dans un ballon à deux pointes percé en deffous
d’une tubulure., à laquelle on joint un flacon ; on
ajoute aux ouvertures latérales de ce ballon les
bouteilles qui. conilicuent en général l’appareil de
Won lie. ypycç ce mot. Lorfque tous ces vaifleàux
font bien luttes, on verfe dans le matras ou ballon
à long cou, par la tubulure du chapiteau, unelivre
d’alcool rectifié, & autant d’acide nitreux fumant
.refroidi auparavant ; on bouche enfuite le chapiteau
avec un bouchon de criftal qu'on enveloppe
d’une peau ficelée. Dès que le mélange èft fait,
il s’échauffe beaucoup ; il s’en dégage des vapeurs
qui parcourent rapidement le col du matras ; &
en chauffant ce dernier jufqu’à l’ébullition de la
liqueur qu’il contient, il pafle de l’éther nitrique
dans le ballon qui fert de récipient. C e procédé-,
-quoique fort ingénieux, a plufieurs inconvéniens.
L’appareil eft long à établir ; il efl: très-cher &
très-embarrafiant ; en outre, il expofe encore aux
dangèrs de l’explofion 5c dè .la fraèture, parce que,
malgré l’efpace donné aux vapeurs, elles fe dégagent
fl rapidementqu’il eft arrivé plufieurs
fois que les vaiffeaux fe font brifés avec fracas.
Sur cinq fois que -j’ai vu mettre en, pratique ce
procédé , j’ai vu deux fois- tout l’appareil, fauter en
éclats ; une fois au cours public; de Roux, dans
l’amphithéâtre de la faculté de médecine ; & une
-fécondé fois dans le laboratoire particulier de
Bucquet.
M. Bogues a publié,, en 1775 , une autre manière
de faire l’éther nitrique. ll.çonfeiUe de mê-
. 1er, dans une-cbrnuë de verre de huit pintes, une
livre d’ alcool avec une livre d’acide nitrique,
■ affoibli au point de ne donner que vingt-quatre-
degrés au pèfeTliqueur de M. Baumé ; d’adapter
à la .cornue un ballon de douze pintes j de donner
paffage à l’air , en ajuftant deux tuyaux de
-plume à la jonction des luts, 8c de di-ftiller à un
feu très-doux, en n’enfonçant - que très-peu la
cornue dans le fable : il a e u , par' ce moyen,
fix onces d’un éther nitrique allez pur, 11 paroît,
d’après ce qu’a dit M. l’abbé Rozier, que Mi-
touard employoit, dès 1770, un procédé .affez
femblable à celui de M. Bogues. Ge chimifte mét-
toit quatre onces d’efprit de nitre fumant, avec
douze onces d’alcool en diftillation dans une cornue,
qu’il ne faifoit que pofer; légèrement- fur Jet
fable, 8c il obtenoit par ce moyen, qui paroît je
plus Ample de tous , de l’éther nitrique femblable
à celui de Navier. . .
Hnfin M. Delaplanche, apothicaire de Paris-, a
imaginé fucceffivement deux méthodes commodes
de préparer l’éther nitrique ; la première eonfifte
à mettre du nitre dans line cornue de grès tabulée,
à laquelle on adapte un grand ballon -, ou deux
ballons enfilés ; à vetfer par la tubulure, d’ abord
de l’acide fulfurique concentré, enfuite de l’alcool.
L’ acide fulfurique dégage l’acide nitrique ,
qui réagit fur -l’alcool, ,8c forme -prefque fur Je
champ de l’éther nitrique. Comme on pouvoit.
fotipçonner que Bêtifier , préparé par ce moyen ,
étoit en partie .-fulfurique , il a fubftitué à cette
première méthode un fécond procédé fort ingénieux.
11 adapte à une cornue de verre tubuleé ,
dans laquelje-il a mis-fix livres de nitre bien fec,
un allonge & un ballon qui communique § par un
tube recourbé , à une bouteille vide. Cette dernière
plonge à l'aide d’un fiphon dans une autre
bouteille qui contient trois livres d’alcobl le plus
parfait. Le tout bien luté, & la cornue pofée fuir
un bain de cendre, .on- jettë fur lei nitre , par -la
tubulure de ce dernier, vaiffeau, trois livres d’acide
: fulfurique concentré jjon ferme la cornue avec un
bouchon de criftal 5 on donne le feu: jufcu’ à lrébullition,
& on l’entretient dans cet état jufqti’à ce
qu’il ne paffe plus de .vapeurs. Dans cette expérience
l’acide fulfurique dégagé celui du nitre qui
paffe en partie dans le fécond flacon. L’ opération
finie le ballon contient de l’acide nitreux fumant,
la cornue dufulfate‘âcide depotaffe,.& le fécond
flacon un alcool légèrement éthéré. Qn diftille'ce
dernier liquide;dans une cornue avec un fimple
ballon, 8c on ne prend que les deux tiérs du produit.
