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dans toutes les maladies fpafmodiques. J'ai aufli
formé du fel polychrefte avec l'acide fulfureux
qui étoit pafle avec l'huile ». ■ -
,» En fuite j'ai examiné le foufre & le phlegme
laiteux que j'ai retirés dans ma fécondé - opération
: j’ai reconnu au foufre toutes les propriétés
du foufre ordinaire 3 fa couleuriauneg fon odeur
défagréable , lorfqu'il eft échauffé dans les mains 3
fon aêtion fur les métaux , fa combinaifon avec
les alcalis j 8c fa décompofition par fon inflammation.
Le phlegme laiteux n’étoit qu'un peu
de foufre tenu divifé dans l'eau par un peu d'acide
fulfureux que j'ai précipité par le moyen d'un
peu d'alcali fixe du tartre, ( carbonate de potafle )
çuej'avois: étendu dans beaucoup d’eau , & que
j'ai retiré après quelques heures de repos '>.
J'ai fait enfuite l'examen du charbon , 8c j'ai
vu qu'il étoit très-léger , fans goût, nageant fur
l'eau , ne donnant aucun changement aux couleurs
rouges &■ bleues , n'agififant nullement avec
les acides , produifant du bleu de Pruffe étant
expofé au feu dans un creufet avec de l'alcali
fixe. Il revivifie très-bien les métaux 3 car j'ai
remarqué qu'un gros de ce charbon revivifie
1 onces & demie de minium , dont on retire
2 onces & un gros & demi de plomb ».
« J'ai aufli remarqué que le camphre étoit dif-
fous par l'acide fulfurique fans aucune-adion fen-
fiblé , à froid, & que c'eft - là tout ce qui le.
différencie de l'efprit-de-vin. C a r , quant à la
décompofition , il préfente les mêmes phénomènes
3 & je crois que cette, différence n'a lieu ,
que parce que lé camphre eft concret, & qu'il
n'entre point d'eau dans fa compofition & très-peu
d'air ; & j'appuie mon raifonnement fur Inexpérience
qui va fuivre. J'ai remarqué que l'acide
fulfurique diflout la glace, la grêle ce la nejge
fans aucun mouvement 8c fans chaleur ,. & quau
contraire il réfulte de cette diffolution un froid
plus.grand , puifque j'ai remarqué quelles vapeurs■
environnoient le vafe, 8c s y condenfoient en
forme de givre ». . • - . • • h , ’ r ’
» J'ai aufli remarqué que l'acide fulfurique echauf-
foic l'huile de camphre 5 ce qui n'a pas lieu ,
lorfqu'elle eft encore camphre , parce .qu elle a
acquis une portion d’eau qui' lui donne fa fluidité,
que l’a&ion du feu lui a combiné d’une
manière allez fingulière , par le moyen de l’acide
fulfureux ,• & lui donne une propriété capable
de le rendre parfaitement folubie dans l’eau 5
car, fi on met dans,un vafe l’eau qui aura été,
battue avec l’huile de camphre, 8c très - bien
fépavée par le filtra, & qu’on l’y biffe une heure
environ, le fer s'empare de lucide fulfureux par
lequel il fembleêtre attaqué , & le.camphre .repa-
roït. fous une forme de poudre ou de limon , s y-
divife de manière qu'il pâlie à travers les filtres
les plus fins ; & le fer fe trouve chargé d’une
poudre très-noire qui fe dépofe près de fa furface.
C'eft un moyen, cqmrae on le voit,.très-propre;
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à le rendre mifciBle à l'eau , 8c à être adminiftré
dans les différentes maladies cù on defire l'employer.
»
• »11 faut aufli remarquer que cette huile eft fufceptible
de fe décompofer par une nouvelle dif-
tillation avec l’acide fulfurique, & qu'elle préfente
les mêmes phénomènes , de manière que, fi on
recontinuoit'à la rediftiller plufieurs fois avec
cet acide, elle fe réduiroit tonte en acide fulfureux
, en foufre & en charbon ».
