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differentes préparations d’alcools ammoniacaux
compofés.
5 . IV. A lco o l s salins s e c o n d a ir e s .
Nous comprenons fous ce titre les eombi-
naifons de l’alcool avec un fel neutre ou fecqn-
daire ; plufièurs de ces fels font folubles dans
1 alcool , ou peuvent le devenir par différens
procédés j mais toutes ces folutions ne font pas
egalement utiles & importantes, ainfi nous nous
bornerons à en indiquer quelques efoèces qui
font ou peuvent être employées en médecine, &
qui ferviront d’exemples pour d’aiitres que l’on
voudrait effayer.
1°. Alcool de muriate de fer ; autrefois teinture
de mars dans l'efprit de fel.
Cette préparation eft décrite dans la pharmacopée
de Londres , édition de 1788 , fous le titre
âetîncluuz fer ri muriatij elle fe fait de la manière
fuivante :
Prenez carbonate de'fer ( rouille de
for ) ......................... demi - livre.
acide muriatique.. . . . . . trois livres,
alcool reétifie................. trois livres.
. Mettez le carbonate, de fer dans un matras
de verre, verfez deffus l’acide muriatique , laif-
fez digérer pendant trois jours en l’agitant de
temps en temps : décantez enfuite la liqueur
que vous faites évaporer fur un feu doux jufqu
à la rédudtion à une livre ) & lorfqu’elle fera
refroidie ajoutez-vd’alcool, & confervez dans un
vafe bien bouche.
Z°. Alcool de muriate mercuriel.
La folution du muriate mercuriel corrofif qui
a été connue fous le nom de liqueur fiphilliti-
que de Turner, mixture minérale ant'wénérienne des
Suédois, Remède de VanJ-wieten , fe prépare ‘de la
manière fuivante.
Prenez muriate mercuriel corrofif.. . fix grains.
alcool foible;.. . • . . . . . . . douqe onces.
On pile le fel mercuriel dans un mortier
de verre ( & non pas de marbre & encore
moins de métal, car il y auroit décompofition
du fel j on y verfe d’abord quelques gouttes d’al-
cool, & en continuant de piler on ajoute peu-
à-peu le reliant ; on verfe enfuite cette diffolu-
lution dans une bouteille, & on la lailfe dans
un lieu chaud jufqu à la folution complette.
Cette préparation donupn a tant ufé & abufé j
dans le traitement des maladies vénériennes, fe
donne a la dofe d une demi-cuillerée ou d’une
cuillerée matin & foir, dans un véhicule appro-
P r * À - H m 1 1 Quelques-uns aiment mieux diffoudre douze
grains de fel mercuriel dans deux onceS d’al-
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cool, & ils le donnent par gouttes dont ils augmentent
peu-à-peu le nombre fuivant les circonf-
tances. Dans les premiers temps où l’on fit
un grand ufage de ce remède, plufièurs -préféraient
pour la folution du fel un alcool retiré
froment ; mais aujourd’hui on fait peu ufage
de la folution de muriate mercuriel dans l’aln°°
.Sî?/prefere la dilfolution de ce fel dans
I eaudillillee.
5°. Alcool de muriate calcaire.
C eil a M. Fourcroy que nous -devons la
connoiuance des propriétés médicinales du muriate
calcaire j 1 expérience lui a fait reconnoî-
ce / e P.r*s à la dofe de quelques grains
& dillous dans 1 eau,- étoit un fondant incifif,
efficace dans les obftruétions des glandes mé-
fenteriques, & généralement dans tous les cas
de relâchement de folides, accompagnés d’engor-
gemens muqueux & lymphatiques. Le muriate
calcaire fe diffout auffi très-bien dans l’alcool,
& cette dilfolution peut fournir un remède très-
utile dans plufièurs affeétions locales ; elle doit fe
préparer de la manière fuivante :
Prenez muriate calcaire................ deux onces.
alcool foible . . . . . ------- une livre.'
. digerer pendant deux ou trais jours
jufqu a la folution complette du fe l, & confervez
pour l’ufage.
Ce t alcool eft un refolutif fortifiant ; nous
1 avons employé avec fuccès à l’extérieur fur
des humeurs indolentes & des engorgements, muqueux
des articulations, produits.par un vice
fcrophuleux.
40. Alcool de fulfure alcalin antimoine.
Ç ette préparation généralement peu connue
a été décrite par quelques auteurs fous le nom de
teinture dlantimoine. Rotrou lui donnoit le nom
d élixir aurifique. Nous rapporterons la formule
que Malouin donne pour cetté préparation dans
le tom. 2e. de ù chimie médicinale.
Prenez une partie de fulfure d’antimoine, ( antimoine
crud ) & deux parties dei potaffe concrète
(alcali du tartre) le tout en poudre & mêlez.
On mettra dans un creufet qu’on placera dans
un fourneau , au milieu des- charbons ardents, &
on le couvrira, on lailfera pendant une heure
le tout en fonte) i f faut conduire le feu doucement,
d’abord parce qu’il eft à craindre que
le mélange des matières qui fe fondent ne bouillonne
trop ; la matière .étant fondue , on la
■ verfera dans une poêle, ou dans un chaudron
de fer chauffes, & des que la matière commence
a refroidir il faudra la cafler en petits morceaux
plats , qu'on mçttra dans un matras , & on verfera
de 1 alcool deffus., la hauteur d'environ deux
doigts, on ajuftera un matras ou autre yaiffeau
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de rencontre, & on lailfera en digeftion juf-
quà ce que l'alcool foit bien coloré, ce qui
fe fait ordinairement en vingt-quatre heures.
Après avoir verfe par inclination cette première
dilTolution, on peut verfer de nouvel alcool
fur ce qui refte dans le matras, & on le
décantera lorfqu'il fera bien coloré.