On . diftille ce produit avec un quinzième
d’acide-nitreux furnant, qu’on y verfe peu-à-peu
a l’aide d’un entonnoir de verre à longue tige »
on ne retire que les deux tiers du mélanges enfin ,
on rectifie, ce fécond produit fur de la potaflfe ,
on en retiré d’abord quatre onces , puis les trois
quarts du refte.? Les quatre premières.dncés font
de l’ éther nitrique très-pur j les trois quarts du
refte font une liqueur minérale anodyne nitreufe.
Les réfidus dès deux reétifica rions font de l’ efprit
de nitre dulcifié ; car on connoît fous cemom, en
pharmacie , un mélange-de deux parties d’alcool ,
8c d’une d’acide nitrique foible..
L’éther nitrique, obtenu par tous cés différens
procédés , eft un fluide fouvent jaunâtre, aufii
volatil 8c aufii évaporable que l’éther fulfurique.
Son odeur eft analogue à celle de ce dernier ,
quoiqu’elle foit plus forte 8c moins fuave ; la faveur.
eft chaude 8c plus défagréable que celle de
l’éther fulfurique ; il contient toujours un'peu
d’acide furabondant 5 il fait fâuter le'bouchon des
.flacons dans lefquels il eft renfermé, parce qu’il
s’en dégage continuellement une grande quantité
de gaz ; il répand en brûlant une flamme plus brillante,
8c une fumée plus épaiffe que ne le fait
l’éther. formé par l’acide fulfurique 5 il lai-flfe aufli
un charbon un peu plus abondant ; enfin, il enlève*
comme l’éther fulfurique, l’or de fa diffolution ;
il s’en charge d’une certaine quantité, 8c il agit à
très-peu de chofes près comme lui dans toutes les
opérations de chimie.
Le réiidu de l’éther nitrique eft d’une couleur
jaune citrine ; fon odeur eft acide 8c aromatique ;
fa faveur eft piquante 8c imite celle du vinaigre
diftillé. Si on le diftille, il donne,, fuivant M.
Baumé, une liqueur claire, d’une odeur plus fuave
que celle,dé l’éther nitrique, d’un goût acide
agréable *
agréable, qui rougit le fyrop de violettes j qui
s’unit à l’eau en toutes proportions -, &. qui tait
éffervefcence avec les carbonates alcalins & terreux.
Il refte enfuite dans la cornue une matière
jaune ambrée, friable, femblable a du fucciii,
qui attire l’humidité de l’air, & y devient poif-
feufe, qui fe diffout dans l’ eau fans la rendre .mu-
cilagineufe. .Cettefübftance, que M. Baume appelle
gummi favonneufe, donne à la cornue quelques
gouttes d'une liqueur acidulée , tres-claire ,
d’une coufiftance huileufe, & à une légère odeur
empyreumatique. 11 refte après la diftillation un
charbon fpongieux , brillant, fans faveur, tres-
fixe au feu. Bucquet dit que fi on fait évaporer la
liqueur qui refte après la formation de l’éther nitrique,
elle, .prend la confiftance d un mucilage,
& -qu’il s’y formé, au bout d’un temps plus, ou
moins, long, des criftaux falins affez femblables à
des chenilles velues, auxquels on a donné le nom
de criftaux d’Hioerne, d’après celui qui les a le ;
premier décrits > on a découvert que Ces criftaux
font de l’ acide oxalique S ce qui prouve-que dans
la décompofîtion de l’alcool par 1 acide nitrique ,
une portion de l’hydrogène & du carbone de 1 al--
cool s’unit avec une partie de l’oxigène de l’acide;
nitrique. 11 y a aufii de l’eau. & de 1 acide carbonique
formés dans cette expérience ; car on obtient
ce dernier, en gaz pendant les diftillations , &
c’eft à l’ëxiftencé de l’èau plus abondante,. que
l’on doit en. partie- l’adouciffement de l’acide,
obfervé il y a long’ -temps dans le fimple'mélange
de deux parties d’alcool, & d’une d’açide
nitrique.