» 'L'acide nitrique paroîc avoir queiqu'aétion fur
le camphre, par la diftillation , mais en très-
petitè quantité , de forte que de 4 onces de
camphre 8z d'acide nitreux fumant après la diftillation
parfaite , il s'eft trouvé environ 4 à 5 grains
de charbon très-femblable à celui de l'acide1 fulfurique,
8c tout étoit pafle dans le récipient,
fous forme d’huile qui fe régénère en camphre,
lorfqn'on y verfe de l'eau. Je crois qne cette
apparence de décompofition , par l'acide nitrique ,
n'a lieu que parce que cet acide étant tiré dé fa
bafe par l'intermède de l'acide fulfurique , il y en
pafle unpeu avec : c'èft ce qui donne des. marques
de décompofition. Mais ce n'eft toujours que
l'acide fulfurique qui agit, & non l'acide nitrique
qui.paroît ne l'altérer en aucune manière ».
— » En donnant les détails des expériences de Legendre
, j'ai confervé des explications qui les accompagnent
, pour faire connoître : Létat de la
fcience à cetce époque. On voit combien elle
étoit éloignée de la vérité. On ne conçoit pas
comment!’ aêrion de l'acide nitrique fur le camphre
a pu lui échapper 5 il avoit la découverte de
M . Kofegarten en main 3 mais préoccupé de l'idée
que l'acidé du nitre dilTolvoit le camphre fans
l'altérer , il n’a attribué l'action dont il étoit
témoin , qu'à la petite portion d'acide fulfurique
contenue dans fon acide nitrique.- 1.1 eft vrai
de dire que la portion de charbon qu'il a obtenue,
dépendoit de l'acide fulfurique, puifque l'acide
nitrique n'eft pas capable de la mettre à nud.
» L'acide muriatique n'a par uopérer aucune décompofition
: car tout le camphre s'eft fublimé
à la voûte de ta cornue, & l’acide a pafle-, fans
donner aucune marque qu'il fe foit chargé-de la
moindre partie de camphre ».
» J'ai aufli diftillé des alcalis volatils avec le
camphre. Le camphre s'eft fublimé fous là forme
de feuille de fougère , femblable. aux criftaux de
lune ou à- ceux du fel ammoniac. Ce qui m'avoit
féduit au premier coup d'oeil 5 car je crus qu’il
s’étoit formé un, fel ammoniac. Mais par les
épreuves que je fis, en le jettant fur le feu ,. j'ap-
.perçus bientôt que.;ce i f étoit que du camphre:
j'en fis difloudre dans l'eau :: il reftoit à la furface.
J'en ai aufli diflous dans l'efprit-de-vin , il s’y eft
très-bien diflcnis. Il » eft - pafle un phlègme un peu
laiteux , qui fembloit être un peu favonneux ».
J’ai opéréde même furies alcalis fixes. Iln’en
eft rien réfulté qui.mérite.d’être- rapporté ». •
... » J 'a i
55 J'ai opéré de même fur l'huile de camphre
avec l'alcali volatil : tout a pafle fous une forme i
de liqueur laiteufe, laquelle étendue dans de l'eau
s'y foutint toujours louche , 8c fentant le camphre
& l'alcali volatil ; & 1 l’alcali fixe n'a rien
•fait de mieux qu’une mafle fayonneufe, & le
phlègme a pafle dans le récipient, aufli un peu
chargé de,’l'odeur du camphre, fans rien autre;
chofe ».
» il arrive quelquefois Jque l'huile de camphre
femble fe figer, ou fe régénérer en camphre,
lorfqu'on l'a bien lavé avec de l’eau , pour enlever
l'acide fulfureux furabondant. C'eft bien
réellement du camphre qui n’a fubi aucune décompofition
, qui eft pafle avec l'huile qui s’y
tient unie , & à qui il donne encore l'odeur du
camphre ; ca r, fi on le filtre par un papier gris
ou par un coton , le camphre refte en grumeaux,
8c l'huile pafle parfaitement liquide. Le camphre
eft , en quelque façon , dans un état d'huile«
figée 3 mais c'eft qu'il lui refte encore des parties
huileufes qui y font intimement unies par le rapport
qu'elles ont entr'elles , qui n'en diffèrent
qu'en fluidité. Cette huile eft la même que le
camphre, à cette différence qu'elle a reçu de ‘
la fluidité par la combinaifon d'un peu d'acide !
