.pour former des pâtes, des tablettes, des tro-
chifques , & quelques^ autres préparations pharmaceutiques.
( Voye% CKufs. ' Les anciens mettaient
fouvent F albumen de l’oeuf avec dü bol
d’Arménie , de la farine, des poudres de rofes,
de myrrhe, de fa ireo colle, ou quelqu’autre fem-
hlable, pour former des frontaux, des cataplaf-
mes défenfifs > ils en imbiboient auffi des étoii-
pes, des eoroprefles, dont ils environnoient les
membres fra&urés ; & ;ces appareils, en fe deffé-
chant, formoient une forte d’étui, moulé fur la
partie, qui maintenoit les pièces fra&urées d’une
manière ferme & inébranlable.
C e procédé eft encore employé-de ,nos jours
dans quelques cas. particuliers de. fra&are , ou
l’application d’un bandage roulé ne peut avoir lieu.
L'iufieurs chirurgiens‘employent encore l’albumen
d’oe u f, foit feul, foit battu avec de l’eau
de rofes, ou de l’eau de chaux, dans quelques
cas de brûlures; ils trouvent que cette application
eft un adouciflant, un rafraichifiant, & forme
une forte de vernis • oui .garantit du contait de
l’air la furfacc des bleflfures. J. L. Petit de fervoit
de l’albumen de l’oeuf pour tremper les fondes ,
les tenettes, & les autres inftrumens qu’il étoit
obligé de porter dans une bleffure; il le'préfet-
roi t à l’huile rofat, que les chirurgiens employent
ordinairement pour cet objet ; Plenck, dans fa
pharmacie chirurgicale, décrit, fous le nom d’albumen,
les deux préparations fuivantes.
, Albumen Alumineux. '
Prenez fulfate d’alumine un gros , réduifez - le
en poudre fine dans un mortier de marbre, alors
ajoutez-y deux blancs d’oeufs frais , & verfez,
peu-à-peu, en triturant une once d’eau de rofes;
ce mélange devient bientôt opaque, blanc., écu-
meux, & en continuant la trituration pendant
quelques minutes , il forme une forte de coagu-
hiiH , & prend la confiftar.ce d’un liniment. Quelques
uns, pour faire cette, préparation, fe contentent
de prendre un morceau de fulfate d’alumine
, qu’ils agitent dans un blanc d-oeuf jufqu’à
ce qu’il ait acquis une certaine confiftance*
Cette préparation n’eft pas une fîmple mixture
déterminée par l’a&ion méchanique de la trituration
; mais il y a une décompofition manifefte
que nous aurons occafion de faire connoître en
expofant la théorie de la clarificatiorr des fucs &
des fyrops. ( ybye% C larification. ) .
Quoi qu’il en fo it , ce coagulum alumineux
étoit fort recommandé par les anciens ; ils i’emr
ployoient en forme de cataplafme ou dé liniment
qu’ils étendoient fur du linge , ou fur de la charpie
-, & qu’ils appliquoient fur les contufions,.
les bîefiures ; ils regardoient ce topique comme
un défenfif, un antiphîogiftique , un réfolurtf
excellent ; ils. en yantoient fur- tout l’efficacité -
dans le traitement cLs, maladies des yeux, contre
les ophtalmies humides, les plaies de la cornée,
& à la fuite de l’opération de la càtara&e. Mate
comme ce topique, en fe deflechant, a l’inconvénient
de coller les cils , de durcir les linges
qui en fontimbibés , on en a entièrement abandonné
l’ ufage , quoique plufieurs écrivains affûtent
qu’il étoit également efficace contre les fliir
xions des yeux en l’appliquant aux tempes , &
même à la nuque.
Albumen Spiritueux.
