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parvenu à la connoiffance certaine des principes
de pluiteurs corps , & des proportions de ces memes
principes.
Il y a deux fortes de balances, la balance ordinaire
5 & la balance romaine ou le pefon.
La balance ordinaire eft compofee.d’un fléau di-
vifé en parties égales par un axe , d une chaffe
qui fert de point d'apui à l’axe , de deux bannis
fufpendus aux- extrémités du fléau, & d’une aiguille
qu’on appelle le juge,parce que c’eft par fon
moyen que l’on établit l'équilibre entre deux corps
iorfqu’ellê répond exaâement à un point fait fur
la chappe au centre de gravité. Pour qu’une balance
loit exaéte , il faut i° . que le point de fuf-
penfion foit placé au centre de gravite , i°. que
l ’axe préfente le moins de furface poffiblea la
chaffe qui le reçoit, & qu il foit d un acier bien
trempé & bien poli. 3 ’. Que la chaffe foit auffi
d’une matière très-dure très-polie;; on fe fert
avec.avantage d’agathe a pâte fine a laquelle on a
donné le poli le plus doux poflible. 40. Que les
bras du fléau foienc le plus longs poffible, afin que
îa différence entre les maffes que l'on compare foit
plus fenfible ; il ne faut cependant pas que cette
longueur excède certaines limites , fur-tout dans
les balances deftinées à pefer.beaucoup delivres,
caron feroitobligé, pour ne pas déformer le fléau,
d’ajouter de la matière , & cette maffe détruirait
la fenfibilité que l'on cherche dans la longueur du
fléau, y".. Que la longueur desbras foit exactement
ièmbiabl'e , car fans cela on ne.pourroit avoir de
comparaifon entre les corps que.l’on veut pefer ,
puifqu’ils agiroient .avec des viteffes differentes,
& qu’il feroit poffible qu'un corps plus léger tit
équilibre à un corps .plus pefant.
La théorie de l'aélion des corps fur cette efpe-
ce de balance doit être rapportée à celle d’undevier
du premier genre , dans lequel^ la puiffance & la
réfittance font également éloignées du point d appui
; il feroit inutile d’y-infifter, on la trouve développée
dans tous les livres de phyfique.
La balance romaine , ou pefon, eft encore un
levier du premier genre , mais ou la puiffance a
plus ou moins d'avantage fur la,réfiftance, de. forte
que l’on peut fairé équilibre à une maffetonfidé-
rablq avec un très-petit poids.
Cette efpèce de balance eft d’un ufigetres-
commode, car l’on peut avec le. même poids,
fodvént très-petit, pefer différentes maffes en éloignant
plus ou moins le poids du point d’appui.
Mais cet avantage eft bien diminué par le .peu de
fenfibilité de cette balance; elle ne peut approcher,
du poids vrai qu’à une très-grande latitude, auffi
ne s'en lett-on que pour de greffes maffes dans
lefquelles 011 néglige de grandes fraétions delivres
8c fouvent même des.livres entières. Ces balances,
lie doivent point entrer dans les laboratoires, de
chimie ,8cleur ufagedoitêtre bornéau commerce.
C ’eft à cette efpèce de balance qu’on doit rapporter
celle de Sandioiius ; cette balance 9 l'ayan-
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tage de faire équilibre par un de fes bras avec de
petits poids à des grandes maffes pefantes fur 1 autre;
elle aété deftinéepar le -médecin dont elle porte
le nom , à fe'pefer fôi-même 8c pouvoir changer
facilement de poids, afin de connoître les pertes
que l’on faifoit dans des efpaces de temps donnés,
&c.
Dans un laboratoire dé chimie bien monté , il
doit y avoir des balances de différentes grandeurs,
afin de pouvoir pefer depuis un quintal .de livres
jufqu’ à ~ de grain. On conçoit facilement qu’il
eft impoffible de remplir ces deux extrémités avec
le même inftrument j . 8c qu’il faut abfolument le
proportionner aux maffes des corps qui doivent
être pefés.
.Lès greffes balances né font jamais auffi exaftes
que les petites, parce que le nombre des parties
qui pèfent fut le centre de gravité ou fur le point
d’appui, y déterminent une attraâion ,,.un frottement
qui diminuent la fenfibilité de la balance.
