
dans des détails trop longs qu'on trouvera dans le
di&ionnaire des arts , nous nous bornerons à
donner ici l'efquiffe très-bien faite que M . Chaptal
a consignée dans fes élémens de chimie , tome 3 3
d'après ce qu'il a été à portée de voir par lui-
même.
» C5n fabrique , dit-il., des eaux7 de-vie depuis le
treizième fiècle, & c'eft dans le Languedoc que
ce commerce a pris naiffance : Arnaud de Ville-
neuve paroît être l'auteur de cette découverte.
Les alambics dans lefquels on a diftillé les vins
pendant long-temps , étoier.tdes efpèces de chaudrons
furirontés d'un long col cilindrique , très-
étroit, coëffépar une demi-fphère creufe, dans
laquelle les vapeurs vont fe condenfer 5 à ce petit
chapiteau eft adapté un tuyau peu large qui porte
la liqueur dans le ferpentin. On a ajouté fuccef-
fivement quelques degrés de perfe&ion à cet
appareil diftiKatoirej la colonne a été çonfidéra-'
blemer.t bai liée, & les chaudières adoptées géné-i
râlement pour la diftillation des vins dans ltLan-
guedoc, font à-peu-près de la forme fuivante :
ce font des efpèces de chaudrons a cul plat 3 dont
les côtés font élevés perpendiculairement au fond
jufqu'à la hauteur de vmgt-iin pouces 5 à-cette
hauteur on pratique un étranglemenr qui en réduit
l'ouverture à douze ; cette ouverture eft
■ tuent frappé par l'air , condenfe les vapeurs qui
retombent, fans ceffe ; \ il s'oppofe en outre au
libre paffage des- vapeurs , & fait une efpèce
d'éolipile, comme l'a obfervé: M- Baumé 3 de
forte que les vapeurs comprimées à( çe; goulot
réagiffent avec effort, preffent fur la fin, & s'op-
pofent à une afeenfion ultérieure.
terminée par un col de quelques pouces de long
qui reçoit la bafe d'un petit couvercle appelle
chapeau 3 8c qui imite groftièrement la forme d'un
cône renverfé j c'eft de l’angle de la bafe'Tupé-
. rieure du chapeau que part un petit bec deftiné |
à recevoir les vapeurs d'eau-de-vie , 8c a les 1
tranfmettre dans le ferpentin auquel il eft adapté 5
. ce ferpentin préfente fix ou fept circonvolutions,
. & eft placé dans un tonneau qu'on a foin de
remplir d'eau pour faciliter la condenfation des
vapeurs.
Les chaudières font pour l’ordinaire enchâffées
dans la maçonnerie jufqu'à leur étranglement, le
fond feul eft expofé à I'a&ion immédiate du feu.
Un cendrier trop étroit, un foyer allez large 8c
une cheminée placée vis-à-vis la porté du foyer
conftituënt les fourneaux dans lefquels font en-
châlfées-çes chaudières., .
On charge les chaudières de cinq à fix quintaux
de vin, la diftillation s'en fait dans huit à neuf
heures, & on brûle de foixante à foixante-quinze
livres de charbon de pierre à chaque chauffe ou
diftillation.
Il n'eft perfonne qui ne- fente l'imperfe&ion
de cette forme de chaudière 5 les vices majeurs
font les fuivans :
1°. La forme de la chaudière établit une colonne
de vin alfez haute 8c peu large qui, n'étant
3°. Le chapiteau n'eft pas confirait d'une manière
plus avantageufe, 5 la. calote fe,met:à la- température
frappée par le feu qu'à fa bafe, eft brûléeren cette
partie avant que le deffus foit chaud.
2 ’. L'étrangjement pratiqué à la partie fupé-
rieure rend la diftillation plus difficile & plus
longue 5, en effet, cet étranglement continuelle-
des vapeurs, & celles-ci ne pouvant pàs
fe condenfer, font effort & fufpendent ou retardent
la diftillation.
40. Au vice , dans la forme de l'appareil, fe
joint la méthode la plus vicieufe d’adminillrer le
feu ; par-tout on a un cendrier fort-étroit, un
foyer très-large 8c une porte qui ferme mal ; le
courant d'air s'établit entre le combuftible 8c le
cul de la chaudière , 8c la flamme fe précipite
dans la cheminée fans avoir été mife à profit 3 il
faut donc un feu violent pour chauffer médiocrement
une chaudière, d'après ces vices de conf-
tru&ion.