La fécondé préparation que Plenck décrit fous
le titre d’albumen fpiritueux & que d’après les
principes - de la noménclaturé méthodique nous
nommons coagulum albumineux par Valcool , fe
fait en prenant deux blancs d’oeufs frais que l’on
bat & triture dans un mortier de pierre, en y
verfant peu-à-peu deux onces d’alcool foible ; après
.quelques minutes de trituration le mélange devient
blanc , opaque , prend la confiftance d^une forte
de liniment ; ce coagulum albumineux eft fort recommandé
pour prévenir les excoriations qui arrivent
aux perfonnes qui reftent long-temps couchées
&: dans la même attitude ; onprefcrit de frotter avec
ce liniment les parties fatiguées par la preffion , &:
d’appliquer demis un linge fin trempé dans ce liniment
; mais le meilleur moyen de prévenir les
excoriations & les ulcérations que la continuité
de la preffion peut produire, c’eft de changer
l’attitu'de de fes malades , de laver les parties
fatiguées avec de l’eau fraîche, ■ dans laquelle on
ajoute, fuivant les circonftances, un peu de vinaigre
ou d’alcool, ce qui fuffit pour rendre le
ton à la peau & y rétablir la tranfpiration.
Lemery dans fa pharmacopée, donne la formule
d’un fyrop de blancs d’oeufs ( Sirupus dealbuminibus
ovorum). Pour faire ce fyrop on prend l’albumen
de huit oeufs frais que l’on bat dans une baffine
avec trois livres d’eau ; on y ajoute enfuite deux
livres de fucre ; après avoir fait bouillir le mélange
, on le paffe par une chauffe & on continue
la coétion jufqu’à confiftance de fyrop : mais il
eft évident que par l’ébullition l’albumen fe coagule
entièrement, & s’il refte dans ce fyrop quelque
partie fournie par les blancs d’oeufs , ce ne ^>eut
être qu’une très-petite quantité de carbonate de
foude.
Nous finirons cet article en obfervant que
l’albumen de l’oeuf expofé à une chaleur très-
douce, perd peu-à-peu l’eau qui lui donnoit la
fluidité vifqueufe , qu’il fe deffeche & formé une
forte de gomme brillante, tranfparente , "& d’une
couleur légèrement ambrée. Pendant lés beaux
jours d’été on obtient facilement .cette deffic^-
cation, en mettant fur uneaffiette de, porcelaine ou
de fayence l’albumen dé cinq ou fix oeufs au:
plus, que l’on expofe aux rayons du foleil >.en
peu d’heures l’albumen eft parfaitement deffé-j
ché-, on le détache de d’affiette avec F extrémité
d’une fpatule ; & on le conferve à l’abri de l’humidité
, dans une.boîte ou dans un -bocal de verre.
Ainfi derteché l’albumen eft une fort* de gomme
ânimale qui fe diffout facilement dans 1 eau fraîche,
fur-tout à l’aide de la trituration. Mais quel-
qu’exaéte qu’ait été la trituration,on voienager dans
cette folution une grande quantité.de petits flocons
blanchâtres qui en troublent la tranfparence.
Le filtre retient ces flocons qui ne me paroiflent
autre chofe que les débris des filaments varcu-
Iaïres & des lames cellulaires qui donnoient à
la fécondé couche de l’albumen cette forme,
cette ténacité qui lui eft particulière. La liqueur
filtrée eft diaphane, légèrement colorée; fa faveur
approche de celle du petit-lait ; ^ mais avec
cette différence effentielle, qu’elle altéré en verd
les couleurs bleues des végétaux.
- Cette folution de l'albumen de l’oeuf peut
être employée en pharmacie pour la clarification
des fucs & dès fyrops ; en y ajoutant un peu de
fucre & quelque eau aromatique agréable, on,
pourroit peut - être la preferire avec avantage
dans quelques cas de maladie , lorfqu’ il s'agit
de donner une boiflon adouciftante & nutritive ;
elle nous paroît plus propre à cet objet que la
fîmple dilution du blanc d’oeuf frais employée par
quelques praticiens ; parce que dans cette folution
l’albumen eft féparé de ces filaments vafculaires,
de cette envelope cellulaire qui préfente quelque
fois de la réfiftance à l’aétion des fucs digeftifs
de Feftomac. ,
■ L'albumen defféehé peut aufli être diflous dans
différentes saux diftillées ou décoftions pour les
cautères ; j on peut en former des poudres nutritives
; on peut s’en fervir comme des gommes
àdragantè & arabique, pour la folution du camphre
& des réfines.
