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. dans ce dictionnaire , j’aurais cru en dire affez
fur cet objet, en traçant quelques lignes fur
l’abfnrdité des opinions qui ont fait imaginer
les caractères chimiques & qui les ont fait varier
dans différens temps. Je me ferois contenté
après avoir fait connoître les idée^ folles qui ont
dirigé les premiers chimiftes dans la conftruCtion
de ces caraCtèrés , de renvoyer aùx gravures
où ces caractères feront repréfentés avec leur
explication. „
Mais l’ ufage qu’on a fait de ces figures , &
le fyllème nouveau qu’on a prefente il y a quelques
années -, fur cet objet, poux les remplacer
par des lignes qui fi fient difparoître les erreurs
anciennes , m’engagent à inférer ic: les mémoires
des citoyens Halfenfratz & Adet , publiés
avec la nouvelle nomenclature en 1787.
P r e m i e r m é m o i r e ,
Sur de nouveaux caractères a employer en chimie. —
Par Halfenfratz & Adet.
Si depuis les découvertes des chimiftes modernes
., l’ancienne nomenclature de la chimie nous
préfentoit Couvent des erreurs au lieu' de vérités
; fi elle fe trouvoit trop circonfcrite pour
rendre les nouvelles idées que nous j avions ac-
quifes j fi , en un mot, elle exigeoit la réforme
qu’y ont faite Guy ton, Morveau, Lavoilier, Ber-
thollet & Fourcroy j les caraCtèrés dont fe font
fervis les chimiftes, n’ étoient pas plus exempts
de reproches que la nomenclature , & méri-
toient les corrections que nous prefcrivoit l’état
actuel de nos connoijfances. Les favans dont
nous venons de parler , avoient fenti dans leurs
conférences , auxquelles ils nous avoient permis
d'alfifter , combien il feroic elfentiel de corriger
les caractères } ils ont bien voulu nous abandonner
ce travail , & nous éclairer de leurs lumiè-
res. Ce' n’eft qu’après avoir fournis à leur jugement
ce que nous avons fait fur les caraCtèrés,
que nous avons ofé préfenter à l'académie le
léfultat de nos travaux.
En nous fervant des caraCtèrés en chimie g
nous ne devons pas nous propofer le même but
que les anciens. Ceux-ci cherchoient tous les
moyens de dérober leur connoiffance aux yeux
du vulgaire ; nous devons faire au contraire
tous nos efforts pour les répandre. Il doit en
être des caraCtèrés chimiques, s’ils deviennent
uniformes chez tous les chimiftes , comme de
Técriture de quelques peuples g tels que les
habitans de la Chine , du Tongking & du Japon.
Quoique dans leur langage ils fe fervent
de fons différens pour rendre leurs idées , ils
ont cependant un ligne commun pour les exprimer
, de manière que la diverfité de leur
langage ne les empêche pas d’entendre ce qu’ils
écrivent, & de fe communiquer par ce moyen
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les nouvelles combinaifons d’idées qui leur ■ f 11 reviennent.
U doit en’ être de même que des caractères
de l’Algèbre, qui, défignant les opérations
de l’efprit, facilitent aux géomètres de
tous les pays les moyens de s’entendre.
Cette considération fuffit pour faire voir combien
il eft néceffaire d’avoir en chimie dés caractères
qui foient communs à' tous les chimiftes'.
Nous n’entrerons pas dans de plus longs
détails pour le prouver, & nous nous contenterons
de chercher de quelle manière doivent
être faits les caraCtèrés chimiques pour pouvoir
fubvenir à tous lès befoins de la fcience dans
l’état où elle fe trouve aujourd’hui,
i ' On petit confidërer la chimie- comme une
fcience qui nous apprend quel eft dans' un com-
pofé , le nombre -, la nature , le rapport des fubf-
tances . regardées comme ftmples , & quelle; eft
l’aCtion réciproque qu’exercent les unes fur les
autres les fubftances fîmples ou compofées. 11 fuit de-là que les caraCtèrés chimiques devraient
exprimer le nombre , la nature , le rapport
de quantité de fubftances fîmples qui forment
un mixte pour leur réunion , ,& indiquer
en même-temps de quelle manière ces diverfes
fubftances agi fient les unes fur les autres 5 maïs
nous ne pouvons pas efpérer de donner encore
aux caraCtèrés chimiques ce dernier degré de
perfection j nous n’avons pas affez de lumière
fur l’aCtion réciproque des différens corps , pour
peindre les effets de cette aCtion des corps à
l’aide de nos caraCtèrés j d’après cela nous fom-
mes obligés de nous borner à la folution du
problème fuivant : Etant donné le nombre des
fubftances ftmples. connue % , & en autre , les rapports
principaux quelles ont entrelles , quelle forte de caractères
leur donnera-t-on , afin que combinés les
uns avec, les autres , ils piùffent former des caraco
tères■ compofés qui indiquent le nombre & la nature
des fubftances ftmples qui entreraient dans le mixte ?
