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n’eft pas feulement le métal uni au mercure qui
s3oxide ainfî, c’eft encore le mercure lui-même ;
car 1Joxide d’étain, de plomb, de zinc, &c., n’a
pas par lui-même une couleur noire. Toute amalgame
frottée entre les doigts ou fur des corps
blancs, les noircit très-promptement & laifïe un
oxide noir de mercure à leur furface. 11 paroît
même que l’argent ,,fi difficile à.oxider par le con-
ta& de l’air, & qu’on n’oxide même point par
les moyens ordinaires, éprouve dans ce cas une
véritable oxidation comme les autres matières
métalliques, puifque M. Sage a trouvé que la
pouflière noire qui fumage fon amalgame préfente
toutes les propriétés d’iin oxide d’argent. On
trouve dans les ouvrages alchimiques des Ifaac les
Hollandois, &c. que les métaux parfaits, c’eft-
à-dire, l’or & l’argent, deviennent fufceptibles
d’être calcinés par un feu de réverbère, lorfqu’ils
font unis au mercure. Ces faits, dont plufieurs
ont été vérifiés.par quelques chimiftes modernes,
font d’accord avec ce qu’on fait en général fur la
facilité à s’oxider, que préfentent les alliages d’une
manière plus marquée en général que les métaux
feuls & purs j mais il n’en eft pas moins difficile
de concevoir comment cette facilité s’étend.juf-
que fur les métaux qu’on ne peut point oxider
.par la fimple, aétion fîmultanée de l’air &~du feu.
On ne peut en trouver d’autre raifon ici que la
divifion qu’éprouvent les métaux dans leur com-
binaifon avec le mercure, & cependant il femble
que • cette divifion n’eft pas plus forte que celle
d’une limaille très-fine d’argent, qu’on ne peut
pas plus oxider qu’une lame entière de ce métal
par les procédés ordinaires. 11 faut ajouter à cette
premièrecaufe d’oxidabilité, l’état particulier dé
la combinaifon métallique, la nature fpéçiale.de
l’amalgame, qui paroît avoir, comme un de fes
caractères génériques, une attraction très-augmen-
tée pour l’oxigène. C’eft par le même principe
fans doute, que, fuivant la remarque de Al. Tftlet,
le platine indiffoluble par lui-même dans l’acide
nitrique , devient fufceptible de s’y difïbudre
lorfqu’il eft allié avec l’argent.
L’expérience a fait voir un grand nombre de
fois que le mercure adhère affez fortement aux
métaux qui lui font unis dans les amalgames pour
ne pas pouvoir être volatiiifé par la chaleur, qui
.réduit ordinairement ce métal en vapeur. On peut
tenir les amalgames- dans des cornues rougies au
.feu, fans que le mercure s’en fépare à une forte
chaleur; on n’obtient fou vent que des portions
de mercure, & la plus grande partie refte forte-
.ment unie au métal amalgamé. - Cependant, en
forçant beaucoup le feu, on finit par décompofer
complettement l’amalgame ; mais la. violence qu’on
eft obligé d’employer prouve elle-même combien
Je mercure adhère -aux métaux qui lui font.unis,
& fait voir que fi ces métaux partagent la fluidité
& la fufibilité du mercure, celui-ci partage affez
fortement à fon tour leur fixité & leur réfiftance
à la yolatilifation. .Quelquefois une amalgame fe
volatiiifé toute entière plutôt que de laifler aller
le mercure ; cela arrive aux métaux qui font volatils,.
comme le bifmuth & le zinc. On .a même
trouvé, dans quelques expériences, un peu des
métaux les plus fixes & les^moins altérables enlevés
avec le mercure. L’adhérence des divers métaux
au mercure, varie non-feulement dans fa force,
mais encore pour la proportion. Cette circonftancg
de l’attra&ion eft tout-à-fait relative à ce qu’on
nomme faturation dans -les Tels, &: en général
dans toutes les combinaifons chimiques. Mais
cette faturation ne correfpond pas à l’attraélion ;
on ne pourroit pas l’indiquer avec exactitude. Car
M. Sage a obfervé que l’argent retient un quart
déplus de mercure que l’or, quoique ce demie/
ait, fuivant tous les chimiftes, plus d’affinité que
lui avec le mercure,
§ . Y. Des combinaifons & des décompoftirions ré~
■ ciproques. des amalgames.
