
la formation des caractères chimiques. Etant
donné ha fomme des fubftances fimples , & en outre
Us rapports qu elles ont 'entr elies 3 quelle forte
de caractères leur alignera-t~o:i 3 afin que combinés
les uns avec les autres , ils puifient former
des car a Stères compofés qui indiquent le nombre &
la nature des fubfianees fimples qui entreraient dans
un mixte , & quel doit être C arrangement des caractères
fimples qui forment le caractère compofé ,
de manière que les chimifies puijfent 3 a I infpeStion
du caractère e t un mixte 3 déterminer le rapport de
quantité des fubftances fimples qui conftiiueni. ce
mixte. ( W-oye^ les planches des caractères chimiques.
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CARACTERES. On fait que par le mot caractères
3, les botaniftes & les zoologiftes défignent
les propriétés confiantes , prifes ordinairement
dans la ftruCture, la forme , &c. des végétaux
& des animaux , à l’aide defquelles ils diftinguent
les claffes , les ordres les genres ■ & les efpèces
qu’ils admettent parmi ces êtres. On fait que depuis
Linnéus ces propriétés confiantes ou caractères
qui fervent à reconnoître & à caraCtérifer
véritablement les corps auxquels on les applique 3
font exprimées dans des phrafes courtes ox-
preflives , dont les mots tous adjeCfcifs repréfen-
tent des idées précifes * & évitent toutes les
équivoques. Cette méthode linnéenne eft un
trait de génie du naturalifte Suédois , qui a bien
ferai la néceflité d’abandonner lès longues def-
criptioias qu’on avoit faites avant - lui , & de
réduire le 'tableau des productions immenfes de fj
la nature dans un cadre qui pût les comprendre
toutes , fans les laitier échapper à l’oeil de l’obfer-
vateirr. En effet, fi l’on .avoit continué à décrire
les corps naturels , comme Johnfton , Aldro-
vande , Gefner & BufFon lui-même le faifoient „
fi d’on ii avoit pas-cherché le moyen de diftinguer
-à l’aide d’une itifpeCtion prompte , d’un examen
facile j la multitude d’êtres que les obfervations
& les voyages accumuloient fans celle 3 comment
auroit-on pu efpérer de parvenir à faire connoitre
vingt-cinq à trente mille plantes, fept à huit
cents quadrupèdes , quatre ou cinq mille oifeaux, ;
& fur-tout trente ou quarante mille infeCtes ?
comment auroit-on présenté aux étudians cette
innombrable foule de minéraux , de végétaux &
d’animaux ? comment leur auroit-on appris à fe
reconnoître dans ce . cahos dont ils fe m b loi e nt
être accablés ? il n’eft pas étonnant que cette
grande conception de Linnéus , expofeè dans fon
fyftême de la nature , ait f r a p p é tous les bons
éfprits , & que fa méthode ait été employée généralement
par tous les hommes qui fe font occupés
depuis lui de l’étude de la nature..
Mais fila multiplicité des objets à décrire , a
été la véritable fource de cette utile méthode ,
& fi c e ft d’après cette multiplicité -, que Linnéus
a cru devoir imaginer une méthode nouvelle de i
courte de les carâCtérifer, «toutes les feiences natu4
relies, où les faits' & les obfervations fe multiplient
tellement , qu’ils exigent d’immenfes détails
pour être préfentés, ne doivent-elles pas fui-
vre la meme marche , .& adopter le même fyftème
deferiptif? Dès 1776, j’avois conçu ce projet pour
l’anatomie des animaux dont j’embralfois alors
tout l’enfemble fous le nom d'anatomie comparée.
