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§. III. Alcools aromatiques et huileux.
Nous réunifiions dans cette feétion les combi-
naifons de l’alcool avec l’arome & les huiles
volatiles 3 parce que fouvent la nature nous pré-
. fente ces fubftances dans une union intime.
C ’eft par la diftillation qu’on procède à la
préparation du plus grand nombre de ces alcools
& on les connoît ordinairement fous les- noms
d'efprit s , ejprits ardens, eaux fpiritueufes 3 &c.
Quelquefois on les prépare par la mixture
d’une huile volatilë , avec une certaine quantité
d’alcool redtifté ., d’autres fois on fe borne à
la limple digeftion 3 & on connoît ordinairement
ces derniers fous les noms de teintures ou ejfences.
Le plus grand nombre de ces alcbols ne font
pas décompofés lorfqu’on les mêle avec l’eau $
cependant ceux qui font préparés par limple
mixture 3 ceux qui font fort chargés d’une huile
volatile 3 naturellement concrète ou épàiffe _, fe i
rapprochent des alcools rélineux 3 & rendent
l’eau laiteufe 3 opaque j ceux qui ont été préparés
, en faifant digérer l’alcool fur des plantes
aromatiques fe rapprochent des alcools extractifs
^ parce qu’outre l’arome & l’huile volatile
contenus dans la plante'j l’alcool a encore
dififous une partie extra&ive.
Ces préparations très-multipliées appartiennent
prefqu également au parfumeur ^ au liquorifte &
au pharmacien 5 mais les uns recherchent l’odeur 3
la faveur 3 l’agréaient ^ & l’autre doit s’attacher
efifentiellement à extraire 3 à conferver le principe
médicamenteux. Aufli il doit y avoir quelques
différences dans les procédés 3 dans le choix de
l ’alcool. Nous les indiquerons 3 en préfentant
quelques formules extraites des pharmacographes
les plus eftimés 5 & nous traiterons d’abord des
alcools aromatiques qui fe préparent par diftillation.
i ° . Alcool dCanis s & communément 3 efprit ou
eau fpiritueufé d'anis,
caution fur-tout néceffaire, lorfqu’on diftille des
plantes j mais il -faut avoir l’attention d’arrêter
la diftillation à temps de ménager le feu 3 &
pour cela 3 il importe toujours de faire cette
opération au bain-marie 5 quelques pharmaciens
confeillent de diftiller une fécondé fois l’alcool
aromatique obtenu par la première opération 3
& de n’en tirer que les cinq dixièmes 5 . cette
méthode fournit aflfurément un alcool plus
redtifié plus inflammable 3 d’une odeur plus
fuave j mais eft-ce bien là l’objet qu’on doit
rechercher pour l’ufage médicinal ? D’autres
confeillent de diftiller l’alcool qù’on a obtenu
fur une nouvelle dofe de la fubftance aromatique 3
& > par ce moyen ^ il fe trouve chargé d’une
plus-, grande quantité de l’arôme. On prépare
de la manière indiquée tous les alcools Amples ;
il n’y a de différences que dans les dofes qu’on
employé 3 & nous allons rapporter celles qui
font prefcrites ■ pour les préparations le plus
ordinairement employées.
Alcool d'apis compofé 3 ou efprit ctanis compofé 3
; de la pharmacopée de Londres.
Prenez femences d’anis*
concafifées.. . . a
ifemences d’angéli-(
- que concaftees. ■
alcool foible. .........
de chacun huit onçes*
.. huit livres.
Eau fuftifante quantité 3 pour prévenir
l’empyreume * & retirez huit livres de liqueur
par la diftillation. •
1°. Alcool de carvi 3 ou efprit de carvi 3 de lft
pharmacopée de Londres.
Prenez femences de carvi
.écrafées. . . . . . . . . . . . . huit onces.
alcool foible.......... .. . . . . huit livres.
Prenez femences d’anis
grofïièrement pilées. . . . fix onces.
alcool foible ........ quatre livres.
Eau 3 fuftifante quantité 3 & retirez huit
livres de liqueur par la diftillation.
30. Alcool de cannelle3 ou efprit de cannelle3 ibidem.
Eaites digérer pendant 12 heures y diftillez à
lin feu doux & retirez feulement deux livres
de liqueur. La qualité de l’alcool qu’on employé
dans la préparation ., doit déterminer la quantité
de la fubftance aromatique qu’il faut faire
infilfer j & celle de la liqueur que l’on doit
retirer par la diftillation. Si l’alcool eft redtiflé -,
il faut augmenter la dofe de la fubftance aromatique
, & on retirera une plus grande quantité
de liqueur. La pharmacopée de Londres -, édition
de 1788 3 recommande toujours pour ces
diftillations 3 de choiflr un alcool foible 5 fouvent
même il eft prefcrit d’ajouter dans la cucurbite
de l’alambic une certaine quantité d’eau 3 pré-
Prenez canelle-eoncaflfée. ...........■ . une livre.
alcool foible.......... huit livrer.
Eau 3 fuftifante quantité -, & retirez huit livres*
4°, Alcool de'fleurs d'oranges. Baume.
Prenez fleurs d’oranges récentes.. fix livres.
alcool ordinaire. . . . . . . . ' fix livres.
y°. Alcool de fraifes. Baumé.