On s’affure que cette préparation tient véritablement
du fulfure d'antimoine en y laiffant
tomber quelques gouttes d'acide acéteuxj car , dit
Malouin, il s'en élevera une mauvaife odeur
& il s'en précipitera un oxide d’antimoine.
Ce t alcool n'ayant pas une odeur agréable
comme l'alcool de potaffe , on peut l'aromatifer
en joignant à l'alcool qu'on employé une huile,
volatile , cpmme celle d'oranger , de citron , ou
de romarin : on peut lui donner up goût amer
par le moyen de l'huile volatile d'abfynthe.
Cette préparation vantée par Rotrou dans le
traitement des maladies fcrbphuleufes & des tumeurs
indolentes, eft fingulièrement utile dans
les cas dè langueur, pour Je fcoibut & la fuite
des maladies vénériennes ; elle eft bonne, ajoute
Malouin, pour réfoudre les obftruétions du mé^
fentère , fur-tout aux enfants, &: M. Homberg
dit que cette préparation lui avoit très-bien
réufli dans les ayflenteries.
On donne ce remède par gouttes, dans quelques
cuillerées de thé , de bouillon, ou d'autres
véhicules , & la dofe eft depuis trois gouttes
jufqu'à douze , qu'on peut réitérer plufièurs fois
dans le même jour.
j° . Alcool de fulfate de fer, & communément
teinture de mars de Ludovic.
On fait bouillir enfemble , dans une ou deux
livres d'eau de rivière, du fulfate de fer calciné
en blancheur, & du tartrite acidifie de potaffe,
( crème de tartre ) de chacun quatre onces } on fait
évaporer toute l'humidité jufqu'à ce qu'il refte
une maffe fèche & pulvérulente, ayant foin de
remuer la matière avec une fpatule de fe r , &
qu'elle ne brûle point au fond du vaiffeau, alors
on met cette poudre bien fèche dans un matras
: on verfe par-deffus de l'alcool ordinaire ,
jufqu'à ce que la matière en foit furnagée d'environ
quatre doigts. On place le matras fur un
bain de fable, & on fait digérer ce mélange pendant
cinq ou fix jours, ou jufqu'à ce que l'alcool
ait acquis une couleur jaune j enfuite ou
décante la liqueur, on la filtre, on defféche dè
nouveau le marc, on verfe de nouveau l'alcool, j
°ri fait digérer comme deffus, & on mêle à la
première, cette fécondé dilfolution que l'on con-
ferve dans une bouteille qu'on bouche bien.
Cet alcool^ eft tonique, fortifiant} il excite:
1 appétit, convient à la fuite des maladies d'ob.f-
truélions, mais pris à petites dofes & long-temps
continué. La dofe ordinaire eft depuis cinquante
'gouttes jufqu'à quatrevingt.
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M. Baumé, de qui nous empruntons cette formule
& ces détails, remarque qu'on peut fans
inconvénient prendre deux parties de fulfate de
fer non calciné, & le traiter avec le tartrite acidulé
de potaffe comme on l'a dit précédemment.
C e t alcool eft d'autant plus coloré, qu'oa
a moins defieché la matière & qu'on employé
un alcool plus foible. Si l'on veut donner une
couleur rouge à cette diffolution, on peut la
faire digérer fur des fleurs de coquelicot, comme
le confeille Ludovic.
- 6 °. Alcool de fulfate de cuivre , communément
teinture de vitriol verte d’Helvétius.
Prenez fulfate de cuivre ( vitriol bleu ) deux
onces 3 muriate d'ammoniaque une once & demie ,
réduifez-les féparémeçt en poudre avant que de
les mêler. Mettez ce mélange dans une petiie
cafferole de terre neuve verniffée fur un feu de
chatbon & faites-le fondre en confiftance de
firop épais} vous obferverez d® le remuer
avec une fpatule de bois jufqu’à ce qu'il prenne
une couleur verdâtre tirant fur le noir }
augmentez enfuite le feu pendant quelques minutes
, & la matière achevant de fe fondre deviendra
auffi fluide que de l'eau.
Retirez alors la cafferole du fe u , & continuez
de remuer jufqu'à ce que le mélange fo'it
prefque jréfroidi & durci } détachez cette
maffe faline & réduifez-la fur le champ en poudre'
très-fubtile -dans un mortier de fonte bien
échauffé.
Mettez cette poudre dans un fnatras, & verfez
pardeffus de l'alcool reétifie deux livres , de
forte que le fluide fumage la maffé faline de
trois ou quatre doigts} il faut avoir foin de
remuer fortement.& fouvent le matras, pour empêcher
que dans les premiers- temps la matière
faline ne fe dépofe au fond & ne forme une
maffe dure.
On bouche enfuite le matras avec une veflie
mouillée, on en fait la digeftion au bain-marie
pendant deux ou trois jours , on décante en-
fuite la liqueur qui eft d'un beau verd d'émé-
raude, on la filtre & on la conferve dans une
bouteille bien bouchée.
Helvetius qui donne la formule de cette préparation,
en recommande l'ufâge à la dofe de
quelques gouttes 3 comme le remède le plus pro-.
pre à combattre la chartre & le rachitis des
enfans} il ajoute qu'on rend cette compofition
plus aélive, plus incifive, en y ajoutant lorf-
qu'elle eft filtrée une cinquième ou fixième partie
d'ammoniaque fluor.(efprit volatil de fel ammoniac
fait avec la chaux ). Nous n'avons jamais fait
cette préparation, mais la formule nous paroît
chargée de plufièurs procédés inutiles & embar-
raffams. Nous indiquerons à l'article C u iv r e une