tier du quinquina de Saint-Domingue produira un
efiet analogue à celui du quinquina du Pérou,
en le donnant à la proportion d'un feizième de
la dofe à laquelle on a prefcrit ce dernier ; a", que
la vertu de ce quinquina réfide dans la fubitance
réfino-extraâive feule ; 50. que l'on peut efpérer
d'obtenir tous les effets de cette ecorce , en
employant la matière brune & duâile, qui fe
dépofe par le réfroidilfement de fa décoâion ;
4°.- que la faveur amère & la propriété vomitive
qu’on reproche à ce quinquina, pourra être af-
foiblie, en combinant avec cette fubftance une
certaine quantité d’oxigène par le moyen de l'acide
muriatique oxigené. 11 feroit même poflîble qu'en
affoibüfiant ainli la propriété émétique de la fubftance
réfino-extraétive du quinquina de Saint-
Domingue par l'addition de l'oxigène , on augmentât
fa propriété anti-périodique ; carn’oublions
pas de rappeler encore ici que la feule différence
réelle, eflentielle aux progrès de l’ar t, que nous
avons trouvée entre le quinquina de Saint-Domingue
& celui du Pérou, confifte dans ce que
le premier contient moins d’ oxigène que le fécond,
qu'on peut rapprocher leur fubftance active
, en ajoutant ce principe à l'extrait du premier,
& que puifque Fanalyfe ne nous a point
offert d'autre différence entre ces deux quinquina,
il eft naturel de penfer que celle de leur propriété'
tient à la proportion variée de ce principe.
Nous propoferons donc aux gens de l’art, &
fur-tout à ceux qui habitent en Amérique, de
réàîifer ou d’infirmer ces idées par des expériences;
fi cette propofition leur paroît utile aux progrès
de la médecine, nous les prierons de fuivre les
effets médicamenteux des différentes fubftances
énoncées dans notre travail, pour cela, il s'agit
de faire'préparer en quantités convenables pour
les comparaifons expérimentales, 1” . la fubftance
extraiftive altérée que dépofent les décoiffions du
quinquina du Pérou, pendant leur réfroidilfement;
2 '. les plaques de la même matière, qui fe raf-
femblent à la furface de l’infufion ou de la macération
du même quinquina expofé à l’air ; 5". la
matière réfino-extraétive féparée pendant le ré-
froidiifement & l’évaporation des décoiffions, du
quinquina de Saint-Domingue, matière qui ne
diffère bien certainement du quinquina du Pérou,
que par moins d’oxigène ; 4 ’. la poudre quel’on
fépare de la précédente matière, poudre qui eft
infoluble, infipide, que nous croyons fans vertu,
& dans laquelle cependant il nous a paru qu’on
convertit entièrement la fubftance aétive du meilleur
quinquina, par les longues décodions, évaporations,
&c. 50. la même fubftance aétive tirée
foit du quinquina du Pérou, & furchargée d’oxigène
par nos évaporations, ( nous croyons lui
enlever les vertus par ces évaporations ) , ou extraite
du quinquina de Saint-Domingue, & unie
à une grande quantité d’oxigène ; nous penfons
que cette addition lui ôtera fa qualité émétique,
& la rapprochera de la vraie fubftance aétive du
quinquina du Pérou ; 6 '. la même matière entière,
ment faturée d'oxigène convertie en réfine fu-
fible , infipide , &c. Nous penfons que cette
matière amfi altérée n'aura plus de vertus à quelque
efpece de quinquina qu’elle ait d’abord appartenu
; 7 '. enfin les réfidus autrefois nommés terreux
des quinquina du Pérou & de Saint-Domingue
bien epuifes de ce qu’ils contiennent de fapide *
Ces expériences faites avec foin , affez multi-
pliees, & dont on départira autant qu’il fera
pomble j les evenemens naturels des maladies , les
guerifonsspontanées , donneront certainement des
lumières fur un des médicamens les plus précieux
^/r a me^ec*.ne poffede. Elles jetteront peut-être
aum quelque jour lur une découverte dont nos
recherches nous ont fait entrevoir la poffibilité ;
celle d'une fubftance antipériodique * fébrifuge,
qui, une fois connue , pourroit être trouvée 8c
extraite dans d'autres végétaux. Nous faifoins des
voeux, pour que de pareils travaux foient entrepris
fur les g rands medicamens que l’art pofîede ,
& dont il tireroit fans doute un parti bien plus
avantageux encore , fi leurs principes étoient mieux
connus. Si nos forces pouvoient nous le permettre,
nous, ébaucherions au moins ces travaux fur
l'opium, le camphre, les cantharides, les plantes
anti-fcorbutiques, l'ipécacuanha, les plantes dépurantes
, les narcotiques 8c les vireufes.
