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vées réellement dans les expériences précédentes ,
il ne décompofe pas l’air vital ; & fi , quand
l ’aggrégation ne s’oppofe pas à la combinaifon ,
celle-ci ne s’opère pas, il elt clair qu'à la température
naturelle , le camphre ne pourra pas'
décompofer l’air de l'atmofphère. Malgré-ces
affertionSj l’auteur ne prétend pas nier que le
camphre ait de l’attraétion pour la bafe de l ’air ,
puifqu’il l’enlève à l’acide nitrique ; fon altération
par cet acide , tient fans doute a ce que dans
cette lubftance il peut trouver plus de chaleur,
& fe prêter plus facilement à la combinaifon ,
que lui offre , pour-ainfi-dire , l'oxigène.
Par tout ce qui précède ,. on voit clairement
que le camphre diffère beaucoup des huiles volatiles
, & qu'il ne peut pas être rangé parmi les
, huiles concrètes s on voit de plus ;que le cam-
phre eft le radical d’un acide qui né décompofe
pas l’air vital, tandis que les huiles volatiles ab-
lorbent , réduifent l’air atmofphérique à l’état
méphytique , & fe convertiffent en refines.. -
En continuant la comparaifon du camphre avec
les huiles volatiles, M.Prouft remarque que les
médecins l'emploient à l’intérieur comme- un des
caïmans les plus puilfans, dans les cas où les
huiles volatiles produiraient un effet incendiaire.
Le camphre, femblable à l’éther ftdfurique qui
doit fon origine à des matières âcres & enflammantes
, n’a rien de commun avec les huiles volatiles
dans lefquelles il s’eit formé j d’ailleurs ,
c'ell une combinaifon complette qui n attend plus
rien de la nature , parce qu’elle fort parfaitement
achevée du travail de la végétation.
L’auteur fe fait enfuite la queftion Suivante.
Puifquele camphre s’unit à la bafe de l’air vital,
à la faveur de -certaines circonstances, comme
celle de l’acide nitrique., ne pourrait-il pas arriver
que dans le nombre d'années- néceffaires à
la production des cristaux falins au fond des huiles
■ volatiles , le camphre que celles-ci contiennent
originairement, vint a s acidifier 8c a etre la matière
de ces criftaux ? Il avoue que , pour décider
cette question, il faudrait avoir des criftaux de
cette efpèce , afin de reconnôître pat l’analyfe
s’ ils font ou non de l’acide camphorique.
Le camphre, pourfuit M. l’rouSt, a , comme
Cartheufer l’a démontré, des propriétés qui ne fe
trouvent dans aucun autre principe immédiat des
végétaux j il a des caraCteres qui nous forcent
de le regarder comme une fubfiance’unique dans
le règne végétal- _ - ' . 'L . ■
11 feroit très-important de favoir fi , pendant
que les plantes croilïent-8ï s’élèvent progréffi-
vement a l ’état de maturité, on ne pourrait pas
découvrir en elles le camphre Simplement en embryon
8c dans un état moyen qui pourrait procurer
plus de cormoilTance fur les principes , que
n’en fourniSfent les faits obfetvés lut le camphre
formé complettement 8c perfettionné ; fi dans
le cours de la végétation, il n’y a pas. un temps
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plus favorable qu'qn autre à la production du
camphre ; fi les plantes fèches ne le fournir oient
pas avec plus de facilité & d'abondance , & enfin
îi entre les plantes aromatiques de Murcie & d'autres
provinces méridionales * il n'y auroit pas une
efpèce qui le donnât entièrement pur, & fans
être mêlé aux huiles volatiles , comme cela a lieu
dans le vrai laurier camphrier.
C a m p h r e . ( Pharmacie. ) Tout ce qui eft dit
dans l'article précédent appartient à la pharmacie
comme aux autres arts où l'on employé le
camphre ; celui-ci eft feulement defiiné à faire
connoître l'emploi du camphre dans la préparation
des médicamens , les manières diverfes de
l’adminiftrer fous forme folide ou liquide.
