dans les cuves qui fervent aux expériences fur
les gaz. Le conta# du gaz acide muriatique oxi-
gené altère la furface du mercure avec une énergie
& une rapidité frappantes. Toute cette furface
perd tout-à-coup fon brillant, fe ternit , fe
nuance des couleurs de l'iris, .& forme bientôt
une croûte folide & ridée d'oxide de mercure
gris. Si 1' on faifoit beaucoup d'expériences avec
le gaz acide muriatique oxigené au-deffus du
mercure, celui-ci fans ceffe altéré, brûlé ou oxidé
par ce gaz, deviendroit bientôt incapable de
lervir à ces expériences, & donneroit lieu à
des dépenfes confidérables , ou à une grande
perte de temps, pour le réduire complettement.
Je rétablis & purifie bientôt la furface dé ce
mercure , en y promenant à plufieurs reprifes un
papier non collé , imprégné d'ammoniaque liquide
î on voit alors ce métal s’aviver, reprendre
l’éclat & le brillant du mercure le plus pur. Ce
procédé peut être utile , fur-tout par fa fimpli-
cité , & la facilité qu'il préfente dans les manipulations.
chimiques.
Les oxides de plomb, & fur-tout l’oxidg de
plomb vitreux ( litharge ) font en partie dé-
compofés par l'ammoniaque ; il fe dégage du gaz i
azote pendant cette aétion. ,
L'acide arfénique, traité à l’aide d’une chaleur
douce par l'ammoniaque , repaffe à l'état
d'oxide d’arfénic, en perdant la portion d’oxi-
gène qui l'acidifioit : il en eft de même de l'acide
molybdique & de l'acide tunfiique.
Il n'y a que les oxides de zinc, d'antimoine ,
de bifmuth & de cobalt, qui ayent paru être inaltérables
par l'ammoniaque , encore les deux derniers
ont-ils éprouvé quelque changemént par
le conta# de cette fubftance faline.
Quant aux précipitations de quelques difîolu-
tiôns métallique^ par l'ammoniaque , dans lef-
quelleS les- oxides métalliques paroifient n'avoir
pas éprouvé d'altération de la part de ce f e l ,
comme cela a lieu dans la précipitation dé
quelques dilfolutions de mercure , & fur-tout
dans celle du muriate de mercure corrofif, il
eft bien prouvé que cette inaltérabilité apparente
eft due aux Combinaifons falines triples , qui ont
lieu dans ces expériences. ( V oye% Sels triples,
et M ercure. )
§. y . Des cirçonflances qui favorifent ou arrêtent
la formation de t ammoniaque.
C e n'eft point a fiez d'avoir fait connoître
par les diverfes décompofitions dont l’ammoniaque
eft fufceptible dans un grand nombre
d'expériences chimiques, quelle eft la nature &
la proportion des principes qui compofent cette
efpèce d'alcali, il faut encore déterminer comment
l'ammoniaque fe forme, quelles font les
circonftances qui déterminent ou favorifent fa formation,
quelles font celles qui l’arrêtent ou la
retardent, & affûter ainfi par la fynthéfe, les
conclufions que l'analÿfe a déjà autorifées. M.
liertholet n'a pas moins éclaire cette partie de
la chirnii dans les différens mémoires qu'il a publies
depuis 17S5 j il a fur-tout fait voir comment
les matières animales auxquelles on reconnoifioit
depuis long-temps comme caractère diftin#if ja
propriété de donner de l'ammoniaque à la diftil-
iation, différoient réellement des fubftances végétales,
par la préfencede l'azote que M. Prieft-
ley y avoir déjà reconnu ; commentée principe
etoit la caufe de la produ#ion de l'ammoniaque,
foit par 1 a#ion du feu , foit par la putréfa#ionj
comment il s'unifloit à l'hydrogène provenant
prefque toujours de la décompofition de l'eau.
