propriétés chimiques ; les uns font liquides 3 d’autres
jouiffent d’une confiftance molle ; il en eft qui
font folides, & parmi ces derniers , les uns font
durs & fufceptibles dépoli, les autres font friables.
Nous en connoiffons cinq fortes bien diftindes qui
comprennent une grande quantité de variétés que
nous indiquerons. Dans l’hiftoire de chacune de
ces fortes, les cinq fortes font le fuccin, Yafphalte
ou bitume de Judée , le jayet,^ le charbon de terre &
le pétrole. Nous ne rangeons plus l’ambre gris parmi
les bitumes ,mais parmi les produits des animaux.
Ce t article n’ayant été confacré qu’au genre des
bitumes, & n’expofant que les caractères génériques
de ces corps, ce fera dans les articles particuliers
de chaque forte, que nous confidérerons leurs
caractères ou leurs propriétés fpécifiques & leurs
ufages.
Bitumes.. ( Pharmacie.) Il n’y a rien à ajouter
à ce qui a été expofé dans l’article précédent, par
rapport aux bitumes confédérés comme un genre
de corps employés en pharmacie. Les ufages, l’emploi
& les propriétés pharmaceutiques des bitumes
en particulier, ne peuvent être traités que dans l’article
qui fera deftiné à chaque forte. Voyei les mots
A sphalte, Charbon de terre, Jayet , Pétrole,
Succin.
BLANC. Le blanc eft une des couleurs qu’011
obferve le plus fouvent dans les opérations & les
produits chimiques. Tous les fels terreux & alcalins
criftallifés, les fels formés par les oxides des
métaux blancs unis aux acides, les diffolutions de
ces différens fels, beaucoup d’oxides métalliques,
le plus grand nombre des liqueurs falines, hui-
leufes, alcooliques, éthérées, font blancs.
Dans la théorie des’ couleurs, le blanc eft regardé
comme le produit de la réflexion complette
des rayons lumineux. Auflieft-il accompagné conf-
tamment delà lumière la plus vive, & fouvent de
l’éclat ou du brillant, comme on le voit dans les
métaux dont le plus grand nombre ont cette couleur..
C ’eft encore en raifon de cette réflexion totale
des rayons lumineux qui conftituent le blanc,
que les corps doués de cette couleur, s’échauffent
moins fortement & moins promptement par le Conrad
de la même quantité de lumière que les corps
.autrement colorés. ( Voye\ le mot C ouleurs. )
Blanc d’albatre. C ’eft le nom que quelques
peintres ont donné à l’efpèce de blanc qui
eft préparé avec de l’albâtre gypfeux, pur, calciné,
broyé à l’eau. On fait un beau blanc de
cette efpèce avec l’albâtre de Lagny. Ce blanc eft
donc du fulfate de chaux, privé d’abord de fon
eau de criftallifation 3 & calciné de manière à
ce qu’il prenne le beau blanc des fels defféchés ;
on lui rend enfuite fon eau, mais avec lenteur, &
en le broyant parfaitement ; ce blanc eft fur-tout
fait pour être employé à la colle, quelques per-
fonnes prétendent qu’on peut l’employer à l’huile > 1
mais il doit alors devenir tranfparént, & couler
en quelque forte fur la palette.
Blanc de Baleine. Le blanc de Baleine , improprement
nommé fperma a t i , eft une matière
huileufe, concrète, criftalline , à demi-tranfpa-
rente, & d’une odeur particulière, qu’on retire du
crâne du cachalot, dans deux cavités fépàrées
du cerveau. On le purifie par la liquéfaction, &
en le féparant d’une autre huile fluide & incon-
crefcible qui eft mêlée avec lui. Cette fubftance
préfente des propriétés chimiques très-fïngulières,
qui la rapprochent d’un côté des huiles fixes, 8c
de l’autre, des huiles volatiles.
Le blanc de baleine fe fond à trente-cinq degrés
du thermomètre de Réaumur } cette propriété
le rend très-propre à faire des efpèces de
bougies & de chandelles, d’autant plus qu’il brûle
avec une flamme blanche, très-claire, très-nette
& fans mauvaife odeur. On fait une grande quantité
de ces chandelles dans l’Amérique fepten-
trionale. 11 y en a aufli des manufactures en Angleterre.