On a fucceffivement apporté quelques degrés
de perfeéfion dans la confiruéiion des chaudières :
l'art d'adminiftrer le feu a même été porté à un
haut degré de perfection dans les établiflemens de
M. . Joubert 5 mais j'ai cru pouvoir ajouter encore
à ce qui étoit connu, & voici d'où je fuis parti.
Tout l'art de la diftillation fe réduit aux deux,
principes fuivans 5 i°. dégager & élever les vapeurs
de la manière la plus économique 5 20. en
opérer la , condenfation la plus prompte.
Pour remplir la première de ces conditions.,
il faut que la f chaudière préfente au feu le plus
de furface poffible, 8c. que la chaleur lui fo*it
appliquée également,par-tout. ;
Pour remplir la fécondé condition, il ne faut pas
que l'afcenfîon des vapeurs foit gênée , il faut
qu'elles aillent frapper contre des corps froids qui
lés condenfent rapidement.
Les chaudières que j'ai fait conftruire d'après
ces principes, font donc plus .larges que hautes ;
le fond eft bombé en dedans afin que le feu foit
prefque à une égale diftance de tous les points
de la furface du cul de la chaudière 3 les côtés
font élevés perpendiculairement, de façon que la
chaudière préfente une portion de c i l in d r e 8c
cette chaudière eft recouverte d'un vafte chapiteau
entouré de fon réfrigérant 5 ce chapiteau a
une rainure de deux pouces de faillie fur le bord
inférieur & intérieur , les parois ont une inclination
de foixante-quinze degrés , parce que je
me fuis convaincu qu'à ce degre une goutte
d'eau-de-vie coule fans retomber dans la chaudière
3 le bec du chapiteau en a toute la hauteur
& toute la largeur , il va infenfiblement en diminuant
pour s'emboîter dans le ferpentin, le
I; réfrigérant accompagne le b e c , & porte à fon
j extrémité un robinet qui laiffe couler l'eau qui
| y tombe fans ceffe par le haut.
1 totfque l’eau du réfrigérant commence à être
.tiède, alors on ouvre te robinet pour qu e le
s'échappe à proportion qu'il en eft roui ni de la
fraîche par le haut , on entretient par ce moyen
l'eau à une température égale, • 8c les vapeurs
qui vont frapper contre les parais du chapiteau
s'y condenfent de fuite, en meme temps que
celles qui montent n'éprouvent aucun obltacle ,
puifqu'elles ne rencontrent aucun étranglement :
d'après cette conftruCtion on peut prefque fe,
paffer de ferpentin, puifque l'eau qu il contient
ne s'échauffe pas fenfiblement.
xCes procédés font très-économiques 8c très-
avantageux , car la qualité des eaux-de-vie en eft
meilleure 8c la quantité plus confidérable.
On foutient la diftillation du vin jufqu'à ce
que le produit de da diftillation ne foit plus inflammable.
Cette eau-de-vie eft mife dans des
tonneaux, où elle fe colore par 1 extraction du
principe réfineux contenu dans le bois.
Le vin de nos climats fournit un cinquième ou
■ un quart d'eau-de-vie à l'épreuve du commerce.
L'eau-de-vie que l'on retire en diftillant le vin
à feu nud, eft un compofé d'alcool, d’eau 8c
‘ d'une petite portion de matière huileufe. Pour
: féparer ces fubftances 8c obtenir 1 alcool pur,
on fe fert de la diftillation : il y a plufieurs procédés
pour diftiller l'alcool. M. Baume confeille
vie diftiller de l'eau-de-vie au bain-marie un afTez
grand nombre de fois , pour en tirer toüt ce
: quelle contient de volatil & d’inflammable. Il
recommande de féparer le .premier quart du pra-
• duit de la première diftillation, & de mettre également
à part la première moitié du produit des'
diftillations fuivantes : on mêle enfemble tous ces;
produits, & on les re&ife à une chaleur douce.
1 La première moitié de liqueur qui paffë dans cette
i redification, eft l'alcool le plus pur & le plus
fort, le refte eft un alcool moins fo r t, mais,
encore très - bon pour les rafages ordinaires.