Telle eft l'analyfe d'une matière végétale fèche
qui a depuis long-temps fixé l'attention des médecins
chimiftes, dont les effets font très-a&ifs
fur l’économie animale j il m'eft permis de dire
qu'aucun travail n'a encore été fait avec autant
d exa&itude fur une écorce ou un bois , que celui
qui fe préfente ici. Cn pourroit peut-être, y trouver
trop de longueur ; mais qu'on réfié chiffe qu'elle
eft néceffaire dans un premier travail fait de cette
maniéré, que lorlqu on en aura entrepris plufieurs
avec cette etendue , on pourra élaguer beaucouo
deces details, mais qu'il étoit indifpenfable ici
d etre long pour être clair.
On conçoit bien que l'analyfe des fubftances
végétales, molles 8c fiicculentes doit exiger une
marche & des moyens différens de celle des fubftances
végétalesTeches. L'expreffion des fucs eft
la première opération qu'on doit leur faire fubir.
On examine enfuite ces fucs par l'aélion de l'air,
qui en fépare plus on moins promptement la fécule
, l'extrait, la partie colorante, & c ., par des
évaporations ménagées qui donnent fucceftivement
les fels , fe mucilage , la réfine , l'extrait ; par
I alcool qui ifble les divers principes contenus dans
les fucs entièrement épaiflis en extraits 3 par les
acides qui opèrent également des féparations quelquefois
inattendues j par l'acide muriatique oxigené
qui modifie l'extrait, de manière à le rendre in-
difloluble dans l’eau ,8cc., parles alcalis qui abforbent
les acides, 8cc. , lorsqu'on a épuifé tout
ce que l'analyfe par diffolution ou l'analyfe par
altération peuvent offrir de reffources pour eon-
nôître 8c déterminer la nature 8c la^ proportion
des divers matériaux diffous ou mêlés aux fucs,
jl faut enfuite porter toute fon attention fur la
fubftance végétale folide , privée des liquides. Il
faut en la traitant d'abord par l'eau froide, & par
la macération , par l'eau chaude employée en in-
fufion, 8c par l'eau bouillante, j-ufqu'à ce qu'elle
ceffe d’en diîfoudre quelque principe, enfuite par
l’alcool 8c l'éther, en retirer les portions d’extrait,
de mucilage, de fels effentieîs , de réfine
& de gomme-réfine que la nutrition végétale y
a collés aux divers tiffus fibreux. Cette fécondé
tentative étant terminée, il ne refte plus enfuite
que la partie ligneufe, le fquélette végétal, dont
la bafe eft, comme on l’a vu par l'analyfe du
quinquina formée en très-grande partie de matière
charboneufe, unie, à cé qu'il paroît, avec le
moins poffibie d'hydrogène 8c d'azote.
Un des moyens d’analyfe végétale qui n'a point
encoreété autant employé qu'il pourra l'être quelque
'jour, eft relatif aux changemens produits
par la fermentation. On ne connoît pas encore
à beaucoup près toutes les reffources de cette
analyfe naturelle ou fpontanée. On ne fait que
prévoir les réfultars utiles qu'elle offrira, lorfqu'on
la tentera avec les inftrumens imaginés par
Ml Lavoifier, pour obtenir tous les produits &
apprécier toutes les convenons de principes qui
ont lieu pendant cette décompofition 8c cette
recompôfition. Il en fera queftion aux mots Appareils
& Fermentation. Elle n'eft indiquée
ici que comme une des méthodes-générales d'ana-
lyfe végétale , & pour ne rien oublier de ce qui
peut être utile à cette analyfe.
§. V. De l'analyfe des maî’sres animales.