Enfin , il y a quelques années qu’on en
a établi une à Paris, rue de l’échiquier, fauxbourg
Saint-Denis. Elle eft due aux foins & aux lumières
de M . Lepefcheux j fon procédé confifte
à laiffer repofer dans des caiffes de bois garnies
de plomb, des huiles de poiffon, il fe précipite
au fond de ccs caiffes des maffes de blanc de baleine
qui, diffous d’abord dans l’huile animale,
s’en fépare peu-â-peu par une véritable criftallifation.
A mefure que cette précipitation a lieu,
l’huile s’éclaircit, fe purifie & devient beaucoup
plus propre à la lampe. Quand l’huile eft
bien claire, on la décante, on enlève le .blanc
de baleine dépofé au fond, on le met à la prelîe
pour en féparer une portion d’huile, on le fond
à une chaleur douce, on le foumet plufieurs fois
de fuite à la preffe & à la fufion ; il devient enfin
blanc, criftallin & argenté. Dans cet état on le
moule en efpèces de bougies qui font d’un blanc
éclatant, d’une tranfparence & d’un brillant beaucoup
plus beau que la cire.
Si on le diftille à feu nud, le blanc de baleine
ne donne point de phlegme acide comme les huiles
fixes j fuivant M. 1 houvenel ; mais il paffe tout
en entier, & prefque fans altération, dans le récipient
dès qu’il commence à bouillir, & M a p
dans la cornue une trace charbonnéufe. En répétant
cette opération , il perd fa forme folide & reft#
fluide fans être plus volatil.
Le blanc de baleine expofé à l’air chaud, jaunit
& devient rance, mais moins facilement que les
autres huiles fixes concrètes. L ’eau dans laquelle
on le fait bouillir ne donne, par l’évaporation»
qu’un léger réfidu mucofo-ondueux.
L’alcali cauftique diffout le blanc de baleine,
forme avec lui un favon qui acquiert peu-â-peu de
la folidité jufau’à devenir friable.
Les acides nitrique & muriatique n’ont aucune
action fur lui. L’acide fulfurique concentré le j
diffout en altérant fa couleur, cette diffolution
eft précipitée par l’eau, comme l’huile de camphre, i
Le blanc de baleine s’ unit au foufre comme les
huiles fixes.. .•■ ■ ■ ■ ■ > . • .
Les huiles fixes & volatiles diffolvent le blanc
de baleine à l’aide de la chaleur } l’alcool chaud le
diffout auffi, & le laiffe précipiter par le réfroidiffement.
Une once cinq gros d’alcool à trente-
huit degrés de l’aréomètre , diffolvent fïx grains _
de blanc de baleine' à la température de foixante ‘
degrés ; tout fe précipite par le réfroidiffement.
L’éther opère cette diffolution à froid, ou par
la chaleur dé la main.
Le blanc de baleine feroit-il aux huiles fixes ce
quelle camphre eft aux huiles volatiles ? 11 diffère
réellement de la cire qui paroît être aux premières
de ces huiles ce que la réfine eft aux dernières.
J’ai trouvé dans les matières animales, & principalement
dans le parenchyme du foie defféché à
l’air, dans les mufcles humains putréfiés, & dans
le$ concrétions biliaires humaines, une matière
qui jouit de caradères fort analogues à ceux du
blanc de baleine. Il me paroi t que cette fubftance
eft très - abondante dans les matières animales
, & que c’eft une efpèce d’huile qui appartient
particulièrement à ce règne, car on ne
connoïtriende femblable dans les végétaux} mais
ce corps huileux concret n’eft pas particulier aux
baleines & aux cachalots, il feroit convenable de
lui donner un nom différent de celui qu’il porte.
Quoique les principales propriétés du blanc de
baleine loient contenues dans les confidérations
précédentes , nous croyons devoir y ajouter les
détails donnés par M. 1 houvenel, dans un mémoire
fur les fubftances animales médicamenteufes,
parce que cet auteur eft le feul qui ait traité avec
foin, par fes propres expériences, cette matière
huileufe.