A L B U M IN E . ( Article important pour la
Chimie & la Phyjique animales. ) L’albumine
( mot hoUVeau dont l’adoption eft fondée fur
les raiforts expofées dans un des articles précédens,
eft une matière compofée organique, fort abondante
dans les animaux, & qu’il*eft néceffaire
de confidérer comme formant un genre bien
diftind parmi les compofés dûs à l’organifation.
Le blanc d’oeuf nommé albumen par les latins,
èft pour - ainfi - dire le chef ou la première des
efpèces de ce genre, celle que l’on a d’abord
examinée avec plus de foin, & dont l’analyfe
a conduit à faire reconnoître l’analogie frappante^
qui exifte entre lui & beaucoup d'autres
grande quantité d’albumine ; la plupart des organes
fubftances animales. Le liquide fort abondant qui
Ce fépare du fang caillé , & qu’on nomme férum ;
la matière plus ou moins épaifle & même concrète
de l'humeur vitrée & de la lentille criftalline,
une grande partie de l’humeur blanche qui fe
meut dans les vaiffeaux , lymphatiques ou abfor-
-bans , -l'eau amaffée dans les cavités diverfes du
corps diftendues par l’hydropifie, font les princi-
ipales efpèces de ce genre ,• ou pour s'exprimer
avec .plus d'exaétitude, contiennent une très- I
membraneux & blancs, & fur-tout les parois
dés vifeères creux, contiennent plus ou moins
d'albumine concrète ; enfin on en trouve jufques
dafis les fucs des végétaux. Cette abondance doit
donc porter à croire que cette fubftance forme
j un des matériaux les plus impertans à connoître
des corps organifés, & engager à en examiner
toutes les propriétés avec la plus grande attention.
En fe livrant à cet examen, il faut fe fou,venir que,
quoiqu'on la confidère comme un genre dans cet
article , & qu’ on doive l'envifager, abftraétion
faite de telle ou telle fubftance qui la contient, on
peut cependant, pour ne point s’attacher trop
rtriàement à une abftraélion , rapporter toutes
les propriétés qu’on va décrire , au blanc d’oeuf
en particulier, celle de toutes les matières animales
qui contient l'albumine la plus pure & la
plus à nud en quelque forte.
i" . L’albumine eft le plus fouvent fous la formé
d’un liquide plus ou moins vifqueux-, collant,
comme gommeux , d’une couleur blanche, tirant
fur le jaune, d’ une faveur légèrement falée ou
un peu âcre, lorfqu’on la goûte avec beaucoup
d’attention.
i° . Elle verdit conftamment la teinture & le
fyrop de.violettes ; elle fait repaffer au bleu le papier
teint avec du tournefol rougi auparavant par
le contaél des acides. Cette propriété dépend de
la foude qu’elle contient.
3°. La liquidité donnée comme un caraâère
de l’albumine , tient à ce qu’elle eft toujours
combinée avec une certaine quantité d’ eau ,
dans les fluides dont elle fait la principale bafq ;
mais lorfque par l’effet de la circulation & des
autres fondions qui conftituentla v ie , l’albumine
eft devenue partie intégrante des organes folides,
alors elle eft fous forme concrète ; elle ne peut
plus être reconnue par fes propriétés phyfiques ,
fa faveur , fa confiftance , & c . , elle a même un
peu changé de nature ; de forte que pour en déterminer
les autres caraâères, il faut continuer à l’examiner fous la forme liquide.
4” . L’albumine éprouve de la part du feu , ou ,
plutôt du calorique libre , de la chaleur, une
adion qui fait fon caradère propre & diftindif’;
lorfqu’on élève fa température'au-âeffus de quarante
/cinq degrés & jufqu’ à quarante-huit au
thermomètre à mercure portant quatre - vingt
degrés à l'eau bouillante, fa liquidité difparoit
avec fa tranfparence ; elle devient blanche ,
opaque, concrète, folide ; on diroit qu’elle prend
tout-à-coup la forme d’un tiffu. En l'examinant
pendant quelle cuit ainfi , ou qu’elle durcit, car
c’eft ainfi qu’on nomme ce phénomène , on voit
des efpèces de fibres fe former ; mais bientôt
lorfque la co.dion eft complété , toute la malfe
eft homogène , folide, blanche , caftante & lifte
dans fa caflure : un grand feu en dégage de l’am- ■
moniaque & une huile très - fétide , comme de