
qui fe diffout bien dans l'alcool. Les-huiles fixes
bouillies fur la réfine élaftique la diffolvent ;
la cire la diffout auffi. Cette fubftance ne fe
fond point au degré de l’eau bouillante.; mais
expofée au feu dans une cuiller d'argent elle
fe réduit en une huile noire épaiffe ; elle répand
des vapeurs blanches ; elle -refte enfuite graffe
& collante , quoiqu'expofée à l'air pendant plu-
fieurs moi; , & ne reprend point la féchereffe
& l’élafticité qui font fi utiles pour les ufages
auxquels on la dëftine. Enfin -, M. Berniard a
terminé fes recherches par l'analyfe à feu nud
de la réfine élaftique. 11 a obtenu d'une once
de cette matière très-peu de phlegme , une huile
d'abord claire & légère , enfuite épaiffe & colorée
, & de l'ammoniaque dont il ne défigne
pas la quantité. 11 ell refté un charbon pefant
douze grains , femblable à celui des réfines Ce
.chimifte attribue l'ammoniaque à la fuie qui colore
la gomme élaftique.
Nous ferons obferver fur cette anâlyfe, qu'elle
ne démontre pas très-exaâement la nature de
la réfine élaftique , puifque l’aétion des acides
fur cette fubftance ne reffemble pas à celle
qu'ils exercent fur les huiles graffes , & qui eft
beaucoup plus rapide-; puifque les alkalis cauf-
tiques ne la mettent point dans l'état favon-
neux ; puifqu’elle ne fe fond qu'à1 une chaleur
beaucoup plus forte que celle qui eft néceffaire
pour faire couler les huiles fixes les plus foli-.
des ; puifqu’aucune huile fixe ne devient élafti-
tjue & ne sèche jamais comme elle , &c. &c.
D'ailleurs l'auteur avance dans la quinzième expérience
, que cette gomme eft compofée de
deux fubftances diftin&es qu'il ne démontre pas,
& il finit par la regarder comme un produit
de î'induftrie humaine. De toutes ces réflexions,
.& de beaucoup d’autres qu'il feroit poffible d'ajouter
fur le travail , d’ailleurs très-bien fait ,
de M. Berniard, nous penfbns qu'il refte encore
beaucoup à faire, comme il l’a ditlui-même,
pour connoître les propriétés de cette fubftance ,
& pour décider pofitivemerit fur fa nature.
L’induftrie européenne a trouvé dans cette
matière une reffourçe de plus pour fabriquer
des inftrumens de chirurgie qui puffent contenir
quelques parties fans opérer une compref-
fion trop forte, & .en fe pliant à tous les mou-
vemens , à toutes les flexions que ces parties
.exécutent. C ’eft ainfi qu'on fabrique des bandages,
des fondes -, &c. de caout-chouc. Les
méhar.iciens& les phyficiens tirent auffi un grand
parti de cette fubftance ; elle fait aujourd'hui
fonètion de reifort dans les machines ; on- l’étend
fur les étoffes de fil & de foie qu'elle défend
de l'impteffron de l'eau , en leur confervant la
flexibilité.
Jufqu'a&uellement on n’a reçu cette matière
que fous la forme folide, & il a fallu trouver
les moyens de la ramollir , de la diffoudre, pour
la faire fervir à un plus grand nombre d’ufages.
On fait que prefque toujours c'eft aux dépens
de fes propriétés qu'on lui a fait fubir ces chan-
gemens, 11 y a plus de dix ans que pour* con-
noître s'il ne feroit pas poffible de l'employer
ici comme on le fait dans nos colonies d'Afrique
& d'Amérique , j'ai demandé qu'on me l'envoyât
liquide & telle qu'elle découle des arbres qui la
fourniffent. J’en ai obtenu il y a huit ans une
pinte par les: foins de M. Melon, ancien com-
miffaire national à l’ lfte-de-Bourbon, & j'ai
reconnu dès-lors que mes vues pourraient iêtre
remplies quelque jour. La fociété d’agriculture
en ayant reçu une bouteille au mois de juillet
de cette année , & m'ayant chargé d’en examiner
les propriétés j’ai repris les expériences
que j'avois faites auparavant fur cette matière,
& j'ai eu occafion ae confirmer mes premiers
réfultats que j’avois déjà obtenus ; ç’elt de ces
réfultats immédiatement applicables aux arts
que je m'occuperai ici. Car on verra que je fuis
bien éloigné d'avoir complété l'analyfe de cette
fubftance fingulière ; il auroit fallu en avoir une
beaucoup plus grande quantité, 8c il m'eft permis
de l'efpérer quelque jour du zèle des voyageurs
inftruits qui parcourent aujourd’hui nos
colonies.
