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quoiqu'il Toit également vraifembhffile, que l’alu- J
mine abforbe l’acide carbonique de l’athmofphère ;
à la vérité ce phénomène eft beaucoup moins •
fenftbleque dans les alcalis fixes purs & la chaux 5
mais il luffit qu’il paroifle exifter , pour qu’on
y ait attention dans les laboratoires, &qu’on ne
lai fie pas l’alumine pure expofée à l’air.
7°. L’alumine a une attraction aflez forte pour
l’eau , quoiqifelle n’y foit pas réellement diflo-
luble. C ’eftTefpèce d’avidité que cette terre a
pour abforber l'humidité, qui fait qu’elle adhère
avec un peu de force à la langue : ce qu’on
nomme haper à la langue. En jettant un peu d’eau
fur de l ’alumine fèche 3 on voit celle-ci l’aborder
avec force , il s’en exhale une odeur fade 3
particulière, qu’on nomme odeur de terre, odeur
d’ argile. On fait par un léger broyement une pâte
duélile, à laquelle on peut donner toutes les formes
poflibîes. Cette pâte chauffée ne perd toute l’eau
qu’on a mêlée avec l’alumine, qu’à un grand feu
continué long-temps. C e font' fur-tout les dernières
portions d'humidité, qui adhèrent le plus
fortement à l’alumine , & qu’on ne peut en fé-
parer qu’avec une extrême difficulté. Lorfqu’on
jette un peu d’alumine en poudre dans une grande
quantité d’eau , & qù’ori la mêle dans la totalité
en l’agitant, cette terre y refte fufpendue & né
fe fépare que très-lentement. L’eau acquiert par
cette fufpenfion une forte de caractère favoneux;
elle eft grafife & comme douce au toucher, elle
moufle légèrement & nettoye bien les étoffes de
laine. Tous ces faits annoncent, comme nous
l’avons indiqué, une attra&ion remarquable entre
l’alumine & l’eau. Plufieurs auteurs ont même
cru que cette terre pouvoir s’y difloudre 5 quelques
uns ont penfé que cette diflolution fai foit
une dafle d’eaux minérales: mais l’examen chimique
ne répond pas à cette aflertion , au moins
quant aux eaux où l’on a mêié'artificieJlement de
l’alumine ; car . en évaporant ces eaux filtrées juf-
qu’à fîccité, on n’a pas un dix millième de réfîdu.
8 '. L’alumine fe combine avec toutes les terres
par la voie fèche. Quelque difficile qu’elle foit
à fondre .quand elle eft feule, elle acquiert une
fufibilité plus ou moins énergique, par l’addition
des autres terres 5 c’eft fur-tout avec la filice &
avec la chaux qu’elle devient fufïble. .Si l’on chauffe
trop fortement les creufets 8c les pots faits avec
un Ample mélange d’alumine & de filice , ils fon^-
dent par parties ou entièrement. J: es briques font
vitrifiées à leur furface , lorfqu’elles font trop
cuites. Elles le couvrent de même d’un émail ou
d’un vernis vitrifié dans.les fourneaux, ou l’on
fond le verre , le fer, où l’on cuit les poteries,
la porcelaine, &c, $ dans les fourneauxViefufion
de nos laboratoires, les creufets fe déforment &
fe ramollilTent très-fou vent. Dans les hauts fourneaux
de trente-neuf pieds de hauteur, pu l’on ■
traite la mine au creulet, près de Montcenis en
Bourgogne , des creufets de dix pouces de hau-
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teur 3 |e trois pouces, de largeur, & de plus ƒ un
pouce d epaifleur 3 faits avec la terre argileule qui
lert a. fabriquer les briques dont on revêt l’inté-
neur meme de ces fourneaux, jettés par le gueu-
lard ou par le haut , ont été complettement
tondus, & fe font diflous dans le laitier. Enfin
6 feu^ f e Is chaux rend l’alumine fufible;
aufli M. Darcet a-t-il obfervé que les pierres calcaires
fe fondent dans les creufets d’argile y vers
les parois mêmes de ces creufets, & M. Gerhard
a-t-il trouvé que 1 alumine fe fond dans un creufet
de craie, & refte fans fufion. dans un creufet d’ar-
gile. On reconnoît bien dans ces fufions une
action réciproque des terres les unes fur les autres
, & le produit d’une attraction particulière
entre leurs molécules. Le réfultat de ces combinaifons
eft une forte d’émail ou de verre opaque,
uiir, fcintillant, difficile à fondre, 8c auquel on
ne peut donner aucune tranfparence., quand la
proportion d’alumine eft un peu conftdérable. La
nature fait des combinaifons terreufes analogues
dans les volcans , & on les retrouve dans les
laves & les bafaltes. Il paroît même qu’elle combine
intimement l’alumine avec d’autres terres
par le moyen de l’eau car les calcédoines, les
jafpes, & fur-tout les fchiftes , plufieurs gemmes,
les grenats, la zeolite, le talc, & plufieurs autres
pierres dans lefquelles. l’analyfe chimique a fait
trouver jufqu’ à près de foixante pour cent d’alumine,
paroi lient manifeftement avoir été formées
par l’eau.