'& quel'doit être £arrangement des car altères ftmples
qui forment le c ara Itère compofé y de manière,
qne les chimiftes puijfent, a Vinfpection du caractère
a un mixte , déterminer le rapport de quantité
des fubftances ftmples qui le conftituent ?
Avant d’indiquer la .manière dont nous avons
réfolu ce problème, nous croyons qu’il ne fera
pas inutile de rappeller à l’académie les lignes
dont fe font fervis les anciens chimiftes , afin
de lui faire voir de quel ufage ils pouvoient être.
II paraît qu’on ignore dans quel temps les chimiftes
ont commencé à fe fervir des caraCtèrés.
Les recherches que nous avons entreprifes fur
cet objet, fe font réduites à nous faire connoître
d’après quelles vues les anciens' avoient ordonné
les lignes des fubftances métalliques , dans la per-
fuafion où ils étaient, que les corps célefteàavoient
une influence fenfible fur tous les corps animés
& inanimés du globe terreftre. Ils avoient distingué
les métaux en métaux fol aires ou colorés *
en métaux lunaires ou blancs. Les métaux de ces
deux claffes fe lubdivifoient enfuite en métaux
parfaits, demi-parfaits Sz imparfaits. La perfection
étoit exprimée parun cercle , fig. 1 , ( car a et. chimiques)
j la demi-perfeCtion, fi nous pouvons
nous fervir de ce terme , par un demi-cercle ,
figure 1 , & l’imperfeCtion par une croix ou par
un dard, fig. 3. Ainfi l’or qui étoit le métal folâtre
par excellence , étoit repréfenté par un
cercle feul, fig. 4. Cette figure - étoit commune .
aux métaux de la même chiffe , tels que le cuivre,
fig. g , le fer , fig. 6 , & l’antimoine, fig. 7 5 mais
elle s’y trouvoit combinée avec le figne de l’im-
perfej&ion, la croix ou le^ dard. L’argent qu’ils
■ regardoient comme un métal lunaire , demi-parfait,
étoit indiqué par un demi-cercle , fig. i r
l’étain , fig. 8 , & le plomb , fig. -9 avoient auffi le
demi-cercle pour figne , comme appartenant à
la même claffe ; mais ils étoient diftiligués de l’argent
, par la croix où par le dard. Enfin , le.mercure
qui étoit un métal imparfait, tout à la fois
folaire & lunaire., portoit les marques diftinCtives
de ces deux claffes, & étoit défigné par un cercle
’ furmonté d’un demi-cercle auquel on ajourait une
croix , fig. 10. Cetordre que les anciens chimiftes
avoient mis dans leurs caraCtèrés , & qu’on remai
qua avec plaifir , quoiqu’il foit dérivé purement
.d’idées alchimiques ,- fut bientôt oublié.