En débouchant les bouteilles qui contenoient
le fuc de YHev&a Guianenjis d'Aublet , ou du
Jatropha elaftica de Linnéus , il s’eft répandu
une odeur fétide très-forte , mêlée de celle du
gaz hydrogène fulfuré & de l’ail pourri. La
plus grande partie du fuc étoit liquide , blanche
& opaque comme du lait ; mais dans l’une
& l’autre bouteille, il y avoit une maffe concrète
très-blanche , ayant la forme de la bou-?
teille entière dans l'une , & feulement celle de
fon goulot & de fa partie évafée dans l'autre,,
parce que celle - ci avoit été tenue renverfée
pendant le voyagé. Sur z livres i once i gros J
de matière contenue en totalité dans la bouteille
du dernier'' envoi à la fociété d'agriculture *
on a retiré en la caffant 3 onces i gros 36 grains
de gomme élaftique concrète blanche & pure.
La liqueur blanche avoit une faveur un peu fucrée
, quoiqu'elle fût en même-temps acre &
défagréable. En la chauffant doucement dans
des vaiffeaux fermés , elle ne s’eft point coagulée
; mais en la chauffant dans un vafe large
& avec le contaél de l'air , elle a préfenté un
phénomène très-important pour la connoiffance
de la gomme élaftique. Il s'eft formé à la fur-
face de la liqueur une pellicule blanche , demi-
tranfparente, très-élaftique , qui avoit toutes les
propriétés de la gomme. Après avoir enlevé cette
première pellicule , il en a paru fucceffivement
plufieurs autres ; une livre de cette liqueur a
fourni près d’un demi-gros de gomme élaftique.
Après quelle n’en donnoit plus , le lait d’dïevza
étoit devenu tranfparent ; en l'évaporant jufqu’à
C A O
•la eopfiftânce prefque fyrupeufe.,’ il à dépofé'
par• le refroidifiement une grande quantité .de.
criftaux rayonnés ; d’une;..couleur jaune , d'une
faveur fu'crée -& légèrement acide. Nous parlerons
plus-bas de cette matière particulière ; il'
■ faut continuer ici l'examen de la liqueur laiteufe
& d e la gomme, élaftique ,q'ui s’en étoit féparée;
a Æxpofée à l’air au-deffus- du mercure , cette-
liqueur abforbe peU-à-peu l’air vital ,: la gomme ’
élaftique s’en fépare & vient nager.à fa furface;
dans cette! expérience comme , dans l'évaporation
, la fixation de l'oxigèhe opère la concrétion
de la ma.ière élaftique ; auffi les acidés
verfés. dans la liqueur en féparent-ils la portion
de gomme élaftiqué' qui eft en fupenfion ;
cette gomme prend d’abord la forme de flocons
qui bientôt ’ fe. rapprochent 8c s’unifient en une
feule maffe cohérente. IJacidé muriatique oxi-
. gêné produit 'très-promptement, cette précipitation
de la gomme y sr.la.lperte de. fon odeur
prouve; que c'eft à la fixation .de fon oxigène
qu’il faut;. attribuer ce phénomène.; de forte
que dans cette expérience comme dans toutes
celles! que l'on fait avec l'acide muriatique oxi-
gen é , cet acide produit dans un temps très-
court , ce .que le contaél de l ’air ne produit
qu'à: la longue.. . . ' ;
. Les alcalis mgiflent. d'une manière inverfe fur
le lait ! de. lhevoea ; ils opèrent.une . eombinaifon
plus intime de la matièré;,élaftique ayèc, le liquide,
' &:sioppofent a fa féparaiion'par l'oxi-
gène atmofphérique. En dïftiJlant quarte èirces
de ce fuc laiteux par une chaleur très-douce-,
en a obtenu' une liqueur claire, comme de l’eàu,
d’une odeur analogue; à celle du jafmin , odeur
bien: différentà:aflurement de celle du gaz- hydrogène
fulfuré ; cette, eau, étoit légèrement acide
mais fa petite, quantité a .empêché qu’ori ne
pût en déterminer la nature.' :
. La : gomme -élaftique dépofée dans le . col 'de
la bouteille qui lui avoir en quélqûe;fQiîe.fèr’vî
dë moule , & qui pèfoit plus de 3 onces i g ro s ,
comme il a déjà été dit-, étoit parfaitement
blanche, d'un tiife fin S: ferré, douce au toucher
,-entièrement; élaftique; expofée-à l’air, elle
a pris une couleur fauve qui a paffé au brun ,
en la diftillant. on en a retiré, bêaûcoup d’ammoniaque.
