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l'on fe prCcuroiS: par l’àétion de la garance ou d’au-
tt~.s fubftances colorantes | mais en continuant
d’y palier un grand nombre d’autres piècesimpri-
inées en nordans, on obtient fuccemvement des
nuances de pl is en plus pâles. Le muriâte de fout
de , ainfi que tous les fels neutres, alcalins & terreux
j qui font diffolubles dans l’eau , ( produifent
le même effet que l’acétite dé chaux. L’oxide de
fer jouiifant d’une forcé d adhéfion plus confidé-
rable que l’alumine , ne fe laiffe pas enlever fenfi-
blement, & procure, toujours des couleurs & des
nuances payables.
Si au lieu de paffer en bonze de vache bouillante
les toiles de coton ou, de lin imprimées en
mordans d’alun quelconque, on les"fait bouillir
quelque temps dans l’eau de favon ; elles n'attirent
nullement les parties colorantes delà garance
ou-d’une autre efpèçe. L’on pourroit croire que la
potaffe cauftique ayant la propriété de diffoudre
l’alumine par la yoie'hufoide _, c*eft effe&ivement
par la bafe alcaline du favon que les toiles imprimées
perdent la faculté d’attirer les parties colorantes}
mais je me fuis affuré que la dilfolution
de potaffe faturée d’acide carbonique,- laquelle
n’a pas la propriété de diffoudre l’alumine | produit
un effet pareil , lorfqu’on y fait bouillir les
toiles imprimées. Le fil de coton ou de lin préparé
pour recevoir le rouge de Turquie étant fournis
à l’ébullition dans l’eau de favon, perd pareillement
la propriété de fe teindre. Ces effets
me femblent donc analogues à ceux de l’acétite
de chaux , du muriate de potaffe & autres fels
- neutres diffolubles j dont l’adion eft aidée de la
chaleur.
S i, après avoir paffé les toiles imprimées en
bouzes de vache bouillante 3 on les foumet même
pendant quelques heures, à l’adion deladiffolùtion
de potaffe combinée avec de l’acidè muriatique !
oxigené , les bafes .que les mordans auront dif-
poféës , ne fouffriront abfolument rien de Ja part
de cette liqueur, & elles attireront les parties
colorantes, comme fi on ne lés. a voit pas ex-
pofées à l ’adion de la liqueur oxigenée. Le fil
de coton ou de lin préparé pour recevoir le rouge
de Turquiej fe Comporte à cet égard abfolument de
la même manière que les toiles de -coton ou dè
lin imprimées. Il réfulte-dedà, que fi les toiles
n’avoiént pas reçu un beau blanc avant de les
avoir données à l’impreffion ; on pourroit ache*-
ver de les blanchir avant de les teindre. Il fau-
droit cependant prendre les -précautions nécef-
faires pour produire un beau blanc fans'affaiblir
les toiles. ' -
L’on peut entièrement décolorer les toiles imprimées
8c raturées* de' partie* colorantes de la
garance ou autres fubftances, dans une dilîpîùtion
de potaffe combinée avec fine quantité d’acide
muriatique oxigené , double de celle, qui entre
dans la liqueur .ordinaire , dont je me fers
polir blanchir 5 le départ des couleurs fe fait dans
moins d’un quart-d’heure..Si I’offn’étend pas cette
dilfolution avec dès. toiles décolorées de cette
manière à l’aétion de la garance où d’autres fubf-
- tances colorantes, les couleurs reparoîtront telles
qu’elles étoient auparavant, de forte que'fi l’on
avoit, par accident, trop fatigué les couleurs des
toiles imprimées, 8c garancées dans une liqueur
oxigenée ordinaire, l’on ri’atirôit qu’à les teindre
une fécondé-fois., & les couleurs reparoîtrôient
de nouveau, il n’y auroit afers de. perdu que les
frais dè la première teinture 8c du blanchiment :
ceci me paioît mériter l’attention des fabricans
d’indiennes.
Un écheveau de coton rouge d’une manufacture,
de France, plus beau 8c plus folide • que les
.meillèurs-rouges de Turquie, que j’ayois, dé-
côloré parfaitement avec-la liqueur fortement oxigenée,
reprit de nouveau les. parties colorantes
de la garance, & devint plus foncé. Je lui fis
perdre cet excès de-couleur par l’avivage.
