
4 A L A
voit la coupe* fig. 51 .des inftrumens pour lesdiftilla-
tions. Au tuyau qui reçoit le bec du chapiteau eft
fou de un entonnoir renverfé, dont le bord inferieur
eft lui-même fondé à celui d’un fécond entonnoir
dans fa pofition naturelle ; à la fuite de cette piece
• on en place une ou deux toutes femblables * dont
la dernière eft terminée par un tuyau qui porte la
liqueur hors' du tonheau. Le tout étant plonge
dans l’eau froide, on conçoit que la liqueur qui
drftille doit être d’autant plus réfroidie que le vaif-
feau qui la reçoit préfente une plus grande fur race
au fluide qui doit abforber fa^chaleur. La furface
eft ici d’autant plus grande , que les parois des entonnoirs
s’éloignent plus de la perpendiculaire ; il
N eft cependant un terme où l’on doit s arrêter,
c’eft celui où la liquéur oondenfée feroit entraînée
par fon poids, au lieu de fe diftribuer & de couler
lentement fur les côtés, parce qu aloçs elle ne
refteroit pas affez long-temps en contaêt avec le
corps réfroidiffant. _ N
M. Bazile a communiqué, en 1780, a 1 académie
de Dijon , des expériences qui Pr2J*v®nt
que la hauteur de la colonne de liqueur, dans les
chaudières diftillatoires , influentes-fenfiblement
fur la qualité des produits & fur la longueur des
opérations. Ayant fait diftiller*fept pieds cubes de
vin blanc dans un alambic ordinaire, dans lequel
la liqueur formoit une colonne de trois pieds de
hauteur , pareille quantité dans un alambic qu il
avoit fait conftruire , où là liqueur ne s elevoit
' pas à plus de deux pieds, il a obferve que dans
ce dernier on pouvoir facilement faire deux operations
par jour, c’eft-à-dire, que la diftillation
s’achevoit en moitié moinà de temps, d ou reful-
toit une économie d’un quart fur le combuftible.
L’expérience, d’accord avêc le calcul, a démontré
à îvl. Bazile qu’il y avoit un extrême inférieur
& un extrême fupérieur dans les hauteurs de ces
colonnes de liqueur ; que dans la diftillation du
yin l ’inférieur étoit dè 96 lignes , & le fuperieur
de 6 pieds ; que dans la diftillation de .l’eau-de-
y ie , le premier étok de 48 lignes, & le dernier
de 1 a pieds, & que la folution du problème fe
trouvoit ainfi dans la moyenne géométrique,
On ne doit pas être étonné de la différence que
ces réfultats indiquent pour les deux liqueurs., &
qui dépend de leur plus ou moins grande volatilité.
C ’eft àinfi que les diverfes propriétés des fubl-
tances que l’on traite à l’alambic ont necemte des
changemens dans la forme , les proportions &
même la matière de ces vai fléaux, comme il fera
dit dans les articles qui traitent de ces diftillations
particulières. Voye% . Distillation , eau de
mer, &c. (i). ( MM. Guyton - Morveau. )
Alambic. C ’ eft un inftrument qui a pris plusieurs
formes diverfes dans les mains des hommes,
À L A
a mefure que leur raifonnemeht s’eft perFeétionnq,
que leurs expériences fe font multipliées, &qu elles
ont reçu quelque degré d’exadtitude. L efprit
des hommes , la nature de leur génie influent
tellement fur les inftrumens des arts & des
fciences qu’ils ont cultivées , -qu’ils pourroient
fervir de traces, à l’aide defquelles il feroit facile
de fuivre lès progrès de lumières chez les difte-
rens peuples, dont .tes inftrumens aufh-bien que
les difcourS & ies“ ivres font de vrais monu-
mens. ' ’ - 1 , . ,
Dans un temps où Tignorance & les préjugés
dirigeaient les opérations de la chimie & de
tous les arts , les alambics s’éloignoient, autant
qu’il eft poffible , de la ftruébürë qu ils dévoient
■ réellement avoir. „
