bullition de l’eau. Suppofons, par exemple, qu’on
mêle une livre d’eau à io degrés avec une livre
de fer i 50, & que dans cette circonitance,
la température du mélange foit de 20 degrés j fi,
en répétant l’expérience, la température de l’eau
étant à 10 degrés , & celle du 1er étant de 6o,
la température du mélange fe trouve de 35 degrés
, on pourra.conclure que la capacité du fer
eft permanente à tous les degres intermediaires.,
aux termes de la congélation & de l’ébullition
de? l’eau.
Le doCteur Crawford a fait, d’après ce principe
, beaucoup d’expériences fur les oxides métalliques.
& les métaux, & il.croit, d’après fes
résultats, que la capacité desmcorps., lorsqu’ils
ne changent pas d’état, eft permanente à tous
les degrés intermédiaires aux termes de la. congélation
8ç de l’ébullition de l’eau j il conclut
enfuite par induCtion, que la capacité des corpseft
permanent^, à toutes, les températures ,. tant qu ils
ne changent point d’état.
11 eft effentiel d’obferver que le doCteur Crawford
n’a opéré que fur un certain nombre de, fubf-
tances, Si en continuant ce travail fur tous les
corps de la nature , & d’après^la même méthode
, ils préfentent tous le même refultat fans
aucune exception , ce qui eft peu vraifemblable,
on en pourra tirer la conféquence , que 1 es-capacités
des corps.-foBt permanentes , tant qu’ils ne
changent point d’état, à toutes les températures, intermédiaires
-aux termes de l’ébullition de l’eau
& de la gjace fondante, pourvu toutefois que
dans cette courte échelle , les petites différences,
s’il en exilte , .ne ibient point effacées par les
corrections multipliées que l’on eft obligé de
faire. Mais pourroit-on de ces faits conclure que
les capacités de tous les corps font permanentes
à toutes les températures , tant qu’ils ne changent
pas d’état ? Je le-répète, ce n’eft-là qu’une
fuppofition qui, dénuée de preuves, peut n’être
point admife par ceux qui fe font un devoir de ne
rien déduire au-delà de l’expérience.
C h a p i t r e q u a t r i è m e .
Les corps expo fes. h la chaleur abforbent, pendant
leur liquéfadtion ou leur, vaporifation , une quan-
* tité de calorique, qui n augmente: pas leur température
, & qui fe dégage lorfqu.ils fe liquéfient
degrés à - peu'- près ; mais fi l’on mêle une
livre, de glace, à zéro , avec Une livre d’eau à
62,22 degrés, la température du mélange eft
zéro.
D’après les expériences, de MM. Lavoifier
& Laplace , une livre d?eau à 6ô degréspeut
fondre totalement une livre de glace , & la r</n-
pé/ature du mélange eft alors zéro > propofition
qu’on peut énoncer de la manière fuivante, indépendamment
ou fe folidifient.
C e fut le doCteur Black qui découvrit ce fait
important en 1756 ; ce célèbre phyficien fit à-
peu-près , dans le même-temps,, beaucoup d!ex-
périences décifives & ingénieufes pour établir
cette vérité ; M. Deluc les a depuis inférées J
dans Ion traité fur, la météorologie.
i° . Si l’on mêle une livre d’eau liquide à
zéro , avec une livre du même, liquide à 62,22
degrés , la température du. mélange eft de 31
des diviftons arbitraires; des poids
: & du thermomètre. La. quantité de calorique nc-
ctffaire pour fondre la glace , eft égale aux, trois
’ quarts dé celle qui peut élever le même poids, a eau.
de ta température de la glace, fondante a celle de
l'eau bouillante. -
Suivant les expériences de M. Wilke, il faut
57,73 degrés pour fondre la glace.
Nous avons donc trois nombres différens pour
la détermination de la fufion de la glace •
DoCteur Black......................62,22 degrés.
MM. Lavoifier & Laplace. . . 60
M. W ilk e .. . . . . . . . . . , . . . . V: 57,33
20. Si Ton mêle une livre d’eau à zéroavec
une livre de glace , à — 62,22 degrés , l’elîi eft
folidifiée en entier , & la température du mélange
eft zéro.
Ces deux expériences prouvent que la quantité
de calorique qui eft dégagé d’une livre d’eau pendant
fa congélation , eft précifément égale à celle
qui eft abforbée par la liquéfaction d’une livre
de glace.
Il eft aifé d’après, cela , d’expliquer le phénomène
fuivant, que le doCteur Black obferva , je
crois, le premier.
30. Si la température de l’air d’un lieu, étant à
quelques degrés au-deffous de zéro, on expofe
à i’atmofphère de l’eau purgée d’air , elle s’abaiffe
de quelques degrés au-deffous du zéro fans perdre
de fa liquidité > mais fi-tôt qu’on l’agite , il
y a une portion qui fe gèle, & la température
du mélange contenant de la glace & de l’eau, s’élève
à zéro.
40. Le doCteur Black a auffi prouvé que l’eau
en fe vaporifant, abforbe une certaine quantité
de calorique qui n’augmente pas fa température.
Ce. célèbre phyficien découvrit cette fécondé
v é r i t é e n faifant fur l’eau ,. à une haute température,
une expérience qui lui offrit un phénomène
remarquable. . - N
Ayant élevé dans une machine à Papin, B
température d’une certaine-quantité d’eau beaucoup
au-deffus du 80e degré , il ouvrit un robinet
adapté à cette machine > aufii-.'tôt une partie
de l’eau fe vaporifa , & la température ce
celle qui reftoit dans le vaiflèau , fe trouva de 80
degrés.. .. g ,/.