Tout ce qui a été expofé fur les amalgames dans
les paragraphes précédens, prouve bien.que leur
cqmbinaifon tient ,à la force d’attraCLon du mercure
pour les métaux.; mais cette attraction n’étant
! pas la même pour chaque efpèce de métal, il doit
eh réfulter que le mercure tient avec une force
particulière à chacune" de ces efpèces , & qu’il
, peut être féparé réciproquement de l’une par
l’autre. Si l’on conçoit deux ou plufieurs métaux
ayant à-peu-près la-même force pour s’unir au
mercure, on.trouvera qu’il peut y avoir des amal-
games de deux , de trois ou d’un plus grand
nombre de métaux. Il eft certain, par exemple,
qu’en mêlant l’amalgame de plomb avec l’amal-
! game de bifmuth, les deux compofés s’unifient
! fans décompofition, fans féparation , & forment
enfemble une amalgame de trois fubftances métalliques
qui eft plus fluide que chacune d’elles
ne l’étoit féparément. Cependant, le plus grand
nombre des métaux ayant bien réellement une
affinité différente pour le mercure, il doit y avoir
une différence dans chaque, amalgame pour la
quantité de métal unie au mercure à chaud ou à
froid, & conféquemment dans,1a faturation ; il
doit auffi s’opérer des précipitations de quelques
métaux par d’autres, comme.cela a lieu pour .les
diffolutions des Tels; mais on n’a encore que peu
examiné ces décompofitions. Cependant les chi-
mifteç, en donnant les affinités du mercure" pour
les différens métaux dans leurs tables-, d’affinités ,
femblent avoir indiqué ces décompofitions, quoiqu’ils
n’aient point décrit les expériences fur lef-
quelles ces attractions font fondées. Geoffroi ,a
dopné l’ordre.fuivant dans les affinités du- mercure';
l’or, l’argent, le plomb,, le cuivre,■ lë. zinc.&
l’antimoine. Gellert, » dans fa tabledifpofe les’
métaux dans la férié fuivante, quant à leur attraction
pour le mercure; l’or, l’argent, le bifmuth,
le zinc, l’étain, le plomb, le cuivre &
l’antimoine. On voit que Gellert diffère de
Geoffroi, en ce qu’il met le zinc avant le cuivre;
On eft étonné de voir auffi le bifmuth bien avant
le plomb, tandis que les deux amalgames de ces
métaux paroiffent s’unir fans décompofition & fans
préférence de l’un des deux métau^ pour le mercure.
Bergman, dans la quarante-huitième colonne
de fa table des artraCtions éleCtives fimples par la voie
lèche, place après le mercure, l’or, l’argent, le
platine, le plomb, l'étain le zinc, le bifmuth,
le cuivre, l’antimoine, l’arfenic & le fer. Ces
deux derniers ne ' s’unifient point au mercure,
non plus que le cobalt, le nickel & le manganèfe.
- On peut dire, d’après cet expofé, que les chimiftes
ne font pas entièrement d’accord entre eux
fur l’ordre des affinités de quelques métaux avec
le mercure; ce qui dépend de ce qu’ils ont employé
diverfes manières d’eftimer cette puifiance.
Les uns n’ont eu égard qu’à-la facilité de l’union
les autres n’ont confidéré que la folidité ou la fer- \ meté de l’amalgame : la plus commune & la moins
équivoque, eft celle qui mefurel’attra&ion par la
réfiftance à la décompofition au moyen d’un troi-
fiërne métal. Il eft vrai que cette dernière méthode
eft la plus difficile dans fon application,
parce que la précipitation des métaux dans les
amalgames ne s’apperçoit qu’avec peine. MM. les
Chimiftes; de l’académie de Dijon ont remarqué,
il y a bientôt 14 ansque l’attra&ion prife par la
méthode de la décompofition ou de la précipitation,
eft parfaitement d’accord avec les Ioix de l’ad-
hëfion, & on peut voir cette vérité préfentée
dans un nouveau jour à l’article Adhésion de ce
dictionnaire, rédigé par M. Morveau.
