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cernent ni la fin ; ils font des mélanges &r des
•combinaifons dont ils ignorent également & les
phénomènes & les réfultats 5 les produits les plus
communs font pour eux des decouvertes ; ils
croient toujours approcher d'un but qui fuit
■ toujours devant eux j en un mot * polir employer
ici une expreflion vraie de Macquer , ils font les
ouvriers a un métier qui n'exifte point. Foye%
d’ailleurs le mot Alchimie , où le fond de cette
queftion eft traitée avec beaucoup de foin &
d'étendue.
A L CH IT R U M , A L C H Y T R A N q u e l quefois
A L K Y T R A N . (Pharm.) Ces expreflions,
que l'on trouve très-fouvent dans les écrits des
arabiftes & des anciens pharmacographes, font
très-équivoques , parce qu'elles font employées
fous des acceptions- différentes qu'il importe de
connoître. Le plus grand nombre des écrivains entendent
par le mot alchitrum , l'huile de genièvre
, la poix liquide ; d'autres indiquent la refine
de cèdre j Mefué défigne fous ce nom une forte
de médicament contre la douleur & la carie des
dents; les chimiftes ont entendu par ce mot , le
jréfidu d'une diftillation ; quelques - uns, fuivant
Ruland & Johnfon, ont défîené par ce mot une
préparation d'arfenic ; enfin pTufieurs ont employé
cette dénomination , pour défigner une efpèce de
fel compofé, & dont on trouve différentes formules
dans Libavius.
A L C IM A D , A L C O S O L , ALKASIAL :
( Pharmacie ) expreflions arabiftes pour défigner
l’antimoine.
ALCIMMA , &dans quelques auteurs , AL^
CIPHA. (Pharmacie ) mot grec , adopté par quelques
anciens médecins & pharmacographes, pour
défigner un Uniment fait- avec une huile, dans
laquelle on avoit fait fondre de la moelle, des
graiffes, ou dans laquelle on avoit mélangé quelques
liqueurs ; cette compofition fi fimple étoit
deftinée à faire des onctions ou frictions, & ne
devoit avoir de confiftance que celle d'une huile
•epaiffe, dans cet état les anciens la nommoient
myron ; mais fi on y ajoutoit des réfines , de la
cire, de manière à lui donner plus de confiftance,
la compofition portoit alors le nom de myracopon.
A L CO L . ( Pharmacie) , expreflion employée
par quelques écrivains arabiftes pour défigner le
vinaigre.
A L CO O L .
Quoique ce mot ait été employé à différentes
époques de la chimie pour défigner diverfes
fubftances très-éloignées les unes des autres , les
auteurs de la nouvelle nomenclature l'ont fpé-
cialement appliqué au produit qu ou nommoit
A I C
efprit-de-vin ; il y avoit long-temps qu’on fe plai-
gnoit daps les ouvrages de phyfique de cette dénomination
d'efprit-de-vin , tenant trop mani-
feftement au temps où les noms étoient fondés
fur des idées trop peu exactes ou trop métaphoriques
, pour être adoptée aujourd'hui. Le mot
d’efprit dont nous expliquerons la valeur à fon
article , étant aujourd'hui généralement banni,
il n'étoit plus permis de conferver le dérivé particulier
qui n'avoit pas plus d'exaêlitude & d'utilité
ici que dans toutes les autres acceptions
qu'on lui donnoit. Nous avons de plus cru devoir
prendre une orthographe particulière en
fUpprimant Y h qu'on mettoit autrefois au milieu
de ce mot alcokol 3 & nous rempliffons deux
objets par cette fuppreflion; i° . nous avons un
mot écrit plus Amplement, & dont l'ortographe
fera plus vite apprife & retenue ; 2°. cettè nouvelle
manière de l'écrire le diftinguëra affez. des
mots anciens àlkohoi \ alcokol, pour ne plus les
faire confondre, & pour attacher en quelque
forte à celui d'alcool une idée plus exaête, une
lignification plus étroitement limitée à fa nature.