Il faut obferver que la quantité de calorique de"
- ; gage
gagé d’un poids quelconque de vipeur aqüeufe
pendant fa condenfation , & déterminée, d’apres
les'expériences de M. W a tt, eft affez cbn-
ndérablô pour élever la température d’un poids
égal d’une fubftanee non évaporable, ayant la
même Capacité-que l’eau, de 405 degrés.
Je vais décrire -l’appareil dont s’eft fervi M.
Wa tt, parce'qu’il peut être,;employé à déterminer
la chaleur'q\\i te dégagé pendant la décom-
pofîtion de quelques vapeurs, en prenant cependant
quelques précautions néceffaires.
i° . Un yafe couvert dans lequel doit bouillir
l’eau.
i°. Un tube de métal de cinq à fix pieds de
long , partant,du haut de ce vafe, s’éleyant obliquement
, de fe terminant en un tube recourbé
vers le bas. ;
ef3'9. Un fécond vafe qui contient de l’eau à
\^r température du lieu, &qui doit recevoir le bec
du tube à un certain"période deTbpëration. C e '
vafe & fon eau font exactement pefés, il eft
couvert^ pour que l’évaporation ne diminue pas
la quantité de l’eau durant l’expérience.
4J. Un petit vafe placé au-deffous & vers le
bas du tube, en communication avec ce lu i-ci,
ce vafe eft delliné à recevoir l’eau quelles vapeurs
djépofent dans le tube, & qui y coule ,
en rétrogradant Vers le premier vafe. .
. .11 faut- de plus déterminer h capaçité du. fécond
vafe & la quantité de calorique qu’il communique
à Tatmofphère, lorfque fa température
eft plus haute que j celle du milieu environ-,
nant. '
:On fait bouillir l’eau du premier vafe, &
quand fes vapeurs s’échappent - avec abondance ;
par le bec du tube, on le plonge dans l’eau
du fécond vafe qui reçoit aufll; l’eau & la calo- \
rique combiné des vapeurs, on a foin d’agiter,
afin que toute la maffe ait toujours un même degré 1
de chaleur. L’expérience étant terminée, on pèfe ;
de nouveau le fécond vafe | après quoi toute cor- !
redion faite, on détermine la quantité de calo-,
rique néceffaire pour vaporifer l’eau.
On peut employer cette méthode pour beaucoup
d’autres fubftances. . '
5°. L’eau perdant, pendant fa congélation ,
une partie de .ion calorique, il eft ailé de concevoir
pourquoi la température de ce liquide,
qui, expofé à un degré de froid àu-défions de
zéro, devient en partie folide lorfqu’il eft agité
par les vents, s’élève au même inftant jufqu’à
^éto, refte alors ftationnaire jufqu’ à ce qu’il !
foit entièrement, gelé.
Comme le dégagement, du calorique dépend
immédiatement, dans cette circonftançe, de la
congélation, il eft évident que ce dégagement
doit être proportionnel à la quantité d’eau gelée
; mais comme la congélation de îeau dépend
du pouvoir réfroidiffant du milieu environnant,
Chimie. Tome 11,
qui abforbe en même-temps, le calorique dégagé
de la portion qui fe gèle, cette communication
étant égale à l’abforption, la tempéra-
: tare du [mélange d’eau & de glace ne doit point
varier.
■ C ’eft auffi pour cette raifon , que la glace fondante
, l’eau bouillante, & la vapeur aqueufe pendant
fa condenfation, ont une température fta-
tiotïnairê5 dans toutes ces circonftances, la quantité
de calorique abforbée on dégagée, eft piéci-
fément égale à, celle qui eft communiquée ont
enlevée.
On peut conclure de ces faits , que quand
des corps expofés à la chaleur ou au froid, ont
pendant leur changement d’état, line température
fixe, ils abforbent ou communiquent du calorique.
Le docteur Black a trouvé que le fuif, le blanc
de baleine, la cire & la poix-réfine ont une
température fixe, lorfqu’ils éprouvent un changement
d’état par la liquéfaction ou par la corn1
gélation.
6°. Le doCteur C r a w f o r d tire de ces diverfes
observations, la conclufion générale , que les corps
expofés a la chaleur abforbant en Je ■ fondant oit
fe vaporifant, une quantité de calorique néceffaire
a leur liquéfaction ou a leur vaporifation j mais qui
k augmente pas leur température , & que , pendant
les changemcns oppofés} ils perdent les quantités de calorique
quils avoient précédemment abforhêes.
Dans les changemens caufés par la chaleur a
l ’état à!un fyflême de corps , il y a toujours abforp-
tiori de chaleur , enforte que l ’état qui fuccéde immédiatement
a un autre , par une addition J'uffifante
de chaleur, abforbe cette chaleur fins que le degré
de température du fyflême augmente.
' 7°. À. Si lés temps que deux portions du même
liquide emploient à fe geler font égaux, les
quantités de glace feront directement proportionnelles
aux pouvoirs refroidi {fans.
B . Si les pouvoirs réfroidiffans font égaux,
les quantités de glace feront entr’èlles comme
les temps delà congélation.
- C . Conféquemment, fi les temps de la congélation
& les pouvoirs réfroidiffans font inégaux
, les quantités de glace, feront entr’elles
comme les temps multipliés par les pouvoirs.
D. Les temps feront donc entr’eux, comme
les quantités de glace divifées par les pouvoirs.
E. Et fi les quantités de glace font égales -, les
temps feront en raifon inverfe des pouvoirs.
Le doCteur Crawford obferve qu’on peut déterminer
les rapports exiftans entre les quantités
de calorique que des poids égaux de corps hé-
X x xx