11 eft reconnu que le camphre eft un des plus
puiffans remèdes que pofiede la médecine. Appliqué
fur les tumeurs inflammatoires , il les -dif-
fipe en peu de temps ; on l'employe comme an-
tilpafmodique: & antifeptique dans les maladies
contagieufes , . dans la fièvre: maligne. , & dans
toutes les affeCtions compliquées de. .fymp.tomes
nerveux & putrides. Dans la plupart des pays
on a reconnu qu'on le donnoit, il y a quelque
temps , à une dofe trop foible j on la pouffe
aujourd’hui jufqu'à celle de plufieurs gros par
-jour A l’intérieur, dit Spriman , on le donne
pour calmer .à un demi - gros ,. comme antifeptique
à un fcrupule , - dans les maladies inflammatoires
à la dofe de trois grains par prife, joint
à un favon fous la forme de poudre , de pilulles ,
d'émulfion, de juîep. A l'intérieur on le mêle
aux fomentations , , aux épithèmesfeçs*, aux cata-
plafmes.
Lorfqu'on veut mêler le camphre dans des
poudres on le bat avec quelques matières végétales
fèches, on y ajoute quelques gouttes d'alcool
pour le rendre plus caffant 3 plus friable 5
on ne doit les préparer que pour peu de dofes
parée qu'elles perdent promptement leur camphre
a la température de l'été. Pour faire entrer le
camphre dans les éleCfcuaires ou les pilulles , on le
bat avec les extraits de plantes ; on y ajoute
du jaune d'peuf pour le rendre plus mifcible à
ces matières végétales & pour le partager plus
exactement entre elles. Quand on veut mêler
le camphre dans les émulfions, les potions, les
juleps, on le triture avec les. jaunes d'oeufs* le
fucre, l’alcool, l'éther, & il refte alors uni aux
liqueurs aqueufes. Souvent on l’ajoute à ces médicamens
dans l'état d'huile de camphre, ou de
diffolution par l’acide nitrique , mais la plupart
du temps cette diffolution fe décompofe , & le
camphre Ce précipite fous la. forme de grumeau*
qui viennent nager à la furface des potions. 11
en eft de même de la^diffolution alcoolique qu'on
n'employe le plus fouvent qu’à l'extérieur & feule
à caufe de cet inconvénient. J'ai plufieurs fois
employé avec fuçcès comme calmante, de l'eau
battue
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îbattue avec du camphre, ou qui a féjoürné quelque
temps fur cette fübftance > elle contracte
Aine faveur & une odeur camphrées qui prouvent
’qu'elle tient du Camphre en diffolution ; & quoique
la quantité diffoute foit très - foible , elle,
fuffit cependant pour produire une aCtion très-
fenfible fur l’économie animale. Il en eft de>
même de l’eau à la furface de laquelle on a fait
;bruler du. camphre-, quoique peut-être celle-ci
^contient elle quelque autre matière que le camphre
même, & de celle par laquelle on a précipité
l'alcool camphré. 11 eft fi vrai que l'eau
.diffout le camphre très - divifé , que fuivant la
remarque déjà ancienne de Romieu, fi l’on jette
goutfe à goutte la diffolution alcoolique de camphre
dans une grande maffe d'eau , on ne voit
point de précipité pérmanent, & le louche qui
fe forme d'abord s'éclaircit promptement par l’agitation.
On n’a point affez fongé à cette manière
d'employer le camphre, .elle mérite toute
l'attention, des médecins, & je ne faurois trop
leur recommander de la foumettre à leur propre
expérience.
Le camphre entre .dans le vinaigre antifeptique
ou des quatre- voleurs, les trochifques blancs de
Rhazés , ceux de myrthe, la poudre létificante ,
le collyre fortifiant, les eaux prophylactiques,
hyftérique, thériacale camphrée, l'effence anti-
hyftérique, le baume de Leytour, le baume hypnotique
, la thériaque célefte, le baume nervin,
l'oppodeldoch, l'onguent blanc de Rhazès , l'onguent
defliçcatif rouge , l'emplâtre de favon , l’emplâtre
camphré , le aiabotanum, l'emplâtre ftyp-
•tiaue , l ’emplâtre odontalgique , l'emplâtre de
Nuremberg, la pierre divine ou ophtalmique.
CAMPHRE. ( Pharmacie. ) CAMPHORA.