.9°/ I n n’a point encore convenablement examine^!
aétion des alcalis fur l’alumine j voici ce
que 1 on a déjà ou vérifié ou Amplement apperçu
a cet egafo par 1 obfervation , quoiqu’on n’ait
point fait d expériences & de recherches fui vie s
fur cet objet. Par la voie fèche, les alcalis Axes
ne font entrer l’alumine en fuAon qu’avec beaucoup
de peine-,encore eft-ce une fufion pâteufe ,
jamais on n obtient de véritable verre tranfparent
& homogène j quand on ajoute de la Alice , qui
fa it, comme on fait, la bafe du verre, l’alumine
fe fond mieux , mais forme dans le verre un fond
blanc opaque, comme l’oxide d’étain dans les
enTaux. i ar la voie humide, l’alumine paroît être
dilïoluble dans les alcalis cauftiques , lorfqu’elie
eft très-diyifée , par exemple , lorfqu’elie vient
d être précipitée de fes- difîblutions dans les acides
ou des fels qu elle.forme avec eux. L’ammoniaque
même paroît avoir aiiffi cette propriété diftol-
vante , par ..rapport. à l’alumine ; car , . dans la
précipitation de cette terre du fui fa te acide, d’alumine
par 1 ammoniaque , lorfqu’on ajoute une
plus grande quantité de celle-ci qu’il n’en, faut
pour la précipitation., on voit une grande partie
de l’alumine difparoître & fe difloudre dans la
liqueur ammoniacale, il eft vrai qu’on peut attribuer
la diflolution de la terre à la formation d’un
fel triple qui paroît en effet exifter entre ces deux
bafes & 1 acide fuit uriqu e. On voit au moins, d’a-
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près cetexpofé , que l’a&ion réciproque de l’alu- i
mine & des .alcalis mérite d’être examinée avec
foin par les chimiftes.
10L Tous les acides font fufceptibles de s’unir
à l’alumine, & de former avec elle des fels com-
pofés ou moyens, qui font rarement neutres. 11
faut remarquer à l’égard de çette combinaifon en
général, qu’elle n’a lieu que, lorfque l’alumine
eft très-divifée , foit fous la forme de pouffière,
foit, & encore bien mieux, fous celle de flocons
légers & comme raréfiés ,. fufpendus dans l’eau,
tels qu’en préfente l ’alumine , lorfqu’on vient de
la précipiter du fulfate par les alcalis. Dans ce dernier
état, il n’y a prefqu’âucun acide, excepté
ceux qui font peu diilolubles & peu fapides qui
ne la diflolvent pas 5 mais , lorfqu’on l’a laiflee
fe précipiter , & lorfque fes molécules fe font
rapprochées les unes des autres , au point de
former au fond des vafes un magma folide, il n’y
a plus dès-lors que les acides puiffans , qui la
diflolvent promptement. Si on la fait deflecher à
l’air , la diflolution devient de plus en plus difficile.
Telle eft la raifon pour laquelle l’analyfe des
argiles' naturelles demande beaucoup de temps,
en raifon de l’adhérence des molécules de l’alumine
les unes pour les autres , ainft que pour
celles des autres terres qui lui font unies dans la
nature. Lorfque l’alumine a fubi l’aétion du feu,
lorfqu’elie eft durcie ou cuite, les acides les plus
actifs ne la diflolvent qu’à la longue. C ’eft ainfi
que les poteries font d’autant moins altérables par
les acides, qu’elles font plus dures ou d’une cuiflon
plus forte. Cependant il n’en eft aucune, fans en
excepter la porcelaine la plus dure, qui ne foit
altérable par l’acide fulfurique, lorfqu’on l’a laiffé
féjourner long-temps dans cet acide. Voilà pourquoi
les capûiles ou les foucoupes de porcelaine,
dans lefquelles on a évaporé des diflolutions ful-
furiques , ■ dont l’acide étoit à nud , deviennent
ternes, poreufes, graveleufes, & offrent à leur
furface des aiguilles de fulfate acide d’alumine,
qui s’y forment, & y .reparoiflent conftamment,
après qu’on les a enlevées , jufqu’à ce que tout
ce qu’il y a eu d’acide fulfurique , abforbé par
la pâte, foit ainfi forti du vailieau, qui en étoit
imprégné. Ces faits apprennent comment on peut
employer l’acide dont il eft ici queftion, pour
enlever peu-à-peu l’alumine aux terres & aux pierres
mêmes les plus folides , qui en font en partie
compofées.