C e vafe étant deftine a plufieurs mages , «
à opérer fur. des fubftances de nature diyerfe ,
il a été néceffaire d’en fabriquer de differentes
matières ; ainfi ceux de métal font le plus, fréquemment
& le plus généralement employés-;
ceux de terre & dè verre , font prefqu excluii-
vement bornés aux laboratoires de chimie ,
tandis que les alambics de, cuivre font maintenant
plus en ufage dans les travaux _ en grand
des arts & dans lâ-Phavmacie , qu en chimie
proprement dite. D’après cela , on voit que 1 on
pourrait, comme dans les végétaux & les mine-
raux , dans la defcription des alambics , établir
des dafles , des genres & des efpeces , & meme
pour pouffer plus loin l’ analogie des variétés.;
la claffe feroit formée de leur enfemble., le
genre de la matière dont ils feraient, oc 1 el-
pèce feroit tirée de leur, forme- ; la variété
s’établirait par quelque différence peii fenlibte
de quelques-unes de leurs parties. H ,
Autrefois , & lorfque l’interet ne fe melott
point encore de chimie , que cettn Jcience
étoit livrée: à dés hommes occupes didées tan-
taftiques , - ou Amplement curieux, les vaifieaux
fe fentoient tous de l’efprit qui en dingeoit 1 ad-
' mmiftration ; ils. font paffés du laboratoire des
alchimiftes avec leur ftruaure bur.efq.ue , dâns
ceux’ des pharmacies & des arts ; mais us ont,
l’alambic en particulier, fubi une heureufe meta-
morphofe. .. . , ’ »
Lorfque les hommes ne voyoïent dans les
corps autre chofe d’utile , que les. êfprits, les
quinteffences , & en général tout ce qui n étoit
que volatil, ils conftruifirent des alambics,.de
telle forte qu’il n’y eût en effet que la partie la
plus volatile du corps qu’ils analyfoient > qui
s’élevât au degré qu’ils avoient fixe en hauteur.
La plupart des-alambics font formes: de plufieurs'
pièces, pour la facilité ,de leur fabrication
& des dpérations auxquelles ils fervent. Il y
(0 A cer article , donné par M. Guyton , nous f ’LfenbleP& k Wypwtqm enfle entre Mutes 'les def-
* J n »fus« . dont M. Vau,uelin skfi chargé.
A L A
en a cependant qui font d’une feule pièce. Ceux
de cuivre font toujours formés au moins -de
trois parties ; favoir , d’une partie inferieure
deftinee-à recevoir les matières a diltiller
l’aétion du feu , d’une autre fupérieure qui doit
s’ajufter avec la -première , recevoir la matière
dilfillée , & la conduire à l’extérieur La
troifiëme , dont l’ ufage eft de contenir 1 eau
froide, enveloppe extérieurement hm fécondé.
11 y a une quatrième pièce qui , quoiqu atcef-
foire , eft d’une grande utilité dans plufieurs
opérations où il s’agit de refroidir beaucoup la
matière diftillëe ; c’eft ce qu on appelle ferpentm.
■ Nous revenons fur chacune de ces parties ; là
partie inférieure nommée cucurbite , du mot
latin cacurbka ( courge), parce qu’anciennement
on lui avoit donné la forme de ce fruit, eft une
efpèce de chaudière de cuivre etame , de forme
cilindrique & de grandeur différente* fuivant les
.opérations auxquelles on la deftine y fon dta- I
mètre - eft affez- ordinairement égal, à fa hau-
‘ teur ; elle porte à fa partie fupérieure , près du
bord , un bourrelet pour-la foutenir dans le
fourneau .qui dq.it la recevoir , & deux anfes
pour la manier & faciliter fon transport.. Entr«3
les deux anfes , & fur le cote qui doit faire
face â l’opçiateur , doit être pratiquée une ouverture
prolongée en dehors par un canal de
cuivre > elle eft deftinee à laiflér entrer dans
l’intérieur de la curcubite de nouvelle matière .,
fans êtrq obligé de démonter ï appareil : on la
bouche ordinairement avec iip bouchon de liège.