& d’hifile ; les alcalis :cauftiques: & l i quides
ne,- lui ont fait éprouver 1 aucune . altération
, pas même à l’aide d’une affez iforte chaleur.
L’éther Sulfurique; l’a. ramollie & en partie
diffoute. L'huile volatile de térébenthine l'a également
&.bién:plus facilement diffoute que l'éther.
Cette diffoIu,tion chauffée long-tems à un feu
doux .& par le contaél de l'air a laiffé dépofer
une. portiom.de la gomme dans fon -état; élaftique
& pur: En traitant cette gommé élaftique.. pure
par) acide:I nitrique!!,. on ..en a obtenu .du gaz
azote dé l’ acide-. carbonique., du gaz; acide: pruf-
fiquë &. de l'acide oxalique, toutes ces .expé-
Chimic, Tome IL
C A O •jSt)
rtencës ont été-.faités en méme-tems fur la gommé
,élaftique du commerce , & elles ont préfenté
abfblument les mêmes réfultats.
La matière criftaïline-8c de faveur-fu'crée que
le fuc tihevoea avoit fournie après la féparation
des5 pellicules de gomme élaftique , étoit très-
diffoluble dans l’eau ; cette diffolution rougiffoit
les papiers teints par le tournefol. L’alcool diffout
très-facilement cette’ matière , & prend
dans ;cette opération une couleur rouge ; en taiff-
fant . cette- diffolution s’évaporer ipontanémentf
à l’air il is’en-ifépare des criftaux blancs allon-*
gés & minces , il' refte 'une matière coiorantef
dans la dernière portion d’alcool j les mêmes
criftaux précipités de l’alcool & féparés de la
matière colorante qui les altère : font prompte^
ment & facilement diffolubles dans l’eau 3 ils
ne précipitent point les diffolutions nitriques d’argent
& dé mercure y ils ne forment point un fel
infolubîe avec i’eau de-chaux ; ils ont encore la
faveur fucrée qui les diftingue lorfqu’on les examiné
immédiatement après l’évaporation du fuc
à’ hevoea. Le feu les décompofe Sc en dégage d&
l’acide pyromttqueux & du gaz acide carboniqt e
fans apparence, d’huile ; ils ne font point éproüJ
ver d’altération aux carbonates alcalins'3 ils paroif-
fënc être .formés par la fubftance fucrée qui commence
: a prendre des caraébeïes acides 3 fans
être encore entièrement converti en matière-
faline, ce 'qui paroît dépendre d’une plus grande
proportion fd1 oxigène qu'il n’y en a dans le fucre.»
, Cet èffai: d’analyfe que nous aurions' defiré de
j pourfuivre & d’étendre bien plus loin , fi nous
avions eu à notre difpofition une plus grande
quantité dè fuc qui fournit la gomme élaftique ,
nous permet -d’offrir quelques réfultats nouveaux
& utiles., foit pour une connoiffance plus parfaite
de. la. nature de ce fingulier végétal, foie
pour tirer, un plus grand parti des propriétés
de cette -matière : nous plaçons dans la première'
clafié les faits fuivâns :
.. i p." La gomme élaftique eft diffoute ou fuf-
pendue dans un fuc laiteux , d’où elle fe fépare
peu-à-peu par le contad de l’air 3 mais non pas
par la feule évaporation.
z9. L’abforption de l ’oxigène eft la principaîe-
caufe d e . cette féparation & de la concrétion
de la gomme élaftique.
3®. La gomme élaftique fe colore en-fauve
& en brun par le contad de l’air, & la ftiie-
n’eft pas la caufe de la coloration de ce produit.
4°,.’ La gomme élaftique donne par fa nature'
même , & non pas! en raifon de la fuie qu’elle-'
contient, de l’ammoniaque à la diftillation ; c’efe
a la préfencè de l’azote dans cette fubftance
qu’il faut attribuer la production de cet alcali.
5°. La gomme’ élaftique eft diffoluble dans:
l’éther, quand on la met en fragmens très-miriceff
dans l’ éther fulfurique.
. 6.°.^ Parmi les principes .immédiats des végé-1
E e e e e