L’on, eft cependant parvenu à faire des .balancés
qui font fufceptiblqs de trébucher,;ou d’ofciller
avec dix grains lorfqu’elles font chargées de 150
ou même 200 livres. .Des balances .de.cette efpèce
font’ extrêmement précieufes, 8c ne font nécef-
faires que dans les laboratoires de chimie. 8c dans
les cabinets de phyfique où .doivent éclore de
nouvelles vérités fur les proportions des principes
des corps, 8tç. Ces balances quoique fort exaftes,
font encore bien éloignées du degré de fenfibilité
néceffairepour .pefer certains corps,précieux , tels
que l’o r , le diamant,.&c. Celles qui fervent à des
opérations de cette nature font faites, fur de plus
petites dimenfions, 8c peuvent ofciller par lapté-
fence d’un joo de grains dans l’un deLleuis
plateaux.
Elles font conftruites fur les mêmes principes
que les.groflës, il n'y a de différence que dansh
nature plus identique, 8c dans un travail plus parfait
de''la matière. On les nomme balances d’effai.
11 eft en général plus facile de fe procurer pour de
petites pièces l’acier plus femblable dans toutes fes
parties!; l’axe fur lequel repofent la maffe du fléau
Sclepoids.dontileft chargé, 8elabafequile reçoit,
font plus .délicats , mieux polis 8c confëquemment
plus, fenfibles à l’impreffion des poids. Les poids
dont on le charge 1 ne font pas proportionnels a
ceux .dès gvoffesibalances relativement à la bafe ®
l’axe. Pour que des balances conferventleur exactitude
, 8c toute la fenfibilité qui eft néeèffaire dans
I les expériences de chimie, il faut qu’elles forent
renfermées dans des endroits fecs 8c où il ne reg*
point de, vapeurs acides fur-tout, ! On reniera'6
même.celles, qui font deftinées à évaluer le pow
des très-petites maffes de matière dans des cage
de.verre-faites exprès. Ces cages ont encore®
autre avantage, c’eft de mettre les balances
l’abri de l’air agité, qui fans cela s’oppofe a 1 «>"
bliffement de l’équilibre, en permettant de R P
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lors mêmè qu’elles font fermées , au fffôfen d’une
manivelle ou d’un cordon qui fortentau-dehors &
qui élèvent ou abaiffent le fléau fuivant le befoin.
Lorfqu’on ne fe fert pas fouvent des balances
il ne faut pas fe contenter de les conferver dans
un appartement fec} l’air feul contient affez d’hu -
midité pour les altérer à la longue , fur-tout quand
fa température diminue 8c qu’il lailfe précipiter
un peu d’humidité > il eft avantageux de les enfermer
dans une boîte bien fermée au milieu du
coton, ou bien dans du fon tout fimpleménr quand
ce font de grandes balances j avec cette précaution
elles ne s’altèrent point, &leur juftefle eft con-
fervée pendant long-temps.
On fufpend les balances de différentes manières,
fnivant les ufages auxquels elles font employées }
quand elles font très-grandes & qu’elles font defti-
pées à fupporter de grands poids, on les attache
au moyen d’un piton fixé dans la poutre d’un plancher
j c’eft dans ces balances que l’on’pèfe les quintaux.
D’autres balances font affez légères & doivent
fupporter affez peu de poids pour qu’on les
puiffe facilement tenir à la main. Dans le commerce
de détail où l’on a befoin de pefer1 fouvent 8c
promptement, & où les deux mains font néceffaires
pour diriger les marchandifes , les balances font
attachées à un fupport formé d’une tige métallique,
fixée dans une maffe de cuivre garnie en plomb à
l’intérieur ; cette tige qui eft ordinairement de !
cuivre, eft courbée en demi-cercle à fa partie fupé-
rieure, pour éloigner la balance & lui donner du jeu.
Four conferver plus long-temps la fenfibilité aux
balances, on a imaginé'de les fupporter lorfqu’on
ne s’en fert pas fur des points qui font différens
de celui où elle porte lorfqu’on s’en feit. Tantôt
ces points d’appui font aux extrémités du fléau ,
tantôt c’eft fur une autre partie du couteau.