'C'eft une réfine blanche , folide , onétueufe ,
friable , tranfparente , légère , concrète , très-
volatile , étherée , fort odorante , inflammable ,
furnageant a l’eau, d'un goût très-amer & piquant,
qui paroït avoir beaucoup d'analogie avec les
îiuiles effentielles. On la retire d'un arbre ap-
pellé par Linné, laurus camphora); & par Gafpard
Bauhin, camphora officinarum. Ce laurier fe trouve
au Japon , à la Chine , dans les ifles voifines, à
Sumatra , à Bornéo , Ceylan, dans le Malabar &
ailleurs. Le camphre étoit connu dans le fiècle
des arabes. .Nous connoiffons plus de quatre-;
tre-vingt auteurs qui fe font occupés du camphre
«n particulier, & qui ont écrit fur fes qualités
& fur fon hiftoire , raifon impérieufe pour nous
circonfcrire à fon égard. Les curieux qui voudront
connoître les objets effentiels concernant
cette drogue , n'auront qu'à confulter l'atricle
de~fapparat us médicaminum du célèbre M. Murray
de Gotingue. Tom. IV. page 445.
Plufiedrs plantes contiennent du camphre ,
notamment la grande famille des labiées j les
racines d’aunée,. du canellièr , du gingembre en
Chimie. Tome II.
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foumiffeîit suffi, ainfi que plufieurs autres plantes.
M. Thunberg allure qu'il exifte encore une
autre efpèce de camphre que celui de nos officines
-, qui eft diaphane comme le verre , furpaffant
de beaucoup poids égal en vertu & en valeur ,
de manière qu'à la pefanteur il eft eftimé le centuple.
C'eft un arbre qui reffemble au laurier camphrier
qui le fournit j mais il eft totalement ignoré
des botaniftes.
Le camphre eft calmant, fédatif, antiputride,
réfolutif , antihyftérique , contre l'épilepfié ,
l'afthrrië convullîr. Il réuffit merveiileufement dans
les affeétions du genre nerveux j il eft d’un grand
fecours dans les fièvres malignes, putrides, accompagnées
de délire, d'infomnie , d'exanthèmes &
autres j dans les petites véroles , contre 1 s fleurs
blanches , les gonorrhées j diffout fupérieufement
les engorgemens inflammatoires -, il eft utile contre
la rétropulfion des éruptions, des éréfipelles. Il eft
fort employé à l'extérieur. Porté en amulette ,
il préferve , dit-on , de 'la contagion , des airs
méphitiques , des fièvres , de la variole , & autres
maladies peftilèntielles. Quelques perfonnes
prétendent que le camphre détruit les feux de
l’amour. C ’eft en un mot, fuivant les pharmaco-
graphes , la panacée univerfelle contre toutes des
maladies. On le donne depuis deux grains jufqu'à
dix ; on le joint fouvent au nitre. 11 eft
très-utile dans les épizooties.
Le, camphre entre dans le julep qui porté fon
nom ; l’on prépare avec une huile liquide & une
butyracée , des émultions , élixir , fleurs , trochifques
, eaux, éleétuaires , efprits, effences,
& emplâtres.
' Le camphre entre encore dans l’élixire parégorique
, le vinaigre antifeptique , l'eau hyftérique,
d’eau thériacale, l'eau prophilattique , les
trochifques de mirrhe , de rofes, blancs de Rhazès
, l'effence antihyftérique , l ’huile bezoardi»
que , les baumes hypnotique, nervin , oppo-
deldoch , de Leitour , la thériaque célefte , la
confection d'hyacinthe, le mélange de tribus ,
ou le diaphonique dans les maladies aigues 5 la
poudre pannonique , la poudre de frai de grenouilles
de Crollius , les pillulles hyftériques de
Charas, la mixture fimple. de Ludovic, les boules
contre les éréfipelles , l’effence alexitère de Ben-
z e l , l'antidote de Florence & de Bologne , la
poudre réjouiffante , l'eau vitriolique, l'eau
ophtalmique de Saint-Yves, le liniment favon-
neux , l'onguent blanc , celui de cérufe , le déffi-
catif rouge , 1'égyptiac , celui de Tuthie , le collyre,
fortifiant , le cérat des fantâux, le cérat ophtalmique,
les emplâtres diabotanum, de Nuremberg,
de favon , ftiptique , odontalgique j ce*>
lui pour les ganglions , le défenfif rouge , véfi-
catoire , contre les loupes , la poudre fumiga-
toite arthritique, & enfin la pierre divine.
On a propofé depuis quelque tems de joindre
le camphre à l'onguent mercuriel, dont on
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