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les bains d’après la nature des fubftances qui les
compofent. De-là , il y a des bains de fable , de
cendres , d’eau , de fumier , de vapeur , Sfc. &c.
La propriété des bains pour communiquer ou retrancher
du calorique., peut êtreconfidérée d’après
l’attra&ion que les matières qui les forment ont
avec le calorique. Plus cette attraélion eft grande
moins ils-ont d’efficacité pour échauffer les matières
qui y font plongées ,- cette propriété fuit affez
généralement les pefanteurs des corps moyens,
c’eft-à-dire qui forment les bains. Ainfî parmi les
liquides, l’eau communique une plus grande quantité
de calorique que l’alcool 3 celui-ci plus que
l ’éther.
L’or, parmi les folides, communiquera une plus
grande quantité de calorique à la fois, que l’étain,
l’un & l’autre étant même à une température
égale.
Mais ces loix ne font pas confiantes à toutes les
températures. L’étain avant qu’il ne Toit fondu eft incapable
de commimiquer autant de calorique aux
corps_que le mercure j mais quand il eft devenu
liquide, il peut s’élever à une température très-
grande, tandis que le mercure lorfqu’ il bout eft au
maximum de fa température, parce qu’une portion
de lui-même enlève le calorique à l’autre à mefure
qu’elle lui eft communiquée. L’étain communiqué
donc en vîteffe, ce que le mercure donne par fa
maffe, & même plusQleft vrai que l’étain quand il
eft chauffé avec le contaél de l ’air perd bientôt l’avantage
qu’il a fur le mercure } il s’oxide très-vite,
11 fe divife, & fon contaèl avec les corps n'eft plus
fi multiplié J d’ailleurs la capacité de l’oxide pour
le calorique, qui en réfulte eft un peu augmentée;.
Pour diminuer la température des corps, ce
font toujours les fubftances plus pefantes qui
feront les plus avantageufes , fi elles né changent
point d’état. 11 eft très-rare que l’on ait befoin
d’employer des bains de métaux , $c jufqu’à pré-
fent on n’y a pas même penfé, quoiqu’ils puif-
fent fans doute être d’une grande utilité dans
quelques opérations , & faire découvrir quelques
vérités nouvelles fur les propriétés des corps.
C e que nous venons de dire fur les propriétés
de communiquer ou d’enlever lé calorique aux corps
de la part des bains métalliques, peut être appliqué à
toutes les autres matières. L’on obtiendra toujours
des effets d’autant plus marqués , que les matières
balneantes feront moins capables d’abforber lé calorique.
Sous ce point de vue les métaux doivent
être envifagés comme des corps qui abforbent le
calorique en raifon directe du nombre de leur molécules
, ce qui les met au-deffus de tous les autres
corps puifqu'ils font les plus lourds , & qu’ils le
tranfmettent dans la même raifon ; & comme
ces1 corps, au moins là plupart , né changent
d’état & ne fe réduifent en vapeurs qu’à üne tem- '
pérature três-élevée, il en réfulte qu’ils abforbent
& communiquent dans Te même-temps une plus
grande quantité de calorique que tout autre corps.
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11 eft vrai que fous le même volume leur température
s’élève monts vite que celle d’un corps léger
tel que l’alcool, l’éther, &c. mais toutes chofes
d’ailleurs égales', les bains formés de fubftances
pefantes,fur-tout de métal, auront toujours l’avantage
, car ils abforbent mieux le calorique & en
laiffent beaucoup moins perdre , quand toutefois
la matière que l’on yeut échauffer leur préfente
un grand contaét
Lé fable eft de toutes les matières celle que
l’on. employé le plus communément aujourd’hui
pour un grand nombre d’opérations ; le plus pur
& le plus fin 'mérite la préférence. Ce n’eft pas
pourtant que l’oxide de fer auquel il eft fouyent
uni y nuiroit $ on doit choifir le, plus fin , parce
que les molécules peuvent fe toucher plus intimement
, former une maffe d’un plus petit volume,
| & communiquer dans le même temps plus de calorique
aux corps.que s’il étoitpar petits morceaux:
fa température s’élève d’ailleurs aulfi beaucoup
plus haut.