Prenez fraifes bien mûres...........neuf livres.
alcool ordinaire ... quatre livresv
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On écrafe les fraifes 3 on les met dans le.j
bain-marie d’un alambic d’étain on verfe def-
fus l’alcool , & on retire parla diftillation trois
livres de'liqueur.. ' . f
On prépare de même un alcool-
de framboifes..
de pêches. 1
i|:è 'autres fuits odorants.
• Mais (ees préparations appartiennent plutôt au
liquorifte- qu’au pharmacien.
6°. ' Alcool de genièvre ; ' efprit, eau fpiritueufe 3
ou eau-de-vie de., genièvre.
Prenez bayes de genièvre 3i recentes & écra-
- fées._, . ... . . ' . . . . . . . . -, fix livres.
alcool fo ible.................. . dou^e livres.:
Et retirez7en -dix livres. Quelquès peYfonnes-
avpfent çonféille de préparer cet talcppl" par la
fermentation., & pour cela, ils confeillent d’écrafer
de délayer lès bayes dans l’eau , ’ d’y ajouter du
miel 3 de la levure dé bierre , & de tenir le mélange
dans une température d’environ 20 degrés.
Lè procédé que nous indiquons'paroît plus Ample
& plus fur.
Alcool de genièvre -compofé 3 de là pharmaco-.
;pêe.de Londres..
Prenez bayes de genièvre
écrafées............. une livre.
femences de carvij
femences de fe^'de chacun une once.
nouil doux..
alcool foible. . ; ijtuit livres..
Eau fuftifante^ quantité j & - retirez huit livres-
de liqueur.
y9. Alcool de -lavande ; appellé communément
eau-de-vie de lavande, ; ejpr.it de. Lavande, de la’
; pharmacopée de Londres.
Prenez fleurs récentes de lavande/.
. . . , ...............une livre & demie.
alcool foible-. . i . . . . . . . . . huit livres.'~
Diftillez au bain-marie 3 & retirez .cinq livres
de liqueur, Il faut avoir foin de... monder les
fleurs j & d’en féparer les tiges 3 parce qu’elles
communiquent à l’alcool une odeur herbacée
défagréable.
8°. Alcool, de romarin3 & ordinairemènt 3 eau
de la reine d'Hongrie 3 Spiritus anthos 3 efprit
de romarin 3 de la pharmacopée de Londres.
Prenez fommités récentes
de romarin 3. . . . une livre & demie■
alcool foible. . . huit livres. .
Retirez par la diftillation cinq livres de' liqueur.
On prépare de la même manière & aux mêmes
dofes.
• l ’alcool de thym,. «
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de melifte.
de menthe poivvee.
de menthe des jardins,
de ferpolet j &c.
Mais ces dernières plantes doivent être employées
léchés.
19°. ■ Alcool de miL fcade . ou efprit de mujcadc 3 de la
. ipharmacopée de Londres.
Prenez noix mufcades concaflees. deux onces.
. alcool1 foible................ huit livres.
" Eau fuffifante quantité, & retirez par la di-
geftion huit livres.
j On prépare- de la même manière, & aux mêmes
-dofes j LalcQol de ’ mirrhe ou pincentù , avec les
‘bayes, de cette;; plante, l'alcool de gérofle., de
1 fouchet de càlamus aromqticus.
IO°.; Alcool'de dofes, communément efprit de rofes,
.ou efprit ardent de rofes.
1 Prenez rofes. pâles avec leurs ca-
. li c e s trente livres.
alcool.............. ............... trente livres.
; On met les rofes dans le bain-marie d’un
alambic j on les foule bien j dit M. Baumé ; on
verfe par deffus l’a l c o o l& on procède à la
diftillation , pour retirer- tout l’alcoôl : fi on ne
trouve pas le produit1- de là'diftillation allez
odorant1 on peut-le-diftiller Une Seconde fois
fur une pareille quantité de rofes/
Quelques ; ’pharmaciens ajoutent à la quantité
d’alcool prescrite1 une certaine quantité d’eau ;
d’autres emploient du vin j & pendant la diiHIla-
tion ils réparent ce -premier, produit qu'ils nom-
ipept e/prit ,4? rofes, -&-viIs recueillent la partie
a'qiieüfé qu’ils jçonleryeiit fous le titre d’eau de
rofe's i d’autres préparent l’alcool de rofes par la
fermentation; pour cela on met 3 par exemple ,
|cent livres de rofes dans un tonneau avec dix
ou douze livres de miel diffous dans dix ou
douze pintes d'eau ; on lai fie ce mélange en macération
à une température convenable , & juf-
.qu’ à ce, qu’il ait éprouvé une fermentation vi-
neufe, ce que l’on recpnnoït par l’odeur facilement
, alors ils diftillent toute cette fubftance,
j& obtiennent ainfî une Liqueur odorante ; ils la
feélifient par une' fécondé diftillation , mettent
à part le premier produit, qui eft un alcool chargé
de l’arome de la rofe, & confervent la liqueur
aqueufe, & on a par ce moyen dit Charas
une eau rofe beaucoup meilleure que toutes celles
qu’on tire par les voies ordinaires. Ainfî préparé#
cette eau eft effeâivemènt limpide-, très-odorante
; mais elle rougit fortement les papiers
de tournefol, le firop de violettes , 8r au
lieu-d’être un aftringent doux, un rafraîchiffant,