abfolument néceflaire à la nature
de ce nouveau corps : ce liquide a des pores
qui feront, rempli s par le calorique' qui étoit avant
la liquéfaction interpofé entre les molécules du
folide, de telle manière que l’écartement entre
les molécules du nouveau compofé foit à très-peu
près égal à celui qui exilloit entre celles du folide
qui la produit.
5^. Nous pouvons donc.regarder dans tout liquide
quelconque , deux portions de calo'ique
bien diftihétes ; l’une qui, agiflant fur le thermomètre
, détermine la température ; 8c l’autre qui
n’y produit aucun effet, il eft néceflaire pour dif-.
tinguer ces portions , de leur donner des expref-
fions différentes ; ce qui m’engage à confidérer le
calorique dans trois états , 8c d’employer des épithètes
pour les diftinguer ; ainfi je me fervirai des
éxpreffions,
Calorique libre,
interpofé ,
combiné| .