iî° . Les combinaifons de l ’alumine avec les
acides ou les fels neutres alumineux , font en
général d’une faveur aftringente, quelquefois même
fortement ftyptique, fou vent avec excès d’acides,
en général très-diflblubles, & même déliquefcens.
Quelques-uns prennent une forme criftalline régulière.
Le plus grand nombre ne criftallifent que
tres-difficilement ou même tendent plutôt à relier
fous la forme gelatineufe ou comme mucilagi-
^eufe. Ils font tous ptès ou moins décompofables
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par le feu, par la baryte , les alcalis fixes, la
chaux & la magnéfie ; ces terres & ces alcalis ont
en général plus d’affinité avec les acides, que n’en
a l’alumine. Elle paroît être , fufceptible de s’unir
cependant avec les acides , en même-temps que
plufieurs des bafes précédentes, fur-tout l’ammoniaque
& la magnefie, 8c de former des trifules
ou fels triples, qui n’ont point encore été examinés
convenablement.
12 \ Il n’y a pas d’a&ion fenfibleentre l’alumine
& les fels neutres terreux ou alcalins, mais il en
exifte une entre cette terre & les fels moyens métalliques.
Comme il ne s’agit ici que de la généralité
de cette action, Ç car les détails appartiennent,
ou à l’hiftoire de chaque métal , ou à
celle de chaque efpece des fels métalliques en
particulier ) , nous partagerons cette aétion générale
en deux cîafi’es : l’une eft relative à la décomposition
des- fels métalliques par l’alumine,
c’eft celle qui a été regardée comme la plus générale
& la plus conftante > l’autre comprend
l’union de l’alumine avec le fel métallique, dont
elle ne décompofe qu’une petite portion, & avec
la prefque totalité de laquelle elle s’unit, de .manière
à former un fel triple alumineux & métallique
en même-temps. Cette fécondé aélion de
l’alumine fur les fels métalliques eft peut-être
la plus fréquente , quoique la moins examinée
jufqu’à préfenc-. O11 ne l’a gueres apperçue ,
que pour le fulfate de fer. Auflî les chimiftes, qui
l’ont les premiers obfervéè , ont-ils penfé que
l’ alumine avoit pour les acides une affinité égale
à-peu-près à celle des oxides métalliques, ou que
les acides avoient une forte d’indifférence dans
leur attra&ion pour ces bafes comparées ; mais
on ell fort loin de pofteder fur ce point les
connoiflances nécefiaires, pour juger fainement
de ces triplés combinaifons.
130. L’alumine ne fe combine point avec les
métaux, mais elle a une attraction très-marquée
pour les oxydes métalliques. On le prouve pat
l’adhérence qu’elle contracte avec eux dans toutes
les opérations de la chimie. Lorfqu’on prépare
des fels alumineux , fi l’alumine contient un oxide
métallique quelconque fur-tout de fer ou de
cuivre qui fe trouvent le plus communément avec
cette terre , cet oxide n’abandonne point l’alumine,
& s’unit en même-temps qu’elle avec les
acides ; de forte qu’il fe forme dans ce cas des
fels triples. Pour peu qu’un de ces oxides fôit ou
mêlé ou combiné dans des fels alumineux , A l’on
précipite ces fels par un alcali, la terre précipitée
entraîne avec elle l ’oxide , & fe trouye colorée
dans toutes fes molécules également ; en
un mot, quelque petite que foit la quantité d'un
oxide métallique , mêlé avec l’alumine , dans
quelque opération que ce fo it, cette terre eft
toujours intimement unie à l'oxide , & uniformément
colorée par lui. Einmann a fait voir dans
Ton hiftoire du fer* que les oxides de ce métal