A mefure que les chimiftes découvrirent de nouvelles
fubftances , ils leur aflîgnèrent de nouveaux
caractères , & ne confultèrènt que leurs
caprices ou que desloix qui é'm an oient de leur
hypothèfe favorite. Mais en introduifant de nouveaux
caradtères déterminés d’après des vues
■ differentes de celles des anciens chimiftes , ils
1 laiffèrent fubfîfter ceux dont ces derniers avoient
fait ufage , de manière qu’il régna dans les caractères
chimiques une confufion & une incohérence
dont on peut avoir L’idée , en voyant les tables
des carâCtères qu’on a employés depuis Geoffroy
jufqu’à Bergman, qui s’en font fervis pour leurs
tables d’affinités. Ce ferait fatiguer l’académie
de détails fuperflus, que de lui préfenter les in-
conféquences qu’on remarque dans les différentes
tables de caraCtèrés. Ainfi nous nous bornerons
à faire voir celles oui font répandues, dans les
tables de lignes chimiques les plus nouvelles ,
c’eft-à-dire, dans celle de Bergman. Ce Lavant
chimifte a employé comme caraCtèrés généraux
un triangle, un c.ercle , une efpèce de couronne
& une croix. La figure triangulaire , modifiée
de différentes manières , eft le figne des quatre
élémens & des fubftances inflammables , telles
que le phofphore, lè foufre. L’efpèce de couronne
défigne les fubftances métalliques ; le cercle
appartient aux Tels , & vavec quelques modifications
, fert auffi de caraCtère aux alcalis ; la
' croix enfin n’a d’autre objet , que de défigner
les fubftances qui font acides.
Nous ne nous permettrons aucune réflexion fur
ces lignes généraux, & nous pafferons rapidement
à l’examen des caraCtèrés que Bergman a
employés, pour défigner les differentes fubftances
dont les caraCtèrés que nous venons d’énoncer/r
indiquent les claffes. Cn croirait, d’après ce que
nous avons d it , que" le caraCtère de la terre , en
général, qui eft un triangle renyerfé , traverfé
d’une ligne horizontale , doit fervir avec quelques
modifications à toutes les terres. Eergman neanmoins
n’a employé la figure triangulaire , que
polir repréfenter la terre filiceufe & la terre arpi-
leufe > la chaux 3 fig. 12 , la magnéfie 3 fig. 13 , &
la terre pefante , fig. 14, qui ont cependant toute s
les propriétés des terres dans un degré éminent ,
font repréfentées chacune par un figne qui n’a
aucune analogie avec celui qu’il avoit affeCté à la
terre en général..Iacroix qui dans fon fyftême
caraCtérife fpécialement les acides, fe trouvç combinée
avec les fignes d’une infinité de fubftances
qui font bien éloignées d’avoir les propriétés aci-
1 des , tels que la chaux , fig. iz , le cuivre , fig. y,
l’étain , fig. 9 , le foufre , fig. 15 , l’antimoine ,
fig. 7 , la gomme, fig. 16 , 1 e mercure , fig. 10.
Bergman n’a point fait ufage en outre, pour défigner
les fubftances métalliques , du caraCtère qu’il
avoit employé, pour les repréfenter en général..
Il leur a donné pour fignes caraCtériftiques , des
croix, des cercles & des demi-cercles j mais le
cercle étoit rejfervé à la claffe des Tels. Avoit-il
-l’intention de rapprocher les métaux des fubftances
falines ? C e ferait faire une injure a la
mémoire du favant prôfeffeur d’Upfal , que de
fuppofer qu’il ait pu avoir une idée auffi bizarre.
On ferait tenté de croire, en pourfuivant l’examen
de fon tableau , qu’il exifte une analogie
entre la chaux & les oxides. En effet, 'Iorfqu’ii
a voulu préfenter un métal à l’état d’oxide , il a
toujours joint à fori caraCtère celui de la chaux.
11 eft aifé de voir , d’après ce court examen
des caraCtèrés modernes > qu’il y avoit entr’eux
trop d’incohérence & de confufion ,..pour que
nous puiftîohs nous en fervir ; auffi avons-nous
j pris le parti d’en former de nouveaux.
Les corps dont l’examen eft l’objet de la chimie
, peuvent être divifés en deux grandes claffes ,
en ftmples & en corppofés. On entend par le
mot de corps ftmples 3 ceux fur qui l’analyfe n’a
pu encore avoir de prife ; les corps compofés
au contraire font ceux dont l’art peut unir ou
défunir les principes conftituans. D’après cela ,
on voit qu’il doit exifter deux grandes claffes de
caraCtèrés, les uns deftinés à repréfenter les corps
ftmples , qui forment les corps compofés par leurs
diverfes combinaifons. Ces corps exigeoient des
caraCtèrés qui fuiTent fîmples , & à l'aide defquels
on pût rendre les caraCtèrés des corps compofés.
Nous efpérons réunir ce double avantage dans
les caraCtèr'es que nous avons l’honneur de préfenter
à l’académie.
Les travaux des chimiftes modernes nous ont
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