
acides nouveaux dans les produits 4es végétaux.
Un grand nombre d’autres découvertes ont encore
été faites fur la compofition générale des principes
des plantes , fur .leur différence d’avec
ceux des végétaux &c des animaux, fur la pré-
fence de la matière albumineufe dans ces êtres,
fur la nature de leurs extraits 8c de leurs parties
colorantes , fur leur altérabilité par le feu , fur
la combinaîfon de l’oxigène avec leurs divers
principes, fur la manière dont fe forment çes prin
cipes dans- la végétation , fur les phénomènes &
la caufe des fermentations 3 fur la formation de
l’alcool 3 des éthers 3 des acides végétaux3 S c .
Toutesces découvertes, entièrement dues aux chi-
miftes modernes 3 8c oui ont découlé narurellemnt
de celles qui les avûient précédées fur les gaz, la
«cmbufiion, Ja décompofition de l’eau 8cc. ont
fait une fcience nouvelle de la chimie végétale.
Pour bien concevoir la marche aduelle de cette
fcience dans la conneiffance du règne, végétal ,
il faut examiner ce qu’on entendoit autrefois par
l’ânalyfe des végétaux par le feu , 8c- par l’ana-
lyfe par les menftrues ; ainfî que les diifinétions
nouvelles,devenues aujourd’hui néceffaires ? d’ana-
lyi'e végétale immédiate ou prochaine 3 8c d’ana-
lyfe végétale primitive ou éloignée. On a commencé
par traiter les végétaux par Je_feu 3 8c
déjà l’on a parlé de cette méthode analytique fur
des corps très-compofés , dans la première fec-
tion de cet article. C e ne fut qu’après plus de
vingt ans de travaux , & après la diltillation
d’une grande quantité de matières végétales différentes
3 faites par les foins de l’académie des
fciences de Paris 3 qu’on s’apperçût que cette
analyfe étoit capable de faire naître beaucoup
d’erreurs 3 qu’elle ne donnoit pas les vrais principes
contenus dans les végétaux 3 8c qu’elle en
formoit de nouveaux. Alors on fit fuccéder l’application
des diffolvanSj tels que l’eau , à differentes
températures j l’alcool 3 les acides j pour
féparer les uns' des autres lès difïétens matériaux
contenus naas les fubftances végétales,.
L’expreffion ou l’analyfe méchanique 3 fût employée
en même-temps que celle par les menf-
trues ou les diffolvans , 8c c’eft par ces moyens
réunis 3 qu’on parvint à fixer les idées fur les
matériaux qui compofent les végétaux. C ’eft d’après
cela qu’on a dit qu’ils étoient formés d’ex-
flteit, dégommé ou mucilage, de matière fucrée
defeis effentiels, d’huile fixe ou volatile, d’arome,
de camphre , de réfine , de gomme-réfine, de
fécule , de gluten , de matières colorantes, 8c c.
ÜM ais tous ces détails n’étoient encore que des ef-
pèces d’arts plus ou moins perfectionnés , qui
confiftoient toujours à- féparer des végétaux les
différentes matières qui y étoient toutes „contenues
> en n’ avoit prefque pas fongé encore à
pouffer les découvertes au-delà de ce terme >
les premiers moyens de l’analyfe éloignée des
végétaux , n’étoient point encore trouvés >921
' ne favott pas comment ces matériaux divers retirés
des végétaux, l’extrait, le fë l, le fucre , la
gomme, F huile, la fécule, le gluten, & c . , diffé-
roient les uns des autres. On voyoit bien évidemment
que ces matières étoient elles-mêmes
très-compofées ; mais on ne s’étoit point occupé
de déterminer l’ordre de leur compofition , la na-
: ture , la proportion 8c l’arrangement de leurs
principes primitifs. Bucquet avoit bien effayé de
commencer ce travail, en examinant les. divers
' produits que chacun de eès, matériaux fourniffoit
par l’adlron du feu , & en indiquant les principales
différences qu’il avoit eu occafion d’obfer-
ver dans ces produits 5 mais ce moyen infidèle
nè pouvoit lui fournir que des réfultats incertains
ou erronés, quoiqu’il en ait tiré cependant
quelque parti utile. Comment d ailleurs pouvoit-
