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telle que La cajfoude, on peut fe pafièr de-chaux j
©u du moins, il faut en diminuer la quantité ,
■ parce que l’alcali s’y trouve prefque dans l’état
cauftique} mais il convient de ne pas avoir de
là chaux furabondante par les raifons quo'n va
voir. #
L’eau de chaux produit dans la diffolution al- ;
câline des parties colorantes un précipité abondant,
dans lequel lés parties colorantes fe trouvent
combinées avec la' chaux ou avec le carbonate
de. chaux. La liqueur qui fumage retient
très-peu de couleur ; mais fi l’on met un excès
de diffolUtion, le précipité , fe' forme difficilement
& en petite quantité.
L’on voit, par-là j i 0.. que la partie colorante
du lin a plus d’affinité avec la chaux qu’avec les
alcalis 5 20. que par le moyen de l’eau de chaux,
on peut féparer en grande partie d’une diffo-
lution alcaline, la fiffiftance colorante dont elle
.étoic faturée j mais s’il fe trouvoit de l’eàu de
- chaux dans la leffive dont on fe fer.t , on s’ex-
■ poferoit à précipiter fur le lin la partie colorante
•qui en feroit enfuite féparée difficilement.
Cette propriété qu’a l’êau de chaux de précipiter
les parties colorantes des leffiv.éS, pourvoit
peut'être s'appliquer au blanchiment en grand.
J’ai blanchi du fil en n’employant dans chaque
leffive qu’une' diffolution bien .faturée de parties
colorantes & enfuite précipitée par l ’eau de
chaux j mais comme cette diffolution étoit né-
ceffairement fort étendue d’eau, il a fallu un
plus..grand nombre de leffives. On pourront lui
rendre une force Cuffifante par une addition convenable
d’alcali. Je ne tais cependant fi l’avan-'
.tage feroit allez grand pour récompenfer des em-
.barras, des manipulations, peut-être vaudroit-
il mieux faire évaporer les leffives ^ & calciner
le réfidu pour détruire lès parties colorantes, &
xetablir Faéliv.ité de l’ alcali.
Si l’on mêle la diffolution d’alcali faturée de
parties colorantes av;ec des diffolutions métalliques,
l’on obtient des précipités de différentes
couleurs, & qui font dus à une combinaifon
de l’oxide métallique avec les parties colorantes.
Je ne m’arrêterai pas à la defçription de ces précipités
«lui ne mlont rien offert d’affez intëref-
Jant.
Ce que j’ai dit du lin doit s’appliquer au
chanvre, dont les parties colorantes font de la
même nature. Les fils de l’une ,& de l’autre fubftance
perdent du quart jufqu’au tiers de leur
poids par les opérations du blanchiment j mais
le coton a • des parties colorantes d’une nature
différent- , elles font beaucoup plus foîubles
d’elles-mêmes par les alcalis, & a un jaune p ile ,
ainfi^qu’on peut le voir dans celles que je mets
fous les. yeux de l’académie. Peut-être ces parties
colorantes, font - elles dé nature différenté dans les
différentes efpèces de coton 5 mais j’ai éprouvé que
les cotons' roux blanchiffoient fort bien par l’a&fen
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fucceffive- des leffives & de Facide- muriatique
oxigené.
11 faut remarquer,que lorfque le lin commence
à être épuiié. de parties colorantes, &■ •
qu’on le plonge dans l’acide muriatique oxigené }.
il devient blanc, quoiqu’il puîffe donner, encore
à l’alcali avec lequel.on le fait bouillir, des parties
colorantes qu’on peut précipiter par les acides,
& qui font alors femblables à celles dont j’ai parlé
jufqu’à préfent 5 & lotfqu’on ne s’efi .pas fervi
de leffives affez chaudes pour dépouiller le lin
de fes parties colorantes , il reprend peu-à-peu
de lui-même une couleur jaune , fur-tout fi on
lui fait éprouver une certaine chaleur, j
Si l’on verfe de l’acide muriatique oxigené dans
une diffolution alcaline, faturée.de parties colorantes/
fa couleur foncée dil]>.aroît, & fi on la
fait évaporer jufqu’à ficcité, le .réfidu \eft jaune.
'Les parties colorantes vertes dqs végétaux deviennent
blanches par Facidé muriatique oxigené
j. mais par l’ébullition, elles deviennent jaunes.