V 4e l~es expériences cette induétion
générale bien remarquablé dans l'état a#uelde
la chimie, que toutes les fois que des matières
compofées contênoient de l'azote , onpouvoiten
conclure qu'elles étoient fufceptibîes de fournir
de 1 ammoniaque, & réciproquement que toute
matière donnant de l'ammoniaque., foit par la
putréfaction , foit par la diftillation, contenoit
néceffairement de l'azote. Il a été bientôt reconnu
qu'aucune matière animale fraîche, neconte-
noit d ammoniaque toute tonnée, mais feulement
les élémens propres à fa formation. Il paroît que
la circonftance , vraiment favorable à cette
formation , & qui la détermine réellement, c'eft
la rencontre de l'azote & de l'hydrogène en quan-
tite proportionnelle, & à l'état où chacun de
fes principes tend à fe dégager dans l'état de
gaz. Si l'un ou l'autre fe développe fépàrément,
& prend plus promptement la torme de gaz ,
alors il n'y a point d'ammoniaque de formée.
C eft ainfi qu'en chaffant l'azote des matières
animales par l'aétion de l'acide nitrique , ces
matières ne font plus propres à donner de 1 ammoniaque par la diftillation. On trouvera aux
articles A zote, Put réfaction, un grand nombre
de preuves nouvelles de toutes ces affertions 5
tout cela tenant à la nature des fubftances animales
comparée à celle des fubftances végétales,
il ferait fuperflu de s'étendre ici davantage fur
cet objet.
Les compofitions artificielles de l’ammoniaque
par la combinaifon des matières minérales , exige
auffi qu’on réunifié ici tout ce que la chimie
pofîede à cet égard. Pott avoit remarqué il y a
déjà affez long-temps, qu'en traitant le zinc avec
le nitre , il fe dégageoit de l'ammoniaque. M.
Higgins en a obtenu depuis en broyant avec
1 alcali fixe de l'oxide d’étain , précipité fponta-
nement de -l'acide nitrique, & M. Morveau a
décrit dans le premier volume de ce dictionnaire,
une èxpérience dans laquelle il s’eft formé de
1 ammoniaque , pendant la difiblution de l'étain
dans 1 acide nitrique. J'ai moi-même vu piu-
fieurs phénomènes analogues, dans les oxides
métalliques précipités fpontanément de leurs
dilfolutions, dans l'acide nitrique. Un chimifte
anglois,1v1. William Auftin, a communiqué en .
3y88 , à la fociété royale dé Londres , une
fuite d’expériences directes fur la combinaifon
de l hydrogène & de l 'azoté 3 & fur la formation
artificielle del'ammoniaque. On en donnera :
ici le réfultat, tel qu'il a été inféré dans les annales
de chimie 1789 , tome 2 , p. z 6o.
M. Auftin , c-it M. A de t, auteur de cet/
article, avoit cherché à reconnoître au commencement
de l'année 1787 , la nature du fluide
élaftique qu'on obtient, endécompofant l'ammoniaque.
Ayant détruit à l'aide de la combuftion toute
fa partie inflammable, & ayant vu que le fluide
élaftique qui reftoit étoit du phlogijiiqué,
ou azote , il en conclut que ce fluide élaftique
entroit dans la compofîtion de l'ammoniaque.
Cette découverte l'engagea à faire une fuite d'expériences
fur le'gaz azote & fur le gaz hydrogène,
pour chercher à former de l’ammoniaque,
par la combinaifon immédiate de ces deux fubftances.
il fut conduit à faire ces ' recherches ,
par quelques obfervations du do#eur Prieftley,
qui avoit remarqué plufieurs fois dans le cours
de fes expériences , qu'il fe dégageoit une odeur
d'ammoniaque, du mélange de différents corps,
dans lefquels on ne pouvoir pas fuppôfer fon
exiftence.
M. Auftin , - ayant enfuite acquis plus de
lumières fur la compofîtion de l'ammoniaque, à
l'aide du travail de M. Berthoilet, chercha par
des moyens plus certains à former de l'ammoniaque
dé toutes pièces 5 il s’eft borné- dans fon
mémoire , à indiquer la route qu’il a fuivie pour
y parvenir, & à donner quelques obfervations
relatives aux affinités du gaz azote & du gaz
hydrogène, fur lefquelles on avoir peu de con-
-noiflances précifes.