fulfureux 8c d'un peu d’eau. Elle a toutes les
propriétés des huiles eflentielles. Elle s'étend dans
les pores du papier, en lui donnant plus de tranf-
parence 3 marque certaine de fa fluidité. Elle..fe
diflout dans l'efprit-de-vin, & revient fur la liqueur
quand on y joint de l'eau ; elle s’enflamme
comme elle. On peut faire avec elle un olero fac-
charum : l'eau battue avec elle s'en charge, comme
je l’ai dit ci-devant 3 car il paroît que la décompofition
qui fe fait pendant l'opération, ne donne
rien autre chofe «que du foufre & de l'acide ful-
rureux. Le camphre qui n'a pas fubi l'aétion de
l'acide , parce qu'il fe volatilife avec l'acide fulfureux
j te trouvant enfemble , 8c réduit en vapeurs
, il s'y combine , fans fouffrir d'autre altération
, que de prendre une fluidité qu'il n'avoit
pas. Cette fluidité devient néanmoins un moyen
propre à employer le camphre fous des formes
différentes, 8c plus faciles à avaler , lorfqu'on en
demande dans des potions 3 car l'eau feule, où
elle a féjourné, en eft allez chargée , pour lui
donner une vertu très-efficace & très-aifëe à employer,
même pour laver des plaies. On pourroit
croire que l'huile de camphre eft au camphre ce
que l'éther eft à l'efprit-de-vin. Quoique le cam-,
phre paroiffe être plus fimple dans fa compofition,
je crois que, s'il étoit poflible de donner une
forme concrète à l'éther, il n'en différeroit que
pat l'odeur : car il a les mêmes propriétés , 8c
donne les mêmes produits par fa nature ».
, Je n’ai pas befoin de faire obferver que dans
le mémoire de Legendre il n'y a que les expériences
8c les faits qui puiflent être comptés
pour quelque -chofe , les explications fe reflen-
Ckirnie. Tome 11.
tent de l'état d’incertitude 8c d’inexa&itude
même qui régnoit alors dans la théorie chimique.
11 n'eft pas de même de la diflertation fuivante
publiée en efpagnol 8c à Ségovie par M. Prouft en
1 7 8 9 , 8c traduite en françois par M. Arezula,
l'un de mes élèves, a&uellement profeffeur de
c’nimiè à Cadix.
. Ce mémoire eft divifé en deux parties., 8c
h première eft fubdivifée en neuf fe&ions 3 il
eft précédé d'une préface dans laquelle on fait
remarquer que le royaume de Murcie envoie tant
d'huile eflentielle de romarin , de marjolaine ,
de lavande, 8c de beaucoup d’autres plantes ,
8c qu‘on les donne à fi bon marché, qu'on ne
peut douter de l'extrême abondance des plantes
aromatiques qui -y croiflent , & de la facilité
avec laquelle on en extrait l'huile volatile.
P R E M I È R E P A R T I E .
S e c t i o n I.
M. Prouft obferva d’abord dans un flacon
d’huile eflentielle de lavande différentes criftal-
lifations en forme d'arbriffeaux. Le froid 8c un
repos abfolu avoient produit ces criftaux , qui lu
parurent au premier coup-d'oeil analogues au camphre
3 on fait que ce corps en préfente de pareils
Iorfque fa foluticn dans l'alcool eft affoihlie par
| l'eau, de manière à n'y pas produire fubitement
un précipité.
Ces arbrifleaux compofés de branches divergentes
s'élèvent & croiffent par des oéhëdres
implantés les uns fur les autres, fi la criftailifation
s'opère lentement & tranquillement 5’ mais au
contraire, il fe forme des lames hexagones fi
elle a lieu avec précipation.
En tranfvafant cette huile de lavande , une
partie du liquide s'étant répandue au-dehors du
flacon , l'auteur fut étonné de voir au bout de
quelques inftans une efpèce de neige fur toute
la furface, du flacon qui avoit été recouverte
d'huile.
Ces faits lui ayant fait découvrir la préfence
du camphre dans l'huile de lavande de Murcie ,
il foupçonna bientôt que cette propriété n’étoit
pas exclufive à cette huile , & qu'il trouveroit
aufli le camphre dans toutes les huiles volatiles
qu'on prépare dans ce pays , comme dans celles
de romarin, de marjolaine 8c de fauge. L’expérience
a confirmé fes foupçons.
S e c t i o n I I .
E n r e c h e r c h a n t le s m o y e n s p ro p r e s à fé p a r e r
l e cam p h r e d e s h u ile s v o la t i le s , M . P r o u f t à
p e n fé q u è la fe u le é v a p o r a t io n à l ’air l ib r e lu i
fe r v i r o ic p o u r a p p r é ç ie r l e ra p p o r t d e q u a n t i té
C c, c c c