§. VI. Des ufâges des amalgames.
Les amalgames ou les' combinaifons des diffé-
rens métaux avec le mercure, font très-u-tiles
dans un grand nombre d’arts & dans les opérations
de chimie. On emploie celle d’or pour dorer
l’argent, le cuivre, &c. ; celle d’argent pour argenter
le cuivre, celle d’étain pour étamer les
glaces , pour frotter ‘ lés couffins des machines
éleCtriques. L’amalgamé’de plomb fert dans les
cabinets d’hiftoire naturelle pour boucher les: bocaux
où font renfermés des objets plongés dans
l’alcool, & comme cette amalgame défend exactement
l’alcool dü contaCt de l’air, elle en empêche
l’évaporation. L’amalgame d’étain étoit autrefois
coulée en boules foiides, qu’on fufpendoit dans
l’eau polir la purifier, & pour faire périr les infectes
qui y font fouvent contenus; cet ufage eft
abandonne depuis long-temps.
Dans les expériences de chimie on fait des:amalgames
pour connoître leurs propriétés diftinCtives
& pour apprécier les attractions du mercure ;
1 arbre de Diane eft lui-même une véritable amalgame
d’argent criftallifée. On peut encore eraployer
les diflolutions des métaux par le mercure
pour les faire criftallifer , ou pour détetminer les
modifications de forme qu’ils font fufceptibles de
prendre dans les combinaifons, & la différence'
qui exifté entre ce mode de criftallifation & celle
qu’ils affeCtent feuls fans mercure.
. Quant'à l’ufage de l’amalgame pour traiter les
mines d’or & -(l’argent, & pour extraire ces précieux
métaux des différentes gangues ou des divers
mélanges dans lefquels la nature les préfènte ,
cét objet fera traité dans l’hiftoire métallurgique"
de ce s deux fubftances, & il en a déjà été question
affez en détail à Latticle A m alg am a tion
qui a précédé celui-ci.
Sans doute' tous les ufàges des amalgames ne
font pas encore connus ni trouvés ; ces combinaifons
n’ont pas encore été’ fuffifamment examinées
par les chimiftes, pour qu’on ait^pu en approfondir
convenablement toutes les propriétés &
les utilités. Ainfî il refte encore beaucoup à faire
| fur cet objet, comme on peut le- voir par le tableau
fuivant des amalgames confidérées en particulier.
-
A malgame d’antimoine. Elle fe fait diffi-
■ cilèment y mais- elle exifte , qüolqu’encore peu
j connue. ( Voyel les mots Antimoine et M er-
| cure. )
Amalgame # argent. Une des plus faciles-,,
i des plus belles & des mieux connues dans toutes
fes propriétés. Elle eft très-utile1 dans les arts;
f Voyelles mots A rgent et Mercure.)
A malgame d’arsenic. Niée par les uns,
indiquée par les autres; incertaine. ( Voyeiles
móts A rsenic et Mercure.)
A malgame de bismuth; Très-facile à faire,
une des plus connues ; encore inutile. ( Voye1
Bismuth et Mercure.)
Amalgame de cob alt. N’exifte pas fuivant
tous-les auteurs; il n’y a point d’affinité entre le
cobalt & le mercure. ( Voy&i ces deux mots. )
A malgame de c u iv r e . Cette amalgame eft
préparée pat dès" procédés, particuliers ; on s en
feut à quelques ufages remarquables, ( Voyeç
C u ivre et M ercure.)
Amalgamé d’é ta in. On la fait très-aifément;
c’eft une des- plus belles, des mieux connues &
des plus employées. ( Voyei Ét a in & Mercure.
)
Amalgame de per. Il ne paroît point exifter
d’amalgame de fer ; le mercure n’a aucune aétion
fur ce métal. Pour faire des expériences dans le
mercure ; on fabrique des robinets des tubes
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