on fonger à Timportance_de , ce travail , quand
d’une part on crôyoit tout fait dans l’analyfe
végétale, en réparant exactement les matériaux
■ compofés que les plantes corîtenoient , quand par
rapport à la compofition de chacun d’eux , on
fe contentoit de ces idées vagues fur l’union du
feu , ae l’air, de l’eau 8e: de la terre, ou de
ces élémens auxquels on croyoit qu’on arrivoit
toujours par une dérnière décompofition ? 11 falloit
avant bien diftinguer les propriétés de l’oxigène ,
de l’hydrogène , du carboné, de l’azote, il falloit
trouver les moyens d’en reconnoître l’exiftence ,
8c d’en déterminer les quantités refpeétives j
ces moyens ne font trouvés que depuis la dé-
■j couvertè de l’aétion de l’acide nitrique , de l’acide
muriatique oxigené , 8c fur-tout depuis l’invention
des machines deftinées à la combuftion des
huiles , de l’alcool, de l’éther ; il n’y a que quelques
années qu’on les poffèdé, 8c à peiné a-t-on
commencé les expériences1 très nombreufes qui
feront néceffaires. pour obtenir des réfultats que
l’on cherche dans ce genre de travaux : il a donc
bien fallu s’en tenir, jufqu’à préfent ,à extrairë
feulement les'matériaux des végétaux , qu’on a
nommés principes immédiats ; encore cette première
analyfe, dont le complément po,urroit Jêtre
fi utile aux chimiftes '8c à tous les arts chimiques,
. eft-elle bien loin d’être amenée au point de perfection
où on defire qu’elle parvienne. Qn n’a
guère appliqué,encore cette méthode analytique ,
:qu’à quelques végétaux utiles en médecine,, ou
à quelques feuîs extraits des arbres ou des plan-
tes, empîovés comme remède. Encore fi l’on
veut porter un jugement exaÇt fur ce qii’on a
fait à cet. égard , recônnoitra-t-on qu’il s’en faut
dé beaucoup qu’on-ait épuifé touteslëS reffourçes
de l’analyfe immédiate fur les végétaux les plus
utiles. On pourroit même dire que les plantes les
plus ’ communes 8?. les plus employées même
comme alimens> telles que leschoux, les parûtes,
les navets , les oignons , l’oféilie , &c. , ne font
pas encore connues,8c qu’on n’a que quelques'faits,
chimiques fur chacune d'elles, au lieiKd’en pofiféder
une analyfe exaCte. Pour obtenir, ce point fi
defivé 1 il fa 11 droit avoir examiné les végétaux par
différens degrés de chalqur , par l’eau à différentes
dofes & à diverfes températures, par les acides,
les alcalis, 8çc> ; il faudroit en avoir extrait tous
les matériaux immédiats, les extraits, la gomme ï
le fucre, la fécule, les Tels , le gluten , la partie
colorante ,'ies huiles, 8cc. en avoir déterminé la
proportion 5 en un m o t , il feroit indifpenfable de
comparer tous ces réfultats à ceux que fourni-
roient les plantes analogues. M’eft-i! pas étonnant
par exemple que malgré tous les effais d’analyfe
qu’on a déjà tenté à cet égard, on n’ait rien dit
de la plus grande partie de la maffe des végétaux
fecs, de la partie figneufe 5 à la vérité ce tra vail ;
feroit immenfe ; il exigeroit une foule de collabo- <
rateurs , qui fuffent en même-temps occupés de f
l’analyfë végétale, & qui fuiviffent abfoTument
la même marche , la même' méthode , pour que ;
leurs réfultats fuffent comparables. Sans prétendre
diriger la méthode qu’ils aevroient fuivre , qu’il
me foit permis d’offrir ici.le tableau d’une ana-
lyle chimique que j'ai faite il y a quelques années
fur uné efpè.ce de quinquina de S.-pomingue ,
comparée à celle d’une efpèce de quinquina du
P.érou. Si ce n’eft point une méthode que j’offre
ic i, ce fera au moins une e’fquiffe de ce qu’on
peut efpérer d’un travail exaét.
A N A L Y S E
d ’un n o u v e a u q u i n q u i n a de S a t n t - D o-
M IN G U E , E T D U Q U IN Q U IN A R OUGE D U P É-
. RÔU 3 POUR SER V IR A C E L L E DE S M A T I E R E S
V É G É T A L E S SÈCHES, E N G ÉN É R A L .