M. Fortin aconftruit, pour M. Fourcroy, une
balance de ce genre, qui eft fort ingénieufè, voye%
fig. 1 cl. i } elle eft compofçe de deux cylindres
contenus l’un dansl’autre, l’extérieur À eft fixe 8c
porte deux bras(BB); l’intérieur (C C ) eft contenu
dans le premier , & peur monter 8e defeendre à
volonté}ce cylindre eft divifé en deux parties,
lune (d) qui eft enchjâffée dans le pied du premier
cylindre & qui eft fufceptible de faire un demi-tour
par le moyen d’une manivelle. ( E) A la partie
moyenne du cyltadre intérieur , il y a une échan-
crure(/) dans laquelle entre une lame d’acier, (g)
qui tient au morceau de cui vre auquel eft attaché
l a-plomb. A la partie inférieure de ce cylindre eft
une languette, ( h ) qui s’avance 8c qui efteoupée
fous un certain angle. Quand la balance eft én
repos 3 cette languette entre dans l’échancrure,
D)qui repréfente un plan incliné.
Dans cet état de repos la 'manivelle de la balan-
ce doit être placée à gauche , 8c lorfqu’on veut
la mettre en mouvement, on la tourne à droite j
al°rs la portion inférieure du cylindre tourne , la
partie la plus élevée de fon plan incliné s’avance
Chimie. Tome 11.
fous la languette de la partie inférieure du cylindre,
& celui-ci eft obligé de s’élever fans pouvoir
tourner. Il faut concevoir que l’échancrure que
ce cylindre porte dans fon milieu n’eft pas entièrement
remplie par la lame d’acier qui y entre. Il
refte un efpace vide en haut 8c en bas qui lui
permet environ un pouce de mouvement y,ce cylindre
intérieur en s’élevant rencontre le couteau
qui eft tres-acéré, 8c lui préfente deux plans'd’acier
très-durs 8c très-polis qui y font foudés. A
l ’extrémité des bras ( B B ) font fixés par des vis
deux lames de cuivre ( KK ) qui s’élèvent perpendiculairement
& qui portent deux pointes d’acier
qui doivent coïncider avec deux autres pointes pareilles
(L L ) fupportées fur la partie fupérie Lire du
fléau : quand la balance eft parfaitement en- équilibre
, on voit ces parties de la balance détachées
enXm) 8cen(n) mifes en coïncidence. L’extrémité
( o ) du cylindre intérieur a deux échancrures pour
admettre le fléau lorfqu’il eft en équilibre ; le cylindre
extérieur en a quatre pour le paffage du
fléau, & deux pour le couteau. Ces deux cylindres
font recouverts par une double calotte vue
en ( p. ) & ( q. )
On voit en (^au bout d’une languette excédente,
un cordon roulé fur une vis, au moyen de laquelle
on peut élever & abaiffer un cône de cuivre qu’il
fupporte , 8c qui doit correfpondreavec une petite-
pointe fixée dans labafedu cylindre extérieur. Ce t
! à-plomb eft repréfenté féparementèn ({). Cette ba-
fe & toute la balance eft fupportée par trois pieds
femblables aux deux que l’on voit (S. T .) qui font
percés par des viffes qui- fervent à établir l’ à-
plomb.
Les extrémités du fléau font courbées en demi-
cercle, dont l’extrémité relève, & eft échancré de
manière à recevoir un crochet auquel font attachés
les cordons des baffins. Cette difpofition fait
que dans toutes les inclitraifons du fléau , la ligne
de tra&ion fe fait toujours à la même diftance du
point dbppui, 8c ne change point, comme cela
a lieu conftamment dans les balances ordinaires.
On voit en^ & en V les deux extrémités du fléau
en perfpe&ive, afin qu’on puiffe reconnoître comment
ils font difpofés’.
Cette balance prëfente beaucoup d’avantages
fur les balances qui ont été en ufage jufqu’ à pré-
fent} i°. elle a un double repos qui ménage la fenfibilité
du couteau j i ’. elle a deux points de coincidence
qui difpenfent d’une aiguille qui apporte
toujours quelque inexa&itude dans les pefées-;
3°. la manivelle par le moyen de laquelle on fait
tourner le plan incliné, 8c on élève le cylindre intérieur,
donne la liberté de pouvoir enfermer la
balance dans une caiffe de verre & de pefer de de
hors ; ce qui eft très-avantageux pour les pefées
délicates, où il eft important que le mouvement
de l’air n’influe point.
Cette balance eft très-fenfible 5. elle peut pefer
depuis 1 grain * jufqu’à 4 livres. Chargée de 4-lia
S f f