Le blanc de baleine, dit M. Thouvenel, eft
bien câradérifé, & très - aifément reconnoiffable
pat fon état concret & fe c, qui le rend pulvéri-
fable , par fa propriété de criftallifer, même affez
régulièrement, & en confervant une forte, de
tranfparence, par une faveur & une odeur particulières,
odeur Jauvagine qui eft d’autant plus
fenfible, que le blanc de baleine eft plus récent,
& qui fe confond par la fuite avec l’odeur rance.
Le rapport de ces deux odeurs a fouvent fait acculer
de rancidité & rejetter de la pharmacie le
blanc de baleine le plus inaltéré. Cette altération
eft plus tardive clans le blanc de baleine que
dans les autres corps gras concrets, fur-tout ceux
du règne animal. On remarque la même odeur native
dans l’huile inconcrefcible & très-tenue, avec
laquelle le blanc de baleine eft mêlé , non-feule-
ment dans le cèrveau & la colonne épinière , mais
encore dans les autres parties de l’animal vivant,
^ dans laquelle il fe fépare après la mort par le
réfroidiffement. La préparation ultérieure du blanc
de baleine ne confifte qu’à lui enlever les dernières
portions de cette huile inconcrefcible , ce
qui s’obtient par la feule preflïon.
5 *Au^ on klanc de baleine fur les charbons,
n eft pas accompagnée du pétillement, & fous
forme de chandelle, de la fumée défagréable que
donnent les autres corps gras fournis aux mêmes
épreuves. La lumière vive & l’élégance de ces
chandelles, leur fait encore donner la préférence
dans les pays où l’on travaille le blanc de baleine.
Cette graifle a aufli 1 avantage de ne point ta-
cher les étoffes. .
- Ces premières qualités annoncent dans le blanc
de baleine 1 abfence , ou du moins une plus petite
quantité , & une combinaifon plus intime
de cette .mucofité que les chimiftes admettent
dans la mixtion des graiffes pefantes, & de laquelle
ils font dériver la différence qui exifte entre
ces dernières & les. huiles volatiles. La diftilla-
tion du blanc de baleine à feu pur, femble confirmer
cet apperçu, puifquil paffe de la cornue
dans un récipient à un degré de feu capable de
le faire bouillir, fans donner ni de phlegme, ni
diacide, & en laiffant feulement une trace l é gère
de matière, charbonneufe. Il ne préfente pas
non plus l'odëur vive & piquante, ni i odeur em-
pyrèumatique auffi marquée que les autres graiffes.
Le blanc de baleine a pourtant éprouvé de l'altération
dans ce procédé, puifqu'il a perdu une partie!
de fa concrefcibilité, & qu'après trois ou
quatre .reâàfications, il eft parfaitement fluide.
11 n'en eft pas pour cela plus volatil, car il faut
employer le même degré de feu pour la dernière
opération que pour la première ; cette propriété eft
très-remarquable, &fert à établir une différence
entre ces fortes d'huiles graffes reeftifiées, & les huiles
empyreumatiques proprement dites, c'eft à-
direcelles qui réfultent de la décompofition des fubftances
muqueufes, ( defquelles nous parlerons ci-
après. ) Leur odeur les diftingue encore d'une manière
plus marquée. Celle de l'huile de blanc de
baleine, reâifiée quatre ou cinq fois, n'eft pas
fi pénétrante ni fi défagréable que celle des autres
graiffes pareillement reéfifiées. Au relie, je crois
qu'il y a à cet égard , & à plufieurs autres, entre
matières graffes végétales & animales, des
différences que les chimiftes n’ont point apper-
çues.
La diftillation du blanc de baleine à l’eau bouillante
, n’offre rien de remarquable, finon que
l’eau de cette décodion eft un peu louche , &
qu’ayant été filtrée & évaporée, elle donne un petit
réfiau jaunâtre d’une matière mucofo -o ndueufe
amère, réfidu qui eft plus abondant, fi on a fournis
aux mêmes expériences un autre corps gras ,
fur-tout une huile végétale, ce qui appuie encore
notre première conféquence.
La décodion a rendu le blanc de baleine plus
folide & plus foluble dans l’alcool. Cette diflolu-
tion eft encore favorifée, fi on yerfe fur de l’ai