On fe fert auffi très-fouvent de bains de cendre
mais il eft moins commode que celui de. fable ;
la température ne s’élève pas auffi haut & n’eft
pas aulfi égale dans tous les points du bain ; il faut
l’employer bien brûlée , bien fine, & autant qu’il
eft poffible privée de charbon , car celui-ci ne
J aillé que difficilement pénétrer le calorique.
Le bain d’eau ou bain-marie, eft d’un ufage
très-multiplié en raifon des grands avantages qu’il
préfente ; i°. il eft à la portée de tout le monde,
par fon abondance & fon peu de valeur} z°. l’équilibre
du calorique s’ établit facilement & affez également
dans toutes fes parties} $°. il communique
un affez .grand degré de chaleur } 40. ce degré de
chaleur eft conftamment le même, tant qu’il y a un
efpace libre pour l’ifîme de la vapeur d’eau.
On pourroit employer T’huile fixe au même
ufage, mais ce . feroitun moyen fort cher, dont les
inconvéniens équivaudroient le léger avantage de
quelques degrés de chaleur qu’il communiquéroit
plus que l’eau.
L’alcool & l’éther pourroient auffi fervir de
bain , ils auroiént l’avantage de ne communiquer
que très-peu de calorique à la fois , à raifon de
leur légèreté} mais ces matières étant extrêmement
chères , on ne s’en fert que pour des expériences
de recherches & d’une grande importance.
Quant aux bains de fumier ", ils n’ont pas plus
d’efficacité que les-bains de toute autre matière,
fi ce n’eft: qu’ils ne demandent point de foins, &
qu’ils ne coûtent rien } mais on ne peut pas s’en
fervir pour des expériences exa&es, & qui exigent
une. chaleur égale, car on conçoit que la
température des bains de cette nature doit varier
fans ceffe fuivant une multitude de circonftances}
la température de l’atmofphère , fon humidité'&
celle du fumier lui-même,doivent faire varier continuellement
l’état du calorique dans le fumiç**.
JL J J JL J.
Cette différence eft telle | que certains fumiers, &
fouvent le même, font quelquefois à la température
de l'air, & d'autres fois à un degré qui peut porter
l'inflammation dans certains points du fumier.
Les alchimiftes fe fervoient beaucoup de ce bain
dans l'idée de fe rapprocher des opérations de la
nature , & former de l'argent & de l’o r , comme
fi toutes les opérations de.s hommes, n’étoient pas
celles de la nature.
Le marc de raifin a auffi fervi aux chimiftes pour
faire des bains ; mais il eft fujet aux mêmes inconvéniens
que celui de fumier, en raifon des change-
mens plus ou moins rapides qu'il fubit.
Nous ne parlerons pas du bain de ventre de
cheval j car ü eft en même-temps fiipe'rflu & impraticable
; l'on peut aifément fe procurer par dés
moyens Amples le même degré de chaleur que celui
du cheval.
Après avoir parlé des matières principales qui
fervent à faire des bains, il eft nécéflaire de dire
quelque chofe des vafes qui fervent à les contenir.
Ces vafes font de nature' & de forme différentes
fuivant les néoéflités. Comme ces vaiffeaux la
plupart du temps font deltinés à aller for le feu ,
on les fait de fubftances qui peuvent y réfifter ,'
comme de fe r , de terre , &c.
1 Quand on n'a qu'une opération à faire à la fois,
c eft une poêle de fer , de la forme d'une poêle
à frire i, dont on a coupé une partie de la queue.
C'eft le . plus fouvent de fable 'qu'eft le baie
que contiennent ces poêles.. Elles ne durent que
très-peu de.temps , fur-tout quand elles font fou-
vent expotées à un grand feu ; elles s'oxident&
bientôt elles font percées; il eft plus avantageux de
fe fervir de chaudières'de fonte qui coûtent moins
cher, & qui ne s'oxident& point. Qn fait auffi de
' ces vafes en terre mélangée, qui ne fe caffént
pasàu.feu, mais qui fe délitent promptement &
fe reduifent en pouflière ; quand ils font plus cuits
«qu'ils ont éprouvé une. demi-fufîon, ils ne fe
oivifent point ainfi , mais ils fe caffent facilement.