L’acide muriatique de-plus concentré n’a pas
d'aâion fenfible fur l’alcool ; cet acide n’eft que
dulcifié par le fimple :mélange-de cette liqueur ,
commele font les' deux autres 'mêlés en petite quantité
avec l’alcool. Pour préparer ce "qu’en nommé de
i'efpra de fd dulcifié en pharmacie.,’ on fait un mélange
de deux parties d’alcool & d’une partied acide
muriatique, on les laiffe en digeftion pendant un
mois. M. Baume, dans fa Dijfénadonfur1‘éther,
dit avoir obtenu un peu d’éther muriatique en
faifant rencontrer l’acide muriatique & l’alcpolèn
vapeurs. Ludqlf & Pott ont employé le muriate
d’antimoine fublimé ou le .beurre .d'antimoine
dans cette vue. M. le baron de Bornes a -prefcrit
de difloudre de l'acide du zinc dans l’acide muriatique,
8c de diftiller ce felconcentré par l’évaporation
dans des vaiffeaux fermés avec l'alcool.
C e procédé donne affez facilement de l’éther
muriatique. Mais perfonne n’a fuivi ce travail
avec autant de foin qüè M. de Courtanÿaux de
l’académie des fciences de Paris, On verfe dans
une cornue de verre , fuivant le procédé de ce
chimifte' une-pinte d’alcool avec deux livres &
demie de muriate d’étain fumant, ou liqueur fumante
de Libavius; il s’excite une chaleur très-forte,
8c il s’élève une vapeur blanche fuffoquante ■ qui
difparoît'dès qu’on agite le mélange, bientôt il
Chimie, Tome 11,
fe dégage une odeur agréable , & la liqueur
prend une couleur citrine. On place la cornue fur
un bain de fable chaud ; on lutte deux ballons,
dont le dernier eft plongé dans de l’éau froide;
il paffe .bientôt de l’alcool déflegmé ; 1 éther
muriatique s’élève enfuite ; on s’en apperçoit a.
fon odeur fuave & aux ftries qu’il forme fur la
voûte de la cornue. Dès que cette odeur change
& devient forte & fuffoquante, on change de récipient,
& l’on continue de diftiller; on obtient
une liqueur acide claire furnagée de quelques
gouttes, d’huile douce, à laquelle fuccede une
matière jaune , d’une confiftance butireufe * un
vrai muriate d’étain, & enfin une liqueur brune
pefante, qui exhale des vapeurs blanches fort
abondantes. 11 refte dans la cornue une matière
grife pulvérulente, qui eft un oxide d’étain. On
verfe le produit éthéré dans une cornue fur de
iapotaffe , il fe fait une vive effervefcence, un
précipité fort abondant, dû à l’étain que l’acide
enlève avec lui ; pendant la diftillation on ajoute
un peu d’eau, & on diftille à une chaleur douce ,•
on obtient la moitié environ de ce produit éthéré.
Toutes les liqueurs qui paffent après l’éther muriatique.,
font très-chargées d’oxide d’étain ; elles
attirent l’humidité de l’air j elles -s'unifient à l’eau
fans rien précipiter. On ne favoit pas à quoi
attribuer l’aélion fi rapide de l’acide muriatique,
contenu dans la liqueur fumante de Libavius fur
l’alcool , tandis que cet acide pur n’y agit en
aucune manière : mais j’ai fait remarquer dès
1781 , d’après la découverte de Schéele, que cela
devoit être produit par cet acide mis par l’oxide
d’étain, dans let.it a acide muriatique oxigéné,
& que c’étoit à l ’excès de l’oxigène qu’il con-
tenoit dans cet état, qu’il falloit attribuer fa propriété
de convertir l'alcool en.éther. Telle eft
la théorie que j’avois donnée le premier de cette
opération en. 1781 , & que les travaux de MM.
Berthollet & Pelletier ont confirmée, comme on
l’expofera bientôt plus en détail.
M. dé la Planche l'apothicaire a propofé , pour
préparer l’éther muriatique* de. yerfer dans- une
cornue tub.ulée de l’acide fulfurique & de l’alcool
fur du muriate de foude décrépité. Le gaz
acide müriatique, dégagé par l’acide fulfurique ,
rencontre-dans le ballon l’alcool en vapeur, avec
lequel il fe combine. J1 en réfulte un acide éthéré
que l’on reéjtifie fur de la potaflé. , pour en obtenir
Pécher pur. 11 faudroit pour que ce procédé
réuliit que l’acide muriatique enlevât une portion
d’ oxigènë à l’acide fulfurique; mais comme on ne
connoît point cet effet dans .l’aèbion réciproque
de l’àcide muriatique & de l’ acide fulfurique , il
paroît qu’il ne fe forme pas un véritable, éther
dans le procédé de M. de la Planche ; aufii n’em--
ploye-t-on pas ce procédé pour fe procurer.l’éther
muriatique, & fuit-on toujours dans les laboratoires
là méthode de Courtanvaux.
L’éther muriatique, obtenu par cette méthode.