Je commençois avec ardeur l’exécution de ce
projet, en aidant dans fes grands travaux l’anato-
mifie Vicq d’Azyr , dont j’avois depuis plufieurs
années fuivi les cours 3 & dont le plan , pour un
ouvrage complet d’anatomie, oçcupoit alors routes
mes £>enlees, lorfque des circonftancesimpérieufes
m’engagèrent à cultiver la chimie qui préfentoit
à cette époque i’efpérançe d’une heureufe révolution
très-prochaine. En 1778, lorfque je préparai
par la JeCture de tous les ouvrages des çhi-
, mifies célèbres les matériaux pour mes premiers
cours, tout plein des phrafes du langage de des
ingénieufes deferiptions de Linnéus , & accablé
en quelque forte par Timmenfe quantité, d’expériences
& de propriétés chimiques que jecherchois
à daller avec plus d’ordre & de méthode que n’en
, avoient fait les auteurs dont je coinparois tous les
écrits , je foi geai à la poflîbilité d’exprimer par
des phrafes courtes & linnéennes . les propriétés
chimiques des differens cotps > mais les lacunes qui
exiftoient' alors dans la fcience , m’empêchèrent
d'aller bien avant dans cette nouvelle carrière 5 8c
fans renoncer à mon projet, je reconnus qu’il
étoit abfolument impoflible de le mettre à exécution.
Cepèndant les découvertes chimiques , les
nouvelles propriétés trouvées dans les fluides
élaftiques , dans leur production de leur fixation ,
fe fuccédèrent avec une grande rapidité. Schéele,
Bergman & Prie.ftley découvraient fans ceîfe de
nouveaux corps, Se l’école françoife profitoit de
tous ces travaux, pour élever un édifice que la
Sqède & l’Angleterre qui en avoient fourni les
premiers matériaux, n’avoient pas conçu même
la poflîbilité de conflruire. La chimie dépouillée^
de toutes les hypothèfes qui en avoient fait jufque-
là une fcience en quelque forte faClice ou fabu-
leufe, fortoit toute neuve , toute entière 8e avec
une nouvelle forme des laboratoires de Paris ; les ;
combinaifons inconnues jufqu’alors de l’oxigène ,
de l’hydrogène, de l’azote, multiplioient à l’infini
les nouveaux compofés, Se créoient de nouvelles
attractions, de nouveaux phénomènes chimiques.
A mefure que les matériaux innombrables qu’on
découvrait de toutes parts en Europe par une
ardeur inouie pour les travaux chimiques qui oç-
cupoient prefque tous les efprits , s’arrangedient ;
& formoient un enfemble impofant par les foins
des chimifies françois, on ne pouvoir plus employer
la langue de l’ancienne chimie , fans être
révolté par les chimères qu’elle rappelloit encore ,
& par les abfurdités qu’elle offroit. Les noms
donnés aux corps nouvellement découverts , fe~
f^ntojept
fentoient de cette choquante incohérence entre
lés idées exaCtes qu’on acquéroit, & les folies
qu’on avoit en quelque forte confacrées par les
anciennes dénominations , on fentoit la neceffité
d’une réforme, on en propofoit tous Jes, jours
quelques exemples lorfque nous conçûmes, en
1784', le plan de refondre entièrement la nomenclature
de la chimie , & d’accorder fa langue avec
fes nouveaux principes. L’efprit dans lequel nous
conçûmes & nous exécutâmes ce projet , fut
analogue à celui qui avoit dirigé Linnéus ., &
nous porta même plus loin que lui. Nous voulûmes
exprimer, dans les noms les principales propriétés
des corps chimiques, attacher pour-ainfi-
dire leurs premiers caractères, leurs qualités ef-
fentielles. aux mots deftinés à les repréfenter à
l’imagination, & diminuer ainfi la difficulté &
la longueur de l’étude , en liant* aux noms la:
nature des corps qu’ils défignoient. On trouve!
donc dans îâ nomenclature chimique moderne1
une marche femblable à celle qui a été adoptée
dans l’hifioire naturelle. Cn y reconnoît une ef-
quifle prononcée des caradtères qui doivent^ dif-
tinguerjes corps confidérés chimiquement. Mais
cela ne fuffit point encore ; on peut efpérer de
pouffer cette idée beaucoup plus loin. Les deferiptions
des compofés faits par la nature ou par
l ’art, difpoles méthodiquement par claffes, ordres,
^genres & Jortes , peuvent être faites à la manière
de Linnéus.-On peut trouver dans leurs
propriétés chimiques comparées - des moyens de
les diftinguer & de les faire reconnoître promp-
,-tement & facilement.. Les cklfes, les ordres ,
les genres de compofés chimiques peuvent être
caraélérifés par des propriétés principales &
communes , exprimés en termes fimples &
courts. Sans avoir uniquement & ftri&ement fuivi
cette méthode dans mes élémens de chimie j
fans avoir entièrement réduit l’expofé des faits
chimiques à des deferiptions linnéennes , ce
qui auroit paru trop court & trop précis aux
étudians , auxquels mes élémens font deftinés ,
je n’ai cependant négligé nulle part de me fer-
vir de fa méthode pour la difpofition générale
des articles & pour la claflification des idées.
