fait évaporer une partie à l'air libre , afin d'être
fur que cette plus grande légéreté ne venoit que
de quelque portion deau-de-vie qui'y étoit reftéë.
J'attribue la légéreté de - ce flegme à une certaine
quantité de liqueur fpiritueufe qui lui eft corribi-
née , comme elle l'eft dans le vinaigre.-»
« L'ufagé du ferpentin , plongé dans une cuve
remplie d'eau froide, s'eft introduit pour la rectification
de l'alcool : cependant cet infiniment,
tout excellent qu'il e ft , n'ëft pas' non plus fans
inconvéniens 3 fur-tout lorfqu'on veut fe procurer
de l'alcool débarraffé de tout flegme. Par
exemple, lorfqu’on tient très-froide l'eau de la
cuve du ferpentin on réfroidit la malfe d'air contenue
dans le ferpentin > l'humidité de cette maflfe
d'air.fe condenfe-entre fes parois, de la même
manière que la fraîcheur d’un vafe porté dans un
endroit oü l'air eft chaud, condenle à fa furface
l'eau contenue dans l'air qui le touche. L'humidité
de l'air ainft condenfée dans l'intérieur du
ferpentin, diftille'avec l'alcool 5 il fe décharge ,
par ce moyen, d'une affez grande quantité d'humidité.
Si l'eau du ferpentin eft très-froide, l'alcool
qui diftille eft auffi lui-même très’■ froid j
dans ce cas, il condenfe à fa furface l'humidite
de la portion d'air qui- le touche, laquelle, en
fe renouvellant, porte continuellement de l'eau
dans l'alcool. » -
|| Lorfqu'on diftille avec un ferpentin, il faut,
toutes chofes égales d'ailleurs, un plus grand degré
de chaleur pour mettre la diftillation en train &
pour l'entretenir, què lorfqu'on ne s'en fert pas,
parce que'les vapeurs qui s'élèvent de l'alambic
ont à, vaincre la réfiftance que la colonne d'air
contenue dans l'intérieur du ferpentin , oppofe:
continuellement à ces mêmes vapeurs >5' mais on
remédie à ces inconvéniens, en employant des
ferpentins faits avec des tuyaux d'un plus grand
diamètre : par rapport à cela, il eft fort dangereux
d'adapter à de très-grands alambics, des ferpentins
faits avec des tuyaux d'un petit diamètre 5 la
quantité de vapeurs qui s'élèvent à la-fois ne trouvant
pas une iffue fuffifante pour fortir , fait un
çftort confidérable & foulève le chapiteau de l'alambic
^ avec danger pour les affiftans ».
Tels font les eonfeils donnés par M. Baumé,'
fur la rectification de l'alcool' : nous les- avons
préfentés dans tous leurs détails j parce qu'ils
auroient perdu leur mérite en les tronquant 5 nous
en ferons de même pour expofer le-réfultat des
efîais faits par ce chimifte, dans l'intention de
déterminer les effets de fon aréomètre dans des
alcools plus ou moins rectifiés, ou mêlés avec des
quantités d’eau différentes. Quoique la table qu'il
a donnée fur les pefanteurs de ces alcools-mixtes
nefoitpas de la plus parfaite' exaétitude^, comme
elle a fervi long-tems, & comme elle fert même encore
dans le commerce, il eft indifpenfabie de la
joindre à cet article. A la vérité , pour la bien concevoir,
il faut avoir une connoiffance exafte de
l'inftrument nommé aréomètre ou pèfe-liqueur ;
car elle eft fondée fur la conftruCtion d'un pèfe- ■
liqueur de l'invention de M. Baumé. On peut lire
le mot aréomètre, avant de pafifer à l'examen de
la table fuivante : il eût été déplacé de donner ici
les détails de raréométrie & des aréomètres.
Explication de la table qui contient les réfultats des
expériences faites fur l'alçoolpar M. Baume.
« Dans la première colonne,, je défigne les fubf-
tances que je mets en jeu & que je compare. C es
fubftances-font de l'alcool reCtifié fur de'la craie,
de l'alcool rectifié fur de la chaux y - de l'alcool
prodigieufement reétifié ( i ) , de l'alcool ordinaire ,
mais^parFaitemenj: reétifié. Au-deffous de ces fubftances
, & toujours dans la même colonne , je
défigne des mélanges d'eaü & d'alcool ordinaire,.
faits en poids. Je commence par deux onces d'alcool
fur trente onces d'eau, afin de former deux
livres de liqueur, qui eft le poids rond le plus
; approchant de la pinte d’eau, mefure de Paris. Je
varie les\ mélanges, en augmentant la dofe de l'un
dans la même proportion que je diminue la dofe
de l'autre , afin d'avoir toujours deux livres de I3
liqueur/» ' •: . mm
«L'alcool l'eau, pris, à...des poids égaux,
occupent des volumes différens, parce que .leur
pefanteur fpëçifique n'eft pas la même ; ç'eft le
fujet de la fécondé colonne, On y voit que deux
(1) Pour concevoir ce que M. Baumé «ntendoit par l’alcool prodigieufement reftifié, il faut comparer à ce paffage, ee qu’il
dit quelques pages auparavant, en parlant de la conftru&ion de fon pefe- liqueur : » Ayant eu occaüon, dit-il, de reftifîèr beau»
coup d’alcool à la fois , j’ai profité de çètte cirçonftance pour m’en procurer qui fut reftifié autant qu’il eft poflïble. J’ai diftillé
joo pintes d’eau-de-vi£, qui donnoit 31 dégrés à la température de la glace. Gecte quantité a'été' diftillée en quatre’ fois dans
un grand alambic , au bain-marie-, je méttois à part les trente premières pinces qui pafloient au commencement de chaque
cUlillationj j’ai obtenu par eonféquent i?.o pintes de ce premier alcool. 11 donnoit 37 dégrés au pèfe-liqueur 3 à La température
de la glace. J’ai reftifié ces no pintes de premier alcool' dans le:même alambic, au bain-marie, & j’ai mis à part les trente
premières pintes qui ont palfé 3- cet alcool-donnoit encore 37 dégrés à la même température. J’ai enfuire reétifié les trente pinte»
du premier alcool, toujours au bain-marie 6c fans ferpentin 3 'j’ai mis à part les deux premières pintes qui ont palfé ; il don-
noic 38 dégrés. En continuant la diftillation, j’ai çiré. encore treize pintes, que j’ai mifes à part3 il donnoit toujours 38 dégrés j
c’eft cet alcool qui eft défi'gné dans la tablé,’ fous le nom d’alcool frodïgiéuftment reÜifié.
M. Baumé ne dit pas qu’il foit nécejfàire de; fe fëçvir de ce-’ procédé pour obtenir de l’alcool aulfi reétifié 3 il l’a.-feulement
décrit pour faire voir que s’il eût été polïiblè d’avoir un alcool plus' fec & plus rectifié, ce procédé le-lui eut à-Coup-sûr donné 3
fiinfî, fuivant cette expérience , le fort alcool donné 3 8 dégrés . à fon pèfe-liqueur , au terme de o‘du thermomètre de Réaiimur;
Ç’eft çet alcool 'qui dojine 40 à la température de 10 degrés 3 6cc. §c;dotfcon- doit fe feryir dans les expériences exaétes de 1»
fhimiç,