Quand l’alumine des toiles imprimées 8c du fil
de coton préparé pour le rouge de Turquie eft,
bien faturée de garance, elle ne peut être entièrement
emportée par l’eau de favon bouillante ;
malgré la quantité de favon 8c liT durée de l’ébullition,
il refte une très-forte nuancé rouge, ce
qui prouve que les parties colorantes de la garance
garantiffent l’alumine de l’aétion du favon.
La dilfolution de potaffe combinée avec une
quantité double d’acide muriatique oxigèné, étant
expofée dans des vafes ouverts en plein jour,
perd de fort oxigèné, ce qui n’arrive pas avec une
liqueur oxigenée. ordinaire. Les rayons du foleil
produifent probablement cet éffet.
Obfervatîons fur^ Vacide muriatique oxigené," par
M. Chaptàl, acad. des fciences, ann. 1788.
. Nous devons au célèbre Schéele la découverte
.de Facidé muriatique oxigené ; mais ç’eft M. Ber-
thollet qui nous, a fait connoître fa nature, Tes
ufages 8c les principales propriétés, èh répétant
lès belles; 8c nombreufes expériences qu’on a
faites de nos; jours fur cette 'fubftance. j ’ai ob-
fêrvé-quelques faits nouveaux, je .crois en avoir
éclairé d’autres qui n’avoient été qu’entrevus, &
je vais présenter en peu de mots tout ce qui m’a
paru mériter d’être connu.
La propriété qu’a l’acide.muriatique oxigené de
blanchir la toile , le coton 8c la cire jaune coupée
en tranches, eft un fait dont M. Berthollet
a déjà enrichi les arts 5 mais j’ai cru qii’on pou-
voit étendre fes applications, &en confégüence,
j’ai fait quelques expériences'fur le moyen de
blanchir le papier, dont voici les rëfükats.
j°. Le papier brouillard mis dans cèt acide oxfi
i gêné y blanchit fans s’altérer ; les chiffons de groffe 8c mâuvaife'toile dont on fefert dans les papeteries
pour faire- ce papier, blanchiffent dans cet
acide, &. fourniffent ènfùite un papier de oua-
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lité fupérieure. J’ai blanchi par te précédé un
quintal de pâte deftinée à fournir du papier brouillard,
8c on a évalué à vingt-cinq pour cent
l’augmentation de valeur dans le produit, tandis
que les frais de l’opération rigoureufement cal--
culés, ne le rencheriffoient que de fept pour cent.
La propriété qu’a cet acide de blanchir le.pa-
pier fans en altérer le tiffu, le rend précieux
; pour réparer les liyres vieux & lés eftampes fumées;
des eftampes- dégradées à tel point qu’on
avoit de la peine'à diftinguer le deffin., ont é.té
réparées 8c rafraîchies d’une manière fi étonnante ;
qu’elles paroiffoient neuves ; de vieux livres, falis
: par cette teinte jaune qu’y dépofe le terns , peuvent
être fi bien rétablis 3 qu’on les c.roiroit for-
I tir de la preffe.
La fimple immerfion dans l’acide , muriatique
oxigené, & un féjour plus ou moins long, fui
’ vant la Force de la liqueur, fuffifent pour blanchir
une eftampe ; mais lorfqu’il eft queftion d’un
.livre, il faut d’autres précautions.. Comme il
• eft nécëffaire que l’acide mouille tous lës feuillets.,
on aTattention de bien ouvrir le» livre*, & de
[faire repofer la couverture fur les bords du vafe,
i de façon que le papier feul trempe dans la liqueur,
on fëpare adroitement lés feuillets qui
peuvent être collés-ou réunis pour que tous s’imprègnent
également ; la liqueur prend une teinté
jaune, lé papier blanchit , & deux ou trois hetires
après oh retire le livre pour lé plonger dans l’eau
pure, qu’on renouvelle dè temps-en-temps pour
ehlever l’acide oxigené qui' peut, refter, & faire
i dilparoître l’odeur défagréable dont il eft imprégné;
v
| Ce procédé m’a affez bien réuffi,/c’eft même
le premier que j’ai mis en ufàge ; mais tropfouvent
lia. couleur de. mes livres a* été bigarrée ,. quelquefois
plufieurs pages n’ont pas été du tout
| blanchies , 8c j’ai été forcé d’en venir à un pro-
cédé plus fur. On commence par découdre les
livres les mettre en feuilles; on placé ces