11 effaya de combiner; le gaz phlogiftiqué ,
ou azote , & le gaz inflarqmable- ou hydrogène ,
en les mêlant dans différentes proportions , &
en ajoutant à ces-mélànges ce qu'il croyoii pouvoir
favorifer leurs-combinaifons , & par confé-
quent la formation de l'ammoniaque. Il mit en
conféquence avec les deux fluides élaftiques* du
gaz'acide muriatique, de l'acide fulfurique , il
y jo:gnit'auffi du gaz ammoniac; il effaya les
effets du froid , fur ces mélanges, en appliquant
fur les tubes qui les contenoient, des linges trempés
dans de l’éther. Enfin, il fit paffer, quoiqu’a-
vec peu d’efpérance de fuccès, l’étincelle électrique
à travers le mélange des deux fluides
élaftiques ; il n’a jamais pu produire dans aucun
cas, de l'ammoniaque parlé fimple mélange de
l’hydrogène & de l’azote , à l'état de fluide
élaftique.
On fait pourtant, dit M. Auftin , que ces
«feux corps fe combinent enfemble ,. quand ils
. ne font pas fous la forme de fluides élaftiques.
Avant qu'on connût les principes conftituans de
l'ammôniaque , lë do#eur Prieftley & M. Kir-
wan , avoient remarqué dans leurs expériences,
qu'il s'étoit formé de l'ammoniaque , fans
qu ils s'y attendiffent. Hoffman , a fait la même
obfervation , depuis que Ja découverte de M.
Berthoilet eft connue. C n fit il y a plufieurs années
une expérience, chez fir Jofeph Banks ,
dans laquelle il fe produifît une quantité d’ammoniaque
très-confidérable ; cette expérience
confiftoit à humeéter quelques onces d'étain en
limaille fine , avec de l'acide nitreux médiocrement
concentré,, & après avoir laiffé digérer
l’acide fur le métal pendant une minute ou
deux , à ajouter au mélange une demi - once
environ de potaffe , ou alcali fixe ; on remarqua
aufti-tôt l'odeur piquante de l'ammoniaque.
Cette expérience eft fuivie du même réfultat ;
fi au lieu d'alcali, on fe fert de chaux ; fi ou
hume#é un gros ou deux de limaille de zinc
avec du nitrate de cuivre, ou diffolution nitreufe
de cuivre , & fi' ôn ajoute un peu de carbonate
de potaffe, lorfque ces deux fubftances commencent
à agir l'une fur l'autre, on verra qu'il
fe formera alors de l'ammoniaque.
Un mélange d'acide nitreux, ou de nitrate
de cuivre & de foufre, ou de limaille de fer,
d'un peu d'eau , exhale une odeur d’ammo-,
niaque , fi on le conferve pendant quelques
heures dans un vaiffeau fermé. Si on plonge
dans ce vaiffeau un papier coloré en bleu avec
une teinture végétale , fa couleur paffeau verd.
Dans ces diverfes expériences, l'eau & l’acide
fe décompofent ; l'oxigène contenu dans ces
deux fubftances fe combine avec les fubftances
métalliques , & les autres parties confirmantes,
c'eft - à - dire , l'azote de l’acide & l'hydrogène
de l’eau fe dégagent- au même inftant, s'unifient
& forment de l'ammoniaque. Cn pourroit rapporter
beaucoup d'autres expériences, femblabks
à celles dont il vient d’etre queftion ; mas ces
dernières prouvent d’un manière convaincante,
que fi l'azote & l'hydrogène , fe rencontrent à
l'inftant qu'ils quittent les fubftances folides ou
liquides , dans lefquelles ils étoient fixés , &
avant que leurs molécules: aient été écartées
.les unes des autres ; ces deux fubftances, fe
combinent & forment de l'ammoniaque.
» H femble que c’eft du gaz hydrogène que
dépend le fuccès que l’on a , quand on veut
combiner ce fluide élaftique , & 1 l'azote dans
l'état aériforme ; lorfque ces deux fluides élaftiques
font combinés , il paroît neceffaire qu'ils
fe dégagent avec une partie du feu à qui ils
doivent leur élafticité , & qu’ils ne s'unifient
pas, à moins que leur attpdion ne foit fupé-
rieure à celle qu'ils ont pour le feu ; quand
l'azote & l'hydrogène font réunis fous la forme
d'ammoniaque , fes parties confirmantes fe fé-
parent , fi on lui fait éprouver l'aftion de la
chaleur ; & elle fe trouve décompofée. Quand