C ’eft-là la- pièce de l’alambic là plus effentielle ,
& celle fur laquelle nous devons fixer un inftant notre
attention. Le-but qiCqn fe propofe toujours
dans les opérations où il, fe r t, eft de réduire en
gaz ou fluides élaftiques, le plus promptement & le
plus économiquement poflible les fubftances qu on
"y< expofe. O r , pour ce la, plufieurs, conditions
font néceflaires 5 i®. la plus grande furface pof-
ftble aux molécules, du calorique , afin qu elles
puiflent fe fixer dans la liqueur ou le corps en
diftillation ; & plus il y aura de points de
conta.éf entre les .deux corps , & moins la perte
du calorique fera grande , & plus proihptement la
.diftillation aura lieu , &c. 2°. . Une epaifleur
peu confidérable de la paroi inférieure de ce
vaifléau , parce que le calorique parviendra plus
vite dans" le.corps- capable de le fixer en changeant
d’état , & ne fera point enleve par les
corps extérieurs comme il le feroit en partie fi.
la paroi/étoit. épaifle , & qu’il fut ^oblige de
; s’accurriiilër*à fa furface avant d’en pénétrer 1 intérieur.
Il ne faut cependant pas non plus qu elle
foit trop mince 3 car alors fa deftruélion prompte
entraîneroit des dépenfes que l’économie de là
chaleur n’indemni.feroit pas. 30. La plus petite
hauteur poflible de ce vaifleau, ( ce qui doit
.fe déterminer par l’expérience) car, par cette
eenftruétion * le fluide élaftique * toujours for-
A L A 5
mé au fond, a une moins grande colonne de
liquide ou de' toute autre matière à traverfer ,
il eft moins comprimé , les couches fupérieures
du liquide étant moins éloignées du fond font
plus chaudes , & fe refroidifîant moins , il arrive
tout entier à la furface , & fans avoir fouffert
de déperdition. Il- y a cependant des limites a garder
au-delà defquélles il n’eft pas. permis d’aller ,
parce qu’on feroit obligé d’ajouter trop fouvent
de la matière , .ce qui feroit un inconvénient ,
, & parce, qu’il pourroit arriver que par une
ébullition C t a l ü pa’fsât quelques, portions de
la matière date l’état liquide, & fans avoir ete
réduite erPvapeur. 40. U ne ouverture au morns
égale au fond, . pour que les fubftances réduites
en gaz ne foient pas comprimées , _que le calorique
à qui ils doivent leur forme , n'en foit point
exprimé , & qu’elles montent jufqu au lieu, del-
tiné à les condenfer & à les, conduire dehors.
Je penfe qu’outre ces qualités requifes dans la
forme, des cucurbites , la rentrée du fond de ce
vaifleau en dedans , en donnant plus de fur-
ftee & au calorique & à la liqueur , fans
augmenter les dimenfions , Augmenterait beaucoup
l’évaporation Sr^abrégerait les operations.
L’exécution de cette idée pourroit être de quel-
qu’avantage dans les arts fur - tout, où le temps
& le combuftible font des objets de la première
importance '1 & qui par confequent ne doivent
point être négliges-, : comme ces vafes fe
détniifent affez promptement par l’aétion du
feu & .de l’air combinés , &,que c’eft une dé-
penfè confidérable pour les perfonnes qui en emploient
beaucoup , on pourroit, peut-être retarder'cette
deftruétion en les frottant lorfqu’ils
font neufs avec un mélange de pouflière fine
de charbon, de'fer & d’huile. Cette opération,
que l’on pourroit répéter de temps en tqtnps ,
forme à la furface du cuivre un vernis très-incom-
buftible qui le défend, & qui n’en augmentepoint
l’épaiffeur. Il feroit cependant poffible qu’il fit
un léger obftacle à la libre entrée du calorique
'; ceci attend l’approbation de l’expérience.
Voilà quelles font en abrégé les qualités que
doit avoir une cu.rcurbite bien conftruite ; c’eft
cependant ce qui manquoit entièrement aux
cucurbites anciennes ; elles avoient uu fond
large , une hauteur très- grande , une ouverture
fort étroite , enfin elles réuniffoient tous
les vices qu’il étoit poffible de raffembler dans
un feul vafe. Souvent même, pour combler tous
ces défauts , les vapeurs efoient forcées de monter
par un canal d'un très - petit diamètre , tourné
en fpirale , jufques dans les chapiteaux.
La fécondé partie de l’alambic eft deftinee à
recevoir les matières élevées'en gaz par le calorique
de l’intérieur de la cucurbite ; elle porte le
nom de chapiteau, ou de tête de mort, parce
que dans fon origine elle avoit quelque rp em-
blance'avec cette partie de l’homme,; mais elle s’en