. Rouelle preferivoit de retirer , par la diftillation
au bain-marie, la moitié de l'eau-de-vie employée
5 ce premier produit eft de l'alcool commun
5 en le rectifiant deux fo is , 8c le réduifant
• environ aux deux tiers, on obtient de l'alcool
plus fo r t , que l'on diftillé de nouveau avec de
l'eau d'après le procédé de Kunckel 3 l'eau fe-
pare d'alcool de l'huile qui l'altérait i on reCtifie
cet alcool diftillé avec l'eau, & on eft fur de
l'avoir parfaitement pur : le réfidu de l'eau-de-
vie diltillée n'eft qu'une eau chargée de quelques
parties colorantes 8c furnagée par une efpèce
d'huile particulière.
On conçoit que ce fluide peut, d'après les
différens procédés que l'on emploie , avoir difté-
: rens ,degrés de force & de pureté. On a cherché
depuis long-temps des moyens de reconnoître fa
pureté. On a cru d'abord que l ’alcool, qui s'en-
fiamme facilement 8c qui ne laiffe aucun réfidu,
étoit très-pur 3 mais on fait aujourd'hui que la
chaleur , excitée par fa combuftion, eft afTez forte
pour diffiper tout le phlegme qu'il pourrait contenir
, & le faire paraître entièrement combuftible.
On a propofé l’épreuve de la poudre 5 lorf-
que l’alcool allumé dans une cuiller fur de la
poudre à canon ne l’enflamme pas, il eft regardé
comme mauvais 3 fi * au contraire, il y met le
feu, on le juge t-rès-bon. Mais cette épreuve'eft
fautive 8c trompeufe , car en mettant beaucoup
du meilleur alcool fur un peu de poudre, l'eau
qu'ai:fournit dans fa combuftion, humeCte la
poudre 8c elle ne s'allumera pas , tandis qu'on
pourra l'enflammer en faifant brûler1 à fa furface
une quantité très-petite d’alcool phlegmatique. C e
moyen n'eft donc pas plus fûr que le premier.
Roërhaave a donné un très - bon procédé pour
cônnoïtre la pureté de- ce fluide 3 il confifte à
jetter dans l'alcool de la potafTe bien lèche en
poudre : elle s'unit à l'eau furabondante de l’alco
o l, 8c elle forme un fluide plus pefant 8c plus
coloré que l'alcool, & qui ne fe mêle point avec
ce dernier qui le fumage. Enfin M. Baumé,
fondé Tut ce que l'alcool eft d’autant plus léger
que l'eau, qu'il eft plus pur, a imaginé un
aréomètre, à l’aide duquel on peut déterminer
d'une manière exaCte le degré ae pureté de ce
fluide, & de toutes les liqueurs' fpiritueufes : cet
inftrument plongé dans l'alcool, s'y enfonce
d'autant plus que ce fluide eft plus pur. Il s'eft
affuré par des expériences bien faites, que l'alcool
le plus pur & le plus reCtifié , donne trente-
neuf degrés à fon aréomètre, à dix degrés du
thermomètre de Réaumur. On trouvera une description
de cet inftrument à l'article A réomètre.
Mais comme les détails donnés par M. Baumé
dans fes élémens de pharmacie , fur la ratification
de l'alcool , font importans pour faire con-
noître les progrès de l'art chimique, il nous a
paru utile de les configner ici pour compléter
l'biftoire de l'extraction 8c de la rétification de
l'alcool. Le feul changement que nous nous permettons,
eft la fubftitution du mot alcool à celui
d'efpi'it-de-vin.
' La réatification de l'alcool, dit M. Baumé ,
eft une opération par laquelle on le dépouille de
fon flegme , 8c de fon huile effentielle & groffière,
par les diftillations réitérées.
On met de l'eau-de-vie dans le bain - marie
d'un alambic 3 on procède à la diftillation 3 on
reçoit à part environ un quart de la liqueur qui
s'élève la' première 3 on fait diftiller encore une
pareille quantité de liqueur, ou jufqu'à ce que
celle qui paffie foit blanche & laiteufe.
On foumet de-nouveau cette dernière liqueur
à la diftillation au bain-marie , & on en fait paffer
environ la moitié, qu'on mêle avec Je premier
alcool qui a diftillé pendant la première opération :
on continue la diftillation pour tirer tout ce qui
refte de fpiritueux 3 on le re&ifie de nouveau
pour tirer encore une portion de liqueur qui paftè