L'alcool eft un des produits des arts chimiques ,
dont la découverte femble faire le plus d'honneur
à l'efprit humain, parce qu’il paroît plus
éloigné de la nature qu'un grand nombre d'autres.
Sans doute c'eft au hafard qu'on en doit la première
connoiflan ce, ainfi que celle de la plupart
des autres productions des arts ; mais il a fallu
pour obtenir l'alcool à part, & fur-tout pour
l'avoir pur & reétifié , des efforts & des fuites
d'expériences ou d'effais qui annoncent un travail
immenfe. Aufli depuis l'antiquité, qui paroît
en avoir eu quelque connoiffance jufqu'à nos
jours, a-t-on fans Ceffe perfectionné l'art d'extraire
& de reCtifier cette liqueur ; on verra même
que ce n'eft que dans notre fiècle qu'on a pouffé
cet art à fa perfection.
L'alcool étant une des matières les plus employées,
& les plus utiles dans les expériences
de chimie & dans tous les arts chimiques, il eft
effentiel d'en examiner les propriétés avec le plus
grand foin & dans lesplus grand détails ; & comme
les faits qui contiennent l'enfemble de fon hiftoire
font très - nombreux , nous les partagerons en
quatre paragraphes.
Dans le premier , il fera queftion de la fermentation
vineufe qui produit l'alcool ; on y traitera
des phénomènes & de la théorie de cette
opération ; on y jettera un coup-d'oeil rapide fur
lés vins qui en font le produit, & fur leurs rapports
quant à la préfencë de l'alcool.
T Le fécond paragraphe feradeftiné a î'expofé des
moyens employés à différens temps pour obtenir
& reClifier l'alcool ; on y fera connoître les différentes
méthodes en général, & fur-tout celles qui
font préférées aujourd'hui;
Dans lè; troifième, feront examinées les véritables
propriétés chimiques de l’alcool, & toutes
A L C
Tes combinaifons connues, ainfi que fes diverfes
attractions; , ,
Enfin le quatrième & dernier paragraphe de
cet article comprendra l'enfemble des ufages auxquels
l'alcool elt employé.
§, I. De la fermentation vineufe , ou de la formation
de Valcool.
En lifant avant cet article, celui qui traite en
général des fermentations, on voit que les chimiftes
ont diftingué trois principales efpèces de
ce mouvement naturel, & qu'ils ont placé la
fermentation vineufe au premier rang, parce
qu'en effet elle a lieu là première dans les fubftances
qui font fufceptibles de les éprouver toutes
les trois. 11 eft aifé de concevoir que ces mots
fermentation vineufe expriment la formation naturelle
du vin , & celui-ci étant en général le
corps d'où on retire l’alcool, que c'eft par cette efpèce
de mouvement que fe forme falcool ; enfin,
que fi l'on n'avoit égard qu'à ce vrai produit de la
fermentation vineufe, on pourroit la defigner par
le nom de fermentation alcoolique.,
Pour bien connoître la nature de cette fermentation
, nous y confidérerons fucceflivemerît ;
10;' les conditions néceffaires à fa production ;
2 ° . les phénomènes qui l'accompagnent & qui la
cara&érifent ; $°. les diverfes matières qui en font
fufceptibles ; 4 ' lacaufede ce mouvement inteftin,
ou la véritable théorie de la production de l'alcool,
d'après les découvertes modernes.
L'expérience a appris aux chimiftes que toutes
les matières végétales ne font pas fufceptibles de
paffer à la fermentation vineufe, & qu'il eft né-
ceffaire , pour qu'elle ait lieu dans ces matières,
qu'on réunifie plufieurs ;circonftances particulières
: ce font ces différens objets que nous con-
fidérons comme conditions néceffaires à l'établif-
fement de la fermentation vineufe.