I. Forme & couleur;
Cette écorce eft roulée fur elle-même, Sc forme
des cilindres de fix à fept pouces de long, &
de trois à quatre lignes q’épaiffëur ; -fa furface
extérieure eft grife, & la demi-tranfpa'rence de
l’épiderme laiffë appercevoir une nuançe'Ver.dâtre.
L’intérieur des cilindres préfente diverfes cou-
leurs-î tantôt il eft fimpiement vert , tantôt des
bandés pourprés font marquées fur ce-vert ; quelquefois
il eft d’un blanc-laiteux comme de la
craie de Briançon, jk (ouvent il n’y a quhme
couleur brune. Si on enlève l’épiderme de cette
écorce, on apperçoit uné matière qui préfent«
auffi plufieurs couleurs j fouvent elle eft verte,
lavée de jaune, 8c quelquefois brune ; cette matière
eft facile à' ramollir , la chaleur & la pref-
fion des doigts fuffit pour cela.
IL Saveur 6* odeur.
Cette efpèce dé quinquina a une faveur extrêmement
amère,,: âcre; & défagréable ; cette
faveur a plus d’anaiogië avëc celle de- la colo-
quitûe & dé l ’abfynme qu-avéc celle d’aucune
autre fubftance végétale ; & on ne peut pas la
comparer â celle du quinquina du Pérou, dont
elle n’aipoint du toütla qualitéaftringente. L’odeur
de cette écorce eft aufïî très-forte, très-pénétrante
; elle eft mêlée de celle qu’on nomme en
général odeur de vert & d’une odeur nauféeufe
un peu fétide, qui a la plus grande analogie
avec celle que répand l’écoree -du merifier.
III. Defficatim.
Une livre de quinquina expofée pendant huit
jours fur le four d’un pâtiffier, dans un tamis
de crin recouvert d’une feuille de papier gris
percée de quelques trous, a perdu.à cette chaleur
de trente à trente-cinq degrés un feizième de
fon poids. C e même quinquina, pulvérifé, ex-
pofé dans des vaiffeaux fermés a la chaleur de
cinquante degrés , n’a pas donné une feule goutte
de liquide dans le récipient. Le contaél de l’a r
8c fon attraction pour l’èau eft donc lé feul agent
de la déification.
IV. Puivérifation,
On ne parvient que difficilement à le réduire
en poudré, il eft comme du&ile fous le pilon ,
& forme ünë maffe qui s’attache ■ fortement au
mortier ; mais après avoir été expofé à la chaleur
du.four, fes-parties intégrantes fe réparent &
paflent par le .tilfu le plus fin du tamis. L’eau
contenue dans cette écorce eft donc un moyen
de réunion Sc d’adhérence pour les molécules
du quinquina. 'La poudre du quinquina dé Saint-
Domingue, defféchée, eft d’une couleur verdâtre,
8c d’une odeur très - forte 8c très - tenace. En
pulvérifant cette écorce fèche, la tenuité de fes
molécules eft alféz' grande pour qu’elles foient
emportées par l’air, 8c pour qu elles répandent
à une alfez grande diftance l’odeur nauféeufe, 8c
la faveur -amère très - défagréable qui la carac-
térife, comme cela a lieil dans l’aloës.
V. Première macération dans l ’eau.
Une once de cette écorce, groffièment pulvérifé
e , a été mife dans un vafe de verre avec
quatre onces d’eau diftillée, 8c ce mélange a été
abandonné a lui-même Tefpace de quarante-huit
heures, dans un lieu dont la température étoit
: de treize degrés au thermomètre de Réaumur.
Âü bout de vingt - quatre heures, l’eau avoit
acquis une couleur rouge très-foncée, 8c une
faveur très-amèré ; les quarante-huit heures.écou-
lées, on a filtré le liquide. Le quinquina avoit
pris à fâ partie fupérieure une couleur brune foncée^
8c une couleur verte a fa partie inférieure. Cette
macération ne rougiffoit point le papier- teint
avec le tournefql, elle fembioit au contraire1 le
. verdir ; un morceau de fulfate de fer bien pur
K k i