I feuilles- dans des cafés qu’on a pratiquées dans un
[baquet de plomb avec des liteaux très-minces, à
[tel point que les feuilles pofées.à plat, ne font réparées
l’une de l’autre que par des intervalles à :
peine fenfibles; on verfe enfuité^ l’acide en le
uaifant tomber fur les parois du baquet, pour
hue les feuilles ne foient point dérangées,- &
lorfque l’opération eft faite, on foutire l’acide par
un robinet placé dans le fond du baquet, l’on
remplace cette liqueur par de l’eau fraîche , qui
|lave le papier, & le privé de l’odeur de l’acide
oxigené ; on le met'enfuite fécher, on le lilfe
& on le relie. J’ai rétabli par ce moyen plufieurs
ouvrages précieux qui n’avoient plus de valeur
[par le naauvais état où ils fe trouvoient. On peut
encore pofer les feuilles verticalement dans le
; baquet, 8c cette pofition prëfénte quelqu’avan-
|tage, en ce qu’elles fe déchirent moins facile-
luient j & à cet effet,. j’ax fait conftruire un cadre
B L A 6 °7 _en bois que j affujettis à la hauteur que je crois
convenable d’après la hauteur même des feuille*
que je veux blanchir ; ce cadre foutient des liteaux
de bois très-minces qui ne biffent entr’eux qu’un
intervalle de demi ligné ; je place deux feuilles
dans chacun, de ces intervalles, 8c les affujettis
aye.c deux petits coins de bois que j ’enfonce entre
les liteaux 8c qui preffént les feuilles contre ces
memes liteaux ; je donne la préférence à ce procédé
avec d autant plus de raifdn , que lorf-
que 1 opération eft faite , j’enlève le cadre avec
les teuilJes 8c les plonge dans l'eau fraîche;
1 ar cette opération, non-feulement les livres
font rétablis, mais le papier en reçoit Un degré de
blanc qu il n a jamais eu,; cet acide a encore le
précieux avantage de faire difparoître les'taches
d encre qui trop fouvent déprécient les livres ou
Uette liqueur n ote point les taches
d huile ou degrailfe; mais on fait depuis longtemps
qu une toible dilfolution de potaffe ( alcali
caiiltique) eft un fur moyen d’enlevër ces marques.
Lorfque j ai eu a réparer des eftampes fi déîa-
brees a qu elles ne préfentoient que des lambeaux
colles & rapportes fur un papier, j’ai craint'de
perdrè ces fragmens dans la liqueur. parce que le
papier fe oecole. & dans ce cas j'ai la précaution
j ^fermer 1 eftampe dans un grand bocal cylindrique
.que je renverfe fur un verre-dans lequel
j ai mis le mélangé convenable pour développer le
^ 7' muriatique oxigèné. Cette vapeur rein-
plit l intérieur du bocal & réagit fur l’eftampe
en dévoré la craffe. détruit les taches d'encre &
les fragmens relient collés & éonfervent leur po-
fation relpecbve.. - r
Le procédé qui confifte à blanchir le papier'&
les eftampes- par le moyen de la vapeur de l'acide
muriatique oxigené, peut être auffi employé pour
blanchir la toue & le coton. Après plufieurs ellais-
faits dans mon. laboratoire, je me fuis décidé à faire
une expenence en grand fur plufieurs pièces de
balm en ecru : dans une des chambrés de plomb
de ma fabrique ayant 20 pieds en quarré , j'ai place
Une grande terrine dans laquelle j'ai mis 6 livres
de manganefe & 12 d'acide muriatique fumant i
j avois difpofe. .dans cette chambre 20 aunes de
bafin foutenu& fufpendu à des morceaux de bois
minces & cylindriques, fixés à des pieds droits affujettis
contre les parois ; les portes ont été exactement
fermée s & maftiquées 5.24 heures après ,
Fal pyà.-tiqfie des ouvertures 8c dormé petr-à-peu
des_ iffues à la vapeur fuffoquante de cet acide oxigené
; trois jours après , il m’a été poffible de péné-
trer ftans la chambre,. 8c d’examiner mon étoffe •
jé-l’ai trouvée très-fouple & douce au toucher *
légèrement humeélée , à-peu-près comme font les
«abus, lorfque l’air eft humide. L ’étoffe m’a paru
d’abord parfaitement blanchie, mais un examen;
plus, exact m a convaincu que les parties qui po-
foient fur le bois , n étoient pasrfenfiblement dé