Peut-être avant qu'il foit peu , faudra-t-il partager
les élémens de chimie en deux grandes parties
,_la théorie & la pratique. La première pourra
être faite abfolument, fuivant la méthode def-
criptive de Linnéus, & elle fera très - courte.
Ce fera un expofé des caractères chimiques de
tous les corps , & une divifion fondée fur leur
décompofition réciproque. La fécondé contiendra
la defeription de toutes les expériences & la manière
de les faire. Foye^ un eifai de la première au
mot A xiomes. '
CARACTERE S. ( Pharmacie. ) Les lignes
employés par les. chimifies pour défigner les différentes
matières naturelles ou compofées arti-
Chimie. Tome 11.
ficielles , ont été employées par les médecins,
pour repréfenter les fubftances médicamenteufes,
foit dans l’intention de rendre les formules plus
courtes , foit dans celle de cacher aux malades
ou à ' ceux qui les entourent les remèdes dont
ils font ufage ; mais l’une de l’autre de ces vues
n’a que de très - foibles avantages, & le procédé
qu’on met en pratique pour les remplir peut
avoir les plus 'grands inconvéniéns. En effet un
ligne incertain & .mal écrit peut être pris p’oür
un autre , ’& l’apothicaire peut commettre de
dangereux qui-proquos. D ’ailleurs ces lignes font
plus ou moins differens dans les divers formulaires
où on les a employés, & l’on fent d’après
cela que les erreurs peuvent être‘plus fréquentes
& plus préjudiciables par cette feule caufé. Si
l’on calcule d’ailleurs le foible avantage d’un
peu de temps gagné dans l’écriture dés formules,
de fi ;on fe repréfente lésdàngers'qui peuvent naître
dès erreurs commifes dans la reconnoiflance de
ces caraêlères , on fera bientôt décidé à ne point
faire ufage de ces lignes hyéroglifiques dans un
art où tout doit être parfaitement énoncé, où
il né doit y avoir aucune efpèce de doute ou
d’ambigùité. On doit donc d’après cet expofé ,
de les réflexions fimples qu’il fait naître , non-
feulement ne pas employer de caractères chimiques
pour exprimer les remèdes , mais même
ne pas fe permettre d’abréviations , & au contraire
écrire en toutes lettres le plus coreéte-
ment polïible le nom des médicamens qui corn—
pofent les formules. Cet avis eft d’une grande
importance., & les médecins ne fauroient y donner
une trop férieufe attention. ( Voye\ fe mot
Formule & Art de formuler, dans le di-
tionnaire de médecine.)
CARAGNE. (Gomme ou résine de) (Pharmacie.)
Caranna. Linn. Mac. me J. 5 f 7. C ’eft
une malle endurcie, gommo - réfineufe , tenace
lorfqu’ellè eft fraîche , duêtile comme la poix ;
dure lorfqu’elle eft vieille , friable , d’un gris
brun, ou d’un jaune ferrugineux, d’une odeur
pénétrante & alfez gracieufe lorfqu’on l ’allume,
d’une faveur vifqueufe réfineufe, légèrement bal-
famique & un peu amère. Elle vient de l’Amérique
, de fur-tout de la Nouvelle-Efpagne ; on
l’apporte en malles, enveloppées dans des feuilles
de jonc. L’arbre, par les incifions duquel cette
gomme découle , eft nommé par Monard , caranna.
Cet arbre , n’eft point décrit par nos
botaniftes modernes. Cette gomme-réfine, dif-
tillée donne une huile elfentielle éthérée de couleur
jaune , d’une odeur gracieufe , aromatique,
d’une faveur âcre & amère. L’on fait rarement
prendre intérieurement la caragne ; elle entre
fimplement dans les emplâtres traumatiques , ner-
vinsi antifpafmodiques & réfolutifs, pour les blef-
fures des nerfs & des tendons, la foibleffe des
articles, les tumeurs, le fpafme de Feftomac,
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