Les creufets-fervent fouvent de vafes dans lef-
| on met du fable pour chauffer fortement
pendant longtemps des matières renfermées dans
| oesmatras, des phiol.cs à médecine, & c.
Quand .oh a beaucoup d'opérations à faire à la
ois, on fait bâtir en briques fur un long fourneau
nn vafe.quarré que l’on double ordinairement en
i H p f V ainfi que font conftruites les galères fur
“ quelles, nous reviendrons à ce mot. L'on pour-
oitdubftituer aux briques & .à la tôle une caiffe
(iix’ f 6'6 ef ^onte > d une feule pièce, qui dureroit
r 01s p*us que le fourneau, & qui coûterait
i |UC°.»P.moins cher.que les briques & la tôle,
de S '- ■ j*ns rYeilt a diverfes opérations fuivant
le n Jre.i cralorique qu'ils .peuvent communiquer;
I Pérani j “'e ’ P*r exemple, peut élever la temhaut
n ? 1 r ■ matières qui y font expofées auffi
lions 1. u nu^ ’ ^ fervir aux mêmes opéra-
J u a i avantage fur le feu nud , de répandre
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la chaleur avec plus d'égalité & de la retrancher
par degrés plusinfenfibles, auffi faut-il avoir beaucoup
d'attention lorfque l’on fait chauffer fur ce
bain des matières fufceptibles d'augmenter fùbi-
tement de volume & de fortir des vafes qui les
contiennent, de ne point élever fa température
jufqu’à ce point, car alors on ne pourroit pas,
même en fupprimant tout le corps combuftible ,
diminuer affez promptement le calorique , parce
que la maffe de celle qui eft dans le bain de fable
agit toujours fur la matière: il faut dans ce cas, s'il
eft polfible enlever le vafo du bain.
Le bain d eau & le bain de vapeur d’eau, ne. s’élèvent
qü a. Bo degrés, le baromètre étant à zS
pouces ; ils agiffent fur les végétaux & les animaux
, fans les déforganifer entièrement, à la manière
du bain de fable. Cependant il ne faut pas
dire que la température de l'eau & de fa vapeur
ne changent pas quelque chofe à la matière interne
des végétaux & des animaux ; les changemens
de couleur, de confiftance', d'odeur & de faveur
que ces: matières éprouvent,quoique d’une manière
encore inconnue à la plupart des hommes, en font
des preuves fans réplique. Certainement la viande
cuite dans l'eau n’eft plus ce qu’elle étoit auparavant.
Les légumes & autres matières cuites à la
vapeur de l’eau dans la marmite américaine , fans
avoir prefque perdu de poids, changent auili
beaucoup dans leur nature intime. Ces chamre-
mens, quoique fort intéreffants, ne doivent point
nous occuper ic i , ils feront traités comme il convient,
par M . Fourcroy , à leur lieu & place. Nous
n’avons pas cru devoir faire deffiner de figures de
bains , ils font affez connus, même dé ceux qui
ne s'occupent pas en particulier de la chimie j
nous verrons cependant aux mots C h a u d i è r e „
P o e l e , les figures de ces vafes qui y fervent
communément. ( M. Vauquel™. )
Bains. ( Pharmacie.) On fe fort dans les laboratoires
de. pharmacie des différentes efpèces de
bains dont il a été queftion. dans l'article pré-
: cèdent- La chaleur produite par le bain de fomier,
; le bain-marie, le bain de cendres, le bain de
. fable, eft néceffairepoür un grand nombre d’opé-
rations & de préparations pharmaceutiques ; mais
il n’y a rien.de particulier à «jouter ici fur cet ob-
1 jet,& ce qui a été dit pour la chimie convient également
à la pharmacie, 1
BAION, (Pharmacie. ) Surnom donné à une
efpèce d'emplâtre que Paul décrit dans fon livre
7 chap. iS .
BALANCE. C ’eft uninftrument indilpenfahle
dans un laboratoire de chimie, C ’eft à lui feul due
cette.fcience doit tous les progrès' qu’elle a faire
depuis quelque temps. C ’eft en déterminant avec
exaélitude le poids des matières otie l'on combine
& les produits de leur combinaiibn, que I’ob eft