Ces conditions font, 1 '. un mucilage fucré : il
n'y a que cette matière qui foit fufceptible de
paffer à la fermentation vineufe ; aufli nous avons
fait remarquer à l'article des fermentations en
général , que la formation de la matière fucrée
dans les végétaux, femble appartenir à une efpèce
particulière de fermentation qui précède toutes
les autres; 2°. une fluidité un peu vifqueufe : un
fuc trop fluide ne fermente pas plus qu'un fuc
trop épais ; c'eft pour cela qu'on confeille d'épaiflir
un fuc fucré ou de fruit trop liquide, & d'ajouter
de l'eau à celui qui a trop de confiftance ; 30. une
chaleur de 10 à 15 degrés au thermomètre de
Réaumur : avant ce de^ré la fermentation vineufe
ne s'établit pas, au-delà elle va trop vite , & le
produit vineux fe détériore en perdant une portion
d'alcool qui fe dilfipe ; 4 '. une grande maffe,
dans laquelle il puiffe s'exciter un mouvement
rapide 5 une obfervation multipliée a fait connoître
que plus la matière fermentante eft confidé-
rable , & mieux la fermentation s'y établit.
A L C
Lorfqite les quatre conditions que nous venons
d’indiquer font réunies, alors la fermentation
vineufe commence & marche fans interruption ,
jufqu’ à ce que toute la matière foit convertie en
une liqueur vineufe : ce mouvement préfenté dans
fa continuité a des phénomènes conftans qui le
caraétérifent, Sr 'que l’on peut réduire d’après
l’obfervation aux fuivans. II. H s’excite dans la liqueur un mouvement
qui va en augmentant , jufqu'à ce que la fermentation
foit bien établie. C e mouvement eft très-
fènlible à l’oeil ; on voit les molécules qui y
nagent , s’agiter en différens fens ; on entend
mêmeen approchant l’oreille delà cuve, un bruit ,
ou plutôt un bruiffement qui annonce le choc & le
frottement des molécules les unes contre les
autres'.'
z \ Le volume des matières eft bientôt augmenté,
& cette augmentation fuit la progreflion du mouvement.
On voit la liqueur s'élever dans le vafe ,
fe bourfouffler, 8c occuper un efpace plus con-
fidérable que celui qu’elle occupoit auparavant.
3°. La tranfparence de la liqueur eft troublée
par des filameps opaques, qui font agités & portés
dans tous les points de ce fluide. Pour bien apper-
cevoir ce phénomène , il faut que la matière fermentante
foit contenue dans un vafe de verre.
On l’apperçoit bien dans les cours de chimie , lorf-
qu’on expofe la déco&ion de l’orge prête à fermenter,
dans de grands bocaux ; on diroit , en
obfervant de près la liqueur, que des {tries hui-
leufes s’y promènent en différens fens.
4°., Il fe produit une chaleur qui va jufqu'à
18 degrés, fuivant M. l’abbé Rozier. On s’aflure
de ce fait dans l’expérience citée ci-deffus , en
tenant un thermomètre plongé dans la liqueur.
c°. Les parties. folides mêlées à la liqueur ,
s’élèvent & la furnagent, à caufe du fluide diadique
qui s’y développe. Ordinairement les liquides
que. l’on fait fermenter, ne font pas parfaitement
clairs & fans mélange : on pourroit même compter
parmi les conditions , linon néceffaires, au moins
utiles de la fermentation vineufe, la préfence des
matières folides ou floconeufes, ou pulvérulentes
dans les liqueurs ; dans le jus des railins, ce
font les rafles, les pellicules , les grains ou pépins
qui conftituent les parties folides : après avoir
été agitées en tous fens, les matières folides fini
ffent par s’élever à la furface de la liqueurs , Sc
y forment le chapeau.
6°. 11 fe dégage une grande quantité de gaz acide
carbonique ; ce gaz forme au - deffus des cuves
une couche que l’on doit diftinguer facilement de
l’air : c’ eft dans cette couche que M. Prieftley &
M. de Chaulnes ont fait leurs belles expériences.
Les bougies , s’y éteignent , les animaux y meurent
, la chaux diffoute dans l’eau y eft précipitée
en craie , les alcalis cauftiques y criftallïfent parfaitement.
C ’eft cet acide contenu fur les cuves