L'analyfe des fubftances animales eft la partie
de la chimie la plus difficile 8c la moins avancée 5
les chimiftes anciens fe font contentés de diftiller
à feu nud ces matières, & l'on fait aujourd'hui
que cette opération altère 8c dénature entièrement
les corps auffi compofés que le font les fubftances
folides ou fluides des animaux. On n'a encore
fournis à l’analyfe que quelques-unes des humeurs
de l'homme & celles de certains quadrupèdes.
Beaucoup de raifons fe font oppefées à l'avancement
de cette branche de la chimie 5 la difficulté
& le défagrément de ces travaux, le peu de reffources
que la fcience offroit il y a quelques années,
pour traiter les matières animales, fans leur
faire éprouver de grandes altérations , l'impoffibi-
lité de troûver la fynthèfe même la plus éloignée
de la nature , pour reproduire ces matières , 8c
fur-tout le peu d'intérêt que la plupart des chimiftes
non médecins ont eu jufqu’à préfent pour
les connoiffances que cette analyfe peut fournir.
font les principaux motifs qui ont arrêté les progrès
de la fcience fur cet objet. Cependant les
recherches de quelques modernes , fur-tout de
MM. Rouelle, Macquer , Bucquet, Poulletier,
Berthollet, Prouft, Scheèle 8c Bergman, ont ouvert
une carrière nouvelle, 8c annoncent que l'art
de guérir pourra retirer de grands avantages de ce
genre de travail.
Le corps des principaux animaux 8c fur-tout de
l'homme & des quadrupèdes, eft formé de fluides 8c de folides. On diftingue les humeurs des ani -
maux en trois claffes , relativement à leur ufage.
La première claffe renferme les humeurs récré-
mentitieües, deftinées à nourrir quelques organes 5
la fécondé comprend les humeurs excrémenti-
tielles, qui font rejettées hors du corps par quelques
émon&oires, commeinutiles & même comme
fufceptibles de nuire, fi elles étoient retenues
trop long-temps, dans la troifième , on range
les humeurs qui tiennent des deux précédentes , 8c dont une partie eft récrémentitielîe 8c l'autre
• excrémentitielie. Les premières font le fang , la
lymphe, la gelée ou gélatine, la partie fibreufe
ou glutineufe, la graine , la moelle, la matière
de la perfpiration intérieure 8c le fuc offeux. Les
fécondes comprennent le fluide de la tranfpiration,
celui de la fueur, le mucus des narines, le cérumen
des oreilles , la chaffie des yeux , l'urine 8c
les excrémens. Lés-dernières font la falive, les
larmes, la bile , le fuc pancréatique , le fuc gaf-
trique & inteftinal, le lait & la liqueur fénfinale.
Il s'en faut de beaucoup que toutes ces liqueurs
ayent été convenablement examinées. On a fait
beaucoup d'expériences & de découvertes fur le
fang, le lait, la bile & l'urine : la graiffe eft affez
bien connue. Nous avons examiné avec foin les
larmes & le mucus nafal, M. Vauquelin 8c moi.
M. Vauquelin vient de donner, il y a quelques
mois une analyfe tres-détaillée 8c tres-bien faite
de la liqueur féminale 5 il a donné , il y a quelques
années, conjointement avec M. Macquart,
une analyfe du fuc gaftrique.
Les folides des animaux, qui forment le parenchyme
de leurs différens organes, peuvent être di-
vifés en trois claffes. Je range dans 'la première
les parties molles 8c blanches, comme les lames
du tiffu cellulaire, les membranes, les vifeères
membraneux, les aponevrofes , les ligamens, les
tendons , la peau. Les parties molles & rouges
forment une fécondé clanefort diftin&e de la première.
Tels font en particulier lesmufcles, 8c une
partie des organes qui contiennent des fibres muf-
culaires, comme l'eftomach, les inteftins, la vef-
fie, la matrice , 8cc. Enfin la troifième claffe comprend
les folides offeux.
L'analyfe animale eft aujourd'hui fort différente
de ce, qu'elle étoit il y a quelques années. On
n'a plus recours à la décompofition par le feu. On
tfaite les matières animales par les réaftifs, &
en particulier par lés acides, par les alcalis, par