Si l’on mêle de l’acide muriatique oxigené avec
une diffolution d’indigoparl’açidefulfuriqueétendu
d’eau, l’on fait paffer la couleur à un fauve plus
ou moins foncé, félon la quantité d’eau, St fi
après cela on fait évaporer, il relie une fubftance
particulière d’un fauve brun } mais fi l’on fait paffer
une grande quantité de gaz muriatique oxigené
dans une diffolution femblable, l’on finit
par détruire toute la couleur, 8c il ne refie plus
qu’une fubftance blanche par l’évaporation.
Lorfqu’on fait paffer de même une-grande quantité
de gaz muriatique oxigené dans une infufion de
noix de galle, fa couleur fe fonce, devient d’un
fauve vfombre, & il fe forme un dépôt abondant
qui ell noirâtre. L’infufion de fumach fait un dépôt
pareil mais moins abondant.
L’on voit doqc que l’acide muriatique oxigené
| agit de différentes manières fur les parties colc-
! rantqs 5 que plufieurs efpèces de parties colorantes
| peuvent blanchir & difparoître par la combinair
fon de Foxigène, qu’alors quelques drconftances >•
telles -principalement qu’un degré de température
un peu relevé les ramène à un jaune qui ell
.quelquefois fi foncé qud parok noir, comme on
Fobferve dans lès parties .colorantes du lin » mais
Je plus. ordinairement,' il les fait paffer immédiatement
à la couleur fauve. . .
Pour expliquer çes faits, je rappellerai quelques
propriétés de l ’acide muriatique oxigené.
i° . Les couleurs des oxides métalliques fouit
changées félon la proportion d’pxigène qu’00 leur
donne j foit partie moyen de facide muriatique
oxigené, fort par toute aùtre oxidation.
.2?.; J’ai prouvé que l’acide muriatique exige ne
détruifoit l’ammoniaque , parce que fon foxigene
fe combinant avec l’ammoniaque foi me . de l’eau,
& nous devons à-M. Fourcroy-üne belle observation
-fur cette nouvelle combinaifon , - p a r daqueUe
il a fait voir qu’il fe -dégageoix de la lumière conque
b l a :
dans le? autres combuflions lorfqu’on (ai foit l'expérience
avec du gaz ammoniacal. J’ai prouvé
auffi que l’hydrogène de l’alcool & de l’éther for-
moit de Feau avec Foxigène de l’acide muriatique
oxigené. (Mémoire fur la décompofition de
l’efprit-de-vin & de l'éther, acad. 17% .
30. Ce n’efl pas féulement fur lés parties colorantes
que l’acide muriatique oxigené agit différemment
félon lés" cireonftances. Ainfi j fi Fon
met un peu de fuere dans certe liqueur, il eft
changé en acide citrique, obfervation neuyelle
très-intéreffanté qui eil due à M. Vauquelin ;
mais fi l’on fait paffer beaucoup de gaz muriatique
oxigené dans une' diffolution de fucré, &
qu’enfuite, on faffe évaporer la liqueur,, le réfidu
préferite tous les caractères du caramel ou
fuere brûlé.
Dans Fèfpèçe de combuftion que Facide muriatique
oxigené fait éprouver au fucrë 8e à plufieurs
autres fubftances, l’oxigène- fe combine
avec l’hydrogène qui entre dans fa compofition ;
car l’on vient de voir que cette combinaifon fe
forme facilement > 8e au contraire , le. charbon
n’efl pas attaqué par cetje liqueur, ou du moins,
il Feft beaucoup plus difficilement.
C ’eft précïfément ce qui arrive lorfqu’on fou-
met une fubftance combuftible .à un degré de
chaleur- élevé, ou qifon lui fait fubir, une légère
combuftion, avec cette différence, que fi la fubftance
contient beaucoup d’hydrogène, fi c’eft ,
par exemple, une huile, un degré de chaleur,
élevé peut lui donner Fapparënce d’un commen- ]
cernent de combuftion en chaffant fous la forme de
gaz une partie de l’hydrogène qui entroit dans fa
combinaifon : ainfi, lorfqu’on fait bouillir une
huile, il s’én dégage du gaz hydrogène, & elle
devient bru'ne 8c même'noire.
Lors donc qu’on fait éprouver à. une fubftance
organifée un degré de chaleur élevé, on lui donne
l’apparence d’une fubftance qui. a éprouvé une
légère combuflion, ou parce que l’on combine
de l’oxigène avec une partie de l’hydrogène én
formant de l’eau, foit- que Foxigène exiftat dans
cette fubftance, foit qu’il vienne de l’atmofpbère.
• Par-là, 'cette fubftance devient , félon l’in.ten-
fité du phénomène,. jaune , fauve, brune, & dans
le langage vulgaire, on dit qu’une fubftance a
mufti lorfqii’elle. a éprouvé cet effet.
D’où peut venir ce changement de couleur ? Il
vient inconteftablement de ce que le charbon.
devient prédominant, & cela eft fi vrai, que l’on
n’a qu’à pouffer l’opération jufqu’à fon extrême,
comme on le fait dans la. diftillation, la fubftancé
qui a .commencé par un jaune foible, pafïè de^là
jufqu’au noir, & enfin, il ne refte plus que le
charbon. Ce qui fe paffe dans, un vaiffeau fermé
a lieu, également avec le contaéh de Fatmofphère,
parce que la combuftion de' l’hydrogène, - c’eft-
a -dire , fa combinaifon avec Foxigène, peut fe
faire à un degré, de el^afeur inférieur à celai qui
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eft neceffaire à la. combinaifon du charbon, de
forte que, fi la combuftion eft très-lente, fi la
chaleur , ne s’élève pas au. degré néceffaire à la
combuftion du charbon | fout l’hydrogène fe confirme
3- & la fubftance refte noire, & dans l’état
de charbon.
Il me-paroît donc que lorfque Facide muriatique
oxigené donne aux parties colorantes une couleur
jaune fauve ou brune, cela - dépend de çe que
Foxigène fe combiné avec l’hydrogène qui entroit
dans leur compofition que par-là le charbon
eft pour-ainfi-dire ifolé , & donne la. couleur qui
lui eft propre : Fanalyfe confirme cette explica^
tion.
y ai diftillé les parties colorantes du lin > elles
m’ont donné une huile fort épaiffe ,,un peu d’ammoniaque
, & eïlesMTvont laiffé 24 parties de
charbon fur 100 ; mais l’huile en contenoit : il s’eft
fafns douté dégagé de Facide carbonique &"du
gaz Jiydrogène carboné 5 de forte que le charbon
forme au-delà du tiers de ces.parties colorantes.
J’ai dit que l’irifufion de noix de galles & celle de
fumac devenoient brunes par l’aélion du gaz acide
muriatique oxigené , & qu’il s’y formoit un' précipité
noir -j ce précipité eft du charbon prefqué
purL -r L’acide nitrique agit de la même manière que
l’acide muriatique oxigené, 8z il rend j aunes, fauves1
, brunes , les fubflances fur lefquellès fe porte
foh aétion j c’eft ainfi qu’il réduit-en charbon
l'huile de gayac , 8t c’eft ainfi qu’il a changé l’indigo
en une fubftance brune qu’ à décrite M.
, Hauffman dans un mémoire très-intéreffaiit qui fe
trouve dans- le journal de phyfique ( mars 178.8 , ;
de même.que l’acide muriatique oxigené l ’a fait
dans1 l’expérience que j- ai décrite.
L’on a vu que les parties -colorantes' du lin ,
ainfi que la partie verte des végétaux , pouvoieut
être blanchies par Facide muriatique oxigené, mais
qu’elles devenoient jaunes, foit en leur faifân.t
éprouver un certain degré de chaleur , foit par le
1 laps de temps : il peut fe faire qua’lors l’oxigène
fe combine avec les parties.colorantes/ans s’unir
immédiatement avec l’hydrogène }mais que peu-à-
peu cette union fe forme, fur tout fi ori la favo-
rife par la chaleur.
Lors même qu’une partie colorante a perdu;une:
. partie de fon hydrogéné,elle peut devenir blanche,
en-fe combinant avec une plus grande quantité
d’ bxigène } ainfi , les parties colorantes dü lin qui
forment une diffolution noire avec l’alcali, perdent
prefqu’entièrement leur couleur , lorfque
Fon y vérfe une quantité fuffifante d’acide muriatique
oxigené & l’indigo qui éft devenu fauve
brun , perd entièrement fa couleur lorfque Lardée
muriatique oxigéné épuife fon aébiôn fur lui.
De même Facide nitrique commence par rendre
brun le fuc & les autres' fubflances’ végétales &
.animales fur lefquelles il agit, & enfuite la diffo-
lucioa